Partie 2

« Bah enfin. L'agent 000 décide d'ouvrir ses yeux gris. Salut bambi, ça farte bien ? »

J'ai mal au crâne. La lumière blanche m'éblouit les yeux. Ca sent l'hôpital. Ca pue la mort. Ca pue la maladie.

« Où suis-je ? Qu'est-ce qui s'est passé ? »

« Bah concrètement t'as dézinguer ton papinou et tu t'es r'trouvé ici, a l'hôpital psychiatrique ».

Un flot d'image me vient. Ce sont des centaines d'images découpées. Chaque instant, chaque seconde de vie afflue dans ma tête en une quantité d'informations. L'émotion me submerge. Enfin. Le pouvoir. La magnificence. Enfin tout quoi. Je souris. J'ai mal à la tête mais c'est le maigre prix à payer. Jusqu'à ce que « Hôpital psychiatrique ». Mes musclent se serrent. Mon sourire s'efface. Pourquoi ? C'est une blague ? On bizute les nouveaux chefs ?

« Mais ... Mais non. Je devais avoir le pouvoir, je ... je ... »

« Ouais ... Fin en faites, tu t'es pas mal fait un film ma jolie. Ton père là, tu sais, celui dans lequel t'as foutu une balle bah ... C'était un simple banquier qu'avait de la tune. Sauf qu'il s'était mis en tête de s'incruster dans la politique. Sauf qu'il s'est bien fait rembarrer ton père. Du coup, il a voulu se retirer et te laisser son affaire a gérer quand t'aurais 18/19 ans. Quant a cette histoire de formation, ton père avait effectivement un petit réseau de mafieux m'enfin bon ... rien d'exceptionnel. Et s'il s'est lâchement fait buter c'est que derrière, ton père avait des dettes à pêter le plafond et sa petite entreprise s'était fait pécho. Donc coincé le petit. Il avait tellement pas le courage de s'exploser la tronche tout seul que t'es bien tombée. Le pouvoir ? Mon cul ouais. Il t'a surtout laissés des dettes a crever, une place dans un hôtel cinq étoiles comme celui-ci et pour perpette croit-moi »

« MAIS JE SUIS PAS FOLLE »

C'était trop lourd à porter. Ma tête me fait mal. Je suis rien. JE NE SUIS RIEN DU TOUT. Tout ça c'était qu'un putain de film de merde. Des larmes tombent machinalement. Mais qui tu es toi hein ? T'es quoi ? Jésus ? Dieu ? Le paradis ou l'enfer ?

« Non t'as juste tuer tes deux parents ... »

« MAIS VOUS ETES QUI VOUS AU JUSTE ? »

« Moi je suis ton fantasme. Où plutôt le larbin de ton fantasme. Tu veux être quelqu'un ? Alors viens avec moi j'te sors de ce trou. T'as des capacités et j'ai mes réseaux dans la police. On proclame le non-lieu si tu bouges ton gros cul de ce lit maintenant. J'te laisse réfléchir. J'reviens dans 2 jours.»

Et il s'était levé, partit sous mon regard, ses cheveux bruns en bataille. Il était grand, mince avec de grands yeux noirs. Je détestais son visage car il me renvoyait au mien. Déformé par la rage et la haine. La fatigue et la tristesse. Même pas celle d'avoir perdu ma famille et d'être enfermée ici à vie. Non la haine d'y avoir cru et de voir ce qu'il restait de mon ambition réduit a néant. Je suis la métaphore même de la stupidité moi l'enfant assise sur ce lit bancal. Et pour seule compagne la jolie petite face de ma défaite. Je ne suis rien de plus qu'une pierre qui coule dans un grand lac. Deux jours ? Deux jours à me morfondre plutôt que d'espérer sortir de ce trou. Je ne savais pas qui il était, de quelle genre de groupe il appartenait. Il était ma lubie et peut-être juste le fruit de mon imagination si fertile. Peut-être était-ce juste que la personnification de la vérité profonde qui me saute au visage. Peux importe. Pour l'instant je suis là et je sais que j'y resterais. Les pas qui résonnent dans le couloir, je ne veux pas les entendre. La police ? Oui ils viennent m'interroger et que devrais-je faire. Comment ce salaud aurait pu entrer dans ma chambre alors que je suis le principal suspect de la mort de mes parents. Ma chambre doit être soigneusement garder, entourée même. Regardez à quel point même dans le néant, je me sens importante. Bah ce meurtre m'aura au moins donner l'occasion d'être le fait divers du jour. Le monstre en photo et ma jolie tête blonde en première page. May Lou Soane. L'assassin. Le meurtrier. La beauté froide ...Je leurs donneraient leurs preuves, leurs aveux sur un plateau. Je ne plaiderais même pas la folie. Je resterais là, bande d'abrutis, à vous fixer dans les yeux en vous disant que oui, j'ai tiré deux balles. Une pour ma mère et une pour mon père. Sans rien ressentir de plus que l'excitation d'un avenir a porté de main. Je vous hais.

