Chapitre 11

Afin de repousser le moment fatidique au plus loin possible, Hermione décida de prendre le train depuis Londres pour la ville la plus proche du Manoir Malefoy, Heathrow. Elle aurait pu transplaner en demandant à Drago de l'accompagner, mais voilà, elle préférait avoir le temps de se préparer à sa nouvelle vie.

Arrivée à Heathrow, elle s'installa dans un petit hôtel et prit du temps pour s'acheter quelques vêtements, pour flâner, une chose qu'elle n'avait fait que très rarement durant l'année écoulée puisque beaucoup de sorciers la connaissaient, sur le Chemin de Traverse.

Après trois jours passés à l'hôtel, la jeune Gryffondor se décida enfin à se rendre au Manoir Malefoy. Juste avant de partir de l'hôtel, elle s'était assurée que Drago était présent dans la grande demeure, n'ayant aucune envie de se retrouver seule face à Lucius à se regarder en chiens de faïence, à attendre de l'autre qu'il parle en premier...

.

— Salut. Bienvenue au Manoir Malefoy.

Hermione esquissa un sourire et inspira profondément. Sentant son trouble, Drago tendit la main et Hermione hésita. Dès l'instant où elle allait franchir le seuil de ce grand portail de fer noir, sa vie allait changer. Elle n'avait aucune idée de quelle façon, mais elle était sûre d'une chose, elle ne serait plus obligée de faire des choses déplaisantes pour se sentir vivante.
Prenant les doigts du blond, Hermione franchit le seuil et Drago la tira en avant avec un sourire amusé.

— Courage ! dit-il. Je croyais qu'Hermione Granger était la sorcière la plus courageuse d'Angleterre !
— Et qui a bien pu te mettre une telle idée dans la tête ?
— Ce n'est pas toi qui a volé des ingrédients à Rogue dans son armoire personnelle, en deuxième année, pour en faire du Polynectar et ensuite entrer à Serpentard ?

Hermione pâlit.

— Comment tu sais ça ?
— Oh, une petite souris m'en a parlé...

Hermione fronça les sourcils.

— Une souris ?
— Hm, disons plutôt... un petit lionceau...
— Non ! s'exclama alors Hermione. Mais tu... Harry ?

Malefoy ronfla et un grand sourire éclaira son visage.

— Granger, je suis fiancé, dit-il. Mais fut un temps où ce n'était pas le cas...

Hermione se mit à rire et bouscula le Serpentard qui fit un pas de côté.

— Tu te fous de moi ! s'exclama-t-elle. Ce n'est pas vrai ! Pas Harry et toi !
— Et si, répondit le blond avec un rire, haussant les épaules.

Il perdit aussitôt son sourire et souffla par le nez.

— Du moins jusqu'à ce que l'absence de Voldemort dans sa tête ne le rattrape et le plonge dans la pire dépression que je n'ai jamais vue chez un sorcier...
— Je suis désolée...
— Ne le sois pas, ce n'était pas destiné à durer, de toute façon, répondit le blond en regardant le Manoir qui se dressait devant eux. Je n'étais pas destiné à poursuivre ce type de relation plus longtemps. C'était amusant, ça m'a changé les idées quand je suis sorti de prison, mais c'est tout.
— Astoria ? demanda alors Hermione.

Malefoy opina.

— Astoria.
— Tu vas vraiment l'épouser ?
— Ce n'est pas non plus comme si j'avais le choix.
— Si tu l'as...

Malefoy secoua la tête.

— Non, Granger. Mes parents ont divorcé, je dois épouser une femme de bonne famille pour conserver le prestige de mon nom. Cependant, ce n'est pas moi qui en souffre le plus, mais mon père qui se retrouve tout seul. Tu sais que je n'ai pas de nouvelles de ma mère depuis plusieurs jours ?
— Elle est sûrement à la recherche d'une maison...
— Sans doute, mais comme elle n'est plus une Malefoy, elle n'est plus tenue de rester en contact avec nous.

Hermione fronça les sourcils.

— C'est quoi, cette histoire ?
— C'est la vérité, Miss Granger.

Hermione tourna la tête et Lucius Malefoy la regarda, debout sur le seuil de la maison.

— Bienvenue chez moi, Miss Granger, ajouta-t-il. Je ne vous attendais plus...
— J'ai dû prendre un peu de temps pour me faire à l'idée de ne plus vivre dans une chambre de taverne miteuse et user de mon propre corps pour avoir de l'argent.
— Granger ! siffla Malefoy.

La jeune femme baissa les yeux et lui jeta un regard en coin avant de s'excuser.

— Vous êtes un peu tendue, c'est tout, dit alors Lucius en se détournant. Entrez, je vous en prie. Drago, tu veux bien la conduire à sa chambre ?
— Oui, Père.

Le Serpentard entra dans le hall et Hermione le suivit. Elle regarda autour d'elle, à chaque fois surprise par le volume des maisons sorcières, puis le blond lui fit signe de le suivre à l'étage. Ils montèrent un grand escalier recouvert de moquette grise et longèrent ensuite un couloir.

