La collision des âmes (partie 2)
PRINCETON
Irina n'avait pas arrêté de parler depuis que sa langue s'était déliée. Princeton ne savait plus quoi penser, son esprit était embué et complètement perdu. La seule chose pour l'instant qui tournait dans sa tête, c'était le sort de sa petite sœur et d'Elena. Il espérait de tout cœur qu'il n'était rien arrivé à Sacha, et à cette courageuse jeune femme qu'il avait eu la chance de croiser.
Soudain, alors qu'il pensait que la jeune russe avait fini son récit, elle reprit d'un ton plus doux, et pourtant, ce qu'elle lui avoua effraya le jeune homme.
- Bryan, ton frère, est la seule personne qui compte un tant soit peu à mes yeux. Je l'aime. Je sais que tu dois me prendre pour un monstre, surtout après tout ce que je viens de te raconter mais... Je ne sais pas, il est si fort, si gentil, si...
- Je t'interdis de toucher à mon frère.
S'en était trop. Il ne pouvait plus entendre les paroles de cette étrangère, cette femme n'était qu'un imposteur ! Si elle s'attaquait, ne serait-ce qu'à un cheveu de son frère ou de sa sœur, il se transformerait lui-même en monstre.
C'est à cet instant que Princeton comprit qu'il ne pouvait rien faire. Irina lui adressa un sourire et se leva de son fauteuil, de manière gracile et sans empressement. Le jeune homme, maintenant remis, sortit du lit dans lequel on l'avait mis, sur ses gardes. Il devait être ridicule face à cette tueuse en série, mais il s'en fichait, il se battrait jusqu'au bout.
Irina émit un petit rire cristallin et planta son regard funeste dans celui de Princeton, elle s'approchait de plus en plus de lui. Le jeune homme ne savait plus quoi faire, fuir ? Se battre ? Il n'avait aucune issue.
- Bryan m'aime et je vais lui donner ce qu'il mérite.
- C'est ça... Tu vas lui donner ton foie peut-être ?
- Pas le mien.
- Oh non. Jacob...
- La petite chinoise a bien travaillé on dirait.
- Elle est morte...
- Je sais, j'ai demandé expressément à un de mes hommes de me débarrasser de ce problème gênant.
- C'est honteux la manière dont tu parles d'elle.
Irina rit aux éclats. Si Princeton avait eu un doute minime quant à sa bonté intérieure, maintenant il était sûre qu'elle était complètement cintrée. Il fallait qu'il s'échappe et vite. La belle blonde s'approcha encore de lui. Ses pas étaient lents et élégants mais elle inspirait cette peur, celle qui vous immobilise sur place, comme si votre âme avait perdu les commandes et s'était enfuie. Princeton observa son bourreau, la façon dont elle s'approchait de lui, tel un prédateur voulant capturer sa proie. C'était comme si un vent glacial la suivait lorsqu'elle se déplaçait, semant sur ses pas le gel et la désolation. Une sorcière de l'horreur. Si c'était elle qui avait tout organisé, elle devait être mise hors d'état de nuire. Mais comment sauver Jacob.
Irina s'arrêta à peine à dix centimètres de Princeton, sans que ce dernier n'ait osé faire le moindre mouvement.
Elle posa sa main sur le torse du jeune homme et ses doigts manucurés attrapèrent le T-shirt qu'il portait. La force de la jeune femme était impressionnante et Princeton avait beau être musclé il se retrouva front contre front avec, ce qui avait été autrefois, son amie. Elle resserra son emprise, mais Princeton refusait de bouger d'un pouce. Il ne baissa pas non plus le regard, il ne fallait pas qu'elle pense qu'il était mort de trouille.
- Tu es prêt à te faire dessus, Sutherland ! Si jamais, tu fais échouer mes plans, je te ferais bouffer les tripes de ta sœur, c'est clair ?
- Tu ferais ça ? Et Bryan ? Tu crois qu'il te pardonnerait s'il savait qui tu es vraiment ?
- Il ne le saura jamais
- Ah oui ? Et comment comptes-tu faire ? Il faudrait une sacrée bonne raison pour que mon frère refuse de voir Sacha et moi. Tu comptes lui dire que l'on a quitté le pays ? Sans lui ? Mieux que l'on s'est noyé dans un fleuve en voulant se baigner à une heure tardive ! Ah non j'ai mieux ! Tu pourrais tout simplement lui dire que l'on a été victime d'une secte et que l'on a fini nos jours en suicide collectif...
- Tais-toi
Sa voix était glaciale et Princeton sentit qu'elle était prête à exploser. Pourtant, en un instant, elle reprit son self-control et inspira calmement.
