Où sont les vrais monstres (partie 3) ?

ELENA

Princeton s'était figé en même temps que moi. Sacha était allée se réfugier dans la chambre du fond, à ma demande. Elle avait dû sentir l'urgence de la situation car elle n'avait posé aucune question.

Prenant mon courage à deux mains, je me levai du canapé et rejoignis Princeton, pour faire face à la personne qui se tenait derrière la porte.

Les coups se firent à nouveau entendre, de manière plus abrupts cette fois. C'est alors que je choisis de sauter le pas et d'ouvrir à l'inconnu.

Mon sang se glaça. Adam. L'un des pires cauchemars de ma vie se tenait face à moi, un large sourire sur le visage. Il était encore plus effrayant que dans ma mémoire. Ses yeux céruléens me fixaient avec un mélange d'envie et de colère. Deux sentiments contradictoires qui correspondaient tout à fait au personnage.

- El ! Tu m'as manqué ma princesse.

- ...

- Tu as perdu ta langue ma chérie ?

Adam ne se fit pas prier pour entrer dans la suite et se poster face à Princeton. Ce dernier avait beau être grand, mon ancien fiancé le dépassait légèrement. Il avait dû aller s'entraîner en salles de sports ses dernières années, ou bien il avait dû s'exercer dans la rue. Dans tous les cas, sa corpulence était impressionnante. Même à deux sur lui, nous ne pourrions jamais le maîtriser. Mon sac était trop loin pour que j'aille chercher mon arme et aucun objet ne pouvait servir à l'assommer.

Il parcourut les lieux sans qu'aucun de nous ne l'arrêtâmes. Je ne savais pas quelle attitude adopter, ni quoi dire. J'avais peur de ses réactions comme avant. Je savais très bien qu'il était de nature impulsive et qu'il était un assassin. Il n'était sûrement pas devenu un enfant de cœur depuis le temps.

- Ton nouveau mec a l'air d'avoir du fric. Il t'offre tout ce qu'il te plaît lui au moins. Je ne te suffisais pas en réalité El. Je ne t'aurais jamais suffi

- Adam...

- Franchement ta gueule El. J'ai promis que j'allai garder mon sang froid mais te voir dans une chambre d'hôtel avec un autre, j'avoue que ça ne me met pas dans les meilleurs conditions...

Il se passa la main dans le cou, et sa mâchoire ne cessait de se contracter à mesure qu'il regardait autour de lui. Un pistolet dépassait de son jean sombre et mon cœur commença à s'accélérer.

- Qu'est-ce que tu veux Adam ?

Ma voix tremblait légèrement, mais j'essayais de ne pas lui montrer que je perdais encore pieds face à lui. Je fis signe à Princeton de partir pendant qu'il était encore temps de sauver Tiffany.

- Hé le beau gosse, ne t'en vas pas si vite ! On n'a même pas fait connaissance tous les deux ! Après tout on a sauté la même meuf, ça rapproche...

- Charmant...

Princeton n'avait pas pu s'empêcher de lâcher ce simple mot. Mais ce moindre fait serait considéré comme un affront pour Adam, pire, un manque de respect. Je ne voulais pas qu'ils s'entretuent, et je voulais éviter qu'il arrive quoi que ce soit à Sacha. Automatiquement, je me postais juste devant Princeton et ne lâchais pas du regard mon ancien bourreau.

- Oh c'est mignon El. Tu fais toujours dans le social à ce que je vois.

Adam était sur le point de péter les plombs, je le ressentais au plus profond de moi. La tornade allait tous nous balayer sans que l'on puisse y faire quelque chose. Avant que le cataclysme n'arrive, je décidai de désamorcer la bombe.

- Écoute Adam, si on allait discuter tous les deux, seul à seul.

- Non !

- Princeton... Je t'en prie... ne te mêle pas de ça.

Je regardais son regard d'incompréhension et tentais de lui envoyer des signaux, pour qu'il comprenne ma manœuvre. Hélas, je savais qu'il avait saisi mes intentions, et il avait peur pour moi. Dans d'autres circonstances, j'en aurais été touchée, mais quand il s'agissait de protéger les gens auxquels je tenais, je balayais tous mes sentiments.

- Ouais Price dégage !

Adam était vraiment toujours le même enfoiré, mon avantage était qu'il n'était pas très intelligent. Son égo était trop puissant pour qu'il puisse discerner toute la haine et le dégoût que je lui portais.

