𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐝𝐨𝐮𝐳𝐞
« Des vies rêvées »
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tw;; arachnophobie.
Le soleil qui tapait sur sa nuque le réveilla d'un seul coup. Comme s'il sortait d'un profond sommeil, Soobin sentit tous ses muscles encore endoloris le tirer, et ses yeux – qu'il peinait à ouvrir pleinement – lourds de fatigue. Il se souvenait très clairement de l'orage qui avait grondé au-dessus de leurs têtes. Puis de cette obscurité qui avait envahi en une fraction de seconde tout le monde les entourant. Et puis, plus rien. Encore dans un état quelque peu léthargique, il se redressa, assis sur un sol dur. Il était assis sur du béton, sol qu'ils n'avaient pas croisé une seule fois sur l'île. Et puis, il réalisa que devant lui se dressait un endroit qu'il connaissait par cœur, et qu'il ne pensait, à aucun instant, revoir ici.
Il se tenait debout, face à son ancien lycée. Paniqué, il se releva, il balaya les alentours des yeux. Rien n'avait de sens. Rien du tout. Et pourtant, son lycée était bel et bien là, devant lui. Était-il toujours sur l'île ? Dans une partie inexplorée ? Le bâtiment était-il passé inaperçu jusque-là ? Soobin avait eu, depuis leur arrivée, l'impression que l'île changeait en permanence. Elle ne faisait qu'évoluer, pour mieux leur faire perdre la boule, et la présence de son lycée ici ne faisait que confirmer ses dires : l'île était un labyrinthe qui se servait très certainement de leurs souvenirs, et de tout un tas d'autres choses pour les effrayer. Seulement, pour l'heure, il n'y avait rien d'effrayant.
– Beomgyu, attends !
La voix de Taehyun lui fit tourner la tête en un éclair, juste à temps pour voir Taehyun s'engouffrer dans le bâtiment, par une porte qu'il n'avait pas vue. Ils étaient là, il n'était pas seul.
Alors Soobin s'élança.
– Les gars !
Il courut jusqu'à la porte, et les vit, tout au fond du couloir.
– Les gars, putain, attendez ! Vous étiez où ? Vous...
Sa voix se noya peu à peu dans sa gorge. Impossible. Ils ne pouvaient pas être ici. Quelque chose ne tournait pas rond. Mais surtout... Ce n'était pas Beomgyu et Taehyun. Ou du moins, pas ceux qu'il avait quittés sur la plage. Beomgyu avait ses cheveux blonds, qu'il se souvenait avoir décoloré lui-même au lycée. Et Taehyun avait toujours ses cheveux bruns, foncés, toujours trop long dans la nuque. Il n'arrêta pas de courir, jusqu'à arriver à leur hauteur, et compris : Taehyun et Beomgyu ne l'entendaient pas, ne le voyaient pas.
– C'est pas possible..., murmura-t-il.
Avait-il fait un bond dans le temps ? Il tendit le bras, et ce dernier passa au travers des corps devant lui. Il ne sentait juste... Rien. Ni fraîcheur. Ni chaleur, ni même une texture particulière sous ses doigts. Pourtant, il avait en cet instant cette impression très forte de faire face aux versions lycéennes de ses amis.
– Il se paye ma tête ce connard.
Soobin ouvrit des yeux ronds. Beomgyu parlait. Beomgyu venait de parler. Pour la première fois de sa vie, il entendait sa voix. Ce n'était pas Beomgyu.
– Je vais l'écraser à la prochaine compétition.
Soobin ne disait plus rien, il suivait les deux individus bouche bée, comme hypnotisé par leur seule présence. Il y avait forcément une explication. Quelque chose que l'île voulait lui montrer, ou lui faire faire.
Soobin, je crois que nous sommes ici pour une raison précise, lui avait confié Kai avant qu'ils ne rejoignent Yeonjun et son feu de bois, un peu plus tôt avant l'incendie qui les avait tous conduit sur la plage. Je crois qu'elle veut qu'on réalise quelque chose, et qu'elle mettra tout en œuvre pour y parvenir. Il avait été perturbé par ses propos. Réaliser quelque chose ? Kai émettait des hypothèses, Soobin réfléchissait, mais ne comprenait plus rien. Pourquoi se retrouvait-il ici à présent ? Beomgyu disait que l'île reflétait leurs cauchemars... Était-il dans le sien ? Grandeur nature ? Où étaient Kai, Yeonjun, Taehyun et Beomgyu à l'heure actuelle ? Se retrouvaient-ils eux aussi dans un univers les effrayant plus que tout au monde ? Sans même qu'il ne s'en rende compte, son cœur s'était mis à battre un peu plus vite, et ses mains à trembler. Il n'avait jamais eu peur du lycée, avait passé une excellente scolarité, en dépit de sa relation qui, avec Yeonjun, n'avait jamais été au beau fixe. Mais il voyait un schéma qu'il n'aimait pas se dessiner progressivement sous ses yeux, et espérait très fort se tromper.
