𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐨𝐧𝐳𝐞
« Battements d'ailes »
❘✶❘
Il y a cinq ans.
Soobin se laissa tomber lourdement sur leur table – celle où la bande avait élu domicile pour manger tous les midis – et lâcha un long soupir.
– Ouah, tu as des cernes immenses, lui fit remarquer Kai.
Il haussa les épaules. La faute à sa partie de jeu vidéo qu'il avait terminé beaucoup trop tard hier soir sans doute. Il sentit bien que Taehyun venait de se retenir de lui lancer une remarque piquante sur son hygiène de vie et de sommeil, et Soobin remercia Beomgyu qui l'en avait empêché, d'un léger coup de coude. Ce dernier profitait depuis cette année des repas avec eux pendant le midi. Leur petite bande se retrouvait toujours au même endroit pour manger, et Soobin avait été heureux le premier jour de cours, quand Beomgyu leur avait annoncé, le sourire aux lèvres, que ses parents le laissaient désormais manger avec eux le midi.
Ils formaient un drôle de groupe. Soobin y songeait souvent. Depuis leur première année, ils ne s'étaient plus quittés. Pourtant, leurs caractères franchement différents auraient pu, à de bien nombreuses reprises faire tout imploser. Mais les tempéraments calmes de Beomgyu et le sien, complétaient ceux de Kai et Yeonjun. Taehyun se contentait juste de juger en silence, et de temps en temps remettre les choses – et les gens – à leur place quand le ton montait. Soobin n'avait eu aucun mal à se rapprocher de Beomgyu et Taehyun, que Kai connaissait du collège. Et quand un jour, Taehyun leur avait présenté Yeonjun, tout s'était fait naturellement. Yeonjun avait progressivement laissé tomber les groupes de sa classe pour eux. Ils avaient le même âge, avec Soobin. Il se souvenait d'avoir été un peu agacé par son air prétentieux au départ, avant de finalement faire avec. Après tout, il n'était pas ami avec Taehyun pour rien. Ces deux-là se ressemblaient plus qu'ils n'osaient se l'admettre par moments.
– Où est Yeonjun ? demanda-t-il.
– Aux toilettes du troisième étage, lâcha Taehyun en sortant sa salade.
Soobin le regarda disposer ses baguettes parallèlement à son plat, puis sortir sa petite bouteille d'eau à la fraise, et celle qu'il achetait toujours pour Beomgyu, qui en raffolait.
– Il en met du temps, râla Kai.
– Il est avec Jiwon, ajouta Taehyun sans ciller.
– Tu viens de dire qu'il était aux chiottes, tiqua Soobin.
– Ouais ? Aux toilettes, mais avec Jiwon. Tu veux que je te fasse un dessin ?
Beomgyu avait piqué un fard et commencé à manger son sandwich. Soobin remarqua au passage que Taehyun y avait ajouté ses propres ingrédients avant de le lui donner, sans doute la mère de Beomgyu avait-elle encore oublié de glisser autre chose que deux tranches de tomate entre les deux pains.
– Comment tu sais ça toi déjà ?
– Bah, les potes de Jiwon sont là, pas elle. Après le cours de maths, elle est montée au troisième. Yeonjun m'a envoyé un message à la sortie du cours pour me dire qu'il devait passer aux toilettes avant. Voilà.
– Dégueu, lâcha Kai, Il pourrait au moins attendre de sortir du lycée...
– Oh non, pitié, laissez-le faire, soupira Taehyun. Je n'en peux plus de l'entendre parler de cette fille ! Qu'elle lui roule le patin du siècle ou lui taille une pipe, et ça sera fini !
Soobin manqua de recracher sa gorgée de soda. Beomgyu avait officiellement disparu sous la table et Kai lâcha un rire gêné, cramoisi lui aussi. Il oubliait trop souvent ô combien Taehyun était direct dans ses propos dès lors que ses nerfs étaient légèrement à vif.
