Les masques tombent (partie 1)


PRINCETON

- Écoute Ellie, arrête de t'affoler, je ne pense pas qu'une bonne nuit de sommeil t'empêchera d'attraper ce psychopathe. Au contraire, je suis sûr que lui, ou elle, se repose bien sagement en préparant sa nouvelle offensive.

Elena était dans tous ses états. Lorsque l'on avait accumulé trop de fatigue, les nerfs lâchaient et c'était la crise d'angoisse qui prenait le pas sur la raison. Princeton le savait plus qu'il ne l'aurait voulu. Il se remémorait les nuits blanches qu'il avait passé à décortiquer les dossiers médicaux de son frère, les symptômes de la maladie de Münchhausen... Pas un seul jour ne passait sans qu'il tente de trouver une solution.

La jeune femme finit par écouter son ancien élève et se dirigea vers le gigantesque lit, qui l'attendait dans la chambre princière de la suite. Elle s'effondra sur le matelas. Installée sur le dos, les mains croisées sur son ventre, elle regardait le plafond d'un air songeur. Ses yeux verts brillaient dans l'obscurité et sa respiration saccadée témoignait du stress qu'elle éprouvait.

- Sacha dort profondément. Souhaite-tu que je reste avec toi cette nuit ? Je... En tout bien tout honneur bien sûr...

Elena ne dit rien mais hocha la tête timidement. Elle retenait les larmes qui stagnaient au coin de ses yeux, et qui menaçaient de tomber d'un instant à l'autre. Princeton commença à aller s'installer sur le fauteuil situé sous la fenêtre de la chambre. Soudain, Elena l'arrêta d'une voix timide :

- Je crois que ce lit est assez grand pour nous deux.

Alignant son geste à la parole, elle tapota la place vide à côté d'elle. Princeton s'avança doucement vers elle et s'installa à son tour sur le lit. Il adopta la même position qu'Elena, les bras croisés sur le ventre et le regard rivé au plafond immense de la chambre. On n'entendait plus que leurs respirations respectives, qui s'accordaient dans une sorte d'orchestre silencieux. Elena se tourna enfin vers le jeune homme et lui posa une étrange question :

- Crois-tu que je sois une mauvaise personne Princeton ?

Cette phrase le fit sursauter et il se retourna vers la jeune femme, avec un regard interloqué. Une si belle âme doutait de sa bonté ? C'était impossible... Comment pouvait-elle penser un seul instant qu'elle était mauvaise ? Princeton n'avait jamais rencontré de sa vie de personnes aussi dévouées qu'Elena David. Certes, il ne connaissait pas tout ce qu'elle avait traversé ces dernières années. Cependant une chose était certaine, aucune perversité n'émanait d'elle. Ellie représentait à elle seule un exemple pour de nombreuses femmes : elle était forte, intelligente et généreuse. Ces trois qualités réunies lui donnaient une valeur inestimable.

La jeune femme liait à présent son regard avec celui de Princeton. Il aurait tellement voulu tout savoir d'elle. La protéger, la réconforter, et tout simplement la voir sourire de manière sincère.

- Elena David. Si tu me poses cette question c'est que, justement, tu n'es pas quelqu'un de méchant. Les personnes exécrables et machiavéliques ne se soucient pas de ce que pensent les autres. Je t'apprécie Ellie, beaucoup... Très honnêtement je...

- Chut...

La jeune femme avait posé sa main froide sur le torse brûlant de son nouvel amant. Elle baissa les yeux et une larme échappa à sa vigilance et vint s'écraser sur les draps en soie. Princeton releva doucement le menton de cette guerrière qui s'ignorait, l'obligeant à le regarder dans les yeux :

- De quoi as-tu si peur Ellie ? À part tout ce qui se passe autour de nous depuis quelques jours !

- De toi.

Le jeune homme resta interloqué devant cette réponse pour le moins surprenante.

- Sérieusement ? La descendante directe de Calamity Jane a peur d'un pauvre mec comme moi ?

Princeton réussit à obtenir un sourire timide sur le beau visage de celle pour laquelle il était en train de tomber sous le charme.

- Ne sois pas bête ! Je suis loin de t'égaler avec ton cendrier !

- Mince, je croyais que j'avais caché mon arme secrète avant que tu ne rentres dans l'appartement...

Cette fois, le magnifique sourire de la jeune femme apparu et ses yeux verts pétillèrent à nouveau. Soudain elle lui prit la main et croisa ses doigts avec les siens. Princeton regarda leurs deux mains liées l'une à l'autre. Il caressa avec tendresse, à l'aide de son pouce, le dos de la main d'Elena. Ce fût elle qui brisa le silence :

- Tu ne me feras pas de mal Princeton ?

