Chapitre 23
— Vous en êtes certain ?
— Non, mais pour ma conscience, j'aurais moins de peine à demander de l'argent à mon épouse qu'à une locataire, même si vous m'avez assuré que payer un loyer ne vous dérangerait pas.
— En effet, je n'y vois aucun inconvénient, j'ai une chambre plus que spacieuse, j'ai pu la décorer comme je le voulais sans acheter un seul meuble, je peux aller et venir dans presque tout le manoir sans autorisation et faire comme chez moi... Sincèrement, Monsieur Malefoy, je...
— Je sais, Miss, mais comprenez mon point de vue, mettez-vous à ma place un moment et imaginez que vous ayez une maison, une grande maison familiale, et qu'elle ait grand besoin d'un coup de neuf. Vous vivez seule et vous avez juste votre fils avec vous qui, même s'il est en âge de vivre sa vie, ne va pas dépenser de l'argent dans une maison où il ne vivra pas toute sa vie...
Hermione inclina la tête pour acquiescer. Lucius s'adossa alors à son fauteuil et soupira.
— Vous vivez chez moi gracieusement, dit-il. Je vous ai littéralement sortie de la rue, et je n'attends rien en retour pour cela...
— Mais votre manoir tombe en ruines et vous n'avez pas assez d'argent pour le maintenir, dit Hermione. Je vous ai proposé un loyer, cela vous gêne donc vous voulez m'épouser pour régler ce dilemme, mais il y a peut-être une autre solution.
— Laquelle ?
Hermione esquissa un sourire.
— La solution qui pourrait m'aider à rénover le Manoir Rogue dans la foulée, dit-elle. Une maison d'hôtes, ici, dans le manoir.
Un silence pesant dégringola sur la pièce et Lucius blêmit. Il se redressa et regarda la jeune femme assise en face de lui, bras et jambes croisés.
— Excusez-moi... dit-il. Une quoi ?
— Une maison d'hôtes, répéta Hermione. C'est quelque chose qui se fait beaucoup chez les Moldus ces dernières années. Vous proposez des chambres à louer pour une ou plusieurs nuits, et le petit-déjeuner. Les gens arrivent quand ils arrivent, s'installent, et vivent avec nous pendant leur séjour.
— Avec nous... ? Genre, un couple de Moldus inconnus vient s'installer dans l'ancienne chambre de Narcissa et font comme chez eux pendant un temps donné, et en échange, ils me paient ?
— Exactement... En quelques mois, si cela fonctionne bien, on pourrait avoir de quoi refaire le toit, dit Hermione. Cependant, avant, il va falloir s'organiser et refaire quelques chambres, écrire des règles de vie dans la maison et délimiter les pièces interdites aux locataires.
Lucius grimaça.
— Tout cela me paraît bien compliqué, dit-il. Cette idée est-elle pour éviter de m'épouser ?
Hermione serra les lèvres.
— Non, dit-elle en décroisant les bras. Mais autant j'ai déjà la base de ce qu'il faut faire pour ouvrir une maison d'hôtes dans le Manoir, sorcière ou Moldue, comme vous voudrez, autant je dois réfléchir pour ce qui est de ce mariage, car même s'il ne m'engage à rien, cela reste un mariage et je deviendrai un Malefoy, je perdrai le peu qui me reste de mes parents et...
— N'en dites pas plus, la coupa Lucius en levant la main. Je comprends. Prenez votre temps, réfléchissez-y, moi de mon côté, je vais étudier votre proposition et voir si c'est faisable avec uniquement des sorciers, car j'ai peur que les Moldus... Vous comprenez.
Hermione opina. Elle quitta alors le petit salon et regagna sa chambre. Elle devait encore envoyer au Notaire un ordre de transfert d'argent pour que l'acte de propriété du Manoir Rogue soit modifié à son nom...
.
La soirée ayant été un peu surprenante, tout le monde se coucha tôt, mais au petit matin, Hermione se réveilla avanr le soleil et fur incapable de rendormir.
Un peu agacée, elle s'habilla et quitta sa chambre. Elle tirair la porte dans son dos quand elle sentit une présence et se retourna. Elle sourit à Lucius qui sortait lui aussi de sa chambre.
— Bonjour, Hermione...
— Bonjour... Vous avez aussi mal dormi que moi ?
— Oh, non, je me lève à cinq heures tous les matins pour m'occuper des chevaux... En général je retourne me coucher un moment après, mais pas ce matin.
Hermione hocha la tête.
— La soirée m'a un peu perturbée, répondit-elle. J'ai veillé tard en cherchant un moyen qui puisse vous permettre d'entretenir cette maison, et me permettre dans la foulée, de rénover le manoir Rogue...
