Quand la vérité éclate (partie 4)
ELENA
Mon « père » était sorti de la pièce et, à présent, j'étais seule face à mes interrogations. Tout était lié, cet Andreï, Irina... Oh mon dieu ! Cette malade mentale était ma demi-sœur, le même sang coulait dans nos veines... Comment avais-je pu être aussi stupide ? Je savais qu'en quittant le continent européen je ne fuirais pas éternellement mon passé mais de là à ce qu'il me rattrape aussi vite et aussi violemment, cela, je ne l'avais pas prévu. Il ne fallait pas que je sombre, il allait de ma survie de m'armer de courage et de finir une bonne fois pour toute ce que cet Andreï avait prévu : anéantir Nicolas David et son organisation criminelle.
Le seul problème qui devait m'occuper l'esprit à cet instant précis était le fait que j'étais attachée avec des liens solides. Une idée me vint en tête, même si je devais me l'avouer elle me parut complètement stupide et pitoyable, mais aux grands maux les grands moyens. J'essayai tant bien que mal de me hisser sur les genoux pour ensuite pouvoir me lever. Les liens qui enserraient mes chevilles ne me rendaient pas la tâche aisée, mais après plusieurs essais infructueux, je pus me hisser en équilibre sur mes deux pieds. On aurait pu tourner un sketch en me voyant sautiller sur place jusqu'à la porte qui me séparait du couloir. Néanmoins, l'heure n'était pas à la plaisanterie et je commençais à avoir un mal de tête atroce. Je piochais une dernière fois dans mes forces qui s'amenuisaient, et je me plaçais contre le mur, à gauche de la porte en fer. « Courage Elena, tu vas y arriver ».
- AU SECOURS ! OH MON DIEU ! AIDEZ-MOI !
C'était tellement pitoyable que je ne croyais pas une seconde que cela allait fonctionner. Pourtant, alors que je ne m'y attendais le moins, la porte en fer s'ouvrit brusquement. C'est là que je puisais dans les forces qui me restaient pour cogner de toute mes forces contre la lourde plaque. L'homme qui surveillait ma prison ne devait pas être très intelligent et ses réflexes n'étaient pas très sûrs. Il titubait, à moitié sonné. Le choc m'avait remis au sol, mais je fis filer mes deux jambes pour faire tomber mon ennemi. Le croche-pied que je lui décochai lui fit manger le sol, mais le combat n'était pas fini pour autant. Il était fort et libre de ses mouvements, tandis que je n'étais qu'une pauvre idiote, pieds et poings liés. Sans réflexion supplémentaire, j'encerclai mes jambes autour du cou de mon assaillant et tentais de toutes mes forces d'exercer une pression au niveau de sa nuque. Mon but était qu'il s'évanouisse. Mes années d'entraînement avec ma mère ne serviraient peut-être pas à rien. C'est elle qui m'avait appris cette technique de combat et je la remerciai intérieurement quand je vis l'homme fermer peu à peu ses yeux. Le sang n'arrivait plus au cerveau. J'exerçais de toutes mes forces une dernière pression et cette fois, le colosse fut mis hors d'état de nuire.
Je ne pris que quelques secondes pour reprendre mon souffle et entrepris, ensuite, de chercher le moyen de me libérer de ces liens. C'est là que je vis un couteau accroché à la cuisse du garde. Je glissais jusqu'à mon but et, de dos, je réussis à attraper le manche de l'arme. Une fois libre, je pris l'AK47 que l'homme de mon père tenait encore entre ses mains, l'oreillette pour surveiller les faits et gestes de mes ennemis et enfin, je glissais le couteau de chasse dans ma ceinture.
Je trainai le corps musclé du garde dans un coin de la pièce où j'avais été détenue et refermai la lourde porte en fer derrière moi.
Un long couloir vide s'étendait devant moi, aucune présence ne se faisait sentir, et je ne pus entendre que mon souffle accéléré dans le silence pesant de cet entrepôt.