– Sérieux mec, sors par des trucs pareils..., fit-il en s'essuyant la bouche.
Taehyun haussa les épaules.
– Oh, ça va hein... Je ne fais qu'énoncer des faits.
Dont Soobin se passerait volontiers. Le crush de Yeonjun sur Jiwon ne datait pas de la veille, pour son plus grand malheur. Jiwon était une fille formidable, avec le cœur sur la main et des joues qui auraient fait craquer n'importe qui, mais pour Soobin, le souci n'était pas là. Le souci c'était son cœur à lui qui s'emballait dès que Yeonjun traînait dans le coin, qu'il lui adressait la parole, ou qu'il se contentait de poser les yeux sur lui. Le souci, c'était ses sentiments naissants à son égard, à cette attirance dont il ne voulait pas.
– Ah ! Bah enfin !
La voix de Kai lui fit lever la tête. Yeonjun était de retour, et Soobin ne nota aucune Jiwon à ses côtés. Avait-il raison d'espérer que Taehyun se soit trompé ?
– Les gars, vous devinerez jamais !
Ses maigres espoirs venaient de s'envoler.
– Salut à toi aussi Yeonjun, marmonna Soobin.
– Ah ouais ! Salut, vous avez passé une bonne matinée ? J'espère que oui, mais jamais aussi bonne que la mienne.
Il se posa à table, et Beomgyu releva les yeux, avant de lui adresser un signe timide de la main. Taehyun avait à peine levé les yeux, mais Soobin savait que cela était suffisant pour que Yeonjun enchaîne sur la suite de son récit.
– Vous voyez qui est Jiwon ?
– Non ? Vas-y, décris-la nous pour voir ? railla Taehyun.
– Si, si, vous voyez très bien !
– Bon ben pose pas la question crétin..., fit-il en soupirant.
Et Soobin ne disait plus rien, se contentant de regarder Yeonjun frapper Taehyun sur la tête.
Souvent, il se demandait : pourquoi lui ? Il y avait des tas, non, des tonnes d'autres garçons partout dans le monde qui auraient été susceptibles de lui plaire. Mais comme si être attiré par des gens du même sexe que lui n'était pas suffisant, il avait fallu que cela tombe sur lui. Il l'écoutait parler à moitié, en essayant de ne pas perdre le peu d'appétit qu'il avait subitement. C'était officiel : Yeonjun avait une petite amie.
Il pouvait presque entendre son cœur se fracasser contre le banc sur lequel il était assis. Sous la table, il sentit une main se poser sur son genou et faire une légère pression sur son sommet. Soobin releva la tête vers Kai, qui lui lança un regard désolé. Il posa sa main sur la sienne, et la serra doucement, comme pour lui signaler que tout allait bien.
Il l'avait lui après tout, son plus proche ami.
❘✶❘ ❘✶❘ ❘✶❘
Soobin traînait des pieds dans les couloirs, le nez en l'air à la recherche de la salle qui logeait les étudiants du club de théâtre. Kai, malade comme un chien, l'avait chargé de récupérer les tenues de quelques filles du groupe que sa mère devait rapiécer à la maison. Il avait été étonné que la mère de Kai, une femme qui semblait ignorer tout de la vie scolaire de son fils, se porte volontaire pour l'aider lui, et les élèves du club. Avait-elle enfin ouvert les yeux ? Son mari avait-il enfin tapé du poing sur ta table ? Il se posait réellement la question. Car en attendant, c'était chez eux que Kai était en ce moment-même, malade comme un chien. Pas chez lui.
Sauf que Soobin n'avait aucune idée de l'endroit où se trouvait cette maudite salle. Il errait depuis une quinzaine de minutes dans les couloirs de son établissement, en rêvant de la glace qu'il mangerait en rentrant. Quand tout à coup, il entendit de la musique un peu plus loin. Il accéléra le pas, se disant que la salle devait être la bonne. Il poussa la porte, et fut étonné de ne voir qu'un seul élève, de dos, face à un miroir. Et son souffle se coupa.