Il continua alors de suivre les deux meilleurs amis, qui continuaient de parler en pressant le pas dans les couloirs du lycée. Soobin n'avait jamais vraiment essayé de s'imaginer à quoi pouvait bien ressembler la voix de Beomgyu, mais il devait bien avouer qu'il n'avait pas songé à une voix aussi grave et traînante. Était-elle sa véritable voix ? Après tout... Tout était possible.
– Je crois que Yeonjun en a terminé avec son entraînement, lui lança Taehyun.
Yeonjun ? Soobin ouvrit de grands yeux. Yeonjun était ici ? Il n'aimait pas ça.
– Il est parti où ?
– J'en sais rien Beomgyu...
Le blondinet râla avant de rentrer dans les vestiaires que Soobin reconnut comme ceux de leur gymnase, et la piscine. Et puis, il y eut ce laps de temps, très court, où un profond malaise s'empara de lui. Taehyun n'avait pas bougé et regardait partout autour de lui, comme s'il cherchait quelque chose.
Ou quelqu'un.
Les yeux du brun se plissèrent, et quand ils croisèrent ceux de Soobin, ce dernier eut l'impression qu'il le voyait. Taehyun se figea et fronça légèrement les sourcils.
– Tae-Taehyun... ?
Aucune réponse. Taehyun ne l'entendait pas. Soobin recula d'un pas quand tout à coup, il vit ses lèvres bouger, sans émettre un seul son. Le toit. Et sans rien rajouter de plus, Taehyun tourna les talons avant de rentrer lui aussi dans les vestiaires. Qu'avait-il voulu lui dire par « le toit » ? Devait-il se rendre sur le toit de l'école ? Il s'avança vers les escaliers et une drôle de sensation sous ses pieds lui fit baisser la tête. Il marchait dans du sable. Il se baissa pour effleurer les grains et son nez se fronça légèrement. C'était le même sable que celui de la plage où il se trouvait avec les quatre autres garçons, avant que l'orage ne frappe. Le sable ne recouvrait pas entièrement le sol. Il semblait avoir été disposé, comme pour tracer un chemin de fortune.
Ne le suis pas.
Cette phrase résonna dans sa tête, comme un avertissement. Son instinct lui hurlait de monter sur le toit, et de ne pas suivre ce chemin de sable.
Essaye de trouver quelque chose de logique dans tout ça...
Sauf qu'il n'y avait rien de logique, et que Soobin avait beau se concentrer, il ne parvenait pas à comprendre. Était-il dans un rêve ? Toujours sur l'île ? Et bon sang... Où étaient les autres ? Son cœur s'emballa légèrement et il sentit ses yeux s'humidifier légèrement. Yeonjun – enfin, ce qu'il pensait être un autre Yeonjun – était sur le toit. Et ce chemin... Quelque chose remua sous le sable, et ses yeux crurent distinguer huit pattes noires s'agiter. Il retint un frisson et retira sa main avant de se redresser.
Ok. Reste calme. Ce n'était pas ce que tu croyais. C'est de ça dont parlait Beomgyu, on va tous y passer. Alors reste calme. Ne pense pas aux autres. Ils vont bien. Tu vas bien. Va sur le toit. Si ce Taehyun te l'a dit, c'est pour une raison. Ce n'est pas... ce n'est pas ce que tu crois.
Les jambes flageolantes, Soobin s'engagea dans les escaliers et grimpa jusqu'au toit de son ancien lycée. Il avait des impressions de déjà vu, très désagréables, alors qu'il longeait ces couloirs qu'il avait parcourus mille fois quelques années plus tôt. Quand enfin il arriva au dernier escalier qui menait au toit – que les élèves n'avaient jamais eu le droit d'emprunter – il souffla un grand coup, avant de pousser la porte.