— Ma chambre, dit Malefoy en posant une main sur une poignée dorée. Au fond, c'est la chambre de mon père. La porte d'à côté, celle de ma mère. La tienne, elle est là...

Malefoy traversa le couloir et ouvrit une porte en face de la sienne. Il entra et la Gryffondor le suivit. Elle se mordit les lèvres et sourit ensuite au Serpentard.

— J'ai pensé que tu serais plus rassurée si tu retrouvais des choses familières...
— Comment...

Hermione prit le cadre posé sur le manteau de la cheminée. Ses parents lui souriaient, figés à jamais sur la pellicule.

— J'ai demandé à Potter, tout simplement, répondit le blond en haussant les épaules. Tous ce que tu vois là, ce ne sont que des reproductions faites avec la magie et tu pourras t'en débarrasser si tu veux, mais je n'avais pas envie que tu te retrouves dans une chambre d'amis impersonnelle alors que tu vas vivre ici pendant quelque temps...

Hermione se mordit la joue. Elle reposa le cadre, lâcha son sac sur le sol et enlaça le Serpentard qui la prit dans ses bras. Quand elle recula, Hermione l'embrassa sur la joue et il lui sourit.

— C'est encore possible de t'épouser ? demanda-t-il.

Hermione ronfla.

— J'avoue, dit-elle. Ce serait peut-être sympa, mais je n'ai rien à t'offrir sinon une très mauvaise réputation et quelques conséquences de maladies peu recommandables...

Malefoy perdit son sourire. Il prit la main de la Gryffondor et la serra dans la sienne.

— Il y a une question que je me pose, demanda-t-il alors.

Hermione baissa le nez et secoua la tête.

— Non, dit-elle en s'éloignant. Je ne suis jamais tombée enceinte...

Malefoy ferma les yeux, soulagé. Hermione le regarda ensuite et lui sourit. Le Serpentard opina puis recula et quitta la chambre en fermant la porte.

.

— Elle est installée ?
— Oui...

Malefoy regarda son père en bas de l'escalier et le rejoignit.

— Je sais que j'avais dit que je ne resterais pas, dit-il. Mais quelque chose me dit qu'elle va avoir du mal à se faire à la vie avec vous, Père, alors je pensais étendre un peu mon séjour... Un ou deux mois, en fonction de Granger...
— Et ta femme ?
— Fiancée, corrigea Drago. Ses sentiments m'importent peu, vous le savez, Père. Je vais l'épouser pour redonner un peu de prestige à notre nom, rien d'autre.
— Tu lui donnera un enfant, quand même ?
— Sans doute, un jour. Mais par devoir, uniquement.

Lucius serra les mâchoires. Il regarda vers le sommet de l'escalier et grimaça.

— Préfèrerais-tu l'épouser elle ? demanda-t-il.
— Non. Elle n'a rien à offrir, sinon des douleurs psychiques et un corps déjà usé. Merlin merci, elle m'a assuré n'être jamais tombée enceinte.
— Cela te rassure en quoi ? s'étonna Lucius.

Drago le regarda.

— Père, j'ai grandi avec elle ! dit-il. Même si nous n'avons jamais été amis, je l'ai connue à onze ans et perdue de vue à dix-sept... Six longues années à se voir tous les jours, même pendant les vacances...

Lucius secoua lentement la tête.

— La concernant, je passe mon tour, dit alors Drago. Mais vous, rien ne vous empêche de tenter votre chance.
— Elle est trop jeune...
— Plus maintenant, Papa... Cette année écoulée l'a forcée à devenir une adulte plus vite que prévu, elle a souffert, dans ses chairs comme dans son esprit... À vous de l'aider à surmonter ça.
— Et tu voudrais que j'en profite pour me rembourser de mes efforts au passage ? Ce n'est pas... injuste ?
— Injuste pourquoi ? Granger est une grande fille, elle sait où vont ses intérêts et elle sait qui elle doit remercier, croyez-moi, Père. Profiter d'une telle opportunité n'est pas malsain, au contraire. Et si elle ne veut rien, elle vous le fera savoir, mais la connaissant, elle voudra vous remercier, un jour ou l'autre.
— J'en doute, mais nous verrons. Miss Granger est une jeune femme solide et je ne suis rien d'autre pour elle qu'un Mangemort qui déteste les enfants de Moldus.
— C'est peut-être le cas, mais je la connais, elle finira par vous voir autrement, dès l'instant où elle commencera à vous connaitre.
— Si tu le dis...

Drago hocha la tête puis regarda vers le sommet de l'escalier, mais il n'y avait personne. Il fit ensuite à son père de le suivre et ils disparurent dans le salon.

À l'étage, cachée contre le mur, Hermione serra les paupières. Elle s'adossa au mur puis retourna dans sa chambre et se pelotonna sur son lit. Elle était choquée, non pas par ce qu'elle venait d'entendre, non, mais par ce qu'elle avait compris de la discussion du père et du fils. Ils étaient prêts à l'aider, elle, une fille de Moldus, sans rien demander en retour, alors qu'auparavant, ni le père ni le fils n'estimaient qu'elle devait ne serait-ce qu'exister en tant que sorcière...

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