Ma vie en rêve.
Le réveil sonna et au lieu de l'immonde hurlement strident de chat coincé dans une porte, ce fut une douce mélodie veloutée et coulante à souhait de blues qui le réveilla.
Le sourire aux lèvres, il s'étira tel un chat repu et s'assit sur son lit.
-C'est une belle journée qui s'annonce...
Il frotta doucement ses yeux encore lourds et mit ses pieds dans ses pantoufles moelleuse avant de se lever, se mirer dans la glace et prendre conscience qu'il était devenu...
Une fille.
Une fille.
Une Fille.
A vrai dire, il ne savait pas vraiment s'il devait se sentir heureux ou extrêmement effrayé. Mais la première chose qui traversa son crâne recouvert de longs cheveux châtains en batailles fut :
Bon sang, je suis plutôt sympa ainsi...
La deuxième fut :
Mais je vais faire comment pour... vivre ?
La troisième :
Mais laisse faire...
La dernière et la plus alarmante :
C'est quoi ce BORDEL ?
Il se précipita dans la salle de bain en manquant plusieurs fois de se casser la figure sur le carrelage glacé. Une fois assuré d'être à l'abri, il se débarrassa de son pyjama et observa son reflet dans la glace. Un seul mot pou décrire ce qu'il voyait. Ou plutôt deux : Perfection et Incompréhension.
Il n'avait jamais rêvé de devenir une fille. Et en y réfléchissant, il n'arrivait pas à deviner si cette transformation augurait quelque chose de positif ou seulement le début de nouveaux problèmes. En soupirant, il s'installa sur le petit tabouret devant son miroir pour se frotter le corps avant de se détendre dans le furo*
Un corps de fille... Ce n'était pas si mal. Et puis maintenant qu'il avait l'occasion de tester, il ne comprenait pas cet engouement pour les formes développées. C''était pas si intéressant en fin de compte. Il irait le dire à ses amis quand...
Prenant soudain compte de la situation actuelle, il s'enfonça un peu plus dans l'eau du bain en rêvassant. Les vapeurs lui faisaient oublier tout le reste. Un peu comme une drogue.
-Quel étrange samedi...
Lassé de toute cette eau, il sortit, se revêtit d'un peignoir et descendit vers la cuisine pour se préparer un petit déjeuner consistant. Il ne savait plus trop quoi penser de tout ça.
La première chose à faire était surement de s'adapter. Parce qu'il n'y avait surement aucun autre moyen de vivre ainsi. La vie avait surement décidé de le sauver. Il devait l'accepter. Alors après son copieux petit déjeuner, que pour une fois, il avait mangé jusqu'au bout, sans souffrir, il résolut de sortir. Ce qu'il n'avait plus fait depuis... Toujours, peut-être. Surtout qu'il n'avait que des vêtements de garçon intemporellement habillé comme un sac de patates. Alors une virée shopping ne serait pas de trop. Même si par principe, il détestait ça.
Alors, une demi-heure après s'être vêtu et coiffé du mieux qu'il pouvait, il se demanda avec quel argent, il pourrait opérer ce changement providentiel. Ha.Ha. La bonne blague.
Demander à ses parents ? Même pas en rêve ! Déjà, il faudrait que lesdits parents aient la décence de reconnaître leur frêle progéniture sous cette dose de féminité et de vigueur. Alors il tenta candidement de s'aventurer dans la chambre de ses parents.
Et crut mourir.
Des cartons. Des meubles recouverts de tissus noir. Des photos. Des souvenirs.
Ici, ses parents étaient morts.
Ici, le temps s'était arrêté.
Il se hasarda dans cette pièce froide, à la recherche de réponses, les mêmes meubles que jadis à la différence que ceux-ci n'avaient guère été utilisés depuis des lustres. Mais depuis quand ? Un calendrier lui donna la réponse. Chaque date était barrée de rouge jusqu'au 27 novembre. Et on était aujourd'hui le 27 novembre. La poussière était déjà accumulée suffisamment pour ne pas dater du jour. Tout cela n'avait aucun sens. Peut-être dans une réalité parallèle.
Même cette théorie semblait farfelue. Alors comment expliquer qu'en ce Samedi 27 novembre, il soit une fille orpheline ?
Ses yeux commencèrent à lui piquer dangereusement. Quoiqu'au fond de lui, il ne sentait pas particulièrement triste. Seulement désœuvré. Et il ne parvenait pas à partir de ce moment, imaginer son avenir seul. Ainsi. Finalement, il avait eut besoin de ses parents. Bien qu'à une certaine époque, cela n'eut pas été évident. Désormais, il devrait faire avec.
Alors, tentant de maîtriser ses états d'âmes, il se leva et commença à chercher de l'argent. Il fut surpris d'en trouver en si grande quantité. Jamais, auparavant, il n'aurait osé se croire riche pour un sou. Alors tentant d'oublier cette solitude qui venait de se jeter sur lui, il se servit allègrement et sortit le plus vite qu'il put de cette chambre mortuaire. Dehors, il resta un instant pétrifié, se posant mille et une questions.
Et si qui que ce soit le reconnaissait ? Et si qui que ce soit savait que ses parents étaient mort ? Était-il recherché par les services sociaux ?
Et cela faisait si longtemps qu'il n'était pas sortit pour se distraire...
Mais bon, il fallait bien y aller. Alors il se dépêcha de trouver l'arrêt de bus le plus proche pour rejoindre la galerie marchande. Dans la rue, le regard des passants pesait sur lui comme un tonne de plomb. D'habitude, il passait inaperçu. Parce qu'il n'était pas beau. Avant. Maintenant qu'il ressemblait de près ou de loin à un top model aux proportions équilibrées pour ne pas dire proportionnelles, les garçons de son âge et même plus vieux, faisant abstraction de ses vêtements inadaptés, le reluquaient allègrement, sans se déranger le moins du monde. C'était assez flatteur pour une première fois...
L'après-midi se déroula un peu plus vite qu'il ne l'aurait cru. Et il se prit étrangement aux jeux du shopping. Un petit top par ici, une jupette par là, un jean slim, un cardigan... Cela sonnait un peu (beaucoup)imbécile, mais bon...
Et puis, vint le rayon sous-vêtements... Je vous laisse imaginer la gêne présente. Donc la scène ne sera décrite que dans votre imagination fertile mettant en scène un jeune adolescent de 14 ans dans un rayon de sous-vêtements pour femmes.
Après cela, en rentrant chez lui, il s'arrêta devant un magasin d'accessoires et de maquillage. Il hésita longuement. Très longuement. Et se posa mille questions encore. Devait-il se faire encore plus beau pour des gens qui ne l'aimaient pas ? Mais certes, il pourrait se rapprocher ainsi de ceux à qui il cherchait à plaire. Cette idée n'avait aucun sens...
Bref. Maquillage ou pas maquillage, telle était la question... Et pour l'instant, il préférait certainement ne pas s'aventurer hors de ce qu'il connaissait. Alors, valait mieux rester au naturel pour l'instant.
Un peu encombré par ses achats, il revint chez lui vers 19h00 après s'être payé une bonne glace. Malgré une nouvelle sombre, par rapport à sa vie d'avant, tout allait bien.
Oui, tout allait bien.
Et ce fut ainsi que tout commença.
*Furo: Bain individuel typiquement japonais. (Pour plus d'infos: Wikipédia, mon ami!)
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