Chapitre 34

Lucius tournait dans le hall du manoir, anxieux. Sortant du bureau avec un gros livre dans les bras, Hermione lui sourit.

— Détendez-vous, tout va bien se passer.
— J'aimerais vraiment être aussi convaincu que vous. Comment pouvez-vous en être sûre ?
— Parce que nous avons tous les deux connus des moments atroces et que désormais, même les galères nous paraissent pas si terribles que ça.

Lucius demeura silencieux. Hermione se glissa derrière un comptoir en bois installé au pied du grand escalier, derrière lequel se trouvait un grand casier avec des clefs suspendues. Drago transplana alors qu'elle sortait du comptoir un immense cahier relié de cuir afin d'enregistrer les réservations.

— Ils sont arrivés ? demanda le blond.
— Non, pas encore. Harry n'est pas avec toi ?
— Il travaille, rappela le blond. Il passera dans la soirée, s'il a le temps.

Hermione esquissa un sourire. Soudain, la nouvelle cheminée du hall d'entrée rugit et déposa une famille de quatre personnes sur le tapis, deux adultes et deux enfants, encombrés de plusieurs valises.

— Et les voilà ! s'exclama la Gryffondor. Bienvenue au Manoir Malefoy, vous avez fait bon voyage ?
— Oui, merci, répondit l'homme en regardant autour de lui. Impressionnant... J'avais de gros aprioris sur cette maison, mais elle semble en excellent état.
— Elle n'a jamais été une ruine, Monsieur.

L'homme tourna la tête et Lucius s'approcha. Hermione nota immédiatement le changement d'attitude de son compagnon et croisa le regard de Drago, qui opina légèrement.

— Monsieur Malefoy, je présume ? demanda l'homme en tendant une main.
— En personne. C'est un plaisir de vous recevoir dans ma maison.
— Nous sommes ravis aussi, il y a bien longtemps que mon épouse voulait passer quelques jours dans un authentique manoir victorien, mais les prix nous ont toujours incité à repousser...
— J'espère donc que notre maison sera à la hauteur de vos espérances, répondit Hermione. Nous allons vous conduire à votre chambre, comme demandé, elle donne sur les jardins, il y a un balcon et vous trouverez une brochure avec les divers services que nous offrons. Drago ?
— Oui, venez, suivez-moi.

Le blond fit signe à la famille de le suivre et le père indiqua qu'il les rejoignait, le temps de régler les formalités. Entre-temps, Lucius avait fichu le camp et l'homme s'en aperçut.

— Ne vous en faites pas, il fait de son mieux, répondit Hermione. Je lui ai un peu forcé la main, mais c'était ouvrir sa maison aux curieux, ou bien la vendre.
— Entretenir une telle demeure doit certainement coûter cher, admit l'homme. Dites-moi, qu'est-ce qu'une jeune femme comme vous fiche ici ? Je vous verrais plutôt professeur à Poudlard ou au Ministère...

Hermione sourit.

— Disons qu'à défaut d'avoir la reconnaissance que je mérite pour avoir aidé à défaire Voldemort, je survis comme je peux. Je suis la nouvelle épouse de Monsieur Malefoy, ou peu s'en faut, et je dois dire que notre rencontre m'a tiré une grosse épingle du pied.
— L'année qui s'est écoulée n'a pas été rose pour nous autres, admit l'homme. Je suis un ancien Auror, j'ai pris ma retraite après la Bataille de Poudlard, parfois je songe à reprendre le service, puis je tombe sur les mensonges du ministère dans les journaux... Je suis désolé, Miss Granger, de ce qui vous est arrivé après la bataille, cette ignorance dont tout le monde fait preuve, car vous étiez des enfants et c'est insupportable.

Hermione esquissa un sourire. L'homme posa une main sur son bras et elle hocha la tête.

— Tout va bien, assura-t-elle. Harry Potter va bien, je vais bien, Ron Weasley va bien.
— Tant mieux alors, mais entre nous, Miss Granger...
— Oui, je sais.

L'homme inclina la tête, récupéra la clef de la chambre et quelques papiers puis rejoignit sa famille qui attendait au premier étage en écoutant les explications de Drago.

.

Après s'être assurée que les premiers vacanciers du manoir étaient bien installés, Drago rejoignit son père et Hermione dans le salon. Il était réservé pour eux, mais le grand salon de réception avait été aménagé en salle à manger et petit salon pour les locataires où ils pouvaient venir librement et même piocher dans une partie de l'imposante bibliothèque de Lucius qu'il avait accepté de mettre à disposition, un peu à contrecœur, et bien entendu, que des livres sans réelle valeur.

