9. Innocently annoying

Attention, j'ai publié un chapitre quelques minutes avant celui-ci : soyez sûrs de l'avoir lu ;-) 

Merci pour votre lecture, 

Sea <3

*

Knock knock ?

Darcy sursauta et se releva brusquement. Elle cherchait un livre dans la section « pile à lire » de sa bibliothèque pour se changer les idées. Les échanges qui venaient d'avoir lieu dans le réfectoire avaient fait monter son anxiété en flèche et elle trouvait beaucoup de réconfort entre les pages des bouquins que ses mentors lui avaient donnés. La jeune fille avait cru reconnaître la voix de Napoléon et elle eut un moment de stupeur en constatant que l'homme qui se tenait dans le couloir dans l'embrasure de la porte, n'était autre que « Black Stag », l'empathe sombre. Celui qui appelait les autres membres de l'unité Mayhem par leur prénom devant Darcy. La Murène et Bonaparte avaient mis en garde l'Anglaise : ce Black Stag allait sans aucun doute essayer de discuter avec elle en privé et gagner sa confiance. Si elle le laissait lui parler en l'absence d'autres membre des Mayhem's Men, l'étrange homme n'aurait absolument aucune difficulté à faire tomber sa méfiance et à la charmer. Pas sur le plan sentimental, avait cru bon d'ajouter le Français, mais Black Stag avait une personnalité très dangereuse. Pollus avait confirmé et avait même voulu justifier cette accusation en donnant l'origine du surnom de l'agent si redouté, mais Napoléon et la Murène l'en avaient empêché, concluant que, quoiqu'il arriverait à l'avenir, Darcy devrait s'abstenir de « manquer de respect » à ce Black Stag, ou à faire preuve de grossièreté en sa présence. Se retrouver face à face avec l'homme aux yeux de chat, dans la solitude de sa chambre, n'était pas la première chose inscrite sur la bucket list de la jeune fille.

— Je pense que je vais encore plus évoquer un vampire à tes yeux, Darcy, mais ai-je ton autorisation pour entrer ?

« Ils ne m'ont pas dit de lui refuser d'entrer dans ma chambre. »

— Euh... ou... oui, monsieur, mais un vamp...

— Je vais ouvrir la porte un peu plus pour que tu ne te sentes pas en danger, parce que je pense que mes quelques camarades ont pu t'inquiéter à mon sujet. J'en suis désolé.

— Oh, pas tant que ça, ils m'ont surtout dit que vous n'aimiez pas les gens malpolis.

Impolis, Darcy. Comment as-tu trouvé le repas, ce midi ? Ramsay cuisine vraiment bien, je trouve. Je n'y dîne pas souvent mais je savais que tu t'y trouverais et je voulais t'observer.

— M'obs... oh, d'accord.

— Qu'as-tu pensé d'Ophir ?

— Qui ?

— Ophir, répéta l'homme en faisant glisser l'index sur les couvertures des livres qui se trouvaient à sa hauteur, un sourire rêveur accroché aux lèvres. Le feu follet qui t'a agressée en public. Mozart, de son nom de scène.

— Oh, ah oui. Il m'a fait peur, je pense ? Mais sans doute parce qu'il me faisait penser à des garçons que j'ai fréquentés au lycée ou en foyer. Après, quand vous êtes arrivé, il a fait comme s'il me... enfin, je ne veux pas que vous le preniez mal mais...

— Comme s'il te protégeait de moi, j'ai bien vu ce qu'il a fait, ne t'en fais pas. Je suppose que c'est la raison qui m'a poussé à ne pas le punir pour s'être mal comporté en public.

— Vous savez, s'enhardit l'Anglaise, même si Napoléon et la Murène m'obligent à revoir ma manière d'interagir quand on me... quand on m'agresse, ça ne m'empêchera pas de savoir me défendre.

— Tu n'es pas contente que je sois intervenu ?

— Disons que ça m'a soulagée d'un poids, mais je n'ai pas envie que ça prenne plus de proportions que ça n'en a déjà pris. Et puis Pollus avait l'air de bien aimer ce... Mozart. Il ne doit pas être si terrible que ça.

Black Stag eut un rire étouffé et choisit un livre. Le seul Stephen King présent dans la collection de Darcy. Elle ne l'avait pas encore lu parce qu'elle n'aimait pas la couverture. Le Fennec avait grondé la Murène pour avoir proposé une lecture « aussi glauque » à l'Anglaise, mais le Canadien avait rétorqué que Stephen King avait des antécédents de consommation de drogue et que l'auteur avait employé ses exploits littéraires pour gérer ses soucis psychologiques et que The Shining était l'exemple parfait d'une addiction hors de contrôle.

