Révélations.

Le lendemain, Carina se réveilla vers dix heures. Après s'être étirée, elle sortit de son lit. La première chose qu'elle constata alors, c'était le silence le plus complet. Intriguée, elle se dirigea vers le salon vide, puis vers la cuisine qui elle-même l'était. Chose étrange puisque Sophie se réveillait toujours la première, y compris lorsqu'elles sortaient la veille. D'ailleurs, Carina était rentrée seule, n'ayant pas trouvé sa meilleure amie parmi la foule. Elle s'était alors dit qu'elles se retrouveraient chez elle. Perplexe, elle se dirigea vers la chambre d'amis. Ne souhaitant pas la réveiller, elle ouvrit très lentement la porte. Après avoir ouvert les rideaux, elle constata que le lit de Sophie était vide. Et c'était bien la première fois que c'était le cas. Après avoir hésité un moment, l'Italienne envoya un message à la blonde. 

- Hey. J'espère que je ne te réveille pas. Aurais-tu des nouvelles de Sophie ? Elle n'a pas dormi de la nuit ici alors je m'inquiète. 

Maya qui venait de sortir de sa douche, se glissa dans son peignoir puis lut le message, en souriant lorsqu'elle lu le nom de l'expéditeur puis en fronçant les sourcils. Si Sophie n'avait pas dormi là-bas, cela voulait dire que Carina était rentrée seule. La Capitaine lui écrivit alors.

- Salut, Carina. Non, je suis matinale, tu me connais. Je ne vois pas trop la raison qui ferait que j'ai des nouvelles d'elle, mais je peux contacter Leslie, si tu veux. Tu es rentrée seule alors ? 

Carina s'était servi un café lorsqu'elle reçut le message de sa blonde préférée. Effectivement, la réponse de Maya était sensée. Elle y répondit immédiatement. 

-Leslie n'était pas avec nous, mais oui commençons par-là. Oui, je suis adulte, Maya, je te rappelle et comme tu peux le constater, il ne m'est rien arrivé. 

Maya leva les yeux au ciel en lisant la réponse de l'obstétricienne puis téléphona à Leslie. Après plusieurs sonneries, elle décrocha et les deux femmes discutèrent pendant plusieurs minutes.


Carina termina de déjeuner puis après avoir tout déposer dans l'évier, se dirigea vers la salle de bain avant de faire demi-tour pour se rendre dans sa chambre. C'est là qu'elle reçut un message de la capitaine des pompiers. 

- Tout va bien. Sophie a passé la nuit chez Leslie. Et vu l'état des deux filles, ne t'attends pas à ce qu'elle rentre maintenant. :)

Carina avait laissé échapper un soupir de soulagement. Non pas qu'elle trouvait Sophie irresponsable, mais elle connaissait ce sentiment cuisant du cœur brisé. Mais si Leslie permettait à son amie d'oublier son ex, alors Carina serait la première à être heureuse. 

-Je te remercie. Je me voyais déjà la chercher dans toute la ville. Au fait, je n'ai toujours pas ton adresse. :')

Maya esquissa un sourire devant le message de l'Italienne. Si cette dernière avait de nombreuses qualités, la bienveillance et son côté protecteur arrivaient largement en tête de la liste.

- Tu peux la chercher dans toute la ville si tu veux :D . Non, je suis bonne princesse, la voici l'adresse...

Carina n'avait pu s'empêcher de rire devant la réponse de la blonde. Beaucoup pensaient que Maya ne savait qu'être sérieuse et ferme, mais ce n'était pas le cas aux yeux de Carina. L'humour de Maya l'avait toujours fait craquer. Elle ne lui répondit pas, préférant se décider à enfin choisir quelle tenue elle allait porter pour aller chez la blondinette. Après trois quarts d'heure, elle avait enfin trouvé celle qu'elle porterait et avait ensuite pris la direction de la salle de bain.



