Chapitre 19

Assise sur son lit, Hermione était pensive. Cette petite virée à Poudlard avait révélé des choses étranges dont elle n'avait pas conscience, notamment sur cette relation qu'elle avait établie avec Lucius Malefoy.
La veille dimanche, Drago était allé voir sa mère et Hermione était restée seule au Manoir. Lucius avait passé une bonne partie de la journée dans son bureau et la jeune femme, dans la bibliothèque. Il ne l'avait rejointe qu'à l'heure du thé, pour le partager avec elle et ils avaient discuté bouquins jusqu'au dîner.

Hermione regarda la pile de livres sur la commode, près de la porte de sa chambre. Des ouvrages recommandés par Lucius...
Avec un soupir, elle déplia ses jambes et agita ses pieds ankylosés. Elle se leva ensuite et s'approcha de la haute fenêtre. Elle donnait sur les jardins, derrière le Manoir, et la jeune femme plissa le nez en imaginant, au fond, le Manoir de Rogue, abandonné aux éléments depuis des années.
Cela faisait un mois qu'elle vivait chez les Malefoy à présent, et Drago, ravi d'avoir été libéré de son serment avec Astoria, avait déménagé ses affaires de son appartement Londonien pour revenir vivre chez son père. Il avançait l'excuse qu'il était là pour qu'Hermione ne se sente pas trop seule, mais ni son père ni la Gryffondor ne le croyaient.

Une pendule sonna soudain et la Gryffondor se retourna. Sur le manteau de la cheminée, une petite horloge en métal était posée. C'était un cadeau de Mrs Granger, quand sa fille était entrée à Poudlard. C'était l'un des rares souvenirs de ses parents, avec leur photo, que la jeune femme avait pu conserver car elle n'avait jamais eu l'occasion de retourner dans son ancienne maison pour récupérer des affaires.

— Midi, souffla la Gryffondor. Allons manger quelque chose...

Aujourd'hui, elle était seule au Manoir. Lucius avait rendez-vous au Ministère pour une évaluation relative à sa récente libération de prison, et Drago passait la journée avec Harry. La jeune femme était contente que son meilleur ami ait décidé de renouer avec le Serpentard. Elle ne savait pas exactement quel type de relation ils avaient entretenu, mais se séparer leur avait beaucoup de mal à tous les deux, alors elle était contente pour eux qu'ils puissent se revoir.

— Sedia, as-tu quelque chose pour le déjeuner ?

Hermione entra dans la cuisine et l'Elfe de Maison, juchée sur un tabouret, se retourna.

— Je suis en train de préparer, dit-elle. Vous aimez les pâtes à la sauce tomate ?
— Bolognaise ?

L'Elfe agita ses oreilles puis hocha la tête.

— Oui, je peux faire, répondit-elle.

Elle sauta du tabouret et disparut dans le cellier. Elle revint peu après avec un morceau de viande crue et d'un claquement de doigts, elle le transforma en viande hachée assaisonnée.

— La magie, dit Hermione en s'asseyant. C'est vraiment idéal, surtout en cuisine.
— Oh oui ! s'exclama Sedia. Je me demande comment font les Moldus...
— Oh, ils prennent leur temps, répondit la jeune femme en haussant les épaules. Dis...
— Oui, Miss Granger ?
— Les garçons ne sont pas là... Aurais-tu un petit quelque chose qui sorte de l'ordinaire, rien que pour nous ?

Les oreilles de l'Elfe s'agitèrent à nouveau et un sourire étira sa bouche. Elle agita la main et une bouteille de champagne et deux flûtes apparurent sur la table. Hermione rigola.

— Nickel ! dit-elle en attrapant la bouteille. Les Elfes de Maison boivent de l'alcool ? s'étonna-t-elle ensuite.
— Si vous saviez... répondit mystérieusement la petite créature en se détournant.

Hermione haussa un sourcil. Elle secoua ensuite la tête et remplit les deux flûtes. Elle envoya voler l'une d'elles vers Sedia qui la remercia d'un sourire goguenard. La Gryffondor prit ensuite la sienne et la dégusta longuement. Grâce à certains de ses clients, elle avait appris à apprécier certains mets raffinés qu'ils lui offraient à la place de monnaie sonnante et trébuchante. Ainsi, elle avait goûté pour la première fois des huîtres, du caviar, du saumon, tous ces plats qu'en tant que prostituée, elle n'aurait jamais eu l'occasion de s'offrir un jour, étant persona non grata dans la majorité des restaurants du Chemin de Traverse.
Comme si elle suivait le fil de sa pensée, Sedia se retourna et observa la jeune sorcière.

— Si vous restez vivre ici, Miss Granger, Maître Lucius vous offrira tout ce que vous rêvez, dit-elle.
— Allons, je ne suis rien pour lui, répondit la jeune femme en se redressant. Je ne suis qu'une ancienne pute qu'il a sauvée de la misère et...
— Ne dites pas ça ! s'exclama Sedia, les sourcils froncés.