— Je ne vais pas passer par quatre chemins, Darcy, finit par lâcher l'homme en tirant près du lit une chaise rangée contre la table qui servait de bureau à l'Anglaise. Je n'ai jamais voulu être le Mentor de qui que ce soit au sein de cette unité. Je n'ai même pas l'autorisation de réaliser de mission autrement que seul parce qu'il serait dangereux pour d'hypothétiques coéquipiers de s'embarquer avec moi. Cependant, je pense que j'aurais avec toi l'occasion de m'améliorer et de devenir un véritable membre de cette unité. Apprendre à m'adapter à une situation différente.

— Mais si vous êtes un vrai sociopathe, je n'aurai jamais de vraie relation avec vous, remarqua Darcy en se surprenant de son audace.

— Là est la clé du problème, fit l'homme en prenant place sur la chaise, invitant la jeune fille à s'asseoir elle-même sur la courtepointe du lit. Je suis empathique à l'extrême mais ma nature profonde me pousse à employer cette qualité – ou ce défaut, à toi de juger – pour mon seul avantage, quitte à écraser d'autres personnes au passage.

— Je ne suis pas certaine de comprendre pourquoi tout d'un coup vous voulez me prendre moi comme élève. Vous avez bien entendu ce que le rouquin a dit dans la cantine : je n'ai pas été invitée ici à cause d'aptitudes hors du commun, marmonna Darcy en baissant la tête.

Elle ne voulait pas pleurer. Yasmine lui avait appris une technique pour retenir ses larmes : il s'agissait de serrer les fesses le plus fort possible. Darcy avait trouvé ça débile, sur le coup, mais il se trouvait que – allez savoir pourquoi – ça marchait.

— Ophir n'est qu'un sale petit putois, déclara le Russe en se penchant en avant, la bouche entrouverte sur un sourire radieux.

Il tendit la main et, du pouce, frôla la joue de l'Anglaise, juste sous son œil droit. Comme si elle avait laissé une larme couler.

« Il le sent », songea-t-elle. « Il sent les émotions pour de vrai. »

— Je ressens les émotions des autres, c'est vrai, fit Black Stag en penchant la tête sur le côté, l'air mélancolique. Ça donne l'impression que je peux lire dans les pensées, mais c'est faux, heureusement. Les gens parlent déjà beaucoup trop.

Il y avait à nouveau ce quelque chose indéfinissable chez l'étranger, cette aura douce et chaleureuse qui nimbait Darcy aussi facilement que la bruine de Manchester.

— J'ai vraiment envie de remettre Ophir à sa place, confia l'homme en fronçant légèrement les sourcils. Est-ce que ça te ferait plaisir ?

— De ? O... Ah, le roux ? Oh, non, non ! Je ne veux vraiment pas créer d'ennuis dès...

— Tu n'aimerais pas qu'il cesse de se sentir aussi intouchable ? Il a été vraiment cruel avec toi.

— Oui, mais non, merci, monsieur.

Darcy avait senti la variation dans le ton du Russe. Comme si elle-même avait été frappée par un éclair de lucidité au milieu des limbes dont l'homme l'entourait.

— Vous êtes en train d'essayer de trouver une excuse pour aller faire du mal à ce Mozart et pour outrepasser des ordres que vous suivez d'habitude, non ? C'est ça ? Vous voulez que je sois d'accord avec vous, comme ça, ça vous donnerait une excuse pour lui faire du mal ? J'ai bon ? C'est comme ça que ça marche, dans votre tête ?

L'Anglaise entendit les mots qu'elle prononçait après qu'ils eurent franchi ses lèvres. Elle sursauta et écarquilla les yeux, stupéfaite par sa propre imprudence.

— Euh... je veux dire...

— En réalité, oui, Darcy, c'est tout à fait ça ! reconnut Black Stag en se détendant.

Il bascula en arrière, s'amusant à mettre la chaise en équilibre sur deux pieds. La jeune fille entendit presque la voix courroucée de Yasmine déclarer que c'était extrêmement dangereux et qu'on pouvait se faire le coup du lapin.

