Andreï Arazov (partie 1)
9h30 à l'hôtel,
ELENA
J'avais pris une bonne douche et, pour la première fois depuis longtemps, je me sentais épanouie. Bon, certes, d'autres problèmes cogitaient dans ma tête, mais la migraine était moins insupportable. Princeton avait été fantastique. Quand il s'était réveillé ce matin, il m'avait embrassé avec tant de tendresse et de passion, que je me serais crue sur un petit nuage. Qui aurait pu croire qu'un jour je retomberais sous le charme d'un homme ?
Une fois rincée, je pris le peignoir qui était resté sur le radiateur chaud de la salle de bain.
Au moment où je sortis m'habiller, une petite fille me sauta dessus.
- Bonjour Elena ! Princeton est allé acheter des viennoiseries ! Il y en a plein !!! Tu viens ?
Cette petite n'avait pas une once de tristesse dans le regard. Elle était d'une force incroyable et son innocence était attendrissante.
- Bonjour Sacha. J'arrive, donne-moi une minute pour m'habiller...
- Princeton a une surprise pour toi. Il m'a dit de pas te le dire, mais il y a un paquet sur ton lit et je sais ce que sait. Je n'arrive pas à garder un secret alors...
- Sacha !
Princeton était apparu comme par magie et regardait sa petite sœur avec un faux regard mauvais. La jeune fille éclata de rire et s'enfuit vers la cuisine. Quand elle passa devant son frère, ce dernier lui frotta affectueusement la tête et soupira.
Je pouffai devant cette scène digne d'une comédie romantique. Princeton me sourit et s'approcha de moi. D'un geste il mit sa main derrière ma nuque et m'embrassa. Ses lèvres étaient chaudes et avaient un goût de café.
- Je ne sais pas si j'ai bien choisi mais j'ai voulu que l'on ait des vêtements de rechange, alors je suis passée à la boutique de l'hôtel et...
- Ce sera parfait j'en suis sûre.
Je lui fis un clin d'œil et lui donnais un baiser chaste avant d'aller m'habiller. J'ouvris délicatement l'immense paquet qui trônait sur le lit. Princeton avait très bon goût. Une magnifique robe pull noir fût la première chose que je vis. Il avait choisi des collants noirs légèrement transparents. La touche finale était les magnifiques bottines en daim qui terminaient la tenue. Une fois parée de tous ces cadeaux, je me regardais dans la glace de la chambre. Cela faisait une éternité que je ne m'étais pas admirée. Les miroirs me faisaient peur. Princeton s'avança timidement dans la chambre et m'enlaça. Il osa poser ses mains sur mon ventre et, étrangement, je tressaillis à peine. Son menton était reposé sur mon épaule et lui aussi m'observait de ses yeux qui me rappelait le spinelle noir ; une magnifique pierre précieuse noire aux multiples reflets argentés.
- Je ne veux plus que tu te caches Elena. Regarde comme tu es belle.
- Tu n'es pas mal non plus dans ton genre
Il me sourit et m'embrassa délicatement dans la nuque. Un frisson me parcourut. Ses gestes étaient tellement doux, je n'avais pas connu cela avec Adam.
Soudain une petite tornade entra en trombe dans la chambre.
- Hey les amoureux ! Arrêtez c'est dégoutant ! Regarde ce que j'ai trouvé Princeton.
Je me figeai sur place. Princeton perçut la tension qui s'était emparée de moi à cet instant et m'interrogea du regard. Même Sacha avait arrêté sa danse de la joie et m'observait interdite. Comment allais-je réagir ? Il fallait que je garde mon calme, pour Princeton et surtout pour cette petite fille qui n'y était pour rien.
La sœur de Princeton tenait entre ses mains le seul souvenir d'enfance que j'avais emporté avec moi, par-delà l'océan Atlantique : un mini-ourson rose poudré. C'était un cadeau de Noël que j'avais eu pour mes dix ans et qui comptait beaucoup pour moi. Il venait de cet adorable homme russe avec qui j'avais eu de merveilleux moment juste le temps d'une soirée. Il m'avait dit que j'étais la plus belle fille du monde. Il m'avait fait promettre que lorsque je me sentirai mal et triste, je prendrais cet ours dans mes bras et répèterait la phrase : Я в безопасности
(YA v bezopasnosti : « je suis en sécurité »). Ce rituel m'avait aidé pendant toute mon enfance. Je m'étais promis lorsque j'étais enceinte, de l'offrir à ma fille et lui raconter cette anecdote.
