𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐜𝐢𝐧𝐪𝐮𝐚𝐧𝐭𝐞-𝐡𝐮𝐢𝐭
« Les garçons du pont »
❘✶❘
Il y a dix mois.
La hauteur sous ses pieds lui donnait un peu le vertige. Soobin ferma les yeux, et inspira profondément, régulant sa respiration du mieux qu'il put. Il faisait bon en ce lundi après-midi. Et Soobin se surprit même à trouver cette journée bien trop belle pour ce qu'elle était réellement : une énième à se demander s'il allait s'en sortir. Devait-il changer de petit boulot ? Ses études ? Ce genre de questions le rongeait quotidiennement, depuis des mois déjà. Il avait les parents les plus adorables du monde, prêt à tout pour l'aider, mais pour la première fois depuis toujours, Soobin avait honte. Honte de ne pas savoir où il allait, honte de ne pas leur rendre la pareille. Honte de se retrouver acculé. Honte d'errer en essayant d'oublier ses tracas futiles et ses peines de cœur. Le grand saut dans la vie d'adulte ne lui avait pas fait que du bien. Il voyait bien que Kai tentait de le faire relativiser, en vain. Ces derniers jours, Soobin se demandait si tout ce qu'il entreprenait payerait un jour. Il baissa les yeux et soupira. Se tenir sur ce pont lui donnait le vertige. Il avait profité d'une journée où Kai était à la fac pour se rendre ici, sans rien lui dire.
– Tu comptes sauter ?
La voix traînante de Taehyun lui arracha un cri de surprise. Il se retourna, les yeux ronds, et le vit. Taehyun se tenait à une distance raisonnable de lui, les mains dans les poches de son pantalon couleur crème. Il se demanda ce qu'il fichait ici, et non à étudier comme un dingue comme il savait si bien le faire, et esquissa un sourire. Taehyun lui donnait toujours envie de sourire quand il le regardait comme ça, avec cette lueur de défi et de perplexité. Il semblait si déconnecté, pourtant en perpétuelle analyse du moindre de ses faits et gestes et si... Impassible.
– Pas aujourd'hui non, dit-il en laissant échapper un rire.
– Demain ?
C'était une drôle de discussion, comme bien souvent quand Taehyun faisait irruption.
– Qu'est-ce que tu fiches ici ? Ça me fait tout drôle de te voir, ça fait longtemps !
– Un mois et trois jours, je suis désolé, je me suis noyé sous le boulot. J'ai une après-midi de libre, j'avais envie de marcher un peu avant de rentrer chez moi.
Il le regarda se rapprocher, et s'accouder aux barrières du pont.
– Tu sais que toutes les voitures qui sont passées derrière toi ont pensé que tu allais retirer tes chaussures et sauter ?
Soobin passa une main dans ses cheveux, gêné.
– Si tu ne vas pas bien, tu sais que tu peux nous en parler, hein ? Ne viens pas ici pour broyer du noir.
– Je sais, murmura-t-il.
– Je voulais m'en assurer.
Un long silence s'installa entre les deux jeunes hommes, pendant lequel Soobin reporta son attention sur le fleuve sous ses pieds. Taehyun semblait ailleurs lui aussi. Et ce ne fut qu'à ce moment précis qu'il percuta un changement flagrant chez lui.
– Eh... Eh !
– Quoi ?
– Tes cheveux !
– Oh, oui, ça...
Taehyun ne semblait pas emballé, malgré la lueur de joie qui passa sur son visage. Soobin leva une main prudente pour effleurer le sommet de son crâne et pouffa.
– J'adore, putain, c'est super beau !
– Merci.
– Tu viens de la faire, c'est ça ?
– Il y a un mois ouais...
– En quel honneur ? Monsieur je ne touche pas à mes précieux cheveux ?
– Tsss...
– Tu es canon.
– Merci Soobin.
Soobin laissa échapper un rire léger, sans cesser de le scruter. Le rouge lui allait si bien. C'était un choix de couleur étonnante, et Soobin se demanda si cela ne poserait pas de souci dans ses études. Et puis une autre information lui revint, et ses yeux s'ouvrirent encore plus en grand.
– Oh, oh ! Mais je sais qui doit être fan de cette couleur !
– Mmm ?
– Beomgyu ! Tu sais combien d'heures on a passées à mater des clips musicaux de son groupe favori juste pour qu'il me montre à quel point l'homme de sa vie est le plus beau avec ses cheveux rouges ?
Taehyun tiqua, et fronça les légèrement les sourcils.
– Vous faites ça... ?
– Ouais, de temps en temps au lycée, ça nous est arrivé. La dernière fois que l'on s'est vu aussi, je dois l'avouer. Il est en bonne voie pour me convertir.
– Oh, je vois.
– Tu ne savais pas ?
– Mmm.
Bien sûr que si, tu sais. Tu n'as pas fait cette couleur par hasard, hein ?
– D'ailleurs, comment va-t-il ?
– Bien.
– Ouah, j'attendais plus de détails mais...
– Sa famille tente de grappiller le moindre sou qu'il gagne. Je sais très bien qu'il leur envoie de temps en temps de l'argent. Même s'il pense que je ne le vois pas.
– Taehyun...
– Ils me rendent fou Soobin. Il... Il pense bien faire. Mais ils ne le laisseront jamais en paix.
– Il vit toujours chez toi, ou il a pu trouver un logement ?
– Il vit toujours chez moi.
Soobin esquissa un sourire.
– Quoi ?
– Oh, rien, rien.
– C'est plus simple ainsi. Moins coûteux pour lui. Plus rassurant aussi.
– Bien, bien !
– Nous ne dormons pas ensemble.
– Taehyun...
– Nous avons aménagé l'appartement pour lui.
– Oui, Taehyun, ne te sens pas obligé de te justifier je -
– Je ne veux pas que tu t'imagines des choses.
– Pas mon genre.
– À d'autres.
– Ok, ok, tu m'as eu !
Mais Soobin n'en croyait pas un mot. Pourtant, il opina du chef, et Taehyun sembla se détendre un peu. La situation de son meilleur ami avait toujours été un sujet plus ou moins tendu depuis la fin de leur lycée. Si le principal concerné semblait faire avec, Taehyun, lui, en faisait toute une affaire et prenait sa situation très à cœur.
– Dis-moi tout, qu'est-ce qui te tracasse Soobin ?
– Oh, un tas de choses.
– Ce sont tes études ?
– En partie. Et ce petit job aussi... Je crois que je vais le lâcher. Je vais postuler dans un café par loin de là où j'étudie. L'ambiance y est bien mieux.
– Fais-le si cela doit te ronger à ce point.
– Et puis, je ne sais pas, j'ai l'impression que ma vie n'a plus vraiment de sens.
– Ne dis pas ça.
Soobin lâcha un petit soupir et passa une main dans ses cheveux.
– Je ne compte pas en finir Taehyun, soit rassuré. Je... Je ne suis simplement pas au top de ma forme. Et l'autre jour j'ai décidé d'arrêter de fréquenter ce type là que je -
– Tant mieux. Il craignait, tu mérites franchement mieux.
– Non, tu ne comprends pas.
Taehyun se retourna légèrement vers lui, les sourcils froncés.
