Chapitre 30
— Où je mets ça ?
— Ah, le fauteuil, sous la fenêtre, merci Harry.
Harry sourit à Hermione et déposa le fauteuil en toile beige près de la fenêtre. Il était sale et aurait besoin d'un bon coup de vernis, mais chaque chose en son temps.
— Malefoy a deux autres fauteuils du même genre, dit alors le Gryffondor.
— Un dans chacune des deux grandes chambres dans l'aile Est, répondit la brunette, occupée à faire le lit de la chambre où elle se trouvait. Tout est indiqué sur les meubles.
Harry hocha la tête et remonta au grenier. Il y retrouva son compagnon enveloppé dans une grande blouse grise, avec un masque sur le visage pour se protéger de la poussière.
— T'as autre chose à descendre ?
— C'est trop lourd pour toi, répondit le blond en montrant une commode à quatre tiroirs. Qu'est-ce qu'elle a dit, pour les autres fauteuils ?
— Que c'est tout marqué dessus...
Malefoy leva les yeux au plafond puis Harry sourit et se dirigea vers les meubles entassés. Depuis deux semaines, tout avait été soigneusement répertorié et distribué dans toutes les pièces du Manoir Malefoy. Hermione avait dessiné des plans de chaque chambre, afin de répartir le mobilier au mieux et, sur le sol de chaque chambre, des papiers avaient été posés pour indiquer l'emplacement des objets manquants qui seront à acheter prochainement.
— Où est ton père ? demanda alors Harry.
— En ville... Il doit commander une vingtaine de matelas neufs...
Harry haussa un sourcil et Malefoy soupira.
— Granger a raison, dit-il ensuite. Les clients ne vont pas dormir sur des matelas défoncés qui n'ont pas été utilisés depuis peut-être cinquante ans... Non, ils sont bons pour la poubelle, je t'assure.
Harry resta silencieux puis s'approcha d'une armoire et regarda le petit papier collé sur son miroir.
— Chambre numéro huit, dit-il. Mais encore ?
— Aile est, répondit Malefoy avec un sourire. À droite du palier qui monte du hall d'entrée.
— Merci, chéri.
Le brun posa ses mains sur le meuble et transplana avec. Malefoy s'accrocha à sa table en marmonnant puis soupira et continua de trier le linge de maison entassé dans une immense caisse en bois. Il s'était affublé d'un masque fait d'un chiffon parce qu'il avait remarqué des mites qui volaient dans la pièce sombre et il n'avait aucune envie d'en déranger en remuant des draps et des couvertures qui n'avaient pas vu le soleil depuis des années...
.
— Hermione, vous êtes là ?
Hermione leva la tête et Lucius apparut dans la porte de la chambre que la jeune femme arrangeait. Elle lui sourit et il entra.
— Qu'y a-t-il ? demanda-t-elle.
— Rien, je voulais juste savoir si vous vous en sortiez...
— Eh bien, pour l'instant, oui, grâce aux garçons... Et vous, vous avez fait ce que j'avais demandé ce matin ?
— Oui, oui, les matelas sont commandés, ils nous seront livrés la semaine prochaine.
— Il y en a pour cher ?
— Un matelas à cent-trente-cinq Galions, multiplié par vingt chambres, faites le calcul, répondit Lucius.
Hermione plissa le nez.
— Quasiment deux mille Galions... Mais bon, c'est nécessaire, et je suis certaine que ce sera rapidement remboursé, répondit-elle. De toute façon, c'est moi qui paie.
Lucius préféra ne rien répondre et laissa la jeune femme à son rangement. N'ayant rien de particulier à faire, il rejoignit son fils dans les greniers et entreprit de l'aider à avancer son tri.
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À midi, les quatre sorciers déjeunèrent ensemble puis Harry les abandonna pour aller travailler et les trois autres se remirent au boulot. À la fin de la journée, huit des vingt chambres étaient entièrement meublées avec ce qui avait été trouvé dans les greniers du Manoir et Sedia venait de partir avec tous les draps et les tentures pour les faire laver sur le Chemin de Traverse.
— On a bien avancé, dit Hermione en se laissant tomber dans un fauteuil du salon. Huit chambres sur vingt en une seule journée, c'est impressionnant.
— À quatre, nous faisons une chambre chacun, c'est rapide, répondit Lucius en se servant un verre de Bourbon. Fils ?
— Volontiers.
— Moi aussi, dit Hermione en levant la main.
Lucius lui jeta un regard en biais et servit trois verres. Il déposa celui d'Hermione sur sa main levée et la jeune femme lui décocha un sourire quand il s'assit dans le canapé en face d'elle, près de son fils.
— Moi, je suis claqué, dit alors celui-ci. Potter voulait que je le rejoigne ce soir à son club, je vais passer...
— Non, vas-y, dit Hermione en se redressant. Je m'en voudrais de te retenir ici alors que tu as une vie.
— Une vie... répondit Malefoy en levant les yeux. Je sors avec un mec qui passe son temps entre un bar pour sorciers, la maison de son oncle et de sa tante et une vieille baraque branlante qui attend l'entrepreneur... Je n'appelle pas ça une vie, moi. Et puis, de toute façon je vis toujours ici.
Hermione ne trouva rien à redire et sourit. Le Serpentard haussa un sourcil à son attention puis vida son verre et annonça qu'il allait prendre une douche avant le dîner. Lucius se tourna alors vers Hermione et la regarda.