- Je.... Je suis désolée Elena... Je... Voulais pas fouiller dans tes affaires. Il dépassait de ton sac. Pardonne-moi s'il te plait ! Je suis tellement désolée ! Tu veux du chocolat chaud ? Je peux te le faire si tu veux, je peux aussi t'apporter des...
- Sacha ! Combien de fois je t'ai dit de ne pas prendre les affaires des autres sans leur demander la permission. Tu t'es fait punir plusieurs fois au pensionnat pour ça !
La petite fille était émue et me regarda d'un air suppliant. Ma raison reprit le dessus sur le cerveau reptilien et je m'agenouillai, face à une Sacha mortifiée.
- Écoute, cet ourson compte beaucoup pour moi. Si tu veux je t'en offrirai un rien que pour toi mais celui-ci fait partie de mon histoire, tu comprends ?
- Oui excuse-moi Ellie... Je...
- Je te pardonne Sacha, tu ne savais pas et je ne vais pas m'énerver contre toi. Bon si on allait entamer ce petit déjeuner de compétition que ton grand-frère nous a préparé ?
Je changeai de sujet pour éviter d'avoir à trop m'épancher sur mes états d'âmes. Princeton regarda sa sœur d'un air qui se voulait sévère, mais il échoua lamentablement. La seconde d'après il riait avec elle.
Le temps du petit-déjeuner fut une bénédiction. Princeton n'avait pas lésiné sur les quantités, si bien que nous ne nous privâmes pas de prendre tout ce qui nous faisait envie. Entre croissants au beurre, pains au chocolat et tartines beurrés à la confiture, le jeune homme avait respecté les fameuses traditions françaises. Ce petit clin d'œil me fit chaud au cœur.
Une fois rassasiée, j'aidais Princeton à débarrasser pendant que Sacha alluma la télé. Un évènement des informations m'interpella. Ils parlaient du professeur émérite Harold Smouth qui s'était suicidé à l'université de New-York. Princeton et moi nous figeâmes sur place. Décidément, notre vie était noyée sous les drames, ils s'accumulaient tels les planches de kapla servant à construire des immenses tours.
- C'était un homme bien... je ne comprends pas ce qu'il lui a pris de faire une chose pareille...
Princeton ne dit rien face à ma remarque mais il serra les dents. Avais-je dit quelques-chose d'inappropriée ?
- Ce professeur n'était pas celui que tout le monde pensait... Il se donnait un malin plaisir à profiter de sa position pour séduire les jeunes étudiantes. Tout ce qui comptait pour lui c'était sa réputation au sein de la chaire universitaire.
- Mais Diana semblait l'adorer ?
Princeton arbora un sourire triste en pensant à son amie.
- Elle avait besoin d'un père et lui d'une belle fille à se mettre sous la dent... Je ne préfère pas savoir comment elle aurait pris les avances plus soutenues du professeur...
- Et comment, toi, tu sais tout cela ?
Le jeune homme parut hésiter puis me répondit enfin :
- Disons que... Tiffany était plutôt ravie que tu remplaces ce cher Harold.
- Oh...
Je ne demandai pas plus de détails. Je ne voulais pas passer pour la fille qui cherchait à savoir tout sur tout.
Au lieu de continuer la conversation qui me mettait mal à l'aise, je décidai de me concentrer à nouveau sur les évènements de ces derniers jours. Andreï Arazov... Comment est-ce que je pourrais obtenir des informations sur cet homme ?
- Il y-a-t-il un cybercafé pas loin ?
Princeton me fixa interloqué, puis se mis à rire. Il se fichait de moi ou quoi ?
- J'ai apporté mon ordinateur sinon.
- Oui effectivement, j'avais oublié que Mr Crésus emportait toujours son MacBook avec lui !
- Désolée je n'aime pas les Samsung
- Ce que tu peux être insupportable !
- Mais tu m'aimes bien pour ça non ?
Il me sourit et s'approcha de moi pour me déposer un baiser sur le front.
- Au travail Sherlock ! On a du boulot si j'ai compris. Je vais voir si je ne peux pas occuper ma petite sœur pendant que l'on joue aux espions.
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