– J'angoisse. J'ai sans arrêt peur qu'ils me lâchent du jour au lendemain. Je ne peux pas sortir un soir avec un type sans me demander s'il fait ça juste pour tenter une petite expérience avec un autre garçon. Je finis par tous les lâcher parce que j'ai peur Taehyun. Je n'arrive plus à leur faire confiance.
Taehyun se rapprocha un peu, la mine concernée.
– Je ne suis pas vraiment le meilleur pour donner des conseils dans ce domaine, tu me connais..., souffla-t-il.
– Détrompe-toi. De mes amis les plus proches, je crois que si.
Il ne pouvait pas réellement compter sur Beomgyu, avec qui ce genre de discussion ne venait jamais. Ni sur ses camarades de classe envers qui il n'était pas assez proche. Il avait toujours refusé de mêler ses parents à ses affaires de cœur et Kai... Kai était un cas particulier. Ils avaient beau se confier tout un tas de choses, il savait que son mal-être serait contagieux, et refusait de lui infliger cela.
– Eh bien, ce que je vais te dire va te sembler évident mais... Va lui parler.
– À qui ?
– À celui dont on ne doit pas prononcer le nom.
Soobin lui donna un coup de coude, amusé. Taehyun n'avait jamais su, les mots n'avaient jamais été dits entre eux. Mais avec les mois, les années, l'idée que Soobin eut été amoureux de l'autre garçon avait fini par naître dans tous les esprits du groupe. Et, une chose en entrainant les autres ; que ses sentiments avaient été la cause d'une dispute terrible.
– Je suis sérieux Soobin. Je t'assure que Yeonjun a mûri.
– À d'autres.
– Vous ne vous côtoyez vraiment plus ?
– Je préfère éviter.
Taehyun soupira, et un air triste qui ne lui échappa pas passa sur son visage.
– J'organiserai un truc.
– Comment ça ?
– Toi, moi, le reste de la bande. Je vais organiser une soirée.
– Taehyun...
– Je suis sérieux. J'en ai ras le cul de devoir peser mes mots à chaque fois que je te parle de lui, que Kai aborde le sujet, que Yeonjun me demande ce que tu fais, et Beomgyu est tellement triste depuis que nous ne faisons plus rien ensemble... Alors je vais organiser une soirée, dans un endroit sympa. On ira bouffer quelque part, comme autrefois. Et on parlera à cœur ouvert.
– Pour aller de l'avant, c'est ça... ?
– Ouais.
– Merci Taehyun... Je n'en aurais jamais eu le courage.
– Tu me remercieras après si vous ne finissez pas à vous étriper.
Soobin laissa échapper un rire nerveux.
– Allez, viens, on va boire un truc, et quitter ce pont, je pense sincèrement que le monsieur dans son bateau attend que nous fassions le grand plongeon en amoureux.
La blague le fit éclater de rire pour de bon, et Soobin le suivit avec plaisir. Il se sentit heureux, et chanceux, de l'avoir à ses côtés en ce moment même.
– Cette discussion m'a donné envie d'en griller une, lâcha-t-il.
– Tu t'es remis à fumer ?
– Oh non, je n'oserais jamais, pas depuis cet été-là ! Pas avec Kang Taehyun qui risque de me tuer du regard si je touche une nouvelle fois à un paquet de clopes !
Taehyun éclata de rire et Soobin réalisa qu'il n'en avait réellement grillé aucune depuis leur amourette estivale, même dans ses pires moments.
– Dis Taehyun, tu sais que je ne l'ai jamais dit à personne pour nous ?
– Même pas à Kai ?
– Ouais.
– Moi non plus, dit-il en haussant des épaules.
– Quelque part, j'ai envie que ça reste entre nous, tu vois ? C'est un peu idiot mais... Je ne sais pas. Ce sont des souvenirs que je n'ai pas envie de voir éclater au grand jour.
– Ton côté romantique à deux balles s'emballe.
– Eh !
Mais il avait raison, et Taehyun le savait. Cependant, Soobin savait qu'il le charriait sans une once de méchanceté.
– Quand j'y repense, à quel moment tu t'es retrouvé à me trouver attirant ? lui demanda Taehyun d'une voix distraite.
– Très bonne question.
– Petit con va...
– Et moi franchement, je te retourne la question.
– Tu étais mignon. Avec tes cheveux longs et ton air un peu ahuris. Oh, j'étais désespéré aussi.
– Tu as toujours un de ces tacts, rigola Soobin.
– Arrête, tu sais très bien que je n'étais pas au top de ma forme...
Ils bifurquèrent dans une rue passante, et Soobin chercha des yeux un endroit où se poser.
– Moi non plus, je suppose que je l'étais aussi... Désespéré.
– Nous nous sommes bien trouvés cet été-là que veux-tu...
Oh oui, s'il savait. Taehyun était tombé à point nommé sans même le savoir. Et avec le temps, Soobin avait fini par comprendre qu'il en avait été de même pour lui. Il ne savait pas trop pourquoi il avait décidé de parler de ce vieux souvenir maintenant, mais Soobin se sentit incroyablement bien. Il n'y avait pas repensé souvent, mais ces derniers temps, la chose le taraudait.
Ils entrèrent dans un café qu'il connaissait bien, et ils s'empressèrent de grimper à l'étage pour s'installer près des fenêtres qui donnaient sur la rue commerciale. Il appréciait beaucoup cet endroit où il s'était rendu à maintes reprises avec Kai par le passé.
Soobin le vit commander la même chose qu'à l'accoutumée – les goûts de Taehyun en matière de boisson n'avaient pas changé depuis le lycée – et quant à lui, il se contenta d'une boisson chaude.
– Tu ne prends rien à manger ?
– Je dois éviter.
– En quel honneur ?
– Je...
– Si tu me sors que c'est l'andouille avec qui tu sortais qui t'a fait une réflexion sur ton poids, je vais l'étriper.
Soobin baissa les yeux, gêné. Pourquoi fallait-il toujours que Taehyun vise juste ?
– Franchement, tu as bien fait de le larguer, ragea Taehyun. Tu mérites mieux que ce genre de type.
Soobin soupira, non sans esquisser un sourire, touché. Il savait que Taehyun le pensait sincèrement, et ne le disait aucunement pour le blesser ; bien au contraire.
– Commande-toi un truc, je sais que tu en meurs d'envie, soupira le garçon aux cheveux rouges.
Et sans hésiter, Soobin leva le bras pour héler un serveur.
❘✶❘
Ils sortirent du café deux bonnes heures plus tard sans que Soobin ne voie le temps passer. C'était souvent le cas avec Taehyun. Soobin parlait beaucoup quand il était avec lui, de tout et de rien, mais surtout de choses qui lui vidaient la tête. Taehyun était un jeune homme à qui l'on pouvait parler de tout sans se sentir mis à l'écart ou incompris, c'était quelque chose qu'il avait toujours aimé chez lui : cette faculté à essayer de comprendre les gens en mettant de côté ses a priori. Il avait son caractère – il aurait été naïf de mettre entre parenthèses ce point important – mais avec l'âge, il lui semblait que Taehyun avait appris à être plus doux dans ses propos et son approche des gens.
Il aimait bien le voir ainsi, les traits détendus, loin du Taehyun fatigué et au bout du rouleau qu'il avait été pendant leur dernière année du lycée.
– Tu fais quelque chose ce soir ? lui demanda justement Taehyun.