Yeonjun était là. Il était accoudé à la rambarde, à côté d'un autre garçon, et Soobin ouvrit de grands yeux en réalisant qu'il s'agissait de lui. Il s'approcha, complètement ébahis. Quelle était cette couleur de cheveux ridicule qu'ils abordaient tous les deux ? Il se souvenait d'un jour où Kai lui avait fait remarquer que le violet lui irait bien. Et Soobin avait ri, en lui disant que, dans une autre vie où il ne serait pas ce garçon timide et réservé, il aurait osé sans souci.
Il ferma les yeux et prit une profonde inspiration. Il devait quitter cet endroit, et immédiatement. Soobin avait parfaitement réalisé ce qui était en train de se dérouler sous ses yeux. Il tourna les talons, refusant d'en voir davantage, et avant qu'il ne puisse faire quoi que ce soit, la porte – et unique entrée – menant au toit se referma sous ses yeux.
– Merde, non, non...
Il l'empoigna et tira de toutes ses forces, tandis que dans son dos, son autre lui et Yeonjun papotaient tranquillement. S'il vous plaît, ne me faites pas ça... pitié... non... Mais la porte restait close. Il répéta son geste une dizaine de fois, avant qu'un éclat de rire ne le fasse se retourner. Yeonjun et Soobin continuaient leur petite vie comme si de rien n'était. Et Soobin hoqueta, avant d'étouffer un premier sanglot. Il s'acharna sur la poignée une nouvelle fois, s'aidant de son pied pour ouvrir sa porte de sortie.
– Kai, Tu penses que j'aurais dû lui dire avant que Jiwon lui mette le grappin dessus ?
– Je ne sais pas si ça aurait changé les choses Soobin...
– Ouais, mais imagine.
– J'imagine, ouais.
– OUVRE-TOI MERDE !
Il ne voulait plus les voir. Ni eux, ni le faux Beomgyu et le faux Taehyun. Il allait suivre le chemin de sable, peu importe ce qui lui coûtait. Pourtant, il ne put s'empêcher de se retourner, assez pour les voir beaucoup trop proche à son goût et il sentit ses yeux s'humidifier de plus belle.
– Aller, aller.... ALLER !
Et comme s'ils l'avaient entendu, les deux garçons se rapprochèrent en riant. Le bras de Yeonjun lui passa à travers le ventre – il étouffa un hurlement avec sa main – pour ouvrir la porte de sortie et il les regarda partir en rigolant doucement. La main de l'autre Soobin effleura la taille de Yeonjun et il vrilla. Ses sourcils se froncèrent, et tandis qu'il les regardait descendre l'escalier, ses poings se serrèrent lentement.
– Petit con...
Il dévala les marches à son tour, en sautant plusieurs marches d'affilée, et sans même s'en rendre compte, se mit à leur courir après. Les deux garçons s'éloignaient toujours plus, sans qu'il ne lui soit possible de les suivre et il hurla. Ses pieds dérapèrent sur sable partout dans l'escalier, et Soobin se rattrapa in extremis à la rambarde de l'escalier.
Il se rua dans le couloir qu'ils avaient emprunté, sans même se rendre compte que plus les mètres défilaient, plus le sable se faisait épais sous ses semelles.
Qu'a-t-il de plus que moi, hein ? Pourquoi lui, et pas moi ?
À bout de souffle, Soobin s'arrêta, une main contre le mur. Ce couloir ne finissait jamais, et bientôt, les deux garçons disparurent derrière une énième porte.
– Je... vous... hais..., souffla-t-il avec difficulté.
Et puis, soudain, il sentit quelque chose remuer sous ses pieds. Avec horreur il vit de nouveau ses petites pattes noires, reconnaissables entre toutes, s'agiter dans le sable et il laissa échapper un cri de surprise avant de soulever son pied. Une araignée velue s'en extirpa avant de se fondre à nouveau dans la masse beige sous ses talons. Pétrifié, Soobin se retrouva incapable d'esquisser un seul mouvement. Il resta figé dans le couloir, ses yeux balayant partout autour de lui, en se demandant où était passée cette chose ignoble. Il avait comme ce pressentiment horrible que quelque chose allait arriver, d'un moment à l'autre. Pourtant, plus rien ne bougeait autour de lui. Il n'y avait plus un seul bruit dans les couloirs du lycée. Yeonjun et l'autre Soobin avaient disparu. La porte n'était pas si loin. Il n'avait qu'une dizaine de pas à faire. Il pouvait y aller.