— Vous tenez réellement à m'aider, on dirait...
— Oui. J'étais sincère hier.
Lucius haussa un sourcil.
— Alors, vous l'avez donc acheté... dit-il. Le manoir de Severus...
— Une bouchée de pain, mais oui, répondit la jeune femme. Le toit du hall s'est effondré il y a quelques semaines, et le prix a dégringolé, mais c'est tant mieux pour moi, j'aurais plus d'argent pour le rénover.
Lucius soupira par le nez et la rejoignit comme elle s'éloignait vers l'escalier. Lorsqu'elle regarda vers l'autre partie du palier, il haussa un sourcil.
— Voudriez-vous visiter ? demanda-t-il alors.
— Visiter ? Est-ce si grand que cela ? s'étonna la jeune femme.
— Il y a quatre chambres de ce côté du palier, quatre de l'autre, huit de plus au deuxième étage, et huit au troisième, répondit Lucius. Il y a des greniers dans chaque toit du manoir, blindés de choses en tous genres...
Hermione se souvint alors y être allée avec Malefoy, quelque temps en arrière... Elle regarda Lucius et passa sa main dans le creux de son bras.
— Allons-y, dit-elle. Au fait, où est Drago ?
— Chez Potter... Si j'ai bien compris, il a dans l'idée d'aller vivre chez Black et il se pourrait qu'il demande à mon fils de s'installer avec lui...
Hermione haussa les sourcils, surprise. Elle ne savait pas que la relation entre Harry et son ancienne Némésis était aussi aboutie... Avec un mouvement d'épaules, elle éluda l'histoire et enjoignit son hôte à lui faire visiter la maison.
— Chaque chambre à une salle de bains, dit Lucius comme Hermione entrait dans la première chambre du deuxième étage. Comme vous le voyez, un peu de ménage ne serait pas du luxe, mais globalement, tout est en très bon état.
— Il faudra des literies neuves, dit Hermione. Pas question que les clients dorment dans des draps qui ont près de cent ans.
Comme Lucius grimaçait, Hermione s'empressa de préciser qu'elle s'occuperait de tout. Il grimaça encore plus et la jeune femme souffla.
— Pourquoi refusez-vous ? demanda-t-elle en revenant vers lui.
— Je ne refuse pas... Je pense simplement qu'un mariage serait beaucoup moins... compliqué.
Hermione serra les lèvres. Ils quittèrent la pièce et retournèrent dans le couloir au sol moquetté poussiéreux.
— Écoutez, Lucius, dit la jeune femme. Je vous apprécie beaucoup, mais je ne pense pas pouvoir supporter de perdre à nouveau mes parents...
— Vous ne... Oh, je vois, oui... Mais sachez que je ne vous obligerai pas à porter mon nom, sinon lors d'actes administratifs...
Hermione plissa le nez. Elle prit les mains de l'homme dans les siennes et il serra les doigts. Il récupéra ensuite une main et caressa les cheveux de la jeune femme. Elle se glissa alors dans ses bras et il l'enlaça doucement. Elle soupira contre lui puis se redressa.
— Vous épouser mettrait définitivement ma vie de putain derrière moi, dit-elle. Mais psychologiquement, je ne suis pas sûre de supporter qu'on m'appelle Madame Malefoy...
Lucius lui caressa la joue et hocha la tête.
— Je comprends... Prenez votre temps, et s'il faut que nous fassions ce que vous avez proposé avant que vous ne consentiez à prendre une décision, alors nous le ferons, répondit l'homme blond.
Hermione sourit doucement. Lucius l'embrassa alors sur le front puis, passant son bras sur ses épaules, ils redescendirent au rez-de-chaussée et Hermione se rendit à la cuisine pour prendre un petit-déjeuner.
.
— Une maison d'hôtes ?
— Oui, tu connais ?
Harry hocha la tête. Juché sur un escabeau, il était en train de dépendre les vilaines tentures vertes du salon de l'ancienne maison de Sirius. Malefoy leva les bras pour réceptionner le lourd tissu et Harry descendit en le remerciant.
— Ça pourrait être une bonne idée, dit-il alors. Je crois savoir que les séjours sont relativement chers dans une maison d'hôtes, et avec le nombre de chambres que vous avez, ce sera facile de faire rentrer une jolie somme assez rapidement. Votre Elfe pourra suivre ?
— Potter, c'est un Elfe de Maison, elle saura tout faire toute seule, répondit Drago avec un sourire en coin.
Le Gryffondor lui tira la langue puis ils allèrent jeter les vieux rideaux dans une benne à l'arrière de la maison qui était bien pleine de toutes les vieilleries de la grande maison. Quand ils revinrent dans la maison, Malefoy passa devant l'escalier et une bordée d'injures retentit. Il bondit de frayeur et jura.
