Andreï Arazov (partie 3)

- Visiblement seule sa fille s'en est sortie. Leur maison a été décimée par des mercenaires, grâce à une bombe. Les jumeaux, Zachary et Yvan, ont succombé à leurs blessures et la mère, Ania, est morte sur le coup. Irina Arazov, âgée alors de quinze ans, a été hospitalisée pour de graves brûlures.

Quand Tiffany donna ces informations, j'en fus terriblement attristée. Non seulement Andreï avait été assassiné par les bons soins de ma mère, mais j'étais persuadée que mon père avait orchestré le meurtre de toute sa famille, afin de ne laisser aucune trace. Tiffany continua à m'en apprendre plus sur cet homme.

- Ses dernières recherches portaient sur « La Parada », une organisation criminelle qui réunissait les plus grands criminels d'Europe, d'Asie et des États-Unis.

Je connaissais plus que « bien » cette organisation, mon père en était l'un des plus grands responsables. Nicolas David était à la tête du siège européen. Personne n'avait jamais réussi à mettre la main sur l'un des leurs. Ils étaient puissants et à des postes souvent haut placés, avec une influence sur le monde qui les entourait. Des sénateurs, des présidents, des ministres, des chefs de multinationales, tous avaient des ressources énormes et étaient en quelque sorte « intouchables ».

Tiffany continuait à fouiller dans les documents quand elle tomba sur quelque chose qui attira mon regard.

- Attend ! Qu'est-ce que c'est que ça ?

La jeune asiatique cliqua sur le lien que je lui montrai et une page remplie d'informations sur tous les membres de « la Parada » s'afficha. Le titre du document se prénommait « la poterya » et comptait plus de mille pages. Ce document valait de l'or. Il permettrait de faire tomber tous les plus grands criminels du monde, y compris mon très cher père.

Tiffany ferma quelques onglets et copia sur une clé les différents documents que je lui indiquais comme intéressant. Cependant, le document intitulé « la poterya » était indéchiffrable. Ce n'était qu'une suite de chiffres et de lettres sans aucun sens à partir de la seconde page. Tiffany m'expliqua qu'elle ne pouvait rien faire si elle n'avait pas le logiciel-source. Comme je n'avais absolument aucune idée de l'endroit où il se trouvait c'était peine perdue... Par mesure de précaution je demandai toutefois à la jeune femme de sauvegarder le document.

J'aurais aimé connaître tous les éléments qui pouvaient lier à la fois Diana, Gordon, et tous les autres.

Mon père avait des relations avec les parents de Diana : Ils finançaient son commerce d'armements entre autres. Le père de Gordon était un médecin réputé de New-York. Un oncologue qui était en lien avec un trafic d'organes humains : le Dr Edgar Grayson. Cela me répugnait.

Princeton, qui n'avait rien dit jusque-là posa ne simple question :

- Qu'est devenue Irina Arazov ?

Tiffany revint sur le dossier de la jeune russe. Une seule photo d'elle s'afficha : elle avait quinze ans sur cette dernière, mais je jurais l'avoir déjà vu quelque part. Ses traits m'étaient familiers. Tiffany afficha un dossier médical.

- Oula ! Cette fille n'est pas très stable psychologiquement !

Devant la surprise de notre jeune hackeuse, je fixai avec attention ce qui était affiché sur l'écran.

En effet, Irina, après s'être remise de ses blessures, avait assassiné des hauts dignitaires russes, et pas de la plus simple des manières. Ses meurtres étaient signes de vengeance et de haine. Des images de la police montraient des corps démembrés, des viscères arrachés, des visages défigurés... Cela tenait de l'horreur. Elle avait été enfermée dans un hôpital psychiatrique mais avait réussi à s'en échapper en égorgeant la plupart des gardes. Elle n'avait que dix-huit ans lorsque les services russes s'en étaient servis comme d'une tueuse à gage. Mais à vingt-ans elle avait disparu des radars. Plus aucun signe de vie. Irina Arazov était introuvable.

Soudain, Princeton me tint l'épaule fermement et m'obligea à me retourner vers lui. Ses pupilles étaient plus sombres qu'à l'accoutumée et son visage était apeuré.

- Elena. Nous connaissons tous cet Irina Arazov. C'est Rose.

Oh mon Dieu ! Rose ! Je n'y avais vu que du feu... Effectivement c'était la seule russe que je connaissais à New-York. Qui plus est, elle cachait toujours son corps sous des vêtements amples. Je fixai à nouveau la jeune fille de quinze ans au visage de poupée. Plus de doute n'était possible : il s'agissait bien de la même personne.