– Euh, je n'ai rien de prévu non...
– Tu veux venir dîner à l'appartement ?
Soobin cligna plusieurs fois des yeux, surpris. Taehyun invitait rarement les gens chez lui, préférant des lieux extérieurs.
– Oh, si cela ne vous dérange pas avec Beom...
– Je vais lui envoyer un message, mais ça ira. Il sera heureux de te voir.
Et aussitôt, il s'exécuta. Surpris, mais surtout heureux, Soobin se sentit tout à coup plus léger. Il ne sut pas trop d'où sortait cette invitation impromptue : était-ce à cause de l'endroit où Taehyun l'avait retrouvé ? Ou tout simplement parce qu'il avait envie de passer une soirée tous les trois ?
– Ne t'en fais pas, je sais que tu n'avais pas l'intention de sauter tout à l'heure.
– Oh je...
– Tu étais en train de te dire que je faisais tout pour te faire oublier le pont, non ?
– Euh... Ouais.
Taehyun lâcha un petit rire nerveux.
– Tu es au bout du rouleau Soobin, mais je te connais suffisamment pour savoir que tu n'es pas le genre de personne qui laisserait tout tomber comme ça.
Il passa une main sur sa nuque, un peu gêné.
– Ouais... d'ailleurs...
Soobin se stoppa brutalement, et Taehyun arqua un sourcil, surpris.
– Je dois te poser une question. Désolé, elle me brûle les lèvres depuis tout à l'heure...
Ne sachant visiblement pas à quoi s'attendre, Taehyun lui fit signe de continuer.
– Je suis désolé de ramener le sujet sur le tapis, je me doute que tu étais dans une période compliquée et je...
Un drôle de sourire naquit sur le visage de son vis-à-vis et le déstabilisa. Taehyun se rapprocha, et lui tapota l'avant-bras avec un air compatissant sur le visage.
– Tu sais il y a eu cet été-là avec les gars où ça m'est revenu, et je les ai revues sur ton corps... Je n'avais pas osé t'en parler, ni ce jour-là, ni après...
– Oh, Soobin...
Sentant ses yeux s'humidifier, il détourna le regard.
– Allons, allons, ne pleure pas !
– Je t'aime beaucoup Taehyun tu le sais ça ?
Interdit, Taehyun le dévisagea de ses yeux ronds.
– Et ça me fait mal d'y repenser encore aujourd'hui.
– Je n'ai plus mal.
– Pardon ?
– Je n'ai plus mal si c'est ta question.
Soobin frissonna des pieds à la tête, et les premières larmes commencèrent à s'échapper.
– J'ai arrêté après t'avoir rencontré. Ne pleure pas pour ça, vraiment.
Soobin renifla et les doigts fins de Taehyun passèrent sur ses joues.
– D-désolé...
– T'es un gars en or. Personne ne mérite un ami aussi fantastique que toi. Mais je ne veux plus que tu sois triste en y pensant, d'accord ? C'est le passé, et un passé que je vis bien désormais. D'accord ?
Il le prit dans ses bras sans hésiter, et Taehyun le laissa faire. C'était une nouvelle fois un geste étrange entre eux, mais auquel Soobin n'avait pas su résister.
– Désolé, je ne voulais pas me mettre à chialer.
Taehyun lui tapota le dos maladroitement, et Soobin resserra un peu plus son étreinte.
– On ne te le dit jamais assez, mais toi aussi tu es un gars en or Taehyunie.
– Arf, arrête ça...
Dans la poche du garçon aux cheveux rouge, un portable vibra, et Taehyun s'empressa d'y jeter un œil.
– Allez, on arrête là les niaiseries... Beomgyu est d'accord. Sèche-moi ces vilaines larmes va !
Taehyun lui adressa un sourire immense qui chassa sa moue maussade. Il en oublia ses idées noires, et les souvenirs douloureux des cicatrices sur son ventre. Taehyun semblait déjà ailleurs, dans son propre petit monde, comme toujours.
Soobin se fit la réflexion qu'il n'avait encore jamais visité les lieux en arrivant devant l'immeuble où Taehyun et Beomgyu habitaient. Taehyun leur avait bien envoyé des photos, à tous, mais Soobin n'avait jamais vraiment eu l'occasion de s'y rendre. Il aimait beaucoup le quartier, sa tranquillité et toute la verdure qui s'y trouvait. Et quand Taehyun poussa la porte d'entrée, il ne fut pas vraiment étonné de trouver un appartement rangé, impeccablement.
– Ce n'est pas très ordonné, pardonne-moi.
– Et moi, je suis la reine d'Angleterre, se moqua Soobin.
Taehyun lui donna un coup de coude.
– Beomgyu ? Soobin est là !
Soobin s'avança un peu dans l'entrée, et Beomgyu déboula dans un accoutrement beaucoup trop grand pour lui, sourire aux lèvres.
« Coucou Soobin ! »
– On te fait visiter ?
Ils retirèrent leurs chaussures et Taehyun l'invita à s'avancer un peu plus. Le tour de la petite cuisine et du salon fut vite fait. Tout ici hurlait que Kang Taehyun était le propriétaire des lieux. Cependant, Soobin nota avec amusement que la présence de Beomgyu était là, discrète, mais bel et bien présente. Des livres semés un peu partout dans l'appartement (qu'il savait les siens car Taehyun n'avait jamais aimé lire ce genre de livre), des petites photos disposées sur la petite table devant la télévision, le tout dans des cadres beaucoup trop kitsch pour avoir été acheté par le jeune homme aux cheveux rouges.
– C'est très mignon !
Beomgyu l'agrippa par le bras et avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, il se retrouva dans la – ou leur ? – chambre face à une petite bibliothèque visiblement fraîchement mise en place.
– Beomgyu...
Taehyun semblait gêné de le voir ici, aussi, Soobin se garda bien de regarder partout autour de lui. Vous ne dormez pas ensemble, hein ? Cachottier va, pensa-t-il. Deux secondes plus tard, il se retrouva avec une petite pile de livres dans les bras.
« Ce sont mes favoris ! » signa Beomgyu « Je suis sûr qu'ils te plairont beaucoup ! Je te les prête ! »
– Oh... Merci Beom !
Il parcourut rapidement les titres du regard et esquissa un sourire amusé. Beomgyu avait vu juste. Taehyun le poussa hors de la chambre en râlant, et il fut conduit dans le salon. Il déposa les livres sur la petite table basse, et vint s'accouder au meuble-bar qui séparait l'espace de la cuisine et du salon. Beomgyu le regardait avec de grands yeux brillants, et Soobin nota que Taehyun s'était éclipsé quelques instants dans sa salle de bain. Comme lui avait prédit Taehyun, Beomgyu semblait véritablement ravi de le voir là. Le jeune homme avait retrouvé une chevelure noir corbeau, et Soobin se fit la réflexion qu'il n'avait pas vu Beomgyu avec sa couleur naturelle depuis ses expériences capillaires au lycée.
– Comment tu vas Beomgyu ? demanda-t-il en signant.
« Bien, bien ! »
Il semblait en pleine forme.
« J'ai vraiment un travail en or ! »
Soobin esquissa un sourire. Il avait déjà eu l'occasion de se rendre sur le lieu de travail de Beomgyu. La jeune femme qui s'occupait de la caisse avec lui était une personne en or. Une jeune femme d'un ou deux ans son aînée, avec un beau visage et des traits fins. En plus d'être la gérante des lieux, elle était bien vite devenue amie avec Beomgyu.