- S'il pense que vous avez été tués par un être froid et sanguinaire, au lourd passé criminel, qui a tenté moi aussi de me supprimer, et que je n'ai rien pu faire... Que pense-tu de tout cela cher Princeton ?
Il ne comprenait rien à rien. Comment allait-elle faire pour faire avaler tout cela à Bryan ? Son frère n'était pas né de la dernière pluie, et il ne se laisserait pas manipuler, à moins que...
- Elena a été agressée il y a longtemps par un certain Adam. Je dois reconnaître que j'y suis pour quelque chose. À ma décharge, je ne m'attendais pas à ce qu'il perde autant son sang-froid.
- C'était toi ?
- Oui... Disons que son père avait un différend commercial avec cet homme et j'ai envenimé les choses. C'est tellement facile de manipuler un esprit déjà paranoïaque. Il était en manque d'amour depuis son enfance et là : Elena était arrivée dans sa vie ! Quelle magnifique histoire... Enfin, finalement on peut dire que j'ai rendu service à cette pauvre fille...
- Ne parle pas d'elle comme çà. Elle est bien plus forte et belle que tu ne le seras jamais !
Irina rit et soudain gifla avec force le jeune homme. Princeton se teint la joue et regarda droit dans les yeux son agresseur. Elle avait été assez machiavélique pour préparer son plan depuis longtemps. Elle était irrécupérable. La haine l'avait totalement anéantie et même si elle disait aimer son frère, il était sûr que ce n'était pas réel. Dans tous les cas, c'était malsain.
- J'ai ensuite fait en sorte que ce stupide professeur Harold Smouth exécute mes volontés à la baguette. C'était facile, je m'étais laissée « violée » en première année et j'avais récupéré des photos et vidéos bien assez compromettantes. Sa carrière et sa réputation étaient entre mes mains. Il a engagé Elena, nous a mis tous dans la même classe. C'était le pur bonheur de voir tout cela se mettre en place sous mes yeux !
Princeton essaya de se dégager de l'emprise d'Irina mais celle-ci, le voyant essayer de s'enfuir, lui donna un puissant coup de genoux dans le ventre. Le jeune homme en eu le souffle coupé et tomba sur le sol. Ne le laissant pas s'en remettre, elle lui décocha un coup de talon aiguille en plein visage. Il sentit un goût d'acier envahir sa bouche.
- Ne t'avise pas de faire quelque chose que tu pourrais regretter mon cher Price.
Elle s'agenouilla à ses côtés et lui fit tourner sa tête vers elle afin qu'elle puisse regarder l'étendue des dégâts. Elle parut satisfaite puisqu'elle esquissa à nouveau un de ses sourires cruels.
- Adam est instable, il a accepté tout de suite de faire partie de mon plan. Il n'a su que très tard qui j'étais réellement. Il ne fallait pas que je prenne de risques. Il est tellement stupide, qu'il fallait que je lui dicte ce qu'il avait à dire ou à faire. Un vrai boulet. Mais finalement, sa bêtise va m'aider à lui faire porter le chapeau. Elena, toi, Sacha, Jacob, Gordon, Diana et Lucy, vous allez tous mourir et rejoindre cette pauvre Tiffany. Après tout, elle doit se sentir bien seule. Vous la rejoindrez au paradis ou je ne sais où, c'est une sorte de Happy End. Quant à moi j'aurais enfin eu tout ce que je voulais : ma vengeance et l'amour.
- Tu n'y arriveras jamais.
- Ho... Mon pauvre Princeton, tu crois encore que les méchants ne gagnent jamais dans les histoires. Laisse-moi te dire une chose dans ce cas.
La jeune blonde approcha son visage de l'oreille de Princeton, toujours au sol, et lui chuchota quelque chose à l'oreille :
- Qui sont les méchants dans l'histoire ?
C'est à ce moment-là, que Princeton entendit le cri d'une personne qu'il aurait reconnu entre milles. La voix d'une petite fillette qui ne se laissait pas faire, Sacha !
- Je crois que la famille est presqu'au complet.
Sur ces derniers mots, Irina repassa, de ses mains, sa jupe crayon et se recoiffa rapidement. Elle arbora ensuite un sourire digne d'une actrice oscarisée, et enferma Princeton dans cette chambre luxueuse. Quand il entendit la clé tourner dans la serrure, le jeune homme hurla à pleins poumons.
Cette garce allait payer, il s'en fit la promesse. Mais soudain, il se souvint de quelque chose qu'avait dit Irina : qui était cette Lucy qui allait mourir ?
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