Pourtant, Soobin restait planté au même endroit, paralysé. Il y avait cette petite bosse sous le sable, immobile, qui semblait pourtant guetter le moindre de ses mouvements. Il remua faiblement une main, et le petit tas bougea. À peine. Mais suffisamment pour que son cœur s'emballe un peu plus. Alors il suspendit tous ses mouvements une nouvelle fois, et le petit tas fit de même. Les yeux rivés dessus, il sentait une petite goutte de sueur couler le long de son cou, et se faufiler sous son pull. La sensation, désagréable, fut immédiatement balayée par une autre quand il réalisa que la goutte de sueur dévalait de manière étrange le long de sa colonne vertébrale. Ni tenant plus, il tapa du mieux qu'il put du plat de sa main et hurla, en sentant une texture bien différente de celle d'une goutte de sueur sous le tissu de son pull rouge.
À cet instant, le petit tas sous le sable bougea et Soobin recula, effrayé par la taille de l'araignée qui venait de se matérialiser sous ses yeux. Il trébucha, tomba en arrière, et recula du mieux qu'il put, avec de petits mouvements précipités. Sous ses doigts, le sable était de plus en plus épais, et Soobin eut l'impression de s'enfoncer à mesure qu'il tentait d'échapper à l'araignée monstrueuse qui avançait devant lui. Au-dessous de ses paumes, quelque chose remua à nouveau, et il hurla de terreur en réalisant qu'il y en avait d'autres.
Elles étaient partout autour de lui, se faufilant autour de ses mains, de ses pieds, et Soobin se releva avec mal, glissant à plusieurs reprises dans ce sable qui le clouait au sol. Il était devenu humide, comme après le passage d'une vague, et Soobin sentait ses pieds s'enfoncer, puis ses mains, et bientôt tout le reste de son corps. Il hurla une nouvelle fois, se débattant du mieux qu'il pouvait, tandis que les araignées, de plus en plus nombreuses, se faufilaient partout autour de lui. Il en avait sur son torse encore découvert, ses bras qui s'agitaient dans tous les sens, et dans ses cheveux.
– Aidez-moi !
Il hurlait à s'en écorcher la gorge, sans que personne ne vienne. L'autre version de lui et du reste de la bande étaient partis.
– Sortez-moi de là !
Ses bras étaient incapables de bouger, et son torse fut bientôt totalement englouti. Contre lui, le sable rêche écorchait la moindre parcelle de peau nue qu'il pouvait trouver mais pire encore, les sensations des aranéides sur son corps tout entier le faisaient crier de terreur. Incapable de se débattre davantage, il pleurait toutes les larmes de son corps en les sentant s'introduire dans son col, sous ses pieds, puis dévaler sur son visage comme une pluie diluvienne que rien ne pouvait stopper. Bientôt la lumière au-dessus de sa tête dansa, et Soobin réalisa qu'il perdait connaissance. Elles étaient partout sur son visage, l'empêchant de voir la lumière des néons au plafond. Et le sable termina par l'engloutir totalement.
Un souvenir étrange, qu'il était persuadé de ne jamais avoir vécu lui revint en mémoire à ce moment-là. Pourtant, tout lui semblait si réel. Il se revoyait dans sa chambre, à parler d'étoiles et de voyages. Ça n'avait aucun sens, Yeonjun n'avait jamais été intéressé par ces deux sujets. Il y avait lui, assis en tailleur sur un lit qui tentait de réciter un texte à voix haute, mais qui n'y parvenait pas. Et il y avait Yeonjun, un Yeonjun complètement différent de celui qu'il connaissait, qui l'encourageait. Où était ce Yeonjun ? Était-il le vrai Yeonjun ? Ou celui qu'il avait aperçu un peu plus tôt ?
Et alors qu'il essayait de forcer sa mémoire, pour creuser plus loin dans ce souvenir qui semblait irréel en tout point, une sensation désagréable lui parcourut le corps. Il eut cette impression d'être tiré par le bas, et puis...
Soobin retomba lourdement sur un sol en béton brute et froid.