— Tu vois, je savais que tu avais ce petit quelque chose en plus, cette étincelle que je cherchais depuis si longtemps. Tu me comprends. Grâce à ça, je suis sûr de ne jamais pouvoir te mettre en danger. Peut-être même que tu pourras m'aider à mieux interagir avec les autres membres de l'équipe ?

— Et là, vous tentez une manipulation flatteuse pour me faire croire que vous êtes un pauvre petit bad boy que moi seule peut sauver par ma personnalité unique ? Je pense qu'on est un peu trop éloignés en âge pour que ça marche.

Le visage de Black ne connut aucune variation.

— En fait, vous êtes un genre de pédophile, mais...

DARCY !

La Murène avait écouté une grande partie la conversation, caché derrière la porte. Il avait compris que Black Stag n'avait aucune intention de suivre ses instructions et qu'il allait tenter de prendre contact sans attendre avec leur nouvelle recrue. Cependant, cette dernière l'avait surpris : face à une figure paternelle qui lui vouait une telle attention, la réaction logique d'une adolescente ayant souffert d'un manque d'affection aurait dû être un attachement immédiat. Était-ce qu'avait espéré Black Stag ? La Murène en doutait, car le Russe était un être redoutable d'ingéniosité et son empathie était une véritable arme dont il se servait avec une virtuosité sans pareille.

— Je peux me tromper, Darcy, mais je ne pense pas que tu as tout à fait compris qu'il existe chez Black Stag deux lectures possibles : il essaie de te faire croire que tu es capable de le percer à jour pour se rendre moins dangereux qu'il ne l'est.

— Tu vois des complots partout, Murray, lui reprocha aussitôt le Slave.

L'Anglaise sursauta : elle n'avait jamais entendu prononcer le nom des hommes qui la chaperonnaient depuis son arrivée dans l'unité et elle avait eu l'impression d'accéder soudain à une part plus intime du Canadien. D'ailleurs, est-ce que Murray était son nom ou bien son prénom ?

— Des complots ? Non, je sais juste que ton cerveau tisse de véritables toiles d'araignée lorsque tu veux arriver à tes fins et j'ai déjà donné ma réponse : il est hors de question que tu sois le Mentor de Darcy.

— Alors dis-moi qui tu as choisi pour être son Mentor.

— Ce choix n'est pas à exposer devant elle ! Et nous n'avons pas à nous expliquer devant une Rookie.

— Calme-toi, Murray, je...

— Mais je suis très calme !

— La Murène, Black Stag, ça suffit.

Le Fennec, qui portait toujours une paire d'écouteurs vissée aux oreilles, entra dans la chambre suivi de Bonaparte et de Duchesse. La femme secoua la tête, l'air désabusé, et vint se placer près de Darcy qui commençait à étouffer.

— Black, ajouta le Fennec sur un ton sec, sors d'ici, nous t'avions demandé de ne pas entrer en contact seul avec qui que ce soit d'autre qu'un agent senior. Et encore moins une Rookie.

— Tu ne veux pas me faire confiance ? murmura l'homme aux yeux de chat. Je croyais que toi, entre tous...

Un éclair de souffrance luisit dans le regard sombre du vétéran mexicain qui se mura dans le silence.

— Makar, souffla alors Duchesse en tendant la main pour la poser sur le bras de l'empathe, dis-moi pourquoi tu tiens tant à devenir Mentor. Pourquoi aujourd'hui et pourquoi elle ?

— Wolf ! gronda la Murène que la petite réflexion du Russe à l'encontre du Fennec semblait avoir fâché. Ne commence pas ! Ne va pas sur ce terrain-là, il n'attend que ça !

— Eh, parle-lui sur un autre ton, siffla Napoléon en donnant une bourrade à son ami. Pour qui tu te prends ?

— Recommence une fois encore ce que tu viens de faire et...

Et quoi ?! fit Bonaparte dans la langue de Molière, les yeux brillants. Tu vas faire quoi ?!

— Arrêtez ! Arrêtez ça !

La Murène était prêt à répondre au Français, mais le cri mal assuré de Darcy le coupa dans son élan.

— Vous ne vous rendez pas compte qu'il fait ça exprès ?!

La jeune fille pointait un index accusateur sur Makar, qui s'était adossé à la bibliothèque, les bras croisés. À ces mots, un fin sourire s'étira sur les lèvres du Russe qui haussa les épaules :

— Tu voulais savoir pourquoi je veux être son Mentor, Wolf ? Pour ça. C'est la seconde personne que je rencontre, de mémoire d'adulte, qui arrive à comprendre ce que je fais et comment je pense. Il n'y a personne d'autre qui la comprendra mieux que moi.