C'était Yeonjun.
Et Yeonjun dansait.
Les images eurent du mal à s'imprimer dans son esprit. Et pourtant. Il était là, sous ses yeux, dans son propre monde. Il semblait s'abandonner à la musique, au rythme et aux mouvements qui guidaient son corps en cet instant. Ce fut plus fort que lui, il referma la porte avec douceur et laissa ses yeux curieux glisser sur ce corps qu'il avait déjà détaillé à maintes et maintes reprises. C'était la première fois qu'il le voyait avec une expression pareille. Il était loin des danseurs avec une tête concentrée, les sourcils froncés et les yeux rivés sur le miroir qui leur faisait face. Yeonjun avait les traits apaisés, les yeux presque clos, et semblait aussi léger qu'une plume alors qu'il se mouvait au rythme de la musique qu'il avait mis en fond sur son portable et sa petite enceinte.
Et puis soudain, la musique s'arrêta. Yeonjun retomba sur ses pieds, dans un mouvement léger, et se retourna face à lui, les sourcils plissés.
– Soobin ?
– Putain...
– Qu'est-ce que tu fiches ici ?
– Depuis quand tu danses ?
– Répond à ma question !
– Je cherchais la salle du club du théâtre.
– C'pas ici, c'est celle d'en face.
– Mec tu...
– Je sais pas, pour répondre ta question.
Il le regarda se baisser et attrapa une bouteille d'eau avant d'en vider la moitié.
– Tu ne sais pas ?
– Je danse juste comme ça, de temps en temps ?
Yeonjun expira un grand coup et se laissa glisser contre le mur, exténué.
– Tu... Tu es doué !
Yeonjun haussa des épaules et termina sa bouteille, avant de passer une main sur son front en sueur.
– Mes parents ne savent pas.
– Que tu viens ici pour danser ?
Saisissant sa chance, il se rapprocha, et s'assit à ses côtés, les jambes en tailleurs.
– Ouais. Ils ne veulent pas.
– Pourquoi ?
– Parce que, je fais beaucoup d'asthme et que ce n'est pas raisonnable à leurs yeux, mais c'est une raison à la con.
– Complètement.
Cependant, il lui était impossible de ne pas voir l'état dans lequel il se trouvait. S'il semblait flotter en dansant, maintenant que toute la pression était redescendue, et la musique éteinte, il percevait aisément les sifflements dans sa gorge, et sa poitrine se soulever à un rythme anormal.
– Tu aurais dû rejoindre le club.
– Pas le temps. Je n'aurais pas le temps de bosser pour cette université à la con sinon...
– Tu ne veux pas y aller ?
– Non.
– Tu veux faire quoi à la place ?
– Ça t'intéresse vraiment ?
Soobin haussa les épaules et opina du chef.
– Je ne te poserais pas la question sinon.
– Oh... Bah, j'aurais vraiment aimé bosser dans le milieu de la danse. Créer des chorégraphies, danser, avoir mon propre studio, tu vois ?
– Ouais, je vois parfaitement !
Il avait un peu de mal à le croire. Yeonjun cachait bien son jeu. Il avait beau le côtoyer depuis un peu plus d'un an à présent, il peinait encore à croire ce qu'il venait de voir. Comment avait-il pu cacher aussi bien son jeu pendant des mois ? Il se demanda si les autres garçons du groupe savaient, et ne put s'empêcher de ressentir une petite pointe de jalousie.
– D'habitude, Jiwon me filme. Pour que je vois mes erreurs.
Soobin serra légèrement des dents. Il avait oublié Jiwon. Elle, était donc au courant. Forcément, ils sortaient ensemble depuis quatre mois à présent. Quatre mois... Quatre mois où Soobin n'avait cessé de se demander ce que cela faisait, d'être à sa place.