- Pars de cette chambre, tu sais où aller.

Par cette simple phrase, je lui enjoins silencieusement d'aller sauver Tiffany, et je lui promis en un regard, de protéger sa petite sœur. Il fallait qu'il me fasse confiance sinon, nous pouvions tous les trois signer notre arrêt de mort.

Princeton allait encore une fois protester mais je posai fermement une main sur son torse.

- Je t'en supplie, ne joue pas au héros.

- Tu n'as pas à le faire non plus...

- On savait tous les deux qu'à un moment donné il faudrait en arriver là, je t'en supplie ne rend pas les choses plus difficiles.

Princeton me fixait avec colère mais il mettait dans sa réaction tellement d'amour, qu'il me donna le courage suffisant pour le pousser doucement vers la porte, restée entrouverte. À contrecœur, il s'engagea dans le couloir et je l'entendis courir pour aller sauver son amie. Pourvu qu'elle soit encore vivante...

- Enfin seuls ma chère El.

- Ne m'appelle plus comme ça Adam...

- Ne commence pas à m'énerver chérie, sinon tu sais ce qu'il va se passer et je n'aimerais pas écourter notre entretien.

- Tu parles comme un connard. Tu pues le criminel à plein nez et tu te pointes ici pour me tuer. Enfin. Tu viens accomplir ce que tu n'as pas réussi à faire il y a un an ? Viens finir le travail Adam. Je t'attends. Mais ne crois pas que je vais me laisser faire.

Il rit. Un sourire carnassier était peint sur son visage et un rictus amer s'était emparé de ses lèvres. En un clin d'œil il se retrouva devant moi, me menaçant de toute sa hauteur.

- Toujours aussi sûre de toi à ce que je vois.

- Toujours Adam, et quand je pousserai mon dernier souffle, ma dernière pensée ne sera sûrement pas pour toi. Tu as raison, je ne t'ai jamais aimé, tu me dégoûtes. Tu es juste un pauvre mec qui se croit plus intelligent que la plupart des gens, alors que tu n'as que deux neurones connectés. Tu me fais pitié.

Je reçus en réponse à mes provocations une gifle magistrale. Je savais que les gens qui perdaient leur sang-froid lors des combats, étaient beaucoup plus vulnérables et moins attentifs aux assauts de leurs adversaires.

Malgré la douleur qui irradiait ma joue, je me retournai à nouveau vers lui, un sourire victorieux sur le visage. Il allait payer.

- Tu es qu'une salope ! Je vais te saigner espèce de...

Il n'eut pas le temps de prononcer sa dernière insulte que je lui flanquai un énorme coup de pied retourné en pleine tête. Il s'effondra sur le sol mais se releva rapidement. Je devais admettre qu'il était bien plus fort que dans mes souvenirs. Mais à présent, j'osai me défendre, il ne me soumettrait plus, il était à ma merci et j'allai le tuer. Quand il me battait, je pensais sincèrement que c'était ma faute, je l'aimais, tout du moins j'en étais persuadée. Je l'avais laissé faire trop longtemps et j'avais renié la violence qui grandissait en moi, à mesure qu'il m'assénait des coups.

Il se jeta sur moi, les yeux révulsés par la haine. Il était tellement aveuglé par sa colère que je l'esquivais facilement en un simple geste, et le frappait à nouveau au niveau du flan gauche. Alors qu'il était plié en deux, je lui décochai un puissant coup de pied dans la mâchoire. Il cracha un filet de sang sur le sol et poussa un hurlement de rage.

C'est à cet instant que je perdis le contrôle de la situation. En effet, malgré mes multiples entraînements, Adam était plus fort et surtout il était bien plus cruel. Son regard furibond se retourna vers moi, il sortit une seringue de sa poche dont il enleva le capuchon en plastique. Avant que je puisse comprendre ce qu'il allait faire, il fonça sur moi tel un monstre sanguinaire, et réussit à me planter l'aiguille dans la cuisse droite. Je n'avais pas eu le temps de riposter, déjà épuisée par mes multiples assauts. J'avais été distraite encore une fois par ses yeux, ses pupilles horrifiques...

L'effet du sédatif fut immédiat et je sombrai dans les ténèbres. Ma dernière pensée fut pour Sacha, j'espérais qu'Adam ne la trouverait pas... « Pardon Princeton ».

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