Chapitre 12
— Miss Granger, vous vous joignez à moi pour le déjeuner ?
— Drago n'est pas là ?
— Il s'est absenté un moment, pour expliquer à Miss Greengrass qu'il va passer quelque temps ici.
— Ah ? C'est gentil à lui, mais il n'est pas obligé, je...
— C'est lui qui a proposé, répondit Lucius.
Il indiqua une chaise libre et Hermione s'installa. Un Elfe de Maison apparut aussitôt et déposa des couverts devant elle puis disparut. Deux secondes après, les plats apparurent sur la table et Hermione esquissa un sourire.
— Cela vous fait penser à Poudlard, n'est-ce pas ?
— J'avoue... Tous les sorciers font ainsi ?
Lucius prit sa serviette de table et la déplia sur ses genoux.
— Tous ceux que je connais et qui ont des Elfes, oui, répondit-il. Servez-vous, vous êtes ici chez vous.
Hermione hocha lentement la tête. Elle survolait les plats du regard et s'emparait des couverts à salade quand la cheminée rugit et déposa Drago sur le tapis.
— Tu tombes juste bien, dit son père.
Le blond grogna quelque chose, jeta son manteau sur le dossier du canapé et s'assit en face d'Hermione. Leurs regards se croisèrent et le Serpentard baissa le nez.
— Tout va bien, fils ? demanda alors Lucius. Astoria...
— Ah ! Ne me parlez pas d'elle, père ! le coupa le blond.
— Qu'est-ce qu'elle a fait ? demanda Hermione en se servant de la salade.
Elle regarda Lucius qui tendit son assiette avec un signe de tête, attendant la réponse de son fils.
— Tu veux vraiment savoir ? demanda celui-ci en regardant la Gryffondor, les mains sous la table, sans doute serrées.
— Dis toujours, j'ai l'impression qu'elle est jalouse, donc cela me concerne forcément, répondit la brunette.
Le fils Malefoy soupira et posa ses mains sur la table.
— Ton assiette, dit alors Hermione.
Drago la regarda avec étonnement puis lui tendit le plat et soupira.
— Madame n'est pas contente que je passe quelque temps chez mon père parce que mon amie d'enfance est là-bas aussi, dit-il.
Hermione haussa un sourcil.
— Ami d'enfance, dit-elle. C'est le meilleur surnom que tu ne m'aies jamais donné...
Malefoy pinça les lèvres.
— Elle voulait que je te laisse toute seule, te débrouiller à vivre ici, mais je vous vois bien tous les deux vous regarder en chiens de faïence sans bouger pendant de longues minutes silencieuses...
Hermione baissa le nez et grimaça.
— C'est ce que je me disais, avoua-t-elle alors en jetant un coup d'œil à Lucius. Et je te remercie de sacrifier ta relation avec Astoria pour moi alors que nous ne nous sommes jamais entendus...
— Je n'ai pas de relation avec Astoria, répondit Drago. C'est juste ma fiancée, rien de plus.
Hermione pinça la bouche puis haussa les épaules.
— Je ne comprendrais jamais rien aux aristocrates, moi... Allez, bon appétit.
— Bon appétit, miss Granger, répondit Lucius.
Drago marmonna quelque chose et enfourna de la salade pour ne plus avoir à discuter.
.
Après le déjeuner, Hermione demanda à une Elfe de Maison de l'aider à décorer un peu sa chambre. Peu importe combien de temps elle allait rester chez Lucius Malefoy, elle n'avait pas l'intention de vivre dans une chambre d'amis impersonnelle !
— Hermione Granger voudrait-elle les couleurs de Gryffondor ?
Hermione esquissa un sourire.
— C'est tentant, avoua-t-elle à la petite créature perchée sur son lit. Mais non, je vais me contenter de beige, de gris, de marron clair...