Deux heures plus tard, Carina sonnait à l'interphone de chez Maya. L'avantage de cet interphone, c'est que Maya pouvait voir la personne. Ainsi, elle lui ouvrit rapidement et après avoir vérifié une dernière fois qu'elle était présentable, l'attendit à la porte. Quelques coups se firent entendre, mais Maya attendit quelques secondes avant de lui ouvrir la porte, plus pour faire patienter Carina que par une quelconque occupation. Cependant, les yeux de Maya s'arrêtèrent sur Carina et sa tenue simple, mais parfaite en toutes circonstances. 

-Entre, je t'en prie. 

Maya lui prit alors sa veste qu'elle accrocha ensuite sur le porte-manteau. Quant à Carina, elle pénétra dans son appartement. Comme elle s'y était attendue, l'appartement était nickel et parfaitement rangé. Chaque objet était à sa place. Il ne fallait pas être devin pour comprendre que Maya ne laissait jamais rien au hasard.

-Je vais mettre ta robe dans la machine, en attendant installe-toi dans le salon.

Carina la remercia en lui tendant sa robe puis se dirigea vers le salon tandis que Maya était allée s'occuper de la machine. L'Italienne trouva le salon assez charmant, puis s'arrêta devant une vitrine. La vitrine en elle-même n'avait pas attiré son attention. Ce qui avait attiré son attention était une photo exposée dans un joli cadre. Une photo qui ne datait pas d'hier, mais qui la représentait elle et Maya lorsqu'elles étaient au lycée. Carina ne put que se sentir à la fois attendrie et émue. Elle se remémora alors ce fameux jour où la photo avait été prise. 


Flashback :

Les cours avaient terminé plus tôt, car leur professeur d'E.P.S avait dû s'en aller précipitamment en raison d'un problème personnel. La plupart des élèves avaient été heureux, sauf Maya qui appréciait singulièrement cette matière. C'était pour elle un moyen de s'évader sans que son père ne soit sur son dos. Carina, elle, était ravie. Elle ne voyait pas l'intérêt de savoir escalader pour avoir une carrière professionnelle, sauf si on voulait avoir une carrière sportive ce qui n'était pas son cas. 

"Maya, allez, viens avec nous. En plus, tes parents ne sauront rien."

C'était un de leurs amis qui lui avait dit ça et Carina avait alors pris sa main dans la sienne et lui avait demandé d'une voix bien plus douce. 

- Maya, il n'y a pas que les cours ou le sport qui compte. Et j'ai envie de passer ce temps libre avec toi.

Maya n'avait pas tardé à accepter. Elle était déjà éprise de la belle Italienne, même si à ce moment-là, rien ne s'était encore passé entre elles. 

-D'accord, mais on ne reste pas dehors. Je ne tiens pas à ce que mes parents me tombent dessus. 

Seule Carina connaissait la situation des parents de Maya et elle était restée discrète là-dessus. Elle lui avait alors pris la main, et ils étaient allés chez leur ami. Ce dernier ayant une piscine dans son jardin, les deux filles en avaient profité pour se baigner et s'amuser avec les autres. Évidemment, il y avait eu des échanges de regards qui n'avaient trompé personne. Après ce petit moment de détente, elles avaient posé ensemble sur la photo qui se trouvait dans la vitrine. Mais elles avaient également fait d'autres photos dont une où Carina embrassait la joue de la blonde. 

Fin du flashback. 


Maya observait Carina depuis l'entrée du salon. Elle n'avait pas besoin de lui demander ce qu'elle regardait de cette façon. Elle marcha doucement puis s'arrêta près de l'Italienne qui paraissait avoir son esprit à 100 000 lieux de là. Maya observa la photo avec un léger sourire. Elle se rappelait de ce qu'elle avait ressenti ce jour. Et depuis, elle avait rarement été aussi heureuse ou détendue. Chassant ses pensées, elle déclara doucement pour ne pas effrayer Carina.

-Cette photo n'a pas eu le prix Pulitzer, mais c'est tout comme à mes yeux. 

Carina sursauta légèrement puis regarda Maya, les yeux légèrement embués de larmes.

-Je ne savais pas que tu l'avais encore. Où sont les autres ? 

Maya soupira puis avoua. 

-Mon père les a toutes détruites. C'est la seule que j'ai pu sauver. 

Carina baissa les yeux un moment puis se détourna et alla s'installer sur le canapé. Mal à l'aise, Maya proposa.

