Quand le passé nous rattrape (partie 1)
VERA
Elena gisait dans les bras de Vera mais elle respirait encore, c'était la seule chose qui comptait. L'ancienne espionne avait réussi à retirer la balle de sa blessure et recouvert l'ensemble avec un bandage improvisé. Cette jeune femme était belle et forte et elle espérait que, bientôt, l'enfer serait terminé.
- Qu'est-ce que l'on peut faire maintenant ?
La voix d'Agnès transparaissait son anxiété. Vera savait ce qu'il lui restait à accomplir mais pour cela elle avait besoin d'une arme. L'AK47 avait son chargeur vide mais elle découvrit un Sig-Sauer dans l'une des poches de l'un des sbires de Nicolas. Il restait assez de balles pour avancer sans trop de risques au sein de cet entrepôt. Il allait falloir débusquer le monstre, anéantir les derniers remparts qui se trouvaient devant lui.
- Je pense qu'il faut continuer à avancer et retrouver ton ex-mari. Lui seul est la cause de tout cela. Pourtant je continue à penser qu'il y a une autre raison à la présence d'Elena ici. C'est insensé qu'il ait attendu tout ce temps pour retrouver sa fille et la poterya. Quelqu'un a vendu la mèche et je n'ai encore aucune idée de qui est derrière tout cela.
- Je ne sais pas non plus mais tu as raison, il ne faut pas rester là sinon autant attendre la mort. Aide-moi à la porter.
Vera venait d'avoir ses soixante ans pourtant elle se sentait pousser une force herculéenne quand il s'agissait de protéger Elena. Alors qu'elle entreprit de soulever la jeune femme, celle-ci ouvrit les yeux de surprise. D'abord son visage marqua la terreur et l'affolement puis quand elle vit sa mère et Vera, son rythme cardiaque se fit plus lent et ses traits se détendirent.
- Elena nous n'avons pas le temps de parler alors j'aime autant te prévenir, les choses ne vont pas aller en s'arrangeant. Est-ce que tu te sens capable de marcher toute seule ?
- Heu... Oui je crois...
La jeune guerrière tenta de se lever mais sa mère dût lui venir en aide pour qu'elle ne tombe pas à la renverse.
- C'est rien, juste un léger étourdissement. Bon est-ce que quelqu'un peut me donner une arme ?
Décidemment, Vera serait toujours impressionnée par le tempérament de feu de sa petite protégée. Quand Andreï était mort, elle s'était promis de veiller sur la seule fille qu'il lui restait. Même si elle savait qu'elle était le fruit d'un adultère, quand Vera avait vu Elena pour la première fois, elle avait retrouvé des traits caractéristiques du visage d'Andreï. Ses yeux, la manière dont elle fronçait les sourcils quand elle était contrariée ou encore son sourire timide quand elle était gênée : Ce furent tous ces détails qui avaient fait fondre le cœur de Vera. Andreï vivait encore à travers elle et il aurait voulu qu'elle prenne soin de ce trésor. L'ancienne espionne russe devait aussi s'avouer à elle-même qu'elle voyait en elle des expressions propres à sa défunte fille : Irina. Quand elle s'était réveillée après l'explosion, elle était dans un hôpital, loin de Moscou, loin de ses enfants. Quand on lui avait annoncé qu'elle était la seule survivante, son cœur avait été brisé, son âme, déjà meurtrie, avait éclaté en un milliard de morceaux. Sa peine avait été telle que l'agonie l'avait accompagné jour et nuit pendant des mois.
Cette jeune fille aux yeux émeraudes l'avait. Elle n'avait jamais oublié Irina, Zachary et Ivan, mais Elena et son tempérament explosif, l'avait maintenu hors des eaux profondes du désespoir.
Vera sourit à la guerrière qui se tenait en face d'elle et lui tendit une autre arme qu'elle avait pris aux hommes à terre : un M-16 dont le chargeur était loin d'être vide. Cette arme avait un recul puissant mais elle pouvait maintenir en vie Elena lorsqu'elles se retrouveraient, elle et Agnès face aux hommes de Nicolas David.
- Merci Vera. Bon quel est le plan
- Sortir de cet entrepôt sans se faire tuer me paraît être la meilleure combine.
- Mais et Pa... enfin Nicolas David ?
Vera et Agnès avaient toutes les deux remarqué la façon dont la jeune femme avait buté sur le surnom « papa ». Elle savait. Mais l'heure n'était pas aux discussions, il fallait sortir et vite. Quand Elena partit devant, Vera retint Agnès quelques minutes par le bras :
- Inutile de lui dire que Nicolas David ne sortira pas vivant de cet entrepôt.
Agnès acquiesça et elles purent suivre Elena dans le couloir mal éclairé où les ampoules au plafond clignotaient comme dans les films d'horreur. Le silence régnait et l'oreillette qu'avait piqué Elena à ses assaillants ne transmettait aucun ordre. C'était mauvais signe car cela voulait dire que Nicolas savait qu'elles avaient toutes réussies à s'échapper. Il préparait une contre-attaque. La dernière bataille allait s'enclencher et de nombreux corps rencontreraient le sol froid de cet entrepôt.