« Elle en pince pour Taehyun... » signa-t-il en esquissant un sourire amusé.
Surpris, Soobin leva un sourcil. La pauvre, elle n'est pas au bout de ses peines... pensa-t-il immédiatement. Cependant, le sourire de Beomgyu et son engouement face à cette nouvelle le troublèrent quelque peu.
« Je lui ai donné son numéro, mais il trouve toujours des excuses pour éviter, je le sais. » continua-t-il en haussant des épaules.
– Oh, euh...
Confus, Soobin l'était. Mais il ne laissa rien paraître, réellement surpris par ce que lui disait son ami.
« Taehyun n'est pas très doué en relation humaine. Tu l'aurais vu rembarrer une pauvre fille de sa classe, je pense qu'elle en a pleuré. » signa Beomgyu en esquissant une moue.
Soobin avait envie de lui hurler que potentiellement, Taehyun n'était nullement intéressé d'autre personne que lui, mais se retint. Il était tristement fasciné de voir comme Beomgyu tentait d'arranger des rendez-vous en pensant bien faire, sans songer un seul instant que Taehyun n'en avait jamais eu envie.
– Vous parlez de quoi ? lança Taehyun.
– De la décoration, absolument parfaite de cet appartement ! répondit rapidement Soobin.
Beomgyu lui lança un regard troublé avant d'acquiescer.
– Je sais, j'ai des goûts exquis, dit-il en se laissant tomber à côté de Beomgyu dans le canapé.
Ce dernier lui donna un coup de coude.
– Beomgyu aussi, évidemment, il m'a un peu aidé.
– Un peu ? s'amusa Soobin.
– Ne nous lance pas sur le sujet... Si je tolère ces horribles petits cadres à paillettes c'est parce qu'il m'a bien vendu la chose.
« Tu étais d'accord ! Tu as dit que tu les trouvais mignons au final ! »
– Je n'ai jamais dit ça.
– Je vais croire Beomgyu, désolé mon gars, rigola Soobin en s'enfonçant dans son fauteuil.
– Tu...
« Taehyun a même choisi le rouge ! »
Devant l'air outré de Taehyun, Soobin éclata de rire. Il n'avait pas besoin d'explication pour savoir que la grande photo de forêt dans le salon était de Taehyun, mais que le poster de drama aux couleurs pastelles, lui, était le choix de Beomgyu. Ce dernier (que Taehyun avait sans doute pris l'initiative d'encadrer pour un résultat plus carré) avait été cantonné à la chambre, un indice de plus qui le laissa penser que jamais Beomgyu n'avait dû dormir sur le canapé.
– Je vais commander à manger tiens, vous m'agacez...
Amusé par son air faussement vexé, Soobin se détendit un peu plus. L'appartement respirait la douceur. Il n'avait aucun mal à imaginer qu'il était le havre de paix des deux garçons en face de lui, et qu'entre ses murs, ils se sentaient mieux que partout ailleurs. Soobin se surprit à leur envier un peu cette condition, avant de se reprendre : il n'était pas idiot au point d'oublier que malgré tout, Beomgyu n'était pas là par choix, mais par nécessité. Que ses deux amis devaient sans nul doute prendre sur eux chaque jour qui passait pour gérer leur cohabitation en oubliant les véritables sentiments qui les animaient.
Comment faisais-tu pour vivre avec lui, hein Beomgyu ? Pour ne pas craquer ? Pour ne pas faire le pas de trop, ou de travers ? Pour rester de l'autre côté de cette ligne qu'il avait soigneusement tracé entre vous ?
Il se demanda si Taehyun était conscient ou non des sentiments que Beomgyu lui portait. Il se posait souvent la question depuis le lycée en réalité, mais sans jamais trouver de véritables réponses. Taehyun était une énigme à lui tout seul. Il peinait déjà à savoir ce qu'il pensait de lui, alors de Beomgyu... Et alors qu'il se faisait la réflexion que, pour lui, tout lui avait semblé limpide entre eux, Beomgyu claqua des doigts sous son nez pour le ramener à lui.
« Comment ça se passe avec ton petit ami ? »
Soobin ouvrit de grands yeux, gêné, et passa une main derrière sa nuque. Il n'avait jamais vraiment qualifié le garçon qu'il côtoyait de « petit ami », Beomgyu l'avait fait tout seul, et cela le mit grandement mal à l'aise. Il savait que jamais son ami n'avait voulu le presser, précipiter les choses à sa place. Beomgyu vivait juste dans un monde différent du sien dès qu'ils abordaient les affaires sentimentales.
– Oh euh, nous ne sortions pas vraiment ensemble, tu sais...
Il vit Taehyun se retenir de rire, et quand la sonnette retentit, il se leva pour aller chercher leur repas du soir.
« Ah bon ? Mais cela faisait plusieurs semaines que vous vous voyiez, je pensais que si. »
– C'est... Compliqué. Je ne suis pas vraiment prêt à m'investir dans une relation sur le long terme, tu vois ?
Beomgyu haussa les épaules, comme si tout à coup, tout lui était devenu limpide. Soobin lui adressa un sourire nerveux ; conscient que Beomgyu n'était peut-être pas la bonne personne à qui parler de coup d'un soir, ou de plan cul.
« Ce n'était peut-être pas la bonne personne ! Je suis sûr que tu trouveras ! »
Tout joyeux Beomgyu tendit les mains vers Taehyun qui revenait avec trois petites poches. Je suis sûr que tu trouveras. Il refusait de blâmer son optimisme. Il avait été ainsi, à peine quelques années plus tôt. À croire que peut-être, une fois adulte, ses tourmentes sentimentales arrêteraient. En vain.
Les plats que Taehyun avait commandés étaient délicieux. Soobin se régala et, pour la première fois depuis quelques semaines, oublia ses petits tracas quotidiens.
– Vous savez quoi ? Dans la semaine, j'essaierais d'organiser quelque chose avec Kai. Il bosse comme un dingue mais... Mais je suis persuadé qu'on peut se trouver un créneau !
Beomgyu eut l'air ravi, des étoiles dans les yeux, et Taehyun se pencha immédiatement sur son emploi du temps pour lui délivrer l'intégralité de ses disponibilités. L'ambiance ici lui plaisait pourtant, malgré eux, Taehyun et Beomgyu lui renvoyaient l'image parfaite de ce dont il avait toujours rêvé, et cela lui pinça le cœur. Quand fut venu le moment de les quitter, il faisait déjà bien nuit dehors, et Soobin insista pour rentrer chez lui, assurant à Beomgyu que tout irait bien. Taehyun le raccompagna jusqu'en bas de l'immeuble.
– Soobin ?
– Mmm ?
– N'hésite pas à le dire si tu sens que ça ne va pas.
Soobin passa une main dans ses cheveux, un peu gêné.
– T'en fais pas va !
Je sais que tu es aussi comme ça avec Yeonjun. J'en ai marre que tu aies à réparer les pots cassés...
– Et ne retourne pas chez ce type ce soir.
– Que-
– Je te connais. Va te coucher s'il te plait, tu sais très bien que tu le regretteras après.
