La dernière bataille (partie 1)


ELENA

Alors que je pensais que tout était perdu pour lui, David me surprit en me mettant l'arme entre les mains, puis il alla se mettre dos au mur en face de l'entrée de mon ancien appartement.

- Merci.

Ce fut le seul mot que je pus prononcer et, de toute manière, toute cette tirade m'avait épuisée encore plus que je ne l'étais déjà. Je ne savais pas que c'était possible d'être autant exténuée. Quand j'entrai, David me suivit, les yeux rivés au sol et les épaules voutées. Alors, sans le prévenir, je me retournai vers lui et le serrai dans mes bras car il n'y avait nul besoin de mots pour exprimer toute l'affection que j'avais construite envers cet adolescent. David resta figé un moment avant de se détendre et il finit par s'abandonner à mon étreinte. Lui aussi semblait à bout de force et sur le point de craquer, il lui fallait un guide, quelqu'un qui allait lui dire quelle était la meilleure chose à faire. Je ne me sentais pas de tenir ce rôle mais pour l'instant il semblait ne pas vouloir me lâcher d'une semelle, peut-être avait-il peur qu'Irina le retrouve ?

Après quelques minutes, je me détachai de lui et lui souris tout en lui caressant tendrement la joue. Ses yeux montraient qu'il avait peur mais surtout qu'il était bel et bien perdu. Je devais lui donner une mission, il fallait qu'il se sente utile, alors je décidai de mettre le plan, que j'avais confectionné en conduisant, à exécution.

- Tu vas te rendre dans ma chambre, en dessous du lit, tu vas voir une gigantesque boîte en bois avec un cadenas à code, tu tournes la molette sur le numéro 312446. À l'intérieur il y a des munitions pour un M16 et un AK47. J'ai aussi quelques grenades. Tiens.

Je lui jetai un sac de sport que j'avais, quelques secondes plus tôt, sorti de mon placard.

- Tu mets tout là-dedans. Moi je vais chercher les armes.

- Les... armes ?

- Oui.

À cet instant, je débarrassai toute ma penderie pour laisser entrevoir le mur au fond du placard. J'avais fait quelques travaux sans l'accord du propriétaire de l'immeuble. Je poussai avec force le plateau pour le faire pivoter et là, un immense panneau exposant deux M16, un AK47, 7 couteaux de combats, un pistolet mitrailleur et une combinaison pare-balle, s'ouvrit devant nous.

- Oh putain !

David était estomaqué, mais je n'avais pas le temps de lui expliquer comment je m'étais procuré tout cet arsenal, alors je commençai à me préparer. J'enfilai la combinaison de combat, mis la ceinture qui me permettait d'accrocher deux couteaux de chasse et le pistolet mitrailleur dans un holster intégré. J'enfilai de grosses bottes en cuir où je cachai une autre arme blanche, envisageant dans ma tête un éventuel combat au sol. Enfin, je décrochai le M16 dernière génération et un AK47, une arme qui ne s'enrayait pas facilement et qui permettait de faire un maximum de dégâts.

J'enjoins à David de mettre les deux fusils dans le sac que je lui avais confié et me dirigeai ensuite vers la salle de bain. En observant mon visage dans le miroir je grimaçai. J'avais un teint encore plus pâle qu'à l'accoutumée, de nombreuses ecchymoses sans parler de ma lèvre fendue et du sang séché qui tâchait mes joues. J'ouvris le robinet et entrepris de me rincer le visage à l'eau froide, à la fois pour désinfecter mes plaies mais également pour me remettre les idées en place. J'attachai mes longs cheveux en une queue de cheval pour éviter qu'ils me gênent et me préparais mentalement à affronter une armée bien entraînée et sous les ordres d'une folle. J'espérais sincèrement que Gordon et Diana allaient s'en sortir, ainsi que ma mère, mais je ne devais pas laisser mes émotions prendre le dessus. Tout reposait sur mes épaules et il allait falloir que j'assume cet état de fait jusqu'à la fin.

