CHAPITRE 10


   En peu de temps, un garçon sera venu deux fois chez moi. Et ce n'est pas rien. Sa maison, c'est comme son cocon, le sanctuaire de son intimité ! Et ce n'est pas n'importe quel garçon qui est ici mais Léandre Hellespont. J'ai encore du mal à croire qu'il m'ait offert des fleurs. Qui plus est, choisi avec soin selon ses pensées les plus profondes et avec toute sa sincérité.

Elles sont magnifiques, sans un seul défaut sur les pétales. Et elles sentent bon.

Je l'ai laissé entrer chez moi, sauf que je n'ai fait que lui proposer à boire. Par conséquent, je lui ai servi un verre d'eau car je n'ai rien d'autre. Et ce n'était pas prévu que l'on se revoit.

J'étais assez décontenancée de le voir devant ma porte.

Après avoir installé les plantes dans un petit vase, avec un peu d'eau, je m'installe sur le canapé. Les jambes serrées comme si j'y avais mis de la colle sur mes cuisses, mes mains deviennent moites à cause de ce silence aussi lourd qu'un menhir. Puis, on a beau être assis, chacun à l'extrémité du canapé, c'est comme si sa peau me touchait. Ce qui est impossible car on est trop éloigné.

Je déglutis de nouveau.

— Alors…qu'est-ce qu'on fait ?

Sa main passe sur sa nuque avant de venir dégager ses cheveux en arrière.

— J'en sais rien…C'est flou. Tu…acceptes la nielle alors…

— Quoi ? Tu vas me juger si je dis oui ?

— Non pas du tout ! proteste-t-il aussitôt. Ce serait con de te juger alors que c'est moi qui t'ai lancé cette proposition. Je ne pourrais pas te juger.

J'inspire et hoche la tête, compréhensive.

— Merci…

— C'est normal, murmure-t-il.

Un long silence s'installe de nouveau, nous rendant muet tout les deux.
Cependant, il a les joues roses qui colorent son teint pâle, le regard fuyant. Il est aussi gêné que moi mais ça ne change rien à sa beauté. Son air mal à l'aise le rend tout aussi beau et je me trouve moins dans l'embarras que j'aurai dû l'être. Car je me sens moins seule dans ce silence, dans ce malaise qui nous consume.

— Alors…tu veux…

Je pince ma lèvre et acquiesce, tandis que mes doigts jouent entre eux.
Je commence déjà à regretter, à culpabiliser de dire oui alors qu'il y a quelques jours j'avais dit à mon partenaire discord que j'allais refuser. Je change si vite d'avis que je me sens honteuse.

Mon cœur devient si lourd, si lourd qu'on pourrait croire qu'il s'agit du plomb.

Seulement, je suis curieuse de savoir ce que ça fait de perdre sa virginité. De réaliser tout ce que j'ai écrit au lieu de les écrire, de simplement les imaginer sans pouvoir les vivre. Je me dégoûte mais ce sont les pulsions qui parlent à ma place. L'esprit perverse me consume petit à petit et m'envahit de penser obscène. Alors, petit à petit, mes joues rougissent comme deux cerises.

Soudain, sa silhouette se redresse. Mon visage se tourne aussitôt vers lui, les sourcils froncés. Je suis confuse.

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Je ne vais pas te forcer à faire ce que tu ne veux pas faire. Je n'aurai pas dû te faire cette proposition, c'est débile…

Je ne sais pas ce qui me prend, mais mon corps se lève vers lui avant que sa main touche la poignée de la porte. Ma main droite agrippe sa manche, mes joues sont plus rouges que jamais.

Ses yeux se posent sur moi, surpris pas mon geste.

— Je…je veux le faire, avoué-je le visage complètement rouge. C'est…juste que…c'est difficile de réagir. Je ne sais pas comment me comporter et…on ne se connait même pas alors...

Un petit sourire se dessine sur ses lèvres alors que la paume de sa main se pose sur ma joue, son torse désormais tourné vers moi.

— Alors…on devient sexfriend ?

— Je ne sais pas, bégayé-je. On pourrait le faire…juste une fois…déjà, pour commencer ?

Il acquiesce sans même me demander pourquoi, sans me forcer. Il est doux.
Son visage s'approche. Ma peau sous sa paume se réchauffe alors que les battements de mon cœur s'accélèrent. Tout mon corps est en ébullition quand soudain, le bout de ses lèvres frôlent les lèvres.

Je n'ose pas bouger d'un millimètre. Je ferme les paupières et la sensation de ses lèvres s'accentuent. Sa langue passe la barrière pour toucher mes lèvres gercées.

Oh non. Gercées ? La honte.

