Les raisins de la colère.

-Monsieur! Il y a un garçon qui s'est évanoui! Il y a du sang qui s'échappe de sa bouche!

Il entendait. Il entendait tout. Ses yeux faisaient la navette entre tous les gens affairés autour de lui. Tout mouvement lui était impossible. Ses muscles étaient comme figés. Mais pas contre sa volonté. Lui-même ne voulait plus bouger. Il ne voulait plus les voir tous ces gens amassés autour de lui qui le regardaient comme une bête curieuse. Il voulait être seul.

-Regardez monsieur, il pleure!

Oui il pleurait et alors? Oui, il avait peur et alors? Il avait le droit de paniquer parce qu'il ne comprenait pas ce qui arrivait. Il avait le droit de paniquer parce qu'il était sûrement sur le point de mourir, que ça tête lui tournait, que dans tout son corps, se répandaient des feux de Bengale qui lui donnaient cette incontrôlable envie de gerber.

Et la vue de cette fille. Celle qui avait causé son état. Cette hypocrite qui roulait des yeux de biche pour faire croire à de la compassion ou pire à de l'amitié. Jamais il n'avait encore ressentit une telle envie de meurtre. C'en devenait malsain.

-Monsieur...

-TA GUEULE!

Il ne comprit pas immédiatement que c'était lui qui avait parlé.

Il ne réfléchissait plus. Tel un automate, il se laissait porter par le flot d'émotion qui le submergeait. Il avait envie de... De se lever d'abord. Ouais voilà, il devait se lever.

Alors il se leva.

Faisant abstraction de tout autour de lui. Du sang qui perlait de sa bouche, de son mal de crâne qui faisait siffler ses oreilles, de ses vertiges, de cette salope.

Il se leva avec une seule idée en tête. S'en aller loin d'ici.

Seulement, c'est ce qu'il croyait.

En fin de compte, il ne s'était pas levé. Après avoir vainement tenté de se redresser, il était retombé lourdement sur le sol en se cognant la tête si fort qu'il en avait perdu connaissance.

Donc ce ne fut que le lendemain que l'histoire débuta réellement.


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