Le jeune homme suspendit son geste et resta interdit. Ainsi donc, elle était sérieuse quand elle lui avait confié la peur qu'elle ressentait à son égard. Comment lui en vouloir ? Il lui caressa de son autre main sa joue toute froide et à présent ruisselante de larmes.

- Je te promets de tout faire pour te prouver que tu peux me faire confiance. Je ne suis pas comme lui. C'est une ordure, un enfoiré et s'il revient je te jure que...

- Est-ce que tu peux me serrer dans tes bras ?

Sans plus attendre, Princeton attira son espionne préférée dans ses bras, il était prêt à l'accueillir. Après quelques minutes de silence, elle reprit la parole :

- Adam était quelqu'un d'adorable quand il le voulait. Il était tellement seul, perdu. Je voulais juste lui offrir un semblant de bonheur. Je ne sais pas à présent si c'était de l'amour mais, une chose est certaine, je n'avais pas peur de fonder une famille avec lui. Naïvement, j'espérais que s'il devenait père, il grandirait de lui-même, et prendrais à cœur la mission d'élever un petit être encore innocent... Mais qu'aurait été ma vie finalement ? Il aurait continué à s'énerver pour des choses futiles et ma fille aurait été spectatrice de scènes de violence... Et puis... Je pense que j'aurais été une mère pitoyable...

- Ne dis pas ça... Ellie, tu as noué des liens avec des adolescents bien plus forts que ceux qu'ils avaient avec leurs parents biologiques. Regarde David. Tu l'as sauvé...

Elena esquissa alors un sourire triste. Ses doigts se resserrèrent autour de ceux de Princeton et elle émit un petit soupir.

- J'ai adoré m'occuper de ces adolescents. Personne ne veut voir leur véritable douleur, pourquoi en sont-ils arrivés là... Ils ont peur, comme chacun d'entre nous. Si on les laisse croire qu'il n'y a plus aucun espoir, que jamais on ne leur redonnera une chance, ils deviennent comme Adam : irréparables. Quand j'ai recueilli David chez moi, je me suis sentie comme une mère protégeant son fils, j'aurais tout fait pour lui... Tu dois me trouver tellement stupide et naïve

- Non... Je te trouve belle Ellie. Autant à l'extérieur qu'à l'intérieur. J'espère sincèrement que tu auras une vie heureuse, loin de toute cette horreur qui en train de nous engloutir. Imagine-toi de nouveau avec une famille...

- Non... Je... Je ne peux pas...

- Pardon je suis allé trop loin, excuse-moi...

- C'est juste que... J'ai l'impression de faire mourir ma petite fille à chaque fois que je parle de refonder une famille...

Elena renifla doucement afin d'empêcher les larmes de couler à nouveau. Princeton s'en voulait de l'avoir pousser dans ses retranchements. Il ne savait pas comment l'aborder ni comment la convaincre que tout n'était pas fini. La première fois qu'il l'avait vu, cette jeune femme aux allures de princesse, il l'avait détesté... Pourtant, par la suite, il s'en était voulu de ne pas avoir pris le temps de voir en elle ce qu'il observait aujourd'hui. Son teint pâle démontrait qu'elle ne prenait pas assez soin d'elle. Cela illustrait aussi un profond mal-être, qu'il avait su déceler quand il était sorti de son premier cours. Cependant, il avait fallu qu'il revienne pour à nouveau la tester, observer ses réactions, la provoquer.

- Je dois t'avouer quelque chose Ellie... C'est moi qui ai vandalisé ta voiture.

Elle me fixa avec des yeux ronds et se mit à rire.

- Que je suis bête ! PS : « Princeton Sutherland »

- Tu as oublié le « With Love ».

- Mais quel abruti !

- Tu avais dit que seules les belles voitures risquaient de se faire rayer sur ce parking...

- Non mais je rêve !

Elle lui tapa doucement dans les côtes et, cette fois, Princeton la rejoignit dans sa bonne humeur. Il ne pensait pas qu'elle le prendrait aussi bien. Il fallait avouer que la situation était tellement dramatique, que les moindres petites plaisanteries étaient une bénédiction.

Une fois le calme revenu dans la pièce, les deux amants restèrent silencieux. Princeton pouvait sentir le cœur d'Elena battre contre sa poitrine. Son odeur était enivrante et sa peau était aussi douce que du velours.

- Princeton ?

- Hum.

- Est-ce que je peux t'embrasser ?

- Quelle question !

La jeune fille plongea son regard émeraude dans les profondeurs sombres des pupilles de Princeton. Plus rien n'existait autour d'eux.

