𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐝𝐢𝐱-𝐬𝐞𝐩𝐭
« Éclosion »
❘✶❘
Il y a cinq ans.
Soobin lâcha un soupir bruyant devant le rayonnage de la bibliothèque du lycée. Plein de bonne volonté, il avait proposé à la table tout entière, composé de Taehyun, Kai et Beomgyu, d'aller chercher tous les livres dont ils avaient besoin. Taehyun lui avait fait un petit mémo, avec son écriture si soignée, et Soobin était parti en quête des livres, avec enthousiasme. À vrai dire, c'était aussi le moyen de quitter ses devoirs pendant quelques minutes : il en avait plus qu'assez. Et il ne lui avait pas fallu plus de trente secondes pour que ses pensées ne s'égarent à nouveau. Yeonjun lui manquait. C'était idiot, ils s'étaient vus le matin même, comme tous les matins. Mais Yeonjun avait cours pendant l'une de leurs heures d'étude, et Soobin trépignait toujours d'impatience avant de finalement le revoir à l'heure du repas.
Kai l'avait remarqué. Ou plutôt, il avait laissé échapper quelques indices sur son béguin de plus en plus sérieux et grandissant pour Yeonjun lors d'une de leur après-midi chez lui, et Kai avait juste fait une drôle de moue. Au départ, il s'était bien dit qu'après autant de temps, il finirait par oublier. Que sa tête, ses pensées, son corps tout entier lui ficherait la paix. Mais Yeonjun occupait ses pensées, en permanence, à l'en rendre malade. Il ne supportait plus l'entendre parler de sa petite amie si parfaite, ni de ne le voir sécher quelques repas avec eux pour aller les passer avec elle. Il était jaloux, et était horrifié de se sentir ainsi. Parce que ce n'était pas lui.
– Salut Soobin !
Il manqua de faire tomber l'énorme (et précieux) livre de Taehyun en se retournant. La voix de Jiwon l'avait fait sursauter, et bêtement, il eut soudainement peur que la jeune femme ait compris qu'il pensait à elle en ce moment-même. Il baissa les yeux vers elle, qui se tenait derrière lui, tout sourire. Il avait envie de la détester. Mais il n'y parvenait pas. Jiwon était mignonne, gentille, intelligente et ne lui avait jamais rien fait. Hormis sortir avec le garçon sur lequel il fantasmait un peu trop.
– Salut Jiwon...
– Tu vas bien ?
– Oui, oui et... Yeonjun n'est pas avec toi ?
– Nous ne sommes pas dans la même classe !
– Ah oui, c'est vrai... Euh...
– Dis, j'ai besoin de ton aide.
– Ah, euh, oui ?
– J'aimerais lui faire un beau cadeau pour Noël !
Pourquoi avait-il fallu que tu viennes me demander ça, à moi ?
– Dis-moi tout ?
– Eh bien, j'ai fait une petite liste, mais je voulais l'avis de l'un de ses amis proches pour être sûre que cela pourrait lui plaire !
Il la regarda fouiller dans son petit sac et esquissa un sourire, se voulant rassurant. Il comprenait ce que Yeonjun lui trouvait. Soobin en était persuadé: si sa préférence avait été la gente féminine, Jiwon aurait probablement fait partie de ses coups de cœur. Elle attrapa une petite enveloppe verte pastelle qu'elle lui tendit, tout sourire.
– Tout est écrit dedans, j'ai mis au propre mes idées ! Tu pourras me dire ce que tu en penses ?
– Je ferais ça !
– Tu es un amour, merci beaucoup Soobin !
Elle se courba légèrement avant de repartir, toute guillerette. Il la regarda partir, presque en sautillant, notant au passage le regard lubrique de quelques garçons assis non loin de là. Il se gratta bruyamment la gorge et ces derniers lui jetèrent un regard froid, avant de se replonger la tête dans leur bouquin.