— Quoi ? demanda la jeune femme avec un sourire. J'ai quelque chose sur le nez ?
— Hum, non... J'étais juste en train de me dire que si vous n'aviez pas été si jeune par rapport à moi, et si vous n'acceptiez pas de m'épouser juste pour laisser votre vie dépravée derrière vous, vous feriez une très bonne mère, Hermione.
La Gryffondor s'étouffa aussitôt dans son verre.
— Oh, Merlin, non... ! dit-elle, ses doigts contre sa bouche. Je... Non, oubliez tout de suite cette idée, je n'ai jamais eu la prétention d'avoir un jour des enfants !
Lucius haussa les sourcils.
— Ah ? Jamais, jamais ? s'étonna-t-il. Pourtant, vous êtes une jeune femme intelligente, puissante... et jolie.
— Merci, mais non, je n'ai pas la... fibre maternelle, répondit la jeune femme. Je n'ai pas de patience, je m'agace dès que les choses ne vont pas dans le sens que je le veux, ou aussi vite que je le voudrais... Un enfant sera malheureux avec moi.
Lucius resta silencieux et termina son verre.
— Dommage, acheva-t-il en se levant. Je vais faire une balade dans les jardins, annonça-t-il ensuite. Si cela vous tente... ?
Hermione lui adressa un mince sourire en secouant la tête et l'homme quitta la maison, profitant que le soleil soit passé de l'autre côté du Manoir, éclairant sa façade, et plongeant ainsi les vastes jardins dans une ombre bienfaisante.
Hermione resta seule dans le salon un moment, pensive. Jamais de toute sa vie elle ne s'était imaginée avec des enfants, et encore moins fiancée ou mariée ! Elle avait toujours cru sa vie vouée à la connaissance, à l'apprentissage ; elle se voyait dans une grande bibliothèque, ou peut-être dans une Université, comme professeur, à dispenser tout le savoir qu'elle avait emmagasiné pendant sa jeunesse !
Une bonne mère... songea la Gryffondor.
Elle posa son menton sur son poing et observa la cheminée éteinte. Sedia apparut alors en chantonnant et Hermione le regarda un moment s'affairer dans la pièce.
— Sedia ? demanda-t-elle au bout de quelques secondes.
— Oui, Mademoiselle ?
— As-tu des enfants ?
L'Elfe regarda la jeune femme avec étonnement puis secoua la tête.
— Les Elfes de Maisons ne sont pas autorisés à procréer, Mademoiselle.
Hermione se redressa, surprise.
— Ah non ? Mais alors comment assurez-vous la pérennité de votre race ?
Sedia regarda la jeune sorcière et sourit doucement.
— Nous ne pouvons avoir des petits que lorsque nous ne sommes pas rattachés à une famille sorcière.
— Ah ? Mais alors, vous... Je veux dire, je ne connais qu'un seul Elfe de Maison qui n'était plus rattaché à une famille sorcière et...
Hermione se tut en se rappelant Dobby et sa mort inutile.
— Vous parlez de Dobby, Mademoiselle ? Mon prédécesseur ? demanda alors Sedia.
— Oui, je...
Hermione se reprit et ajouta :
— Je ne connais aucun Elfe de Maison qui soit libre, dit-elle. Cela existe ?
Sedia esquissa un sourire.
— À votre avis, Mademoiselle, d'où viens-je ?
— Je... l'ignore.
— Pour votre gouverne, mon amie, les Elfes de Maison ne sont autorisés à se reproduire que lorsqu'ils sont âgés de deux ans, ni avant, ni après.
Hermione pivota et Lucius entra en retirant sa cape. Il s'approcha de Sedia qui le regarda d'en bas, puis il alla s'asseoir près de la Gryffondor.
— Deux ans, c'est très jeune, dit-elle alors.
— Non, répondit Sedia. Notre physiologie est très différente de celle des sorciers, nous sommes... une sorte de race animale plus intelligente que les animaux classiques. Nous naissons déjà aptes à vivre par nous-mêmes, nous ne restons que quelques semaines avec notre mère. Ensuite, nous partons chercher un compagnon ou une compagne, nous fondons une famille, si je peux appeler cela ainsi, puis nous cherchons une famille sorcière à servir jusqu'à la fin de notre vie.
Hermione serra les lèvres et croisa le regard de Lucius.
— C'est... triste comme vie, dit-elle.
— Mais c'est comme cela, Mademoiselle, et vous ne pourrez rien y changer. Sur ce, j'ai encore du travail, veuillez m'excuser.
L'Elfe de Maison disparut la seconde suivante dans une autre pièce et Hermione soupira. Un silence s'installa et Lucius se releva alors pour aller se resservir un verre d'alcool. Hermione secoua la tête quand il le lui proposa, montrant qu'elle n'avait pas encore terminé le premier, avant de le vider et d'annoncer aller se reposer jusqu'au dîner.
Lucius la regarda partir et grimaça. Parfois, il avait du mal à cerner cette jeune femme à l'humeur si changeante. Il était content qu'elle se soit attachée à lui, qu'elle ait su reconnaitre qu'il avait changé et qu'elle se sente bien dans le Manoir au point de faire des plans sur le futur, mais d'un autre côté, il ne la comprenait que rarement et il n'osait pas poser de questions de peur de la braquer encore plus.
— Chaque chose en son temps, dit-il en ressortant sur la terrasse profiter de la fraicheur. Chaque chose en son temps...
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