-Mh, est-ce que tu veux quelque chose à boire ? 

-Quelque chose de rafraîchissant, s'il te plaît.

Maya approuva puis s'en alla chercher les boissons, laissant ainsi le temps à l'Italienne de se reprendre. À son retour, Carina avait repris ses esprits. Elle remercia alors la blonde et but une gorgée de sa limonade. Maya profita alors pour dire. 

- Carina, tu as pris des risques en rentrant seule. J'aimerais que tu ne le fasses plus, enfin pas tant que mon père sera dans la nature. 

Carina posa son verre sur la table basse, puis fit face à Maya, en arborant un sourire charmeur.

-Tu aurais pu me raccompagner dans ce cas. 

Maya plissa les yeux puis rétorqua.

-Tu étais censée rentrer avec Sophie. Et puis cela ne t'aiderait en rien que tu sois vue en ma compagnie. 

Carina répondit alors, plus sérieuse, mais sans détourner son regard.

-Maya, tu es une femme, tu es adulte. Ton père ne doit plus avoir cette emprise sur toi. En plus pourquoi est-ce qu'il s'acharne comme ça ? Toi et moi, nous ne sommes plus ensemble. Et d'après ce qu'on m'a dit, tu fréquentes plus ou moins ton collègue pompier. 

Maya fut étonnée d'entendre les derniers propos de son ex. 

-Qui t'a dit ça, Carina ? Mon père est juste un maniaque du contrôle. Et puis il t'a tenu toujours responsable. Et c'est pour ça que je te demande de ne pas rester seule. Peu importe ce qu'il s'est passé entre nous. Je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit. 

Carina laissa échapper un rire amer avant de boire une autre gorgée et de fixer son verre tout en répondant. 

-Maya, tu n'as pas à t'en faire pour moi. Je n'ai pas oublié ce qu'il s'est passé entre nous. J'ai appris à vivre avec, mais je t'en ai voulu très longtemps. Et je n'ai pas envie de revivre ça. 

-Carina, ce n'était pas ma faute ni ce jour-là, ni ce qui s'est ensuivi.

Maya avait compris que Carina faisait référence au passé. Un passé qui ne reflétait pas la réalité. Et après toutes ces années, la blonde se demandait s'il valait la peine de lui dire ce qu'il en était réellement. Quant à Carina, elle ne comprenait pas de quoi Maya voulait parler. Elle la fixa alors longuement.

-Tu es en train de me dire que ce n'est pas toi qui m'as posé un lapin et que ce n'est pas toi qui as lancé toute cette pagaille à mon sujet ? J'ai été humiliée, Maya. Humiliée, trahie et profondément blessée. Et toi, tout ce que tu as à me dire, c'est "Ce n'était pas ma faute." Vraiment, Maya ? 

Carina avait haussé le ton, parce que malgré toutes les années qui s'étaient écoulées, elle ressentait encore toutes ces émotions. Pour Maya, c'était dur d'entendre tout ça, puisqu'elles ne s'étaient jamais expliquées là-dessus. Elle avait toujours imaginé ce qu'avait pu ressentir Carina, Andrea lui-même lui avait dit ce qu'il en était pour sa sœur, mais entendre toutes ces choses de la bouche de Carina même, lui ravivait aussi sa douleur, celle causée par la perte de Carina. Et après tout ce que son père avait fait et le fait que Carina avait raison, Maya était une femme adulte aujourd'hui, elle avoua. 

-Carina, tu ne sais pas ce qu'il s'est passé réellement. Je n'ai jamais joué avec toi et je n'ai jamais eu l'intention de te blesser ou de t'humilier. Carina... 

Carina plongea alors son regard dans celui de Maya et l'écouta attentivement.

-Je n'ai pas pu te rejoindre, car mon père m'a attrapé le bras avant que je ne puisse m'en aller. Il a compris que je te rejoignais, car il savait pour nous. J'ignore comment il le savait, mais il connaissait notre endroit. Quoiqu'il en soit, il m'a fait mal ce jour-là. Et quand il en a eu fini avec moi, il a menacé de s'en prendre à toi, alors j'ai fini par abandonner. Je pensais te protéger, mais c'était sans compter sur lui. 