L'enveloppe de Jiwon dans les mains, il retourna s'asseoir à leur table, oubliant complètement la requête de Taehyun et les autres. Ce dernier lui jeta d'ailleurs un regard en biais, agacé, et soupira en le voyant reposer seulement un livre sur les sept demandés.
– Tu foutais quoi ?
– J'ai croisé Jiwon.
– Comment va-t-elle ?
Beomgyu avait relevé la tête, visiblement intéressé lui aussi.
– Elle a l'air d'aller ? Elle m'a demandé mon avis sur un truc...
– Quoi donc ? lança Kai.
– Sur le potentiel cadeau qu'elle pourrait faire à Yeonjun, pour les fêtes.
– Pourquoi elle ne me demande pas à moi ? croassa Taehyun, Techniquement, je suis plus souvent avec lui que vous. D'ailleurs, je pense que, statistiquement, sur le temps que Yeonjun passe avec chacun, il pa-
– Tu fais peur, lâcha Kai, mi-sérieux, mi-amusé.
– Peur ?
– Il a voulu dire intimidant.
Taehyun leva les yeux au plafond et Beomgyu lui fit un sourire attendri.
– Jiwon aussi peut être intimidante, critiqua-t-il en guise de défense.
Kai haussa des épaules, en cœur avec Beomgyu.
– Quoi, vous ne trouvez pas ?
– Eh bien...
– Vous ne voyez donc pas le démon qui sommeille en elle ? Sous ses... euh, boucles de cheveux blonds platine et ses grands yeux candides ?
– Justement, non, fit Kai.
Et Beomgyu plaqua une main sur sa bouche, amusé.
– Tsss...
« Ce n'est pas grave Taehyun » signa Beomgyu.
– Quoi, toi aussi tu trouves que je suis intimidant ?
« Quand tu t'y mets, oui. »
– Mais...
Il se retourna vers Soobin, pour le sonder du regard et ce dernier déglutit, soudain mal à l'aise.
– Me regarde pas comme ça...
– J'vais pas te bouffer, réponds juste, siffla-t-il.
– Oui, tu peux l'être, je suppose...
Taehyun afficha une moue, par pur principe de vouloir montrer à la table entière qu'il était vexé et Soobin sentit son cœur reprendre un rythme normal. Il en était souvent ainsi avec lui : il n'avait jamais réellement trop su sur quel pied danser. Lui et Taehyun avaient une amitié particulière, que Soobin était tout simplement incapable de qualifier. Il l'appréciait, autant que Beomgyu, mais il devait bien avouer que, sans ce dernier, il n'aurait jamais osé s'approcher de lui à nouveau.
– Du coup, elle a mis quoi comme idées ?
– Je vais lire ça chez moi...
– Ah non, partage !
Beomgyu lui tapota le bras, et Taehyun sembla se calmer un peu.
– Quoi ?, fit-il tout en signant.
« Elle a donné la lettre à Soobin, peut-être pour certaines raisons ? »
– Mmm.
Soobin le remercia silencieusement du regard, sachant pertinemment que jamais Taehyun n'irait à l'encontre de Beomgyu. Ce dernier capitula, Soobin souffla, sous l'œil amusé de Kai qui ne se replongea pas pour autant dans ses devoirs, mais commença à dessiner sur un coin de sa feuille en se lamentant de leurs devoirs trop compliqués.
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– C'est une mauvaise idée, lâcha platement Taehyun.
– Ce que tu peux être rabais-joie parfois, ronchonna Soobin.
Assis sur son tabouret, au milieu de la chambre de Soobin, Beomgyu les regardait avec un air vaguement inquiet.
– Tu es sûr de toi Gyu ? signa-t-il en dévisageant Soobin au passage.
Et Beomgyu agita la tête, d'un air décidé.
– Il y a des retombées sur ton cuir chevelu, tes cheveux, et ta santé. Tu le sais ça ?
– Taehyun, sérieux !
