CHAPITRE 14

  C'était peut-être ça qu'il fallait à mon corps pour se lever. Ne serait-ce qu'un petit peu. Mon dos collé au mur, les jambes désormais tendues, les mains liées devant mon intimité. Ma tête s'est un peu baissée, intimidée peut-être.

— À ma première fois… je n'avais jamais vu une fille nue de ma vie. Elle, elle avait déjà fait sa première fois avec son ex alors elle s'y connaissait. Je n'avais pas le temps d'observer son corps qu'elle m'entraînait déjà dans les préliminaires. Et moi, j'étais maladroit. Je ne savais pas quoi faire. C'était très… gênant. C'est aussi pour ça que je suis partie après que tu m'aies dit être vierge. Je ne voulais pas que tu rates ta première fois, comme moi, avec un… inconnu. Tu aurais été beaucoup plus à l'aise avec… un petit ami.

Un petit sourire nerveux se dessine sur ses lèvres. Il redevient l'homme nerveux qui s'est pris la porte de la bibliothèque. Cette facette que j'aime bien chez lui, qui est radicalement différente de l'homme qui était à la boîte de nuit. Il montre une part de lui, il s'ouvre à noir à cœur ouvert pour me mettre à l'aise, supprimer cette gêne et ce silence qui plane dans la salle de bain.

— Et… comment t'es venue l'idée de… juste nous regarder… nu ?

— Tu vas me trouver bizarre mais… je compare les corps aux statuts grecs. Je trouve que tous les corps sont des œuvres d'arts, j'aime… observer en silence la beauté unique des gens… Et au départ, quand j'ai vu la première statue nue de ma vie… j'étais gêné. Mais je pense que plus on regarde une chose et mieux on l'accepte et on apprend à voir sa beauté… Alors, je me disais que ça pouvait te… mettre à l'aise.

— Tu aimes l'art ?

Il acquiesce.

— Alors c'est pour ça que tu aimes les fleurs ? C'est de l'art aussi, en quelque sorte.

— Oui, c'est de l'art. Mais ce n'est pas l'art qui m'a fait aimer les fleurs. C'est autre chose. Une personne.

Il a un petit sourire qui s'exprime tendrement au coin de ses lèvres, ce qui m'intrigue beaucoup même si je n'ose pas en demander plus. Car, maintenant que j'ai la tête levée, je me rends compte que l'on commence à oublier que nous sommes tous les deux nus dans un espace restreint. Et pourtant, on parle comme si nous portions des vêtements. Comme si tout ça était normal. Ma nervosité s'échappe peu à peu, je me permets de scruter son corps en passant par chaque détail, chaque parcelle de sa peau claire et parsemé de petits grains de beauté mais aussi de tâches de rousseur sur son torse. La seule chose que je n'ose pas regarder, c'est bien son sexe.

— Je peux t'embrasser ?

Ces mots dépassent mes pensées. Il m'a suffit de regarder ses lèvres pour que cette question folle sorte de ma bouche.
Il a levé la tête dès qu'il a entendu la fin de ma question mais il s'est aussitôt baissé pour ne pas me regarder.
J'ajoute, de ma propre volonté cette fois-ci :

— C'est ma façon à moi de dire que je suis prête.

Il hésite.

Mon corps s'approche de lui. Ça fait très bizarre de sentir sa chaleur, cette proximité qui s'est créée avec moi lorsque mes jambes sont venues à sa rencontre. Je n'ai pas les seins assez gros pour le toucher et je n'ose pas le frôler. Je pense que vu la situation, on pourrait s'écrouler tous les deux dans un tas de miettes de basalte brûlantes.

Il lâche un petit soupir, les yeux clos, comme pour se préparer, puis ses yeux croisent aussitôt les miens. Il est aussi timide que moi car il n'ose pas baisser les yeux sur mon corps comme pour me préserver au cas où je changerai d'avis. Sauf que je n'ai pas la moindre envie de rebrousser chemin alors que j'ose enfin vers un chemin étrange qui vient tout juste de se dessiner sous mes yeux. J'ignore même où il m'emmène, pourquoi et dans quel but.