– Ouais, ouais...
– Pas de « ouais, ouais ». Tu m'envoies une photo de toi dans ton pieu dès que tu es rentré.
– Taehyun...
– Je me fais du souci, et c'est ma manière d'être sympa, et de te le montrer. Alors fais-moi plaisir, file.
– Merci...
– Mmm, allez bonne nuit !
Les mots de Taehyun ne le quittèrent pas. Comme promis, il envoya une photo de son lit à peine se fut-il mis au lit. Dans la foulée, Beomgyu lui envoya l'ordre de lecture qu'il lui conseillait pour ses livres, et ce soir, Soobin décida donc d'en débuter un plutôt que de broyer du noir.
❘✶❘❘✶❘❘✶❘
Il avait fallu sept jours à Soobin pour de nouveau tomber dans ses travers. Quand Taehyun lui annonça qu'il avait trouvé quelques jours propices pour une éventuelle réunion à cinq, et qu'il se pencherait sur le lieu dans la semaine, il avait vu trouble. Il avait paniqué, bêtement. Puis, tout un tas de souvenirs agréables étaient remontés, avant de violemment être remplacés par cette soirée de mai de laquelle il n'avait rien oublié. Le soir même, il s'était rendu chez ce type qu'il avait voulu effacer de sa vie deux petites semaines auparavant.
– Soobin...
Sa voix endormie le sortit de sa rêverie. Il n'était pas des plus à l'aise dans ce lit qui n'était pas le sien, mais s'en contentait. Son envie de se rendre en cours était lointaine, et de savoir que dans une petite heure à peine, il serait les fesses vissées sur une chaise de classe... Il réprima un frisson.
– Tu ne dois pas te préparer pour aller bosser ?
– Je te retourne la question, bâilla-t-il.
Un rire fatigué lui répondit. Soobin se retourna, un demi-sourire aux lèvres et effleura l'une de ses joues du bout des doigts.
– Dis, on se fait un truc en fin de semaine ?
Un soupir léger lui répondit.
– Ou la semaine prochaine, proposa-t-il rapidement.
– Soobin, écoute...
Parfois, ce type lui faisait penser à Yeonjun. En termes de caractère, les deux n'avaient certes rien à voir, mais il lisait dans ses yeux une détermination sans pareille, et cette lueur rieuse qui lui remémorait l'autre garçon. Et puis, lui aussi aimait danser et aller au bout des choses. Il se sentit rougir rien que d'y penser, et l'autre leva un sourcil, curieux.
– Tu sais, tu es vraiment un mec génial...
Mais ? Il y avait toujours un mais avec eux. Il le laissa l'embrasser langoureusement comme ils aimaient le faire à chaque fois qu'ils se retrouvaient après une brève séparation. Cette relation n'avait pas plus de sens que toutes celles que Soobin avait enchaînées depuis la fin du lycée, mais elle le rendait heureux sur l'instant. Il se sentait moins seul, aimé, chéri, et vivait dans l'espoir qu'un jour, l'une de ses conquêtes se révèle être la bonne. Une main chaude s'invita sur son ventre et il se relaissa tomber dans ses oreillers, tout sourire.
– T'as encore perdu du poids ?
– Je pensais que ça te plaisait davantage.
Il haussa les épaules.
– T'es chiant, tu ne sais jamais ce que tu veux, soupira-t-il.
Il rigola en guise de réponse et Soobin fronça les sourcils, un peu contrarié.
– Soobin tu... Tu es vraiment à part, tu le sais ça ?
Il se demanda ce qu'il entendait par là.
– Tu mérites franchement mieux, un type qui t'aime pour ce que tu es, tes valeurs et... Pas un paumé comme moi.
L'impression désagréable d'entendre ces mots exacts pour la seconde fois de sa vie le figea instantanément.
– Pardon ?
– J'ai dit que –
– Non, ta gueule, j'ai parfaitement entendu.
Il se redressa dans le lit, droit comme un « i ». Pas toi hein... Tu ne vas me sortir le même refrain que lui, hein ? Tu te fiches moi, c'est ça ? D'un geste rageur, il dégagea les draps et attrapa ses habits au pied du lit qu'il enfila à la hâte. Il y avait un air déplaisant de déjà vu à cette scène. Un soir de mai qu'il voulait tant oublier.
– Attends, tu fais quoi...
– Ne t'y mets pas...
– Je comprends rien Soobin...
– Tu es exactement comme lui, souffla-t-il, éberlué. Exactement pareil.
– Que qui ?
– Laisse tomber !
– Oh. Yeonjun ?
Il se retourna vers lui, les yeux ronds.
– Comment...
– T'as déjà balancé son prénom plus d'une fois pendant qu'on s'envoyait en l'air c'est tout.
– Je n'ai jamais fait ça.
Mais le haussement de sourcil qu'il reçut en guise de réponse termina de lui faire perdre son sang-froid. Je suis le pire. Il termina d'attraper ses affaires, et ouvrit son sac pour vérifier que ses affaires de cours s'y trouvaient bien, avant de le refermer d'un geste rageur de la main.
– On peut toujours continuer de se voir tu sais, je ne suis juste pas prêt à m'investir dans une relation.
Il ne répondit rien, tourna les talons, quitta la chambre et enfila sa paire de baskets restée dans l'entrée. Il l'entendit se lever à son tour, et soupirer bruyamment avant de sentir sa main attraper la sienne.
– Je ne reviendrais pas.
– La dernière fois aussi tu m'as dit ça, soupira-t-il.
Mon dieu, je suis vraiment une merde.
– Cette fois-ci je suis sérieux.
– On verra combien de temps tu tiens alors, plaisanta-t-il.
Il se dégagea, et sans un retour en arrière quitta l'immeuble le plus vite possible. Une main devant les yeux pour se protéger de la luminosité, Soobin inspira un grand bol d'air frais, sentant la pression redescendre doucement dans son organisme. Il commença à se mettre en route pour son université, essayant tant bien que mal de faire le vide dans sa tête. Le nez sur son téléphone, il supprima tous les contacts qu'il possédait de cette relation aussi éphémère que pathétique et sentit à nouveau la colère lui nouer la gorge. Finalement, ses pas dévièrent, et ce fut vers un tout autre endroit qu'il se rendit.
La maison de Kai n'avait pas changé au fil des années, ses occupants non plus. Alors il lui avait donné rendez-vous dans ce petit parc non loin de chez lui. Il l'attendait, assit sur un banc, les yeux dans le vague et ce sourire si doux qui ne le quittait jamais. Kai avait changé drastiquement ces derniers mois, et il aurait fallu être complètement aveugle ou de mauvaise foi pour le nier. Pour commencer, son meilleur ami l'avait rattrapé en termes de taille, en seulement six petits mois après la fin de leur lycée. Mais bien plus encore, depuis Kai semblait avoir trouvé sa voie dans les études qu'il suivait. Si l'ambiance chez lui n'avait jamais réellement évolué, il semblait à Soobin que Kai était désormais bien loin de ses anciens tracas. Il passait plus de temps à l'université que chez lui. Sortait beaucoup avec lui dès qu'il le pouvait, voyait Jiwon aussi de temps en temps. Quelque part, si Soobin était toujours aussi frustré de le voir vivre parmi les siens, il se sentait soulagé de voir que Kai s'en sortait, encore et toujours.