« May Lou Soane avez-vous oui ou non tuez vos parents d'une balle dans la tête ? »

« Oui. »

Ma réponse les surprend. Ils s'imaginaient peut-être que j'essayerai de nier, de me battre, de dire non. L'homme me demande pour la cinquantième fois de raconter l'histoire du meurtre dans les détails. Calmement je reprends. J'éprouve un malin plaisir à relater cette histoire. Au final, vous devez sûrement déjà me considérer comme un monstre. Oui j'en suis un. Oui je n'ai pas d'excuses et je ne cherche pas a me justifier. Néanmoins c'est l'histoire de ma vie qui m'a créé. Je crois que Emile Durkheim avait raison quand il disait que l'homme était façonné par la société. Je suis ce qui m'entoure. Je suis ce que j'ai apprise à être au contact de personnes qui me ressemblaient. Je suis imprégnée des pêchés et des vices de ce monde. J'ai irrité du sale rôle. Du rôle de la salope, de la méchante mais au final je suis ce que vos enfants verront a la télé. Et le résultat sera que dans leurs petites têtes de mioches ils se diront « Jamais, non, jamais je ne ressemblerait à elle. Je ferais le bien ». Et vous me remercierez.

Et vous petits employés de merde hein ? Vous me remercierez d'avoir fait le sale boulot. Vous me remercierez de l'avoir tué. Dans vos petites têtes d'adultes inintéressant. Vous clamerez sur le toit que ce massacre est horrible mais puisque vous le méprisiez vous me louerez en un dernier sourire lors de son inhumation où vous irez pour vous faire bien voir. J'ai une sorte d'utilité publique. Et plus encore j'accepte et j'aime mon acte.

Le psy me déclare « Psychopathe ». Je n'aurais jamais crue que ce terme viendrait à me qualifier. Etre psychopathe avait toujours signifiée pour moi être complètement jetée. Mais je me trompais. Maintenant que j'en étais une le plaisir me dévorait l'échine. Pourtant je n'avais pas ce besoin de tuer ancré en moi. En faites, je revoyais toujours la mort de mes parents comme un film héroïque avec de la lumière sur les méchantes et deux personnes qui s'effondrent sans le moindre son. Un film muet. L'idée de tuer d'autres gens m'échappait, je n'y pensais même pas et l'envisageait encore moins.

Je ne pouvais pas bouger de mon lit. Attachée et dans l'impossibilité d'interagir avec les autres pensionnaires que j'aurais trouvé cool de rencontrer en vérité. La solitude je dois l'avouer me pesait parfois. Elle me contraignait à courber le dos sous son poids et me réduire à une sorte de dépression. J'avais besoin d'être aimée, j'avais besoin d'une présence. Deux nuit passèrent ou des larmes parfois involontaires et impromptues glissaient le long de mes joues pour se nicher doucement dans le creux de mon cou. J'étais fatiguée mais je n'arrivais pas à dormir. Une légende en Inde disait que celui qui faisait souffrir les autres ne trouverait plus le sommeil. Et bien qu'il en soit ainsi je ne dormirai plus. Je resterais les yeux ouverts à regarder droit devant moi et je redouterais ces nuits d'ennuis plus que tout. Soit. L'aube se lève. C'est aujourd'hui, qu'il reviendra.

Il ne se fit pas attendre. En début d'après-midi, il était là, juste à coté de moi. Il paraissait plus beau que d'habitude puisque je l'attendais. Il souriait étrangement et moi, je le regardais et ce silence suffisait. Je savais ce qu'il attendait. Un oui que je ne lui donnerais pas sans savoir. Mais il ne voulait pas m'expliquer. Il aimait l'idée de ce silence, c'était son moyen a lui de me faire abdiquer. Le moyen de reconnaître que je serais sienne. Je ne sais pas pourquoi dans ce silence, dans cet hôpital je me mis a l'aimer. Il n'avait rien. Il était a peine beau garçon. Mais il était là à ce moment précis et mon désespoir me conduit à me jeter dans le gouffre. Je ne le regardais même pas mais j'imaginais ces traits et je l'aimais déjà. Ouais. Finalement ce fut lui qui se lassa le plus rapidement du silence et il ouvrit sa fine petite bouche enfin ...

« Bon ... »

« Tu ne crois quand même pas que j'allais te dire oui sans savoir dans quoi je m'embarquais. »

« T'avais l'air tellement désespérée. »

« Non pas encore. »

« Je ne peux rien te dire a part que nous sommes l'une des mafias les plus réputées de Londres. J'ai voyagé jusqu'ici pour bouger tes fesses et ta jolie petite frimousse m'f'ra pas renoncé a te foutre mon pied dans les miches. »

« D'accord. J'accepte »

« Sérieux ?! »

« A une condition ! »

« Laquelle ? »

« Aime-moi ».

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