– Vous vous êtes disputés ?
Yeonjun tourna la tête vers lui, les yeux ronds.
– Hein ? Non, pas du tout, rigola-t-il. Elle bosse à cette heure-là, c'est tout.
– Oh.
– Tu as l'air déçu.
Rouge comme une écrevisse Soobin agita les mains, soudain mal à l'aise. Pourquoi avait-il fallu qu'il trahisse ses pensées à voix haute ?
– Pas du tout !
– J'te taquine va ! T'es si facile à charrier, c'est vraiment drôle...
Soobin grommela dans sa barbe et Yeonjun se mit à rire plus franchement.
Il aimait bien le rire de Yeonjun. Ce dernier détestait qu'on lui dise qu'il riait comme un enfant, et pourtant. Il aimait la façon qu'avaient ses yeux de briller, et de ne former que deux petits croissants quand il se laissait aller, et qu'il laissait éclater sa joie. Il adorait son nez qui se fronçait légèrement, ses lèvres qui s'étiraient en un sourire immense qui changeait son visage du tout au tout. Yeonjun le fascinait, sur tous les points.
– Et toi, tu veux faire quoi après le lycée ?
– Je n'en ai pas la moindre idée.
Le sourire de Yeonjun s'agrandit encore plus.
– Pourquoi ça ne m'étonne pas... Tu trouveras, Choi Soobin. On trouvera tous un truc ! Taehyun va devenir chirurgien, médecin, ou que sais-je, Kai va partir faire son tour du monde, et Beomgyu... euh... je sais pas...
– Beomgyu rêve de bosser dans une librairie.
– Bah, je lui souhaite !
– Il y arrivera, je le sais, souffla Soobin.
Yeonjun haussa les épaules.
– En fait, il n'y a que moi qui n'ai pas de rêves.
– Ne dis pas ça, tu en as forcément un... Qui ne s'est peut-être pas révélé à toi ?
– Kang Taehyun, rendez-moi Choi Yeonjun, que faites-vous ici ?
Yeonjun lui donna un coup de coude avant d'éclater de rire.
– Aller, pause terminée. Je m'y remets.
– Ça te gêne si...
– Tu veux rester ?
– Euh, enfin, si tu veux, je ne voudrais pas -
– Pas de souci ! T'as ton tel ? Tu peux me filmer ?
– Oh euh, ouais, bien sûr !
– Génial !
Il devait nager en plein rêve. Il ne pouvait pas se passer ça. C'était bien trop beau pour être vrai. Yeonjun reposa sa bouteille et passa une main dans ses cheveux avant d'allumer de nouveau la musique. Il exécuta quelques mouvements avant de se figer, devant le regard que Soobin lui portait.
– Quoi ?
– Comment tu arrives à faire ça...
– C'pas compliqué. Lève-toi.
– Hein ?
– Aller, hop, lève-toi !
Soobin se leva sans comprendre et Yeonjun le tira vers lui.
– D'abord, tiens-toi droit.
– Euh...
– Droit, là, t'es tout bossu !
Il se redressa, les joues rouges et oubliant subitement de respirer. Yeonjun était beaucoup trop près. Et ses mains étaient sur ses épaules, sur sa taille, puis sur ses jambes.
– Là, t'es dans la bonne position. Et puis après, tu vas... Je peux ?
– Mmm, mmm, ouais...
Yeonjun lui fit exécuter les mouvements au ralentit, ses bras collés contre les siens.
– Ouah, t'es pas souple !
Un rire lui échappa, mais plus gêné qu'autre chose. Il était incapable de se concentrer sur les pas de danse que Yeonjun lui montrait. La seule chose qui importait, c'était qu'il soit si près. Il en avait rêvé beaucoup trop de fois pour les compter, et voilà que Yeonjun se prenait d'une subite envie de lui montrer comment danser. Il se pointa en face de lui, les sourcils froncés, avec un air indigné sur le visage. Dans un geste brusque, il plaqua ses deux mains sur ses joues et Soobin écarquilla les yeux.