- Bon David, on y va.

Le jeune adolescent ne se le fit pas dire deux fois et me suivit hors de l'appartement. Heureusement je n'avais pas garé la voiture trop loin, ce qui évitait que l'on se fasse remarquer. Je demandai à David de poser le sac sur le siège arrière et de s'installer à côté.

- Pourquoi je ne peux pas m'installer devant ?

- Écoute, je ne sais pas ce que je vais devoir affronter là-bas et je m'en veux déjà de t'emmener avec moi, alors il faut que tu restes à l'arrière pour ne pas être atteint par d'éventuels rafles de tirs.

- « D'éventuels » ?

- Disons que... Irina n'est pas facile à mettre hors combat.

Sur cette dernière parole je mis le contact et me dirigeai vers l'entrepôt en priant le seigneur pour que je ne découvre pas un carnage sanglant à mon arrivée.

Le trajet dura plus longtemps que prévu mais cela me laissa peaufiner mon plan interne. J'étais redevenu l'ancienne Elena, celle qui ne laissait rien au hasard dans chacune de ses missions, qui, avec une précision chirurgicale, arrivait toujours à ses fins. Cependant, là il n'était pas question de voler un quelconque fichier top secret ou de faire peur à un marchand d'armes étranger, le vrai enjeu ici était l'assassinat des « méchants ». Cela paraissait tellement absurde, j'avais l'impression de jouer dans un mauvais film d'espionnage à petit budget.

Quand je vis l'entrepôt, je garai le SUV en retrait pour ne pas me faire remarquer et observai d'un œil discret les lieux. Personne. Aucune âme qui vive.

J'ouvris le plus discrètement possible la portière et descendis du véhicule. Bon, à présent il allait falloir que je donne mes instructions à un gamin qui n'avait jamais combattu auparavant... Quel monstre je faisais...

- David, il va falloir que tu m'écoutes très attentivement. Tu vas faire exactement ce que je te dis, ni plus, ni moins, c'est clair ?

- Oui.

- Bien. Il faut que tu prennes le sac avec toi et que tu ailles discrètement derrière l'entrepôt en faisant le tour par les hautes herbes que tu vois sur ta gauche. Une fois arrivée, tu vas voir une porte rouge, c'est par là que je suis sortie avec ma mère et Irina. Tu vas poser le sac juste devant. Je vais te donner un papier que tu glisseras à moitié sous cette porte, une fois que tu auras déposé les munitions et les armes. Mais David, au moindre danger, tu cours et tu t'enfuis c'est clair ? Il y a un chemin juste derrière cet entrepôt, je ne sais pas où il mène mais je pense que tu peux les semer en passant par là. Ils sont armés et ils ne prendront pas le risque de s'aventurer en dehors de leur zone de confort. Bon, j'espère avoir été claire. As-tu des questions ?

- Et vous ? Qu'est-ce que vous allez faire ?

- Entrer par la porte principale.

- Mais ils vont vous tuer !

- Sauf si je les abats avant. Allez, maintenant arrête de t'inquiéter pour moi, tu voulais me tirer une balle dans la tête il n'y a pas une heure.

- Mais je...

- Je plaisante David... Bonne chance et prends garde à toi. Je sais que ce que je te demande est impardonnable mais j'ai vraiment besoin d'un allié sur ce coup.

- Ne vous inquiétez pas... Est-ce que je serais pardonné après tout ça ?

- Je ne t'en veux pas David, ni maintenant, ni jamais, alors pars tranquille.

Je pris une dernière fois dans mes bras ce jeune adolescent qui avait grandi bien trop tôt, puis, dans un accord tacite, nous nous séparâmes pour aller accomplir notre mission respective.

« Je vais défoncer ta petite gueule Irina mais avant j'ai besoin de ce que tu as tant recherché pendant ces années : le dossier pour faire tomber les plus grands criminels de ce monde, la poterya ».

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