Ma main se décroche de l'autre pour venir, hésitante, se poser sur sa mâchoire. Mon pouce sur sa joue. C'est ce geste qui intensifie son regard sur moi. Le verre de ses yeux scintillent d'une lueur si belle et douce que les battements de mon cœur s'accélèrent dans ma cage thoracique. Ses pupilles osent enfin changer de niveau pour descendre plus bas sur mon visage. Et plus précisément, sur mes lèvres. Alors je fais de même, mais sur les siennes.

Sa tête s'avance, j'avance les miennes puis au bout de quelques secondes : il entrouvre ses lèvres pour aussitôt capturer les miennes.

Ce baiser est lent, doux et timide. Il est aussi très silencieux mais long et savoureux.

J'imite ses mouvements et mouve aussi mes lèvres. Ceci ressemble bien plus à un baiser. Ces baisers que je vois dans les comédies romantiques, que j'imagine en lisant la plume des auteurs que je lis. Et je comprends enfin pourquoi on ferme les yeux dans un baiser comme celui-ci. Ça rend cette chose plus merveilleuse encore, comme un tourbillon de sensations, une fleur gigantesque dans le creux de mon ventre qui éclot comme une explosion d'émotions.

Lorsqu'on se sépare, il y a ce même manque que j'ai eu les deux dernières fois où l'on s'est embrassé. J'ai envie que ce baiser dure toujours, je ne m'en lasse pas. Sans doute car ce sont mes premiers baisers et que lorsqu'on y goûte pour la première fois, on ignore à quel point s'embrasser devient une véritable addiction.

Sa grande main encadre ma mâchoire, son pouce me caresse la joue avant de venir toucher mes lèvres. Au départ, il tapote. Des petits frissons me traversent l'échine. Puis son doigt flatte ma lèvre de droite à gauche, sans geste brusque. Je pourrais presque croire qu'il me frôle par crainte de déformer mes lèvres. Soudain, sa main descend plus bas jusqu'à mon cou. Cette fois, son pouce est sur ma gorge.

Je n'ose plus avaler ma salive ni même respirer. Je bloque tout.

Il vient ensuite se décaler pour caresser mon épaule. Son regard suit le mouvement de ses mains.

Je déglutis.

Ses yeux sont désormais posés sur mes seins. Un long frisson me parcourt alors que mes tétons se révèlent.

Je rougis, mal à l'aise.

— Ils sont petits, je sais…

— Et alors ? réplique-t-il. Ils sont mignons. J'ai envie de les embrasser…

Ses sourcils se haussent dès qu'il croise mon regard. Sa main s'enlève de mon bras pour passer sur sa nuque.

— Désolé…

Mes joues chauffent tout comme mon corps. Mon bas ventre est en effervescence et j'imagine sa bouche qui gobe mon sein maintenant. Mon imagination fantasmatique est en plein essor.

Je ne sais pas d'où vient ce courage mais je prends sa main et la pose sur mon sein.

Il est surpris, très surpris.

Je mord ma lèvre inférieure sans décrocher mon regard du sien, sans même cligner des yeux.

— Tu es vraiment prête ? insiste-t-il.

Je ne sais pas si je regretterai comme à chaque fois que je me masturbe, que je joue avec mon partenaire discord sur les jeux de rôles érotiques. J'ignore si je vais culpabiliser. Peut-être que c'est une mauvaise idée mais le désir est plus fort que mes propres pensées. J'ai envie de lui et de réaliser ces choses qui enrichissent mon imagination, de découvrir les plaisirs que ce soit en passant par un acte tout à fait normal au plus étrange et bizarre. Déjà, le fait d'être dans une douche, complètement nu, ne me paraît pas banal.

J'acquiesce, assurément et aussitôt, il perd le contrôle de son corps car il se jette sur moi. Ses deux mains sur ma mâchoire, Léandre Hellespont attire mes lèvres sur les siennes. Dans un baiser sauvage et sans retenue, sa langue entre dans ma bouche pour enlacée ma langue.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top