Sedia, la petite Elfe, pinça la bouche puis claqua des doigts. Aussitôt les tentures des fenêtres et du lit prirent une teinte gris clair, les murs se parèrent de beige et de brun plus sombre sur le bas, et la moquette se colora de chocolat chamarré de marron plus clair.
Hermione haussa les sourcils.
— Pas mal du tout ! dit-elle, amusée.
— Merci, répondit Sedia avec un sourire. Hermione Granger voudrait-elle quelques objets ? Quelques meubles ?
Hermione pinça la bouche.
— Une armoire, dans le coin, là-bas, dit-elle. Une commode, juste là, et une coiffeuse, par là. Un paravent aussi, essentiel, et... une petite table sous la fenêtre, non un guéridon...
À mesure qu'elle parlait, Sedia faisait apparaitre les meubles en les prenant dans le grenier de la maison, les changeant de couleur pour les adapter à l'ambiance de la chambre.
Plissant la bouche, Hermione regarda le sol.
— Parquet ? demanda-t-elle à l'Elfe.
— Tout à fait, répondit-elle.
Un claquement de doigts plus tard et un magnifique parquet en chêne massif se déroulait sous les pieds de la Gryffondor.
— Une descente de lit ici, et de l'autre côté aussi... dit alors Sedia. Et un coffre, au bout du lit, pour le linge de lit... Une chaise ici...
— Une bibliothèque ? dit alors Hermione avec un large sourire.
Sedia marqua un temps d'arrêt.
— Il y en a une, oui, mais pas avec les livres...
— J'ai de quoi la remplir, ne t'en fais pas.
Sedia acquiesça et la bibliothèque s'adossa au mur du fond, près de l'armoire. Une lampe à pied et un confortable fauteuil en velours rouge avec son repose-pied se posèrent devant.
— Magnifique, dit Hermione en serrant ses mains l'une contre l'autre. Tu es une décoratrice d'intérieur idéale, Sedia ! Si tu étais libre, tu ferais un malheur !
Sedia rigola.
— Sedia aime travailler pour Lucius Malefoy, dit-elle alors. Le Maître ne maltraite plus ses serviteurs depuis qu'il est sorti de prison, et c'est parfait.
Hermione sourit doucement puis Sedia sauta du lit et disparut après avoir annoncé à la jeune femme qu'elle allait lui ramener de quoi remplir commode et armoire. On toqua alors contre la porte et Hermione alla ouvrir.
— Drago ?
— Je peux entrer ?
Hermione le laissa entrer et le blond haussa les sourcils en regardant la chambre rénovée.
— Pas mal du tout, dit-il.
— Sedia m'a aidé, elle a très bon goût, tu sais ?
Malefoy opina et esquissa alors un sourire.
— Du rouge, dit-il en regardant le fauteuil.
— Gryffondor un jour, Gryffondor toujours, que veux-tu... Sinon, tu es là pour me tenir compagnie ou... ?
Malefoy baissa le nez et Hermione l'invita à s'asseoir dans les petits fauteuils près de la fenêtre.
— Astoria ? demanda-t-elle.
— Astoria.
Hermione souffla par le nez.
— Pourquoi tu l'épouses ? demanda-t-elle alors. Tu n'en as rien à faire de cette fille, ça se voit comme le nez au milieu de la figure...
— Mais mon père a besoin de l'argent des Greengrass... Je dois le faire, pour ma famille.
— Tu ne seras jamais heureux, tu t'en rends compte ?
— Ouais... Mais je n'ai pas le choix.
— Si tu l'as. Dis merde à tout le monde et va vivre ta vie comme tu l'entends.
Malefoy regarda alors Hermione et elle rentra le menton.
— Je n'avais pas le choix, dit-elle.
— Si, tu l'avais aussi, Granger... Tu pouvais aller voir Mrs Weasley, ou McGonagall, ou je ne sais quelle autre mère de substitution pour parler et trouver un moyen de régler les choses... Tu n'avais pas besoin de faire ça...
