Cauchemar et réalité (partie 3)
De quoi avais-je peur ? Comment lui expliquer que le terme de « peur » était bien loin de pouvoir qualifier ce que je ressentais. Je connaissais la tristesse, le désespoir, mais aussi la terreur, ce sentiment qui vous emmène dans une autre dimension, la sensation de n'être rien d'autre qu'une ombre. La terreur paralysait tous vos membres, vous empêchait d'avancer et de croire en des jours meilleurs. La terreur n'était pas un moteur mais plutôt une arme de destruction massive qui anéantissait toute forme d'humanité en vous.
Il avait fallu une nuit pour me faire basculer à jamais dans les profondeurs de l'enfer. La mort aurait été plus douce, elle m'aurait accueillie, protégée.
Tout cela je ne pouvais pas le dévoiler devant Princeton. Je ne le connaissais pas et il valait mieux pour lui qu'il reste éloigné de moi.
Il ne me quittait pas des yeux. L'ambiance, au départ chaleureuse, devint oppressante. Les ténèbres se rapprochaient à grands pas. Je ne savais pas ce que je faisais ici, mais une chose était certaine, je n'allais pas attendre de trouver une réponse à mes interrogations pour partir. Princeton dû comprendre mes intentions quand il me vit me lever. Il me fit soudainement face et une vive colère irradiait son visage.
« Laisse-moi partir »
« Non. »
Sa réponse était froide, comme son regard, devenu soudain glacial.
« J'ai le droit de savoir »
« Tu n'as aucun droit et puis de toute manière qui es-tu pour me donner des ordres ? Non mais sérieusement ? Tu t'attendais à quoi ? Que je couche avec toi juste parce que tu te l'es joué grand saint en me soignant ? Tu n'arriveras pas à me berner Princeton. Je suis fatiguée et je n'ai pas envie de me battre à nouveau, alors si tu ne veux pas que je force le passage par mes propres moyens, écarte-toi de mon chemin »
« Tu ne me feras rien et, non, je ne te laisserai pas t'enfuir. Je n'insiste pas pour ce soir et sache que je vais prendre le canapé. Ma chambre est au bout du couloir à gauche. Je ne t'y emmène pas, tu aurais peut-être peur que je t'attache au lit et que je te fasse subir un tas de sévices. Je ne suis pas comme ça Elena et ça me blesse qu'une femme puisse penser ça de moi... ».
Je restai muette. Je n'avais plus la force d'entamer une joute verbale avec lui. C'est pourquoi, sans un mot et sans un regard, je me dirigeai vers la pièce qu'il m'avait indiquée. Je n'allumai même pas la lumière. Je me fichais pour le moment d'admirer la décoration des lieux. Tout ce qui m'importait était de m'allonger et de sombrer dans le plus profond des sommeils. Les paroles de Princeton sur le fait de m'attacher à son lit m'avaient glacé le sang.
C'était exactement ce qu'IL m'avait dit au téléphone. Cependant Princeton était loin de l'image qui me venait à l'esprit, de la vision de deux yeux bleus transperçant ma peau, mon âme, ma joie de vivre. IL m'avait tout pris, y compris ce qui m'était le plus cher. La terreur, c'était lui, IL en était son incarnation...
******
Cette soirée allait être parfaite, j'étais sûre que je verrais un sourire apparaître sur son visage. J'avais préparé un bœuf bourguignon et je m'étais habillée de manière très sophistiquée. Je portais une longue robe rouge carmin, des escarpins vernis noir, le tout agrémenté d'un collier de perles, que Miss Hampton m'avait gentiment prêté. J'avais une grande nouvelle à lui annoncer. Je savais qu'il serait le plus heureux des hommes après cela. Il ne me frapperait plus, il ne se mettrait plus en colère et retournerait dans le droit chemin. La vie n'avait pas été tendre avec lui et je comprenais que ses réactions n'étaient pas volontaires. Il y avait de la violence en lui, mais il s'excusait toujours, et ses caresses suffisaient à me convaincre que ce serait la dernière fois. C'était une âme blessée lui aussi et je le sauverai. Il fallait juste que je sois patiente.
J'entendis la porte d'entrée s'ouvrir. Il était là !
Je l'accueillis avec un grand sourire. C'est son regard qui me rassura, je savais que c'était un bon jour. Il ne serait pas violent ce soir...
Il me prit dans ses bras :
« El. Tu es magnifique ma chérie... Tu m'as tellement manqué ». Ses bras puissants me serrèrent avec affection. Son parfum musqué était enivrant, ses beaux cheveux couleur sable me chatouillaient dans le cou, et ses mains me caressaient avec douceur le bas du dos. Quand il releva la tête je croisais son regard céruléen rempli d'amour. Cela me mit en confiance.
« Tu as fait du bœuf bourguignon ? ». Il me sourit tendrement en me prenant par la main. Nous entrâmes dans la cuisine, et il ne put s'empêcher de goûter le repas avec la cuillère en bois que j'avais laissé dans la marmite. Un air satisfait inonda son visage et il enfouit à nouveau son visage au creux de mon cou.
« El. Soit tu as fait une bêtise, soit tu veux me faire plaisir, alors dis-moi, qu'est-ce que tu me caches ? ». Son ton se voulait gentil mais je sentais que si ne crachait pas le morceau dans la seconde, il allait croire à une catastrophe. Il fallait que je le rassure.
« Tu vas être papa mon amour ». J'avais lâché cette phrase d'un seul coup. Je n'y avais mis aucune forme, mais, de cette manière, il n'allait pas croire que j'avais fait quelque chose de mal derrière son dos.
Ses grands yeux s'écarquillèrent, ses lèvres s'entrouvrirent. Pendant que je le laissais digérer la nouvelle, la peur s'emparait de moi petit à petit. Pourquoi ne réagissait-il pas ? Soudain, il me souleva du sol et m'embrassa sur toutes les parties de mon corps qui lui étaient accessibles.
« El ! C'est merveilleux ! On va avoir un petit bébé ! Je serais un super papa je te le promets ! Oh mon dieu tu fais de moi le plus heureux des hommes. Si tu savais comme je t'aime ma chérie... Tu es à moi pour toujours... ».
Ce soir-là j'étais heureuse, épanouie, je me sentais libérée de tout mon passé. J'avais réussi à trouver un équilibre dans ma vie, un homme qui m'aimait et j'allais avoir un merveilleux cadeau dans mes bras, dans exactement sept mois. Ma vie serait comblée une fois que ce petit trésor nous regarderait pour la première fois. Je l'aimerai à la folie, je le protégerai et ferai en sorte que son bonheur soit infini...
Que de projets... Tous avaient été anéantis...
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