– Hey, Soobin !
Kai se leva pour le prendre dans ses bras, et il le serra fort contre lui, se forçant à garder sa mine réjouie.
– Quoi de neuf ?
– Je... À vrai dire...
– Soobin ?
Il attrapa son visage entre ses doigts fins, inquiets.
– Il se passe quoi ?
– J'ai encore déconné...
Il n'y eut pas de jugement dans son regard – il n'y en avait jamais – et Kai l'invita à s'asseoir sur le banc à ses côtés.
– Le garçon du bar ?
– Mmm, ouais...
– Tu m'avais dit que tu avais arrêté de le voir Soo...
– Je sais. Je ne sais même pas pourquoi j'y suis retourné, je suis vraiment minable...
– Allons, ne dis pas ça, dit-il en lui tapotant le dos. Ça s'est mal terminé ?
– Ouais, renifla-t-il. Je n'y retournerai pas.
Kai lui lança un regard peiné à côté duquel il ne put passer.
– Je sais ce que tu es en train de te dire...
– Ah oui ? Quoi donc ?
Que je suis vraiment le dernier des abrutis, et que je mérite bien ce qui m'arrive au fond. Si j'arrêtais de déconner à chaque coup au moral, je n'en serais pas là. Soobin garda ses lèvres scellées, incapable de prononcer un mot de plus.
– Soobin, je ne sais pas à quoi tu crois que je pense mais c'est très certainement faux, et tu le sais. Ne reste pas tout seul ce soir s'il te plait.
Il releva les yeux vers lui, inquiet. Kai s'en faisait pour lui. Il le lisait dans son regard, le sentait dans sa voix et le voyait à son air concerné.
– Tes parents sont là ?
– Mmm, oui.
Mais ses parents ne savaient rien de ses escapades nocturnes. Ou plutôt, ses parents devaient se douter de quelque chose sans oser lui faire une belle leçon de morale.
– Reste avec eux, matez-vous un film... Je peux m'arranger pour être là.
– Et subir le courroux de la vieille bique ?
Kai lâcha un rire léger.
– Je ne suis pas obligé de lui dire où je vais.
– Oh... Kai, je t'aime tellement.
Il se jeta une nouvelle fois dans ses bras pour le serrer fort contre lui.
– Je t'aime aussi Soo, plus que tout.
❘✶❘❘✶❘❘✶❘
Soobin adressa un sourire immense à sa collègue aux cheveux blonds comme les blés et se mit au travail. Son nouveau job lui plaisait. Désormais, il travaillerait uniquement les samedis, toute la journée, afin de consacrer sa semaine entière aux études. Ses parents avaient bataillé pour qu'il accepte de travailler seulement une journée, et pour qu'il accepte leur aide financière au cas où. Ses rêves d'indépendance étaient encore loin, mais pour l'heure, Soobin devait bien le reconnaître : il lui aurait été impossible de survivre seul. C'était son tout premier samedi, et il se débrouillait comme un chef. Taehyun lui avait envoyé un message le matin même pour le féliciter de son nouvel emploi, Kai et Beomgyu avaient suivi peu de temps après. L'ambiance y était agréable, Soobin appréciait tout particulièrement être derrière le comptoir à préparer les diverses commandes.
Ce ne fut qu'à la toute fin de sa journée que toute sa joie retomba. Les astres semblaient s'être de nouveau alignés pour le faire sombrer dans une spirale infernale et Soobin crut défaillir en le voyant rentrer dans le café. Lui, le garçon à qui il pensait un peu trop souvent et la cause d'une bonne partie de tous ses maux. Choi Yeonjun venait de rentrer dans le café où il venait de débuter. Il avait le nez sur son portable et se dirigea vers le comptoir tout naturellement, visiblement habitué des lieux. Pris de panique, Soobin se rua à l'autre bout et prétexta nettoyer un pan de leur vitrine mais sa collègue le rattrapa :
– Soobin ? Tu prends la commande du nouveau venu ? Je dois aller surveiller nos cuissons de gâteaux !
Ce n'est pas vrai... Les joues en feu, il se dirigea à pas lents vers la caisse où il patientait. Des mois et des mois à essayer de l'éviter pour que soudain... Leurs regards se croisèrent à nouveau. Yeonjun ouvrit de grands yeux, surpris, et Soobin essaya de ne pas perdre le peu de contenance qu'il lui restait.
– Bonjour et bienvenue. Que puis-je vous servir ?
– Soobin ?
– Vous désirez plus de temps pour faire votre choix ?
Débite ton texte Soobin, fait comme si de rien n'était. Mais en face de lui, le visage décomposé de Yeonjun peinait à le faire rester sérieux.
– Euh, je... Je vais prendre ça...
Il suivit du regard ce que Yeonjun pointa à travers la vitrine.
– Très bon choix. Quelque chose à boire pour accompagner votre cheesecake ?
– R-rien du tout, merci... Enfin, si, un verre d'eau et ça sera tout, merci...
Il se retourna comme un robot pour se saisir d'une petite assiette et lui remplir un verre, sans lui accorder un regard de plus. Yeonjun avait un peu minci. Et sans savoir pourquoi, ce détail le chiffonna.
– Voici pour vous.
Il lui poussa son plateau du bout des doigts.
– Merci à vous, murmura Yeonjun.
Soobin le regarda discrètement prendre place non loin des grandes baies vitrées. Il le vit sortir un ordinateur portable et commencer à travailler dessus, grignotant de temps à autre sa part de gâteau. Dès lors, Soobin eut l'impression que le temps s'étira. Entre deux clients, il lui était impossible de ne pas l'épier, priant très fort pour qu'il quitte enfin sa place. Mais Yeonjun semblait concentré sur son travail désormais.
Et Soobin se retrouva incapable de détacher ses yeux de sa personne. Il se détesta de le trouver toujours aussi beau. Il aimait beaucoup sa nouvelle coupe de cheveux – il lui sembla qu'il avait fait quelque chose à la couleur de ces derniers – et les habits sombres qu'il portait.
– Décidément, le destin veut nous voir réunis !
La voix du nouveau venu la ramena aussitôt sur Terre. Oh non, pas toi...
– Je ne crois pas non, maugréa-t-il. Qu'est-ce que je te sers ?
– Je ne savais pas que tu taffais ici !
Soobin leva les yeux au ciel, agacé. La probabilité pour que sa relation chaotique revienne maintenant, alors que Yeonjun se trouvait non loin... L'univers se jouait de lui.
– La boisson du jour s'il te plait. Et en pâtisserie, qu'est-ce qui irait le mieux avec ?
Sa drague, car il savait que cela en était venant de lui, l'agaçait au plus haut point. Il se demanda dans quel univers et à quel moment un type pareil avait bien pu réussir à le faire tomber pour ses beaux yeux. Derrière lui un soupir léger, mais que Soobin reconnut immédiatement, se fit entendre. Yeonjun était juste là, avec son plateau vide entre les doigts. Il s'est téléporté ce n'est pas possible...
– Le carrot cake, lâcha Soobin d'une voix hachée.
– Alors je te prends ça !
– Super.
Ses yeux ne quittaient pas ceux du garçon derrière lui. Il poussa sans aucune douceur la boisson et la part de gâteau sous son nez et lui adressa le sourire le plus faux qu'il avait en stock.