Hermione baissa le nez. Malefoy lui prit alors la main et elle le regarda.
— Mon père prendra soin de toi, Hermione, dit-il. Tu peux te fier à lui, il n'est plus comme avant, il a changé et tu peux lui faire confiance, il fera tout ce qu'il faut pour que tu oublies cette atroce année qui vient de s'écouler.
Hermione se mordit la lèvre puis sourit doucement. Elle serra ses doigts sur ceux du blond puis dit :
— Parle à Astoria, Drago... Dis-lui que tu ne peux pas continuer, elle comprendra, j'en suis certaine.
— Non, répondit Malefoy en récupérant sa main. Elle pensera que si je veux briser nos fiançailles, c'est pour aller vers toi.
— Mais ce n'est pas le cas, n'est-ce pas ?
Malefoy secoua la tête et regarda par la fenêtre. Hermione sourit doucement.
— Va le voir, dit-elle alors.
Malefoy serra les mâchoires et secoua la tête.
— Je dois faire mon devoir, dit-il en se levant.
— Drago...
Hermione se leva à son tour, mais le blond leva les mains quand elle voulut les lui prendre.
— Je n'ai pas le droit, dit-il en reculant. Je dois faire mon devoir, c'est comme ça. J'épouserai Astoria cet été, c'est décidé comme ça.
— Drago...
Mais le blond recula jusqu'à la porte et s'en alla sans un mot de plus. Hermione jura et se rassit en soupirant. Quand elle avait appris que son meilleur ami et son pire ennemi avaient eu une relation, même brève, elle avait compris qu'elle avait manqué beaucoup de choses pendant qu'elle se terrait dans les bas-fonds du Chemin de Traverse...
Aujourd'hui, décidée à se reprendre en mains, elle voulait que ses amis aient eux aussi la chance de le faire, la chance de vivre comme ils l'entendaient, mais apparemment, concernant Drago Malefoy, la tâche risquait d'être plus ardue que prévu. Il avait été formaté depuis sa plus tendre enfance pour obéir à ses parents, pour honorer son nom et tout faire pour qu'il ne tombe jamais dans l'oubli.
Certes, le nom Malefoy avait souffert des dernières années, mais Lucius faisait son possible pour lui redonner son brillant d'antan et Drago, de son côté, était convaincu qu'épouser une femme hautaine et étroite d'esprit était la chose à faire, parce qu'on lui avait dit depuis toujours que c'était son devoir de subvenir au bonheur des siens, avant le sien.
Avec un soupir, Hermione regarda l'heure et alla chercher un manteau. Elle redescendit ensuite et chercha Lucius. Elle le trouva dans son bureau, le nez collé à l'écran de son ordinateur portable.
— Aller chez Potter ? Ma foi, vous n'avez pas à me demander l'autorisation, Miss Granger.
— Non, et je ne le faisais pas, je venais simplement vous dire que j'allais voir Harry, au cas où vous m'auriez cherchée.
Lucius opina. Il se redressa ensuite et retira les petites lunettes rectangulaires à monture d'argent qu'il avait sur le nez.
— Il n'y a pas spécialement de règles dans cette maison, dit-il en les déposant sur le bureau. La seule chose que je vous demande, c'est de rentrer pour les prépa et les nuits, et à défaut, de prévenir.
— C'est entendu, répondit Hermione. Autre chose ?
— Je verrais en temps et en heures. Passez une bonne après-midi.
Hermione esquissa un sourire puis quitta le bureau et Lucius soupira. Elle allait mettre un peu de temps à faire comme chez elle, mais c'était normal. Après tout, non seulement elle avait passé un an en enfer, mais en plus, un homme pour qui elle n'avait jamais eu aucune sympathie et qui n'en avait pas eu pour elle pendant des années, lui proposait son aide après avoir compris, en prison, que faire le mal autour de lui, ben, c'était mal...