— Je ne veux pas être à l'origine d'engueulades, souffla l'adolescente embarrassée. Je dis juste que monsieur Stag était très satisfait de vous voir vous battre.

Ce fut l'usage de l'expression « Monsieur Stag », qui détendit instantanément l'atmosphère. Même le Fennec eut une sorte de petit rire amusé.

— Monsieur Stag, ça te convient parfaitement, Black ! lança Savannah avec un clin d'œil.

— C'est vrai que je me demandais quand vous vous mettriez à vous adresser à moi avec la déférence requise, admit le Russe en arborant un sourire charmeur. Bon, écoutez, je sens bien que toute cette situation a mis Darcy extrêmement mal à l'aise et loin de moins l'idée de l'aliéner : je vous laisse à vos palabres. J'espère que tu ne me tiendras pas rancune de mon petit caprice, Darcy Graham ? Je suis convaincu que nous aurons l'occasion de devenir bons amis lorsque tu auras fini ton intégration. Encore navré du dérangement.

Il sortit. Un silence singulier suivit, aucun des agents restant ne bougea. Seul Bonaparte, trente secondes plus tard, décida de fermer la porte de la chambre. Intimidée, Darcy vit la Murène lever les sourcils dans sa direction :

— Tiens, toi qui arrives apparemment à bien prendre la température chez Black, c'est moi qui ai la berlue ou est-ce que...

— Oui, il a fait semblant de renoncer, le coupa l'Anglaise, soulagée.

— Ou alors il fait semblant de faire semblant de renoncer ? proposa Bonaparte avec un gloussement. Le Inception du mindfuck humain.

— Napoléon ! le reprit Savannah. Ton langage, enfin !

— Darcy, nous allons te laisser, prévint le Fennec à brûle-pourpoint. Je ne souhaite plus que tu entres en contact avec Black Stag. Quel que soit le prétexte.

Il haussa un sourcil et la jeune fille se sentit rougir. Elle avait encore du mal à accepter d'être traitée comme une adolescente et pas comme une adulte. Ou de répondre à une figure d'autorité avec respect.

— Darcy ? Est-ce que j'ai ta parole ?

— Oui, le Fennec, je promets...

— Merci. Par ailleurs, j'ai parlé à O... à Mozart, le jeune homme qui t'a agressée au mess. Je lui ai dit qu'il n'avait pas à t'humilier sous prétexte de traumatismes anciens. Je lui ai demandé de passer ce soir à six heures te chercher et t'emmener au réfectoire. Vous aurez une petite demi-heure pour discuter de ce qu'il s'est passé.

— Le Fennec, je crois que ce n'est pas du tout une bonne idée de... commença l'Anglaise en sentant son souffle se raccourcir sous l'anxiété.

Son esprit se tourna immédiatement vers la drogue. Elle avait encore du mal à ne pas associer la montée d'une angoisse violente avec l'usage de stupéfiants.

— Eh, psscht ! Eh ! Oh ! Reste avec nous !

Napoléon claqua des doigts sous le nez de la jeune fille qui sursauta. Le Fennec lui tapota la tête :

—Tu as encore du chemin à faire, mais je pense que tu n'auras rien à craindre de Mozart. Il n'est pas méchant, tu verras. Il est rude et un peu bête. Mais vous allez bien vous entendre. Laisse-lui une chance : c'est la meilleure vengeance que tu puisses obtenir contre lui.

— Oui, sourit la Murène, ça va le mortifier, et je le connais presque aussi bien que sa sœur. 

*

Voilà, n'hésitez pas à critiquer : je me remets à l'écriture en parallèle de mes avancées sur les corrections de Vampire Consultant et de L'Escorte et j'avoue qu'étant encore un peu fatiguée par la maladie, après tous ces mois je suis rouillée, donc pointez les erreurs ou les maladresses.......... 

Je vous remets la musique que je surkiffe pour ce chapitre. Sur TikTok (oui, je me suis mise à TikTok et c'est beaucoup trop addictif) ils ont fait une méga promotion, n'hésitez pas à aller les voir (Elysewood) et à leur laisser des likes et des commentaires pour les encourager, j'adore l'ambiance de leur univers. 

Bisous

Sea

https://youtu.be/3dBtLrhbSDI

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