– Bonne dégustation !
– Je n'en doute pas, lança-t-il avec un clin d'œil. Et si ta période de caca nerveux est terminée... Tu sais que tu es toujours le bienvenu, hein ? Tu me manques.
– À d'autres, bonne journée.
Il le vit s'éloigner en ronchonnant, et Yeonjun s'avança à petits pas.
– Cela vous fera huit mille wons, annonça-t-il.
– Tu le connaissais ? murmura-t-il.
Il crut mal entendre et leva ses yeux étonnés vers lui. Yeonjun lui tendit sa carte, les lèvres pincées.
– Ouais je...
On s'est fréquenté.
– Ouais.
Mais je vais le garder pour moi, au nom du peu d'estime que j'ai encore pour toi.
– D'accord. Bonne journée.
– Bonne journée à vous.
Il le regarda quitter le café, et l'envie futile de jeter son tablier pour le rejoindre lui vint à l'esprit. Pourtant, il resta figé derrière son comptoir, les yeux dans le vague, et cette envie immense de tout laisser tomber une nouvelle fois.
❘✶❘
Kang Taehyun avait passé une merveilleuse journée. Il s'était levé avec une fatigue en moins, avait travaillé avec brio, s'était rendu à, l'hôpital rendre quelques-uns de ses travaux, et sa journée s'était terminée aussi vite qu'elle avait débuté. Et puisque sa journée était absolument merveilleuse en tout point, il décida de passer commande dans ce restaurant que Beomgyu aimait tant, mais qu'ils se réservaient que pour certaines occasions. Ce fut donc le sourire aux lèvres que Taehyun entra dans son bus, sa poche pleine de délicieuses nourritures sur les genoux, et son masque anti-pollution sur le nez. Kang Taehyun en était persuadé : aujourd'hui, rien ne viendrait ruiner sa journée.
Rien, sauf un message un poil paniqué de Beomgyu.
Beomgyu à 20h47.
Taehyun, j'ai un léger souci à l'appartement... Soobin est venu, il avait l'air triste.
Étrangement, l'étudiant se doutait que la suite n'allait pas lui plaire. Soobin et triste dans la même phrase n'étaient pas annonciateur de bonnes nouvelles.
Taehyun à 20h47.
Que se passe-t-il ?
Beomgyu à 20h47.
Je ne sais pas trop, il semblait au bout du rouleau... Il m'a demandé si on pouvait parler un peu, donc j'ai accepté, je l'ai fait rentrer et je lui ai servi à boire. Il m'a demandé si on avait du soju, je suis allé lui en acheter, il semblait en avoir envie.
Beomgyu et sa bonté qui le perdrait un jour... Taehyun leva les yeux au ciel.
Beomgyu à 20h48.
Je crois qu'il ne tient pas le soju.
Taehyun à 20h49.
Oh bon sang... Je suis là dans une dizaine de minutes, par pitié, retiens-le de vomir partout. S'il salit le sol, il le nettoiera lui-même.
Sans qu'il ne sache trop pourquoi, son cœur s'était mis à battre un peu plus vite. Il n'aimait pas savoir Soobin dans cet état-là, mais il aimait encore moins savoir Beomgyu dépassé par une situation qu'il, de toute évidence, ne savait pas gérer. Il pinça l'arête de son nez, agacé, et ferma les yeux, forçant son esprit à se focaliser sur toutes les choses positives de sa journée. Sur ses genoux, son repas lui sembla soudainement beaucoup moins appétissant.
Beomgyu lui ouvrit la porte, un air paniqué sur le visage. Il se confondit en excuses, que Taehyun balaya d'un regard aimant et lui confia leur repas du soir.
– Soobin, mon grand tu-
Il se figea immédiatement en le voyant planté au milieu de son salon, les larmes aux yeux devant la télévision. Il chantait – bien et faux à la fois si toutefois une chose pareille était possible – devant un girls band aux habits colorés et aux coiffures extravagantes, et Taehyun eut la subite envie de filmer la scène.
– Oh bordel.
Beomgyu lui lança un regard gêné, et, une fois débarrassé du repas, leva ses mains pour signer.
« Il chante depuis quinze minutes, je n'arrive pas le faire s'arrêter... Il n'a pas vomi. »
– Soobin...
Il s'approcha du plus grand des garçons, visiblement très investi dans sa partie de karaoké.
– Eh...
– Taehyun !!
– Ouais, lui-même.
Son rêve de soirée tranquille avec Beomgyu venait de s'envoler. Toute sa joie retomba instantanément. Soobin reposa son micro imaginaire et lui adressa un sourire imbécile et béat, et Taehyun le dévisagea.
– Que se passe-t-il...
– Oh, tu sais... la vie !
– La vie... Et pourquoi la vie te mène-t-elle ici, mmm ?
– Beomgyu a été a-do-ra-ble !
– Je n'en doute pas, marmonna-t-il.
Beomgyu esquissa un sourire gêné.
– C'est d'un copain comme ça dont j'ai besoin... tout beau... tout mignon... tout attentionné... Pourquoi je me tape que des cons finis ?
– Je me le demande aussi, siffla-t-il en sentant la colère monter graduellement.
Beomgyu avait définitivement fini par se noyer dans le grand verre de jus de fruits qu'il venait de se servir et Taehyun força sur les épaules de Soobin pour l'asseoir sur leur canapé, avant d'éteindre la télévision. Soobin semblait fatigué, complètement à côté de la plaque, et Taehyun ne put s'empêcher de se faire une montagne de films sur le pourquoi avait-il fini dans cet état-là.
– Bon, écoute, tu vas... Gyu, tu m'amènes de l'eau ? Et toi là... tu vas décuver gentiment et... Est-ce que tu es sérieusement en train de piquer du nez alors que je te parle ?
Beomgyu se précipita avec son verre d'eau.
– Choi Soobin, debout gros tas, bois ça ! Allez !
Soobin lui lança un regard larmoyant et Taehyun soupira en le voyant sombrer pour de bon. Il cala un oreiller sous sa tête, et Beomgyu ramena une petite couverture, les joues toujours aussi rouges. Agacé, il le recouvrit entièrement, prenant bien soin de caler la couverture sous son corps pour qu'elle ne glisse pas.
– Et bien je suppose que nous n'avons plus qu'à attendre son réveil...
« C'est super bon ! Merci d'avoir acheté le repas là-bas ! »
« Avec plaisir ! »
Le repas se déroula dans le silence. Pour éviter de faire le moins de bruit possible, Taehyun se dispensa de la parole pour converser avec Beomgyu.
« Pourquoi est-il venu ? »
« Il m'a dit qu'il avait croisé Yeonjun à son travail. »
Le visage de Taehyun se figea un bref instant, et il laissa échapper un soupir. D'accord, je comprends mieux...
« Il m'a dit aussi qu'il en avait marre de tout. Il m'a beaucoup remercié tu sais... Et toi aussi. »
Il touilla son plat sans grande conviction, ne sachant pas trop quoi répondre. Me remercier pour quoi... Je ne parviens pas à l'aider... Beomgyu posa une main sur son avant-bras, posant sur lui ce regard doux dont il raffolait tant.