Soudain, un cliquetis se fit entendre. Ce son était reconnaissable : une grenade avait été jetée aux pieds d'Elena.
- RECULEZ !!!!!
Vera avait hurlé à s'enflammer les cordes vocales mais heureusement, Agnès et Elena avaient été rapides et la détonation ne fit qu'endommager quelque peu leurs tympans. À peine la fumée de l'explosion se fut dissiper que déjà les hommes de Nicolas commençaient à tirer. Il n'y avait aucun recoin où se cacher et la seule solution à cette attaque était de foncer tête baissée.
ELENA
Mes oreilles me faisaient mal mais ce n'était rien face à la haine qui suait des pores de ma peau. Rien ne pouvait plus m'arrêter. Le M-16 était une arme précise et tactique, et intérieurement je remerciai les américains d'avoir mis au point ce petit bijou.
Mes tirs étaient précis et je ratai rarement ma cible. Les corps s'amoncelaient sur le sol sans que je puisse distinguer leur nombre. La fumée de l'explosion brouillait ma vue. Je levai brusquement la main pour faire signe à ma mère et Vera de cesser de tirer. Les ennemis à terre, il fallait continuer notre progression. Au passage je pris un Sig-Sauer dans l'une des poches d'un homme à terre et le coinçait dans la ceinture de mon jean. Alors que je ne m'y attendais le moins une balle siffla prêt de ma tête, mais je n'eus pas le temps de me retourner que, déjà, ma mère avait mis hors d'état de nuire celui qui avait osé tirer sur sa fille.
Nous étions arrivées à une passerelle en ferraille qui donnait en contrebas sur un grand espace vide. Suivies de près par mes sauveuses, je descendis prudemment les marches de l'escalier qui se situait face à moi. Cela me semblait bizarre qu'aucun garde ne soit là, près à l'attaque, alors que les coups de feu s'étaient fait clairement entendre. Quand j'éteignis le sol en béton, un rire me glaça le sang. Non...
Je me retournai face à mon « père ». Il se tenait là, l'allure fière et stable. Son regard ne reflétait aucune inquiétude comme s'il s'attendait à ce que nous fassions irruption à cet instant précis.
- Ma fille chérie. J'allai te chercher mais finalement, tu vas nous rendre la tâche plus aisée.
Agnès et Vera s'étaient arrêtées derrière moi et je pensais qu'elles me défendraient mais quand je me retournai je compris pourquoi elles n'émettaient aucune protestation. Toutes les deux avaient un canon pointé à l'arrière de leur tête. Le moindre geste les mènerait vers une mort certaine.
- Ma chérie, tu vas poser ton arme au sol et venir me rejoindre s'il te plait.
Je ne voulais pas bouger. Malgré le fait que mon père avait emprunté sa voix cassante et menaçante, il ne faisait plus peur. Je n'étais plus à ses ordres.
- Ne m'oblige pas à me répéter Ellie...
Je restai muette, aussi stoïque qu'une statue et mon regard rivé au sien. Je le défiais vraiment pour la première fois de ma vie et il s'il voulait quelque chose de moi il pouvait toujours aller se faire voir.
- Très bien... Je vois que tu as décidé de jouer la petite fille capricieuse.
À ce moment-là, il fit un signe de la main et j'entendis une puissante détonation derrière moi, suivie d'un hurlement de douleur. Maman... Elle était touchée. Quand je me retournai, elle était à terre, le genou en sang.
- Ok c'est bon ! J'arrive !
- Ah... Toujours aussi sensible pas petite Ellie, c'est ce qui fait ta principale faiblesse.
Je ravalai ma colère et m'avançai lentement face à mon bourreau, sans le lâcher du regard.
- Bien, bonne petite fille.
- On dirait que tu parles à un chien.
- Ne sois pas insolente sinon ce sera au tour de ta chère Vera d'en payer le prix.
Je me tus face à la menace de mon père. Je savais de quoi il était capable et je ne voulais pas voir quelqu'un être blessé à cause de moi, voire pire.
- Désolée je suis en retard, un petit contretemps.
Cette voix... Aucune chance que... Irina ! La grande blonde accourut près de mon « père » et ce dernier lui adressa un sourire entendu.
- As-tu ce que je t'ai demandé ?
- Oui la poterya est là...
- Très bien...
C'était impossible. Irina commença par me regarder avec dédain et satisfaction, comme si elle maîtrisait la situation. Cependant, son visage changea de couleur quand elle se mit à regarder derrière moi. J'étais curieuse de savoir ce qui pouvait déstabiliser ce cœur de pierre. Elle ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit et elle vacilla, comme prise d'un violent vertige. Elle me dépassa lentement et s'approcha lentement de Vera. C'est d'ailleurs à cet instant que je vis le visage de cette dernière, qui était devenu aussi pâle que la mort.
Irina porta ses deux mains devant sa bouche et émis un hurlement indescriptible. Des larmes roulèrent sur ses joues et elle tremblait de tous ses membres. Elle avait totalement perdu le contrôle et même mon « père » ne comprenait rien à ce qui était en train de se passer.
- Maman ? Ma... Maman... Oh mon dieu...
- Irina ? Ma Irina ? Ma princesse ????
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