La piste à suivre (partie 2)

ELENA

L'appréhension était en train de m'envahir petit à petit. Princeton et ma mère avaient insisté pour m'accompagner. On ne pouvait pas dire que le tandem était idéal mais je devais avouer que j'étais tout de même soulagée de ne pas être seule. Évidemment, ma mère avait insisté pour que l'on prenne un van blindé et le chauffeur de ce véhicule n'était autre que Dimitri, l'ancien membre du KGB. En toute honnêteté j'avais trop de choses à l'esprit pour que je m'interroge sur les ressources et les contacts que ma génitrice avait à New-York.

L'application mobile de Princeton nous mena dans une rue où des allées d'arbres, disposées de chaque côté, apportaient un peu de nature dans cette environnement urbain. Les bâtiments, assez anciens, étaient esthétiques, les fenêtres arboraient de magnifiques rideaux et de nombreux balcons possédaient des fleurs bien entretenues. Nous étions sur la soixante-quatorzième rue, perpendiculaire à Lexington Avenue. L'adresse nous menait au 132 E, 74th Street, un immeuble aux briques rouges s'étendait devant nous. Des grilles en fer forgé noires protégeaient des portes en bois sombres. Dimitri nous laissa descendre du van juste devant et reparti ensuite après avoir reçu diverses instructions de ma mère. Décidemment cette femme avait une influence qui me dépasserait toujours. Je traversai la rue aux côtés de Princeton. Étrangement quand je me retrouvai devant ce bâtiment, l'angoisse avait disparu et j'avais repris mon rôle de détective. Il fallait que je résolve le fin mot de l'histoire.

- Mon GPS indique que nous sommes arrivés à la destination qui était indiquée sur la lettre.

- Tu penses que nous devons entrer dans le bâtiment ? Peut-être qu'il y a un indice à l'intérieur, une autre piste.

- Je dois t'avouer Ellie que ce jeu de piste me plaît de moins en moins.

- Je suis désolée.

- Tu t'excuseras une fois que l'on en aura fini avec toutes ces conneries.

- Eh bien ton copain a un langage très fleuri ma chérie.

Cette fois c'était ma mère qui était intervenue dans notre conversation. De quoi se permettait-elle ? Elle avait passé sept ans à complètement m'ignorer, à ne même pas savoir ce que j'étais devenu, et elle se permettait de faire des réflexions de ce genre dans des circonstances pareilles ? La colère commençait à monter et tout le ressenti que j'avais appris à maîtriser menaçait de se libérer et se déverser. Je n'avais d'ailleurs pas confiance sur ce que j'étais capable de dire si les vannes de haine se brisaient.

- Tu crois que c'est le moment Maman ? Sérieusement ? Et puis de toute manière ce n'est pas mon « copain » comme tu dis

- Oui Madame, je ne suis pas un copain, juste un pauvre abruti qui est juste là pour s'assurer que cette maudite affaire se termine. Franchement je me demande si l'on ne devrait pas laisser tout cela à des professionnels, genre la police quoi...

- NON !

Ma mère et moi avions répondu en même temps et sur le même ton de panique. Si la police était prévenue, il y aurait des morts, et j'avais le pressentiment que le psychopathe derrière cette machination avait le bras long. Il avait aussi de nombreux moyens. Agnès David ne se laissait pas marcher sur les pieds et dès qu'elle avait pris part dans une mission, quelle qu'elle soit, elle allait jusqu'au bout. C'est pourquoi, elle s'approcha de Princeton avec grâce et détermination. Elle planta son regard d'acier dans les yeux obscurs du jeune homme et appuya son doigt parfaitement manucuré sur son torse puissant. Il avait beau être grand et fort, ma mère n'avait peur de rien ni de personne. D'ailleurs j'étais même sûre que dans un combat rapproché, elle le mettrait à terre en moins de trente secondes, chronomètre en main.

- Écoute-moi bien jeune homme, je ne suis pas satisfaite que tu nous suives, ma fille et moi. Je te conseille de la mettre en veilleuse, sinon tu me supplieras de te laisser la vie sauve. Contrairement à ma chère Ellie, je n'ai aucune pitié, et si je considère que tu es un danger, je n'hésiterai pas à te mettre hors-jeu. Tes caprices de gamin tu les gardes pour toi et ton air suffisant m'insupporte. Dieu sait que j'en ai connu des gens comme toi et je les exècre au plus haut point. Tu te crois tout permis, mais tu n'as pas idée à quel point un nombre de choses te seront interdites tant que je serais là. Ton seul intérêt : la fermer. Me suis-je bien fait comprendre beau gosse ?

Devant cette tirade assassine, Princeton ne put qu'acquiescer silencieusement. Ma mère me faisait peur depuis longtemps mais là je trouvai qu'elle était allée trop loin. J'allais riposter quand Princeton me regarda avec, pour la première fois, une once de gentillesse. Il me signifiait qu'il était inutile que je réagisse. Je me tus donc et me concentrai sur l'immeuble devant nous. Effectivement, il fallait que je réserve mon énergie à mon combat du jour.

La porte de l'immeuble était étrangement restée ouverte. Une cale avait été placée pour empêcher celle-ci de se refermer. J'allai m'introduire à l'intérieur quand ma mère m'arrêta en me prenant le bras. Sa poigne était aussi forte que dans mon souvenir.

- Laisse-moi y aller en premier chérie

- Maman, ce message m'était adressé. Ça fait sept ans que je me débrouille sans toi, lâche-moi.

Je me dégageai avec plus de violence que je ne l'aurais voulu, mais j'avais l'excuse d'être un peu sur les nerfs depuis quelques jours.

Quand j'ouvris la porte, celle-ci se mit à grincer, et je crus véritablement être dans un vrai film d'horreur. La première chose que j'aperçus ressemblait à une masse informe au fond de l'entrée, où toutes les lampes avaient été brisées. Avec l'obscurité de l'hiver, il était impossible de voir clairement. Je demandai à Princeton d'allumer la lumière de son téléphone pour pouvoir éclairer le couloir. Quand le rai lumineux envahi l'espace confiné, mon sang se glaça. Un homme était allongé sur le sol, un liquide pourpre l'entourait et il tenait dans ses mains une enveloppe. Je n'osai pas bouger de peur que cela soit un piège. Néanmoins, la curiosité l'emporta sur la prudence et je décidai d'aller voir à qui ce corps appartenait. Alors que je croyais être déjà aux confins de l'horreur, la vie m'offrait une nouvelle surprise macabre : Gordon. Il s'agissait de ce grand homme costaud qui gisait, telle une bête abattue, au milieu de cette entrée. Le corps avait dû être apporté récemment car sinon la police aurait déjà été prévenue.

Je crus qu'il était mort, et c'est dans le but de protéger Princeton, que je rebroussai chemin pour l'empêcher de voir son ami gisant dans une marre de sang. Cependant, je m'arrêtai net quand j'entendis un léger gargouillis derrière moi et une forme de plainte.

Il était vivant...

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