Beomgyu lui lança un regard larmoyant et Soobin eut envie d'arracher la tête du Kang qui continuait de le bombarder d'informations affolantes à propos des décolorations.
– Ça ne serait pas mieux de le faire chez un coiffeur ?
– TAEHYUN.
– Je te le paye.
Beomgyu avait baissé les yeux, dépité, les mains jointes sur ses genoux.
– Je peux te parler deux minutes ?
– Je -
Mais Soobin ne lui laissa pas le temps de répondre, il l'attrapa par la manche et le traîna dans le couloir devant sa chambre, lançant un regard désolé à Beomgyu en chemin.
– À quoi tu joues ?
– Je ne veux pas qu'il le fasse.
– Aux dernières nouvelles, Beomgyu est un être humain pourvu d'une conscience propre, et il est encore maître de ses choix.
– Tu lui a fourré cette idée dans le crâne et maintenant...
– Merde, Taehyun, sérieux !
– Imagine qu'il regrette ?
– Ça fait partie de l'apprentissage de la vie ça, très cher. On tente des trucs, parfois ce sont de gros échecs, alors on passe au-dessus et on avance ! Toi et moi sommes plutôt bien placés pour le savoir, non ?
– C'était petit ça.
– Mais nécessaire, je sens que tu es parti beaucoup trop loin à cause d'une simple décoloration. Une décoloration !
– C'est douloureux.
– Il le sait déjà.
– Je ne veux pas qu'il ait mal.
– Rooh mais il... Oh.
Taehyun pencha la tête légèrement sur le côté, et plissa les yeux.
– Quoi ?
– D'accord je vois.
– Tu vois quoi ?
– Tout va bien se passer, ok ? Fais-moi confiance, je ne lui ferais jamais ça si je ne m'en sentais pas capable.
Taehyun se contenta de hocher la tête, sans un mot. À ce moment-là, la porte de sa chambre s'ouvrit, et Beomgyu apparut, veste sur les épaules, le visage neutre.
« Je vais y aller. »
– Quoi ?
Et sans un signe de plus, Beomgyu leur passa devant, mais ses yeux brillants n'échappèrent pas à Soobin.
– Attends, attends Gyu !
« Je suis désolé, je ne voulais pas te causer de tort... »
Taehyun n'avait pas bougé du palier, comme paralysé de ce qui venait de se passer et Soobin rattrapa Beomgyu, alors dans l'entrée, en train de se chausser à nouveau.
– Tout va bien, ok ? On va le faire !
« Je ne veux pas me le mettre à dos. »
– Quoi, tu... Taehyun ? Non, non il... Il est juste putain de maladroit, tu le connais...
Beomgyu lui lança un regard peiné.
– Il a peur que tu aies mal, ou que tu le regrettes. C'est tout. Mais puisque c'est un idiot, doublé d'un handicapé des sentiments quand il faut les exprimer à cœur ouvert, il est juste... Apparut comme le pire des abrutis.
« Si tu le dis. »
– J'en suis sûr...
« Tu crois qu'il va me trouver beau ? »
– Hein ? Qui ?
« Taehyun. »
– Euh...
Beau ? Taehyun ? Beomgyu ? Pris de court, il regarda en direction de la chambre où Taehyun était retourné pour les attendre sagement.
– Oui, bien sûr !
Il se demanda pourquoi si soudainement, ce détail eut l'air de lui tenir à cœur. Mais surpris, le vit reposer ses chaussures par terre et se diriger à nouveau vers la chambre, sans rien ajouter de plus. Mais au fond de lui, Soobin ne put s'empêcher de se demander si Beomgyu se posait souvent ce genre de question vis-à-vis de Taehyun.
Quand il entra de nouveau dans sa chambre, Beomgyu avait noué une serviette autour de son cou, et Taehyun s'était assis en tailleur sur le lit, plongé dans l'un de ses livres. Il y avait une drôle d'ambiance dans l'air, qu'il décida d'ignorer, en allumant sa petite enceinte.