— Chéri, jure-moi que tu vas te débarrasser de cette horreur ! s'exclama-t-il, une main sur le cœur. Je ne vais pas supporter longtemps de me faire insulter à chaque fois que je vais passer devant cet escalier... surtout que je suis loin d'être un « traitre à ma race » !
Harry, retourné dans le salon, rigola et Malefoy le rejoignit en récupérant ses gants de travail. Il les enfila et regarda son compagnon qui était en train de chercher comme démanteler un vieux bar démodé.
— Pourquoi est-ce que tu n'utilises pas la magie ?
— Cette maison est trop ancienne, répondit Harry. Je n'ai pas envie qu'un truc me tombe sur le nez parce que j'ai réactivé je ne sais quel charme endormi.
Il donna un coup de poing sous le plateau et il se désolidarisa aussitôt. Malefoy vint l'aider à le retirer et les deux garçons se regardèrent alors, perplexes.
— Si je m'attendais à ça... dit Malefoy. Ton parrain a d'autres cachettes comme ça ?
Harry sourit et ils posèrent le plateau à côté d'eux puis le Gryffondor plongea la main dans le bar en tira plusieurs bouteilles d'alcool, ainsi que des boîtes en fer et en bois soigneusement fermées.
Prenant une boîte, Drago la secoua et Harry fit la grimace.
— Je ne ferais pas ça à ta place, dit-il. Vieille maison, tu as oublié ?
Malefoy serra les lèvres et reposa la boîte.
— Ouais, dit-il. Je te laisse les boîtes, je vais aller ranger les bouteilles...
— Bah voyons... Et les goûter aussi ?
— Hey, comment je saurais si elles sont daubées, sinon ?
Harry secoua la tête et regarda le Serpentard s'en aller en chantonnant, les six bouteilles d'alcool serrées dans ses bras. Il disparut dans la cuisine et le brun baissa alors les yeux sur les trois boites devant lui. Il y en avait une en bois avec une serrure, couverte de plusieurs années de poussière, et les deux autres étaient en métal, comme ces petits coffres-forts pour enfant qu'on peut trouver dans les magasins pour Moldus.
— Bon, voyons voir...
Harry tira sa baguette magique et murmura le sort pour déverrouiller les cadenas d'un des deux coffres en métal. Il le retira ensuite et bascula le couvercle. Un sourire s'étira sur ses lèvres quand il découvrit des photos d'identités de son parrain, quand il était enfant et adolescent, ainsi que plusieurs objets du passé auxquels il devait tenir.
Dans le second coffret en métal, les objets avaient appartenu à une fille, il y avait des fleurs séchées, des bracelets, des barrettes et autres. Harry le mit de côté et s'intéressa au coffret en bois. Il était ouvragé et avait très bien résisté au temps, contrairement aux deux autres piquetés de rouille.
— Alors, ça donne quoi ? demanda Malefoy en revenant dans le salon.
— Des souvenirs de Sirius quand il était petit, et ceux d'une fille, mais je ne crois pas qu'il ait eu une sœur...
— Ma mère, la mère de Tonks et Bellatrix étaient cousines avec Black, dit Drago. Quand ils étaient enfants, ils devaient toujours être ensemble.
— Tu crois ? On va dire que oui, même si j'ai du mal à imaginer ta mère et ta tante jouer à la poupée...
Malefoy rigola. Harry entreprit alors d'ouvrir le coffret en bois et les deux garçons découvrirent d'autres souvenirs, encore plus anciens.
— Je la connais, dit alors Malefoy.
— C'est la mère de Sirius, Walburga. C'est le portrait, dans l'escalier...
— Ah d'accord... Elle était plus jolie quand elle était jeune.
Harry ne put qu'acquiescer. Il déposa ensuite les autres souvenirs sur le plateau du bar et ne trouva rien de spécial qui vaille qu'on s'y intéresse, sinon un pendentif en or avec le blason des Black gravé dessus.
— Tu peux toujours le garder, c'est ta famille, après tout, dit Malefoy.
— Et la tienne, répondit Harry.
Un silence s'installa et Malefoy soupira profondément.
— Et dire que nous sommes cousins, toi et moi, et qu'on ne l'a jamais su parce que les Black se détestaient entre eux. Enfin, cousins, dans le sens où tu es le fils de cœur de Sirius Black, du moins !
— Ouais... Heureusement, on n'a pas l'intention d'avoir des enfants ! répliqua Harry en rigolant.
Malefoy pouffa puis ils rangèrent les coffres et entreprirent de finir de démonter le vieux bar branlant.
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