Hermione sursauta puis rentra le menton. L'Elfe s'excusa en remuant la tête puis soupira.

— Vous êtes Hermione Granger, dit-elle alors. Vous êtes celle qui a aidé le Survivant à vaincre Lord Voldemort, vous n'êtes pas qu'une vulgaire putain qu'un homme riche à recueillie, ce n'est pas vrai. Je ne veux plus vous entendre dire ça, c'est compris ?

Hermione baissa le nez.

— D'accord... Je suis désolée, Sedia, je...

L'Elfe secoua la tête puis soupira.

— Vous commencez à douter des intentions de Maître Lucius, dit-elle en se retournant vers sa marmite. C'est compréhensible, mais croyez-moi, il ne vous fera jamais souffrir... Il... Je pense qu'il tient à vous plus qu'il n'en a le droit.

Hermione regarda l'Elfe.

— Tu crois ?
— Je le pense, tout du moins... Madame Narcissa est partie, elle n'a pas supporté qu'il revienne et il se retrouve tout seul dans un moment où il aurait besoin d'une amie... Alors oui, Maître Drago est là, mais ce n'est pas pareil. Pourquoi un père se confierait-il à son fils ?

Hermione hocha lentement la tête. Elle observa les bulles dans le liquide doré devant elle, puis se redressa.

— Tu crois que je pourrais... devenir cette amie ?
— Eh bien... Pourquoi pas ? Vous avez le même âge que Maître Drago, ou peu s'en faut, mais la vie n'a pas été tendre avec vous et vous êtes devenue une femme bien trop tôt... Il ne vous voit pas comme une enfant, si c'est que vous craignez. Ni comme une prostituée.

Hermione baissa les yeux. Elle avala une gorgée de champagne puis Sedia lui demanda si elle pouvait mettre la table. La jeune femme s'exécuta, ravie de se changer les idées, et se paya le luxe de sortir l'argenterie. Sedia rigola.

— Avec vous comme Maîtresse, Miss Granger, je sens que je ne vais plus jamais m'ennuyer dans cette grande maison ! s'exclama-t-elle.

Hermione rigola à son tour puis elles déjeunèrent toutes les deux en échangeant comme jamais un sorcier n'avait échangé avec un être « inférieur » à lui, et la Gryffondor vit bien que cela faisait plaisir à Sedia d'avoir une autre « femelle » sous ce toit. Elle aimait beaucoup le nouveau Lucius Malefoy, et le nouveau Drago aussi, mais elle se sentait un peu seule depuis le départ de Narcissa, même si la sorcière ne l'avait jamais aimée.

.

Après le déjeuner, Hermione décida d'aller un peu sur internet. Elle n'avait pas eut de nouvelle du monde Moldu depuis des mois, et elle savait qu'elle avait manqué plein de choses. Sachant son père sur les réseaux sociaux, elle alla consulter son profil sur plusieurs sites et fut très émue, bien plus qu'elle ne le cru, en voyant sa photo et celle de sa mère, prises un peu partout dans le monde ou chez amis, prouvant que malgré l'effacement de leur mémoire, ils avaient continué à vivre.

— Sans moi...

Hermione renifla. Elle referma l'ordinateur et s'appuya contre le dossier de la chaise. Lucius lui avait dit qu'elle pouvait utiliser son ordinateur quand elle le voulait, mais jusqu'à maintenant, elle ne l'avait jamais fait, et là maintenant, elle regrettait de s'être laissée tentée.

— Miss Granger ?

Hermione sursauta et passa ses mains sur son visage.

— Monsieur Malefoy, dit-elle. Vous êtes déjà rentré, je...
— Qu'y a-t-il ? Vous pleurez ?

L'homme blond déposa son manteau sur le dossier d'un fauteuil puis s'approcha, intrigué. Hermione, qui s'était levée entre-temps, secoua la tête.

— Ce n'est rien, juste quelques... souvenirs...

Lucius regarda l'ordinateur fermé et soupira. Il posa alors une main sur l'épaule de la jeune femme et elle leva les yeux vers lui.

— S'il existe un seul moyen au monde pour que vos parents recouvrent la mémoire, nous le trouverons, dit-il. Vous entendez ? Si besoin, je mettrais tout mon argent à votre disposition pour que quelqu'un puisse vous rendre vos parents.

Hermione serra les lèvres et fondit soudain en larmes. Lucius dodelina de la tête puis la prit dans ses bras et la jeune femme se mit à sangloter contre son torse. Il lui caressa le dos en resserrant sa prise.

— Allez-y, dit-il. Pleurez, vous verrez, ça fait du bien...

Un sanglot secoua le corps menu serré contre lui et l'homme soupira profondément.

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