– Mec, tu mets du rouge à lèvre ?
En cet instant, Soobin venait d'enfiler ses gants et leva la tête, paniqué, vers Taehyun qui lui désigna les petits tubes de rouge à lèvre sur sa table de chevets. Putain, Kai... Il ne rangeait jamais ses affaires, Soobin n'y touchait pas, et cela ne dérangeait personne. Cependant, il avait complètement oublié leur présence, et la venue des deux meilleurs amis dans sa chambre aujourd'hui.
– Si tu me sors que c'est à ta mère..., railla Taehyun devant son air paniqué.
Évidemment, l'excuse ne prendrait pas.
– Non non, c'est à moi.
– Ah.
– Ça m'éclate, précisa-t-il en guise d'explication.
Taehyun lui lança un drôle de regard, avant de se concentrer à nouveau sur son livre. Soulagé de voir que son mensonge passait aussi bien, Soobin se mit enfin au travail.
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Beomgyu n'avait pas osé remettre les pieds chez lui après son après-midi chez Soobin. Ils avaient terminé tard dans la soirée, parce que Soobin avait insisté pour prendre son temps, puis pour le traîner dans sa douche et lui faire pencher la tête en avant pour lui offrir « le meilleur shampoing de toute ta vie ». Taehyun avait râlé, Beomgyu avait eu envie de rire en voyant sa tête se métamorphoser à mesure que ses cheveux changeaient de couleur, et Soobin s'était franchement amusé. Kai était arrivé à la toute fin, et avant même qu'il ne puisse se voir dans un miroir, il l'avait pris dans ses bras et lui avait hurlé à quel point il était beau. Taehyun n'avait rien dit, trop occupé à lire et relire les étiquettes des produits que Soobin lui avait mis sur la tête, pour s'assurer de leur toxicité et sans doute, lui faire une leçon de morale par la suite. Il ne lui avait pas vraiment accordé un regard, comme s'il craignait qu'il ne le juge pour son comportement avant sa grande aventure capillaire, et Beomgyu le connaissait assez pour savoir qu'il s'en voulait terriblement. Et comme à chaque fois que Taehyun se reprochait quelque chose, il se murait dans le silence, et gardait les yeux rivés vers le sol.
– Tu veux le rouge comme d'habitude ?
Taehyun lui posait toujours la question, et Beomgyu avait toujours la même réponse. À chaque fois qu'il posait un pied chez les Kang, c'était le même refrain. Sa mère insistait pour lui commander ce qu'il voulait à manger, ils mangeaient en famille et la petite sœur de Taehyun ne cessait de le dévisager avec un sourire immense (elle ne parlait presque jamais, et Taehyun lui disait souvent qu'elle avait tout simplement un crush sur lui), sa mère tentait tant bien que mal d'allier des signes à ses paroles, et Beomgyu appréciait toujours autant l'effort. Puis ils montaient dans sa chambre, Taehyun lui donnait ses affaires pour la nuit.
Et pourtant, cela ne l'avait jamais empêché de se sentir mal à l'aise. Il adorait les Kang. Il adorait leur maison. Il adorait les moments qu'il passait ici. Mais Beomgyu se sentait en trop. Beomgyu sentait l'humidité du taudis dans lequel il vivait. Taehyun sentait bon des parfums qu'il ne pourrait jamais s'offrir. Beomgyu portait la même paire de basket depuis trois ans, usée et qui lui faisait mal aux pieds, pour ne pas chiffonner son père qui le lui avait donné après s'en être lassé. Taehyun en avait une dizaine dans son dressing. Il avait des sweats trop grands et informes, alors qu'il rêvait de porter les mêmes tenues que son meilleur ami, sur qui tout rendait si bien. Ses doigts étaient toujours secs, ses mains couvertes de cicatrices ridicules qu'il s'était faites en grandissant. La peau de Taehyun était parfaite.