Le jeune homme se hissa sur ses bras et se plaça au-dessus d'Elena.

- N'aie pas peur. Jamais je ne te ferais de mal volontairement, je te le jure.

Il souleva doucement le tee-shirt de la jeune femme. Elena ne protesta pas et se laissa faire. Princeton prit son temps et fit courir ses doigts sur elle avec douceur. Elle avait tant souffert, il voulait la réparer, la soigner, autant qu'il le pourrait. Une fois le tee-shirt aux pieds du lit, il entreprit de poser de légers baisers sur ses épaules. Elle frissonnait et semblait crispée, mais Princeton ne s'arrêta pas. Il suivit la ligne de ses seins pour la couvrir d'attention. Les cicatrices sur son abdomen n'étaient que le reflet de sa force, c'était une survivante. Chaque parcelle du corps de la jeune femme était sous le joug des lèvres de Princeton. Elle avait un goût fruité, un mélange de cerise et de pêche. Il réserva au pantalon qu'elle portait le même sort que son tee-shirt. Il tentait d'être délicat, malgré l'excitation qui s'emparait de lui à mesure qu'il la goûtait et la couvrait de baisers. Soudain, Elena prit les commandes et fit basculer le jeune homme en-dessous d'elle. Ses longs cheveux formèrent un rideau autour de leurs visages. Ils se fixèrent intensément, et alors que le jeune homme allait dire quelques chose, Elena l'embrassa intensément. Il sentait dans son baiser du désespoir, du besoin mais aussi de l'affection. Leurs lèvres exerçaient une danse sensuelle et les mains de la jeune femme agrippèrent les cheveux de Princeton. Ce dernier laissa échapper un gémissement de plaisir. Les évènements s'enchainèrent à une vitesse folle. Lorsqu'il fut, lui aussi, revêtu de son plus simple appareil, plus aucun doute, à cet instant, ne persista entre eux. Il s'immisça dans l'intimité d'Elena et leurs deux corps s'emboîtèrent parfaitement. Tout n'était que passion, ils s'abandonnaient l'un à l'autre. Leurs gémissements prouvaient qu'ils avaient tous les deux envie que cet instant dure le plus longtemps possible. Jamais Princeton ne s'était autant donné à une femme. Elena était exceptionnelle et il était tombé dans ses filets, prisonnier de son regard de la couleur d'une pierre précieuse. Il l'embrassait tendrement tout en mordillant sa lèvre inférieure lorsque le désir était trop intense. Elena le couvrit de baisers dans le cou, sur les épaules, le torse, et caressa de ses doigts fins la moindre parcelle de peau qu'elle pouvait atteindre. C'était divin.

Leurs deux corps en sueur bougèrent à l'unisson et lorsque Princeton sentit qu'Elena était au bord du gouffre, il s'abandonna lui aussi dans les méandres du plaisir...

********

ELENA

Je ne savais plus où j'en étais, mais j'avais passé la plus belle nuit de ma vie. Princeton était adorable. Ses gestes étaient aussi doux que brutaux. Ses baisers étaient tendres et j'étais accroc à son corps parfait. Il était musclé sans passé pour le bodybuilder de l'année. Ses traits du visage étaient fins et lorsqu'il dormait, sa beauté était encore plus saisissante. Il me tenait toujours dans ses bras et je pris le temps d'observer la moindre parcelle de son visage. Ses lèvres rouges contrastaient avec la pâleur de sa peau. Ses cheveux qui m'obsédaient lui tombaient sur le front. Soudain, ses paupières frémirent et j'entrepris de fermer immédiatement les yeux afin de ne pas être pris en flagrant délit.

- Tu peux faire semblant de dormir Ellie, je sais que tu m'observes depuis tout à l'heure

En souriant, j'entrepris alors de rouvrir les yeux. Lorsque je croisais à présent le regard de Princeton, une lueur nouvelle s'offrait à moi. Si cette nuit avait été une erreur, alors elle en valait la peine.

- Tu regrettes ?

Princeton m'avait posé la question sur un ton inquiet et ses sourcils commencèrent à se froncer d'inquiétude.

- Non... J'ai adoré... Je...

- J'ai adoré aussi Ellie...

Il m'embrassa tendrement sur le front et me serra encore plus fort dans ses bras. Sa chaleur était réconfortante et je me sentais éloignée de tous mes soucis. Le monde ne pouvait plus nous atteindre...

Princeton nous glissa sous les couvertures. Quandenfin je sentais que je sombrais petit à petit dans le sommeil, pour lapremière fois de ma vie, je sus que je n'allai pas faire de cauchemars...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top