Carina ne pouvait plus regarder Maya. Les larmes lui étaient montées aux yeux, mais elle ne voulait pas craquer. Maya était aussi émue, mais elle poursuivit malgré tout. 

-Je n'ai jamais eu la preuve que l'élève qui nous a surpris nous avait balancé auprès de mon père, mais j'ai toujours eu de forts soupçons. Et bien que je ne t'ai pas rejointe, la photo a circulé et... J'avais tellement peur de mon père et de voir ma réputation entachée que j'ai effectivement confirmé le fait que c'était toi qui m'avais embrassée et que tu étais amoureuse de moi. L'élève responsable a tout confirmé mes dires et ensuite, cela a été comme un incendie incontrôlable, tout a été ravagé. Et je suis tellement désolée, Carina. Vraiment désolée...

Les larmes coulaient sur les joues des deux femmes. Elle ne ressentait pas les mêmes émotions à cet instant précis. Au bout d'un moment, Carina murmura la voix brisée.

-Rien de ta vie n'a été ravagé, Maya. Ce n'est pas toi qui as dû fuir, tout recommencer ailleurs tout en subissant les sévices d'un père alcoolique et homophobe. Mais j'avais Andrea. Andrea qui a toujours été aux petits soins pour moi. Toi, pendant ce temps, tu as eu ce que tu voulais. Tu as pu faire les études qui te passionnaient. Tu étais toujours la fille populaire et brillante en tant qu'athlète. Moi, j'étais vraiment une loque. Mais aujourd'hui, c'est terminé Maya. 

Maya avait baissé les yeux honteusement, aussi bouleversé que l'Italienne, mais les derniers mots de Carina sonnèrent comme quelque chose de définitif aux oreilles de Maya. De désagréablement définitif. L'Italienne se leva alors, ne pouvant plus supporter d'être enfermée. Elle avait besoin de prendre l'air, mais Maya se releva alors et lui attrapa alors la main, le visage larmoyant.

-Carina, s'il te plaît, ne pars pas... 

-Tout aurait pu être plus simple, Maya. Mais il y a eu bien trop de dégâts dans toute cette histoire. J'ai besoin de temps et puis il y a toujours ton père dont tu es effrayée parce que tu n'as pas réussi à échapper de son emprise. Et si tu n'as pas réussi à le faire jusqu'à maintenant, je ne vois pas ce qui te permettrait de le faire. 


Carina aimait toujours profondément Maya. Elle l'avait d'ailleurs su lorsqu'elle l'avait revue en revenant dans cette ville. Devoir lui dire tout ça lui brisait le cœur, mais les informations que lui avaient fournies Maya, étaient si bouleversantes que Carina n'arrivait pas à gérer. Jamais, elle n'avait imaginé la raison de ce qui avait détruit leur histoire et savoir que le père de Maya en était responsable ne faisait qu'accroître sa rancœur envers lui. Une rancœur dont elle n'était pas habituée à ressentir, elle, une femme si aimante et bienveillante. 


Quant à Maya, elle la laissa s'en aller, les larmes s'enchaînant sur son visage. C'était la seconde fois qu'elle perdait Carina. Tout du moins, c'était ainsi qu'elle le percevait et elle se demandait si finalement, elle n'aurait pas mieux fait de ne rien lui révéler. Mais maintenant, c'était trop tard. Maya donna alors un énorme coup de pied dans le canapé, ignorant ensuite la douleur. 



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Hola, 

Comment allez-vous ? 😊

Ok, ce chapitre est assez émouvant, mais c'était inévitable qu'elles finissent par avoir cette conversation. Par ailleurs, maintenant, Carina connaît la vérité, ce qui pourrait changer les choses... Ou pas, d'ailleurs. 🙊

J'en profite pour vous remercier, autant pour vos commentaires que pour vos votes ou même vos lectures. 

Comme d'habitude, n'hésitez pas à me faire part de vos remarques (grammaire, conjugaisons...). 

Comment envisagez-vous la suite ? 

En attendant, prenez soin de vous et à très bientôt 
👋

 




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