J'ouvre les yeux et recule avant de bégayer :

— Désolé, j'ai les lèvres gercées. Ça ne doit pas être agréable et-

Il me coupe en m’embrassant, son baiser est plus intense que le premier. Je frémis lorsque sa main se pose sur ma taille puis descend lentement jusqu'à ma hanche. Il avance, mes jambes reculent jusqu'à ce que mes mollets cognent le canapé pour me faire tomber.

Je ressens comme un manque. Ses lèvres sont une addiction.

J'ai toujours rêvé d'être embrasser, comme les princesses de films, comme les textes que j'écris. Jamais je n'aurai cru aimer. Enfin si. J'ai toujours su que j'aimerais mais c'est plutôt que, ces baisers sont plus envoûtants que je ne le croyais.

Il revient à la charge, ses lèvres se reposent violemment sur la mienne et sa langue vient s'y glisser pour valser avec la mienne. Mes doigts s'écartent sur le canapé. Il a une assurance qui me laisse timide. Un jour, peut-être que moi aussi je serai aussi entreprenante que lui. Sa main touche ma cuisse tendrement sans aller plus loin comme par peur de ma réaction.

Sa main quitte ma cuisse pour venir sur ma nuque et à son contact, un long frémissement parcourt cette zone. Puis il remonte lentement jusqu'à atteindre mon chouchou. Ses doigts viennent saisir mon élastique pour l'enlever, mes cheveux se libèrent. Léandre ne s'arrête pas là car dès qu'il jette l'attache sur le canapé, sa main vient se glisser dans mes cheveux.

Lorsqu'il quitte mes lèvres, je me sens comme abandonné. J'ose même rapprocher ma tête sauf que la sienne se faufile sur mon cou. Son souffle me fige et le contact de ses lèvres humides sur ma peau me fait frémir.

Je rentre le ventre et inspire une grande bouffée d'air alors qu'il parcourt ma peau.

J'oublie toutes les pensées honteuses auxquelles j'ai toujours pensé depuis le premier jour où j'ai glissé mes mains sous mon pantalon de pyjama. Le dégoût s'estompe. Ses baisers me font perdre la tête. C'est nouveau, intense et je ne veux pas qu'il s'arrête.

Au final, si. J'ai peut-être honte de penser ainsi.

On est camarades de classe, on est lié par un devoir maison, on n'est même pas des amis et il m'embrasse comme si on avait toujours été relié, comme si on avait toujours été proche. C'est presque inconcevable pour moi. J'ai l'impression de rêver.

Je lâche un soupir d'aise avant d’hoqueter de supérieure lorsque ses lèvres passent sur mon décolleté.
Mon souffle se coupe aussitôt.

Le bout de ses cheveux dorés me chatouille lorsqu'il relève la tête.

Ses yeux brillent d'une intensité qui me rend muette. Mais plus je les regarde et plus ils me sont familiers. C'est la même lueur qu'il y a quelques jours lorsqu'il m'a fait cette drôle de proposition, où Léandre Hellespont souhaite faire vivre les fantasmes que j'écris dans mes roleplay.

— Ça va ? murmure-t-il, inquiet.

J'acquiesce.

Alors il continue après avoir embrassé mes lèvres de manière furtive. Puis il descend jusqu'à ma poitrine pour revenir explorer mon décolleté.
Mon corps sursaute lorsque sa main passe sous mon t-shirt.

Je pince mes lèvres lorsque ma main touche la sienne pour l'arrêter.
C'était un réflexe. Je ne sais pas ce qui a prit à mon cerveau de donner l'ordre à ma main de l'arrêter.

Léandre se redresse et enlève sa main de sous mon t-shirt. Assis par terre, devant moi, sa main passe dans ses cheveux. Ses dents mordillent sa lèvre inférieure et sans un regard il me dit :

— Désolé. Je me suis un peu emporté.

— Je suis vierge, avoué-je les joues aussi rouges qu'une tomate.

Ses yeux se lèvent aussitôt sur ma personne, les sourcils haussés, les lèvres entrouvertes et sa main cesse de frotter ses cheveux.

Je déglutis.

Je ne sais pas ce qui m'a pris mais c'est sorti tout seul sans que je le veuille.

— Je n'aurai pas dû te proposer ça, je suis désolé. On se revoit plus tard pour le devoir…

Il me lance un sourire avant de récupérer son manteau et partir sans un dernier regard. Le claquement de la porte fait bondir ma poitrine.
Je crois que j'ai merdé.

J'ai chaud, j'ai envie de lui et ma culotte est trempée. J'ai honte de le penser d'ailleurs mais je suis sincère. Il m'embrasse et dès que j'ai fait cet aveu, il part. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive.

J'en avais envie…

C'est comme un trou qui se creuse dans ma poitrine, je n'ose même pas me hisser hors du canapé pour le rattraper c'est comme s'il m’aspire pour m'empêcher de déguerpir.

Je mord ma lèvre, frustré et désolé.

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