— Ils sont posés ?
— Ouaip, et la femme est conquise.
— Tant mieux, ils n'en diront que du bon, dans ce cas.

Hermione sourit. Elle était debout devant la cheminée, pensive, et quand elle croisa le regard de Drago, elle plissa le nez.

— Demain, j'irai au Terrier, décida-t-elle soudain.
— Mione, laisse-les tranquille... répondit Drago.
— Je le voudrais, je t'assure, mais je suis inquiète... Personne n'a de nouvelles d'eux depuis bientôt deux ans, même Percy ne parvient pas à arracher plus qu'un "On va bien", c'est très inquiétant. Tu viendrais avec moi ?
— Je ne suis pas très aimé les Weasley...
— Je sais, mais je ne peux pas demander à Harry... C'est sa deuxième famille, les savoir souffrants en le tenant à l'écart lui est difficile.
— Il m'en a parlé, oui, répondit Malefoy, bouche pincée. Il voudrait aussi aller là-bas, en revanche il craint d'être mal reçu ou chassé.
— Vous allez à Poudlard, demain ? demanda alors la jeune femme.

Malefoy opina. Lucius entra dans la pièce quand il ouvrit la bouche pour répondre et il demeura silencieux en fronçant les sourcils.

— Père ? Que se passe-t-il ?

Hermione pivota et observa son compagnon traverser la pièce pour se rendre à un petit secrétaire et y ranger un courrier.

— Lucius ?
— Ce n'est rien, juste un courrier... répondit l'homme en refermant rapidement le meuble.
— De la banque, n'est-ce pas ? répondit la Gryffondor en grimaçant.

L'homme blond demeura dos à eux un moment puis soupira et leur fit face. Son expression sonna une alerte chez Hermione qui fronça les sourcils.

— Combien ? demanda-t-elle.
— Combien quoi ? répondit Malefoy.
— C'est la combientième lettre, précisa la jeune femme.

Elle jeta un coup d'œil à Drago puis reporta son attention sur son père.

— Sept. En un mois.
— Père ! s'exclama Malefoy junior. Sept lettres de la banque en un mois ! Et vous n'avez rien dit ?
— Et quoi ? C'est à moi qu'appartient cette bicoque, cela ne vous regarde pas.
— Nous y vivons, rappela Hermione, inquiète. Pourquoi ne m'avez-vous rien dit, vous savez que je peux régler vos dettes sans problème et...
— Je ne veux pas de votre argent, Hermione, combien de fois devrais-je vous le dire ? répliqua alors Lucius en la regardant durement. C'est ma maison ! C'est moi le maître, c'est à moi de régler les problèmes d'argent !
— Mais vous n'y arrivez pas ! s'exclama la jeune femme en retour. Sept lettres ! Sept, Lucius ! Ils peuvent débarquer demain avec les huissiers et nous expulser !

Avec un geste du bras, la jeune femme quitta le salon et claqua la porte après elle. Un silence pesant tomba.

— Vous êtes content ? lâcha alors Drago. Bon sang, Papa, elle peut vous aider, pourquoi vous ne la laissez pas faire ?
— Parce que je ne veux pas de cet argent qu'elle a obtenu en s'offrant à d'autres hommes, je l'ai déjà dit, il me semble.
— L'argent n'a ni odeur, ni couleur, répondit Drago, les sourcils froncés. Mais je dis ça comme ça... Bon après-midi, père.

Drago quitta la pièce à son tour et Lucius soupira en serrant les poings. Non, il ne demanderait jamais d'argent à Hermione, il préférait encore perdre le manoir plutôt que s'abaisser à cela. Jamais Narcissa ne lui avait donné le moindre penny, quand bien même elle avait hérité d'une confortable somme d'argent à la mort de son père.
Agacé, Lucius décida d'aller prendre l'air dans les jardins.

Réfugiée dans la cuisine, Hermione était contrariée, assise à la table, en train de lire un magazine dont elle tournait les pages un peu vivement. Quand Drago entra à son tour, il croisa le regard d'une elfe de maison qui hocha la tête et disparut dans un petit nuage blanc. Le Serpentard entoura ensuite la Gryffondor de ses bras, dos à lui, et elle soupira en se redressant. Quand elle posa sa tête contre son épaule, il sourit.

— Rien qu'un câlin ne saurait guérir, dit-il.

Il s'écarta ensuite et prit place sur un tabouret ; Hermione le regarda et soupira en repoussant la revue.