Princeton s'empressa de demander à Tiffany de finir de télécharger les informations et de quitter le site afin qu'il puisse appeler Jacob.

- Pourquoi veux-tu le contacter maintenant ?

Princeton me regarda longuement. Il semblait chercher une réponse appropriée.

- Tu sais le père de Gordon, le Dr Grayson.

- Oui ?

- Il se trouve que c'est aussi l'oncologue de Jacob. Il m'a appelé après son rendez-vous d'aujourd'hui pour m'annoncer qu'il allait faire partie d'un programme qui pourrait le guérir de sa leucémie.

- Mais...

- Attends ce n'est pas tout. Je me souviens maintenant du nom qu'il m'a donné pour désigner la directrice du projet : Irina Arazov.

Les choses étaient bien plus graves que je ne le pensais. Il fallait aussi protéger ce pauvre Jacob qui se jetait directement dans la gueule du loup.

*****

VERA HAMPTON

Ils étaient venus la chercher au petit matin. Elle n'avait pas eu le temps de réagir que deux hommes cagoulés l'avaient frappée et emmenée de force. Pendant tout le trajet, elle était ligotée, bâillonnée et à peine consciente. Certes, elle avait été autrefois une grande espionne, mais l'âge était un sacré inconvénient dorénavant.

Elle ne fut pas surprise quand elle identifia son ravisseur une fois arrivée à destination : Nicolas David...

Si elle avait un jour haï quelqu'un, c'était sans doute cet homme. Il était la cruauté incarnée, l'ange de la mort.

Ses sbires l'installèrent dans une salle sombre et la ligotèrent fermement à une chaise en fer. À côté d'elle se tenait un étal où était disposé un tas d'outils de tortures. Vera ne cilla pas. Elle avait eu l'habitude de résister aux plus grands criminels.

Elle releva fièrement la tête devant l'homme, qui se vantait d'être dans les cauchemars de nombreuses personnes.

- Chère Vera, quel plaisir de vous revoir

- Pas autant que moi Nicolas. La seule chose qui me ferait le plus plaisir c'est de vous voir la gorge ouverte au scalpel, avec une rivière de votre sang s'écoulant jusqu'à vos pieds. Mais on n'a pas toujours ce que l'on désire dans la vie.

Nicolas David rit franchement face à l'affront de son ancienne collaboratrice. Elle avait été d'une grande aide pour l'organisation de certaines opérations, notamment dans les pays de l'est. Cependant, elle s'était retournée contre lui au bénéfice d'Agnès, afin de protéger Elena. Pour elle, c'était une cause bien plus juste que celle que lui donnait cet affreux spécimen. Il était au-delà du monstre, Nicolas David était un homme qui ne connaissait pas la valeur des sentiments. Il ne possédait aucun scrupule à assassiner, même ses plus fidèles amis.

- Vera, je ne vais pas y aller par quatre chemins. Soit, vous choisissez la manière douce, soit la manière forte. Je vous garantis que le traitement que je vous prépare vous fera hurler comme une truie. Je veux simplement savoir où est « la poterya » ?

- Allez vous faire voir.

- Rho ! Allons Vera, vous savez que vous me le direz d'une manière ou d'une autre.

- Vous pouvez me torturer jusqu'à ce que la mort m'emporte, je ne dirai rien !

Nicolas David s'éloigna un moment et entreprit de se gratter le menton d'un air songeur. Il se retourna vers Vera avec un regard froid et cruel.

- Savez-vous qui se trouve dans la pièce d'à côté Vera ?

La vieille femme ne répondit pas mais une peur soudaine l'envahit. Elle déglutissait difficilement. Elle n'avait pas peur pour sa vie, en revanche celle d'Agnès ou d'Elena était bien plus précieuse pour elle.

- Ma chère épouse, enfin ex-épouse, n'a pas non plus voulu coopérer et j'espère bien la faire parler grâce à mes talents. Je vous laisse aux mains de mes sbires qui vont bien s'occuper de vous en mon absence.

Vera tremblait maintenant de peur. Agnès était sa meilleure amie, elle aurait donné sa vie pour elle. Maintenant, elle était entre les mains de cette ordure.

Soudain, avant de quitter la pièce, Nicolas observa une dernière fois sa captive.

- Une dernière chose Vera : ne criez pas trop fort, les pièces résonnent ici...

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