« Tu sais, je crois que tu comptes beaucoup pour lui. »
« Toi aussi. »
« Je sais, je sais, Kai aussi, Yeonjun aussi, en un sens... Mais il t'attache une importance différente. Je ne sais pas si tu t'en rends compte, mais je le vois. Alors je te le dis. »
« Il a dit quoi d'autre ? »
Pourquoi avait-il peur que Soobin, avec un peu trop de boisson dans le corps, ait divagué un peu trop dans ses propos ?
« Oh, rien, il a allumé la télévision et a commencé à chanter en voyant ce groupe passer sur scène... »
Il esquissa un sourire, un poil amusé.
« Tu crois que ça va aller pour lui ? Il va dormir là ? »
« Je pense. Je vais rester un peu puis attendre qu'il se réveille et m'assurer que tout va bien. »
Ils débarrassèrent et lavèrent leurs plats en silence. Beomgyu alla se laver, et Taehyun profita du sommeil de Soobin pour aller se changer et revêtir une tenue plus confortable pour le soir. Il rangea quelques babioles qui traînaient, et, sur le pas de leur porte de chambre, Beomgyu effleura l'une de ses mains.
« Il est très grand, c'est peut-être mieux qu'on lui laisse le lit ? »
« Même pas en rêve, va te coucher, je te rejoins dès que j'ai fini de m'occuper de lui ! »
Beomgyu haussa des épaules et l'attira contre lui quelques instants. Il le laissa faire, sentant l'entièreté de son corps se détendre immédiatement. Avec toute cette agitation, ils n'avaient pas eu leur moment de confort, avachis sur le canapé, et Taehyun le regrettait. Beomgyu passa une main dans ses cheveux rouges, et lui signa un à toute à l'heure avant de refermer la porte de leur chambre.
Quand il se retourna pour réveiller Soobin, il retrouva ce dernier raide comme un piquet sur leur canapé, en train de le dévisager avec de grands yeux, un air de hibou surpris scotché sur le visage.
– Que... Tu es réveillé.
– Vous êtes adorables...
– Depuis quand tu es réveillé ?
– J'me suis pas vraiment endormi, mais j'apprécie les efforts que vous avez faits pour ne pas faire de bruit.
Taehyun leva les yeux au ciel et soupira, avant de se laisser tomber à côté de lui.
– Ouais bah... Maintenant chuchote, Beomgyu doit dormir.
– Désolé d'avoir un peu abusé ce soir, marmonna-t-il en tripotant les manches de son sweat pastel. Je ne tiens vraiment pas ce genre de boisson, ça me rend con.
– J'ai bien vu ça.
– J'ai dû effrayer Beomgyu...
– Oh non, il avait de la peine, et s'en est voulu de ne pas avoir réussi à te gérer.
– Pardon...
– S'il t'en veut vraiment, ce dont je doute, t'auras qu'à t'excuser demain matin. C'est le seul jour de la semaine où il ne bosse pas toute la journée, et où je suis aussi en repos.
– Et je vais gâcher ça...
– Ne dis pas n'importe quoi !
– J'ai l'impression d'être le pote boulet qui-
– Pitié, ferme là, siffla-t-il à voix basse. Ça suffit enfin ! Si tu me tapais vraiment sur le système je t'aurais déjà mis dehors triple andouille !
Soobin lui lança un regard larmoyant qu'il peina à interpréter.
– Je crois que je n'ai pas encore dessoulé...
– C'est normal ça, au vu de ta carrure, ce que tu as ingurgité et –
– Taehyun... Taehyun... Sois mignon, pas de maths avec moi...
– Ce ne sont pas des maths.
Un peu agacé, il ramassa la couverture qu'il avait fait glisser par terre et essaya de le lui remettre sur les épaules.
– Taehyun...
– Mmm ?
Pas de réponse immédiate, il arqua un sourcil devant l'air imperturbable de son ami.
– J'ai revu Yeonjun...
– Beomgyu me l'a expliqué.
– Il... Il est toujours aussi...
Il le regarda faire des moulinets avec les bras sans comprendre.
– Tu vois ?
– Parfaitement.
Non, il ne voyait pas, mais pensait saisir l'idée générale.
– De toute façon, tout le monde sait que j'étais à fond sur lui au lycée, ha ha ha. Ce n'est même pas un secret.
Oh, vraiment ? Il s'efforça de garder son visage impassible et lui tapota une épaule avec compassion.
– Je me sens horrible...
Il renifla très fort et Taehyun ne put s'empêcher d'aller lui chercher un mouchoir que Soobin utilisa plutôt pour essuyer ses yeux.
– Ne dis pas ça, voyons...
– Si !
– Chut, baisse d'un ton...
– Parfois je te vois, et je suis juste jaloux...
– Jaloux ? De moi ?
L'était-il car il n'avait jamais cessé de côtoyer Yeonjun ?
– Non, de Beomgyu.
Taehyun referma sa bouche immédiatement. Son visage avait blêmi en une petite fraction de seconde en réalisant lentement, mais surement de quoi il retournait.
– C'est idiot..., rigola Soobin. Vous n'êtes même pas ensemble... Mais quand je vous vois, je ne peux pas m'empêcher de me dire que je suis passé à côté de quelque chose...
– Ok, on va arrêter là, tu es clairement à côté de tes pompes.
Il avait senti son sang commencer à bouillir, et son pouls s'affoler de plus en plus vite. Soobin était ailleurs, Soobin semblait sur le point de pleurer, geindre, ou tout simplement de recommencer à se plaindre sur tous les aspects de sa vie, et Taehyun voulait abréger au plus vite cette discussion qui ne lui plaisait absolument pas. Il réalisa juste à temps ce que le Soobin à l'esprit embrumé avait derrière la tête, et plaqua au dernier moment une main sur sa bouche beaucoup trop près de la sienne.
L'instant d'après, il le vit fondre en larme.
– J-je voudrais juste... retourner en ar-rière et t-tout recommencer...
Son visage se décomposa au moment où il fit un bond hors du canapé, et que Soobin retomba mollement sur les coussins.
– Ne dis plus jamais ça, siffla-t-il, le visage en feu.
Il croisa son regard un peu perdu, un peu coupable aussi, et eut envie de craquer à son tour. Il se demanda jusqu'où, pourquoi, comment, et Taehyun préféra ne pas imaginer de réponses à ses propres questions. Soobin n'avait pas l'esprit clair, Soobin était malheureux. Il allait devoir réunir leur petit groupe bien plus vite que prévu, pour que certains torts soient enfin réparés.
J'aimerais retourner en arrière, et tout recommencer.
Pardon Taehyun, je n'aurais jamais dû te balancer ça comme ça... Demain j'aurais tout oublié de ces moments désastreux, je le sais, et toi non, je le sais aussi. Pardon mille fois d'être cet ami si embarrassant. D'avoir remué le couteau dans la plaie. Mais c'est plus simple pour moi de me planquer derrière cet été-là que d'affronter la vérité.
Au final, je ne vaux pas plus que lui.
─ 𝐊𝐔𝐊𝐈𝐇𝐈𝐌𝐄 𝐓𝐈𝐌𝐄 ─
Helloo ! Comment allez-vous ? ** Bon, ce chapitre était un sacrée brique, j'en conviens mais euh, que voulez-vous. J'espère que vous l'avez tout de même apprécié ! Il me reste assez peu de flash-back finalement à vous dévoiler, je le réalise seulement maintenant... À la semaine prochaine !
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