Soudain, des voix de plus en plus fortes s'élevèrent de mon côté droit. Je défis la sécurité de mon arme russe, écartai suffisamment les jambes pour être en position de tir ciblé. Je ne voulais pas gaspiller les munitions inutilement. C'est là que je les vis, trois hommes lourdement armés qui se dirigeaient vers moi avec un regard meurtrier. Mon sang ne fit qu'un tour et il ne me fallut qu'une demi-seconde avant d'appuyer sur la détente. Le recul de l'arme me fit mal à l'épaule pendant que les balles fusaient dans l'air à une vitesse extravagante. J'essayai de contenir mes tirs, mais l'AK47 était loin d'être une arme facile d'utilisation. Deux des hommes s'étaient repliés derrière le mur, pendant que le troisième gisait au sol dans une mare de sang. Mon cœur battait à cent à l'heure et mes tempes me faisaient souffrir, mais il ne fallait pas que je flanche. Une chose était certaine, si jamais j'abandonnai la partie, je pouvais signer mon arrêt de mort immédiatement. Alors, malgré la douleur, le sentiment d'impuissance, la peur et la fatigue, je réenclenchai mon arme et me préparai encore une fois à donner la mort. Plus rien ne pouvait m'atteindre, j'avais évacué tout sentiment afin d'être prête pour ma dernière bataille.
L'un des deux hommes resurgit devant moi et, encore une fois, le bruit strident et l'odeur de fer emplit l'espace, je sentis que je fus touchée au niveau de l'épaule, mais la douleur physique n'était en rien comparable à ce qu'éprouvait mon âme. Toute ma vie n'avait été qu'un mensonge, tous les gens qui m'entouraient s'étaient joués de moi sans le moindre scrupule. Je n'existais que pour les autres depuis trop longtemps, l'heure était venue de prendre mon destin en main, qu'il soit court ou long, peu m'importait. La seule chose qui comptait à mes yeux dans ce combat, c'était que je me battais pour moi et pour personne d'autre.
Soudain une angoisse me parcourut l'échine quand j'entendis le cliquetis si caractéristique, qui indiquait que l'arme n'avait plus de munitions. Alors que mon regard s'emplit de terreur, le seul garde vivant qui restait face à moi, arbora un sourire carnassier, il réajusta son arme et me visa. C'était fini, ma vie était terminée.
Alors que je pensais que mon heure était venue, je vis le crâne de mon adversaire exploser devant mes yeux. Son corps massif tomba sur le sol dans un bruit sourd. Je restai interdite, incapable de bouger, attendant de savoir qui venait de me sauver la vie.
- Miss Hampton ? Maman ?
Les deux femmes se tenaient face à moi. Vera était sacrément amochée et ma mère n'en menait pas large non plus. Quand je vis le magnum encore fumant dans sa main, je compris que c'était elle qui avait tiré.
À présent plus rien ne comptait, j'étais vivante. C'est là que ma douleur à l'épaule se fit sentir et je me pliai en deux. La balle était restée coincée dans ma chair et le sang coulait sur mon bras endolori. Je n'eus pas le temps de dire quoi que ce soit à mes sauveuses que, déjà, je me sentis partir en arrière. La dernière chose que j'entendis avant de tomber, fut Miss Hampton qui hurlait à ma mère de rester en arrière pour surveiller. Je sentis une main caresser mon visage, elle était à la rugueuse et pleine de tendresse.
- Écoute-moi ma princesse, je vais t'enlever cette balle de ton bras et on va sortir d'ici. Tu vas vivre une existence heureuse, je te le promets. Tu auras un métier démentiel, un mari et d'adorables enfants, une grande maison et un chien fidèle. Ma petite Elena, tu es un soleil et il ne faut pas que tu t'éteignes maintenant, alors tu vas rester vivante sinon je te botterai le cul quand je te rejoindrai ! C'est compris ma grande ? Reste avec moi ma chérie...
Je ne pouvais pas prononcer une seule parole mais je sentis des gouttes tomber sur mes joues. Miss Hampton pleurait au-dessus de moi. Pourquoi Vera était tant attachée à moi, après tout je ne lui avais causé que des problèmes. Mon existence n'aidait personne, elle apportait la mort et la destruction, qu'est-ce que je faisais encore là ?
C'est ce moment-là que choisis ma sauveuse pour prendre le couteau accroché à ma ceinture et s'attaquer à ma blessure.
Un hurlement de douleur sortit de mes lèvres quand elle commença son œuvre, et je sombrai immédiatement dans les ténèbres.
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