Lucius inspira profondément et replaça ses lunettes sur son nez. Il retourna sur son ordinateur et décida de laisser la jeune femme s'habituer à sa nouvelle vie sans la brusquer, en la laissant faire comme bon lui semblait.
.
Hermione reparut à l'entrée de Privet Drive, derrière l'abribus, et remonta la rue jusque chez Harry. Ce fut Pétunia qui lui ouvrit.
— Harry ? Oh, je suis désolé, il n'est pas là, cet après-midi... Vous êtes son amie, Hermione, c'est ça ?
— C'est ça. Vous savez où je peux le trouver ?
— Oh, vous savez, il ne me dit pas grand-chose quand il va se promener comme ça... Mais peut-être que je peux lui laisser un message ?
Hermione pinça les lèvres.
— Il a un téléphone portable ?
Pétunia esquissa un sourire.
— Un portable, Harry ? Oh non, ma chère... Il est un sorcier jusqu'au bout des ongles...
— Je vois.
Hermione plissa le nez et Pétunia s'appuya contre le chambranle de la porte d'entrée.
— Vous voulez me demander quelque chose ? demanda-t-elle alors. Quelque chose au sujet d'Harry ?
Hermione se mordit l'intérieur de la joue et regarda Pétunia brièvement.
— À vrai dire, c'est assez délicat... dit-elle. Cela concerne une ancienne « relation » qu'il aurait eue il y a quelques mois et qui...
Pétunia plissa les yeux puis elle se redressa.
— Oh... Vous voulez parler de ce garçon blond, un peu hautain ? demanda-t-elle. Comment s'appelait-il déjà ? Drac... Drago ?
— C'est ça, répondit Hermione. Vous... savez quelque chose sur ce qui s'est passé entre eux ?
Pétunia inspira et pinça la bouche.
— Pour ce que j'en sais, ils ont été amis pendant un temps... Harry l'invitait à la maison de temps en temps, et puis un jour, il n'est plus venu...
— Harry n'allait pas bien, à l'époque, Mrs Dursley, dit Hermione. Drago ne l'a pas supporté et je le comprends... Comment faire pour être ami avec quelqu'un qui broie du noir tout le temps ?
— Et vous me demandez cela ? demanda Pétunia. Je vis avec Harry à la maison sept jours sur sept...
Hermione baissa le nez puis elle soupira et s'excusa. Pétunia lui indiqua qu'elle allait dire à Harry qu'elle était passée, la jeune femme la remercia puis elle s'éloigna le long du trottoir et transplana en passant derrière un panneau publicitaire. Elle reparut sur un des nombreux ponts qui enjambaient la Tamise et s'accouda au parapet comme beaucoup d'autres Londoniens. Elle regarda passer un bateau-mouche avec ses touristes pelotonnés dessus, puis elle se retourna et s'assit sur le parapet.
Drago n'était pas heureux avec Astoria, c'était écrit en lettres orange au-dessus de sa tête, mais il s'obstinait parce qu'il avait été élevé comme ça. Si elle en parlait à Lucius, Hermione savait qu'il irait dans le sens de son fils. La prison l'avait changé, certes, mais elle n'avait pas changé les traditions familiales ni les valeurs aristocratiques qu'ils suivaient peut-être depuis des siècles...
Hermione décida d'envoyer une lettre à Harry pour en savoir plus sur la relation qu'il avait entretenue avec Malefoy, quelques mois en arrière. À quel point était-elle avancée avant que Malefoy décide qu'il ne pouvait plus aider le Gryffondor ? Hermione espérait qu'elle l'avait été suffisamment pour que Harry, qui allait désormais mieux, puisse reconsidérer la chose...
Avec un soupir, la Gryffondor transplana, sans se soucier des Moldus qui l'entouraient et qui ne comprenaient rien à rien, et reparut dans le hall du Manoir Malefoy. Elle donna son manteau à un Elfe puis gagna sa chambre pour écrire sa lettre à Harry.
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