Son corps tout entier le démangeait, le grattait. La peau de son visage était rouge, égratignée de partout par le sable et le passage des araignées. Ses mains elles aussi en piteux état, il resta au sol, incapable d'esquisser le moindre mouvement. Son corps tout entier lui hurlait de retirer ses habits et de constater les dégâts, de se frotter jusqu'à retirer la moindre sensation sableuse. Un sanglot le parcourut, avant qu'il n'éclate en pleurs de nouveau, roulé en boule sur ce sol inconfortable. Les bras serrés contre lui, les jambes ramenées contre son torse, Soobin n'avait jamais semblé aussi petit et vulnérable. Noyé dans ses pleurs, il n'entendit pas la porte du bâtiment derrière lui claquer, ni les deux nouveaux venus s'avancer non loin de lui. Il frottait ses bras, ses jambes avec frénésie, comme pour retirer les araignées invisibles qui le hantaient toujours. Il sentait encore leurs pattes sur lui, grattant et piquant toute la chair à leur portée.
– C'est marrant, après l'épisode de l'autre jour, je t'aurais cru plus entreprenant.
Cependant, la voix qui s'éleva non loin de lui, le fit tiquer et suspendre tous ses gestes. C'était sa voix. Il tourna lentement son visage, méconnaissable, et fondit de nouveau en larmes en se voyant de nouveau avec lui. Encore tremblant de ce qu'il venait de vivre, il essuya ses yeux du bout des doigts.
– Non... Non.... Pitié...
Les deux garçons papotaient tranquillement sous le lampadaire d'un parking quasiment vide de tout véhicule. Yeonjun semblait avoir du mal à trouver ses mots et lui... Lui ne se reconnaissait pas.
– Qu'est-ce que j'ai fait... hein ? Qu'est-ce que j'ai fait pour ne pas avoir ça...
Il essaya de se relever, mais ne parvint qu'à ramper un peu plus vers eux, une main tendue vers ce qu'il avait tant espéré vivre un jour.
– J'ai tout fait... Tout fait...
Agenouillé devant eux, Soobin les regardait, impuissant, le cœur compressé dans sa poitrine. Ses jambes tremblaient, comme tout le reste de son corps, quand il essaya à nouveau de se relever, vainement. Son autre lui s'était penché pour l'embrasser, à la lumière des lampadaires et Yeonjun avait glissé une main autour de sa taille, les yeux clos.
Les larmes dévalèrent de plus belle sur ses joues. Un mélange de honte, de culpabilité et de colère explosa en plus quand il s'empoigna ses cheveux, hurlant à nouveau.
– MERDE !
Évidemment, sa voix resta sans réponse. Elle résonna dans le parking désert, mais sans perturber les deux amoureux.
– J'étais...
Je suis.
– ... amoureux de toi... pourquoi, hein ? Pourquoi tu n'as jamais voulu de moi comme ça ? Putain Yeonjun, qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça... pourquoi hein ?
J'aurais tout fait, tu sais. Tout pour revenir en arrière, mieux faire les choses. Si seulement j'avais su ce qu'il fallait faire. Je t'aimais à en crever. Et toi, tu ne m'as jamais considéré à ma juste valeur. Je ne compte plus les fois où j'ai cru que oui, tu m'aimais un peu. Juste un tout petit peu. Je m'en serais accommodé, tu sais ? Que tu me dises au moins une fois que tu m'aimais. Que tu m'embrasses avec des sentiments derrière. Que tu cesses de te draper dans ta pseudo fierté. Que tu cesses de blesser Jiwon. Tu t'étais servi de nous deux.
Si tu savais Yeonjun, comme je te hais...
Je me hais de t'aimer autant.
Un nouveau frisson lui parcourut l'échine.
– S'il vous plait... Je ne peux pas. Je ne veux plus voir ça...
Parce qu'il avait eu sa chance. Une fois. Et qu'il l'avait magistralement foutue en l'air. Il le comprenait maintenant. Parce qu'il n'était pas là. C'était ça, le problème ? Aurait-il renoncé à son plus proche ami pour espérer être aimé en retour ?
Emporté dans son tourbillon d'émotions, le corps secoué de sanglots bruyants qu'il ne parvenait plus à retenir, Soobin sentit à peine les aranéides se faufiler sur lui à nouveau.
─ 𝐊𝐔𝐊𝐈𝐇𝐈𝐌𝐄 𝐓𝐈𝐌𝐄 ─
Hello, comment vous portez-vous ? :D J'espère que ce chapitre vous a plu, hé hé ~ On délaisse Yeonjun dans sa grotte de l'enfer pour retrouver Soobin coincé dans son propre cauchemar :3 Je vous dis à la semaine prochaine pour la suite ~
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