— Sept lettres de la banque Drago... Il ne m'en a pas parlé, il ne les ouvre même pas...
— Ce sont des relances d'impayés, il sait ce que c'est et il ne veut voir la vérité en face, c'est tout.
— Eh bien, il le faudra, parce que le prix du séjour de nos locataires n'ira pas rembourser les dettes de ton père.
— Il le sait ?
— Oui. Pour le moment, cet argent servira à finir d'aménager la main d'hôtes, ensuite seulement, quand on commencera à faire du profit, on pourra s'en servir pour payer ce que ton père doit à la banque.
— Ça risque de prendre des mois...
— Et ça prendra des mois, parce que même si je fais ce que tu as en tête, ça ne marchera pas et il m'en voudra.
— Legilimancie ?
— Instinct. Si jamais je force son tiroir et que je paie à la banque de qu'il leur doit, ton père ne me le pardonnera jamais et me renverra dans la rue. Je ne le supporterai pas.

Drago ne répondit rien. La porte de la cuisine s'ouvrit soudain sur la femme et un de ses enfants ; le couple se retourna, surpris et la femme s'excusa.

— Nous dérangeons ? Nous visitions un peu...
— Non, ce n'est rien. Entrez, je vous en prie, répondit Hermione. Vous voilà dans la cuisine du manoir, nous avons une dizaine d'elfes de maison pour vous servir, et si vous voulez un jambon-beurre à minuit, ils vous le feront.

La femme rigola et Drago observa la petite fille qui était arrivée avec elle. L'enfant regardait la pièce avec des étoiles sans les yeux. Elle devait avoir quatre ans, pas plus, et tout semblait être une découverte.

— Vous avez accès à toutes les pièces à droite du grand escalier, dit soudain Hermione en réponse à la femme. Vos enfants peuvent jouer dehors sans risques, le terrain est entièrement clôturé.
— C'est bon à savoir, nos enfants aiment jouer dehors, nous avons un jardin à Londres, c'est assez rare, et ils en profitent bien.
— Mes parents aussi avaient un jardin, sourit Hermione. Mais ils ne se souviennent plus que leur fille y jouait.

Drago baissa les yeux sur la Gryffondor qui secoua la tête.

— Nous avons entendu parler de cela, répondit la femme, soudain attristée. Quel malheur que devoir effacer la mémoire de ses propres parents...
— Pour leur sauver la vie, je n'avais pas le choix. Je préfère qu'ils m'aient oubliée et que je puisse les revoir de temps en temps, plutôt qu'ils soient morts et que...

La femme serra les lèvres, compatissante, et Drago posa une main sur l'épaule d'Hermione qui lui sourit doucement.

— J'espère que votre projet va marcher, Miss Granger, dit alors la femme en jetant un coup d'œil vers sa ville qui s'était éloignée, intriguée par l'elfe de maison revenu en cuisine.
— Ce serait une bonne chose, répondit alors Drago. Cette maison est un gouffre financier et ma famille rechigne à aider mon père à l'entretenir, après tout, même s'il a payé pour cela, bien plus qu'il n'aurait dû, il a mal tourné...
— Nous allons parler en bien de cette maison, en tout cas ! répondit la femme. Tout est agréable pour le moment, c'est calme, confortable, spacieux, et les hôtes sont très agréables !

Hermione sourit avec une pointe de rouge sur les joues ; la femme appela alors sa fille et elles quittèrent la cuisine. Se tournant vers la brunette, Malefoy l'observa ; quand elle passa ses bras autour de son torse en posant son front contre, il soupira et lui caressa les cheveux.

— On va s'en sortir, ne t'en fais pas, dit-il. Si vraiment, je demanderai à Harry d'aider mon père. Il ne pourra pas refuser de l'argent de son futur gendre.

Hermione se redressa avec un sourire amusé puis soupira.

— Qu'il ne veuille pas de mon argent, je comprends, ce que je n'admets pas, c'est qu'il me cache des choses alors qu'il clame partout que nous sommes fiancés !
— C'est la mentalité des hommes de cette famille... Nous sommes fiers de ce que nous n'avons obtenu, souvent à force de batailles, mais admettre nos faiblesses, c'est autre chose...
— Est-ce que tu es comme ça avec Harry aussi ?
— Ouais, parfois, mais il me recadre très vite, va...

Hermione sourit puis demanda à l'elfe de maison de préparer le déjeuner pour les hôtes. Exceptionnellement, le premier jour, tout le monde prenait les repas ensemble, pour faire les présentations, puis le reste du temps, chacun faisait comme il le sentait...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top