Et cela, Taehyun le savait, et Beomgyu en avait conscience. Taehyun lui avait acheté des habits. Pour ses anniversaires. Mais aussi le jour des fêtes nationales, pour faire passer ça comme cadeau symbolique. Beomgyu savait qu'il ne voulait juste pas le froisser. Taehyun lui avait offert presque tous les livres qu'il possédait. Sa mère détestait voir ses habits neufs et hors de prix dans le carton où il rangeait ces derniers. Elle le jalousait, le lui disait, et lui glissait bien souvent qu'il devrait en demander aussi pour ses parents. Beomgyu n'avait jamais osé.
– Pourquoi tu ne portes jamais le pull vert que je t'ai offert ?
Et c'était dans ces moments-là que toute son excitation retombait.
« Mon papa me l'a emprunté. »
Taehyun ouvrit de grands yeux, avant de soupirer, agacé.
– Ce n'est pas grave.
« Tu sais, nous fonctionnons différemment chez moi, et s'ils se servent dans mes affaires, ce n'est pas un problème... »
Si, s'en était un. Chez lui, rien ne lui appartenait. Et il n'en pouvait plus. Il aimait ce pull vert, comme il aimait chacun des cadeaux de son meilleur ami. Mais tout finissait toujours par lui échapper. Il disparut quelques instants dans la salle de bain pour enfiler la tenue que Taehyun lui prêtait une énième fois pour dormir, alla se laver les dents puis le visage, et regagna la chambre, le regard triste. Il voulait profiter de ses cadeaux. Mais en était incapable. Ils finissaient toujours par tout lui prendre.
Taehyun était déjà dans le lit, un livre sous le nez quand Beomgyu poussa la porte. Il se souvenait encore de la première fois qu'il avait dormit ici, dans cette même chambre, et que Taehyun avait insisté pour qu'il prenne son lit, au lieu d'un vulgaire matelas pour dormir par terre. La gêne passée, Beomgyu s'était installé au bord, tout au bord, du lit immense de son ami et n'avait pas réussi à dormir de la nuit. Avec le temps les barrières étaient tombées une à une, ils avaient leurs habitudes, tenaces, et Beomgyu ne se posait plus de questions.
– Tu vas dormir direct ?
Beomgyu opina du chef. Taehyun reposa son livre et tendit le bras pour éteindre sa lampe de chevet, activa sa télécommande pour baisser les stores automatiques de ses fenêtres et cala son coussin sous son crâne. Ils se souhaitèrent bonne nuit, et un silence confortable s'installa dans la petite chambre. Il aimait tant cet endroit. Il n'était plus étouffé entre quatre murs étroits, ni stressé à l'idée d'entendre le voisinage un peu trop fort, les bruits de la rue, ou ses parents décuver à des heures qui n'étaient plus permises.
– Gyu ?
Il se retourna face à lui, pour lui montrer qu'il l'écoutait.
– J'aime beaucoup tes cheveux.
Sa bouche s'entrouvrit légèrement, et il se sentit rougir jusqu'à la racine des cheveux. Il le distingua lever une main en sa direction, puis jouer avec ses mèches nouvellement blondes. Beomgyu esquissa un merci dans le noir, geste que perçut et devina Taehyun qui lâcha un petit rire. Les remarques de l'autre garçon avant sa décoloration lui revinrent en tête, et il fronça légèrement les sourcils, ressentant à nouveau ce pincement douloureux au niveau de la poitrine.
– Je suis désolé pour tout à l'heure, je me suis comporté comme un idiot fini.
Beomgyu secoua la tête. C'était comme s'il lisait dans ses pensées.
– Si, si, un idiot fini. Soobin avait raison, il savait parfaitement ce qu'il faisait. Tu es magnifique.
En cet instant, Beomgyu s'en persuada : son cœur allait le lâcher.