– Vers le haut la tête ! On danse pas en regardant ses pieds !
Il ne put qu'acquiescer, rouge cramoisi.
Et Yeonjun continua pendant la demi-heure qui suivit. Au final, Soobin ne filma pas, Yeonjun s'appliqua à lui montrer pas par pas la chorégraphie qu'il avait lui-même mis sur pieds. Soobin le laissa le transporter un peu plus dans son monde. Il découvrait une facette jusqu'alors ignorée du garçon sur qui il avait un béguin depuis des mois, et il adorait ça. Timide, il exécutait ses pas avec le plus de volonté et de précision possible. Il avait envie de bien faire, parce que c'était lui. Parce qu'il voyait la joie dans son regard dès lors qu'il parvenait à réaliser quelque chose de convenable. Il avait envie d'étirer ce moment à l'infini. Ou de suspendre le temps alors qu'il dansait maladroitement en face de lui, qui exécutait si bien ses mouvements.
Cette fin d'après-midi-là, il en tomba un peu plus amoureux.
❘✶❘
Soobin ressassait en boucle, encore et encore ce moment. Depuis une semaine, il n'avait que lui en tête. S'il s'était aussitôt empressé de tout raconter à Kai, qui l'avait regardé avec un air vaguement intéressé avant de lui dire qu'il devait arrêter de fantasmer sur l'impossible, il avait également gardé pour lui le mini film qu'il avait pu tourner avant que Yeonjun ne lui donne sa séance de danse improvisée. Ce soir-là, il avait les yeux rivés sur le plafond de sa chambre, et résistait très fort à l'envie de lui envoyer un message au beau milieu de la nuit. Il en avait envie, juste pour parler de tout, et de rien. Juste pour recevoir des messages de lui, les lire et chercher des double-sens qui combleraient ses attentes. C'était idiot, un garçon amoureux, se disait souvent Soobin.
Mais il voulait voir des signes partout. Parce que ça le comblait de bonheur, que Soobin était le genre de garçon rêveur et romantique à souhait qui ne rêvait que de sa belle et grande histoire d'amour, et qu'il avait besoin de ça. Il caressait l'espoir qu'un beau jour, les choses changent. Mais Kai avait raison, et il le savait : la vision de Yeonjun sur lui ne changerait jamais. Il serait toujours ce grand garçon un peu maladroit, enfermé dans sa bulle et ses rêves. Un très bon ami. Un ami. Ami. Le mot lui faisait mal rien que d'y penser.
Alors Soobin se contentait juste de « et si », et les « et si » rythmaient sa vie.
Il ralluma son portable, et passa de longues minutes à faire défiler les photos prises lors de leur dernier déjeuné en plein air avant les nouvelles vagues de froid. C'était Beomgyu qui en avait pris la majorité, ainsi que Taehyun. Et Soobin ne se lassait pas de les regarder. Surtout celle d'un de ses amis en particulier.
Entre ses doigts, son portable vibra. Un message de Yeonjun s'afficha en haut de son écran, et son cœur loupa un battement.
Yeonjun à 23h47.
J'ai vraiment eu envie de t'embrasser l'autre jour tu sais ?
─ 𝐊𝐔𝐊𝐈𝐇𝐈𝐌𝐄 𝐓𝐈𝐌𝐄 ─
eyooo ! comment allez-vous ? 8D Bien je l'espère, en tout cas, moi je suis en forme (pour une fois loul) J'espère que ce chapitre vous a plu :3 Les chapitres fb sont très importants pour comprendre l'intrigues, les relations entre les perso, bref, et j'en suis folle. Du coup j'espère qu'ils vous plaisent autant qu'à moi hé hé ~
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