Taehyun se cala contre lui, comme d'habitude, mais ce soir-là, quelque chose avait changé. Taehyun avait toujours été différent quand il se retrouvait avec lui, dans l'intimité : il n'avait plus rien à voir avec le glaçon qu'il aimait prétendre être au quotidien. Il se déridait, n'avait aucun mal à lui témoigner toute son affection et par-dessus tout : Beomgyu aimait la manière dont il le regardait dans ces moments-là. Il se laissait aller, enfin, et dévoilait la facette que Beomgyu aimait le plus chez lui. Il se faisait sans doute des films, à penser qu'il était le seul à le percevoir ainsi, mais aimer se conforter dans cette idée. Mais ce soir-là, quand ils arrêtèrent de communiquer avant de dormir pour de bon, Beomgyu sentit que quelque chose n'allait pas. Pas chez Taehyun, qui s'était pressé contre lui pour la nuit qui allait suivre, mais chez lui. Il n'aimait pas cette sensation désagréable qui lui parcourait le corps. Il ne supportait pas sentir son estomac et le moindre de ses organes vitaux se tordre dans tous les sens. Ce n'était que Taehyun. Ce n'était que leurs petites habitudes. Mais à mesure que les semaines, puis les mois défilaient, et Beomgyu comprenait peu à peu que les choses changeaient. Pourtant, de tout son cœur, il avait tenu à s'agripper à leur relation telle qu'elle avait existé au départ.
Taehyun le trouvait magnifique. Il le lui avait dit, et son corps tout entier avait réagi. Beomgyu savait que ce n'était pas la première fois. Il y avait tant de fois où les remarques du brunet l'avaient fait chavirer. Et à chaque fois, il avait essayé de faire passer ses sentiments pour de la timidité, ou un refus catégorique de recevoir des compliments. Il inspira profondément, peinant à fermer les yeux, alors que le garçon contre lui s'était déjà endormi, bien au chaud sous ses draps. Il avait laissé une main dans ses cheveux blonds, que Beomgyu retira avec douceur pour ne pas le réveiller. Souvent, quand il dormait seul, Beomgyu se prenait à repenser à toutes les sensations qu'il ressentait quand il était à ses côtés. Il regrettait les soirs où ils ne partageaient pas un même lit, ceux où Taehyun ne se blottissait pas contre lui pour avoir plus chaud malgré le chauffage ambiant dans sa chambre.
Il lui tapota légèrement l'épaule, voulant savoir s'il dormait pour de bon, et ce dernier remua à peine, les yeux toujours clos. Beomgyu en déduisit qu'il dormait et qu'il était désormais le seul pleinement éveillé dans la chambre immense de son ami.
Tu sais, il y avait ces moments comme celui-ci où j'avais envie de te dire tellement de choses. Mais les mots ne sortaient jamais, puisque j'en était incapable. Je me souviens encore des sessions où tu avais essayé, vraiment essayé, de faire quelque chose pour moi. Je ne pourrais jamais te remercier assez du temps que tu m'as consacré, depuis le premier jour où nous nous sommes rencontrés. Et bon sang, je voudrais tant savoir pourquoi tu t'es dirigé vers moi, ce jour-là. Qu'est-ce que tu avais vu en moi, Kang Taehyun, pour que je devienne le centre de ton univers, et toi du mien ?
Ce soir-là, avec les mots de Taehyun en tête, il réalisa qu'il en tombait peu à peu amoureux.
─ 𝐊𝐔𝐊𝐈𝐇𝐈𝐌𝐄 𝐓𝐈𝐌𝐄 ─
eyooo ! Comment allez-vous ? :D J'avais adoré écrire ce petit fb, assez doux, qui nous en apprends un peu plus sur les relations entre nos protagonistes. Et si je ne m'abuse, vous avez la première apparition physique de Jiwon ! J'aime énormément ce personnage, j'ai hâte que vous en appreniez davantage sur elle ♥ À la semaine prochaine pour la suite des aventures !
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