Le papillon vermillon (1)
Quelque part, il s'y attendait. A revenir dans ce corps parfait et cette vie illusoire. A la différence près qu'il s'en méfiait dorénavant. Malgré le confort de son lit, il avait juste envie de sortir de ce piège. Il était 6h30. Pour la première fois, il se réveillait en avance. C'était étrange. Il fallait bien qu'il aille au bout des choses, alors il se leva avec une légèreté jamais ressentie auparavant. Il y avait bien des intérêts à être de sexe féminin. Déjà, pas d'érection matinale...
Il décida donc de prendre son temps, pour une fois. Il prit une douche exfoliante, même un champoing. Et avec le temps qui lui restait, il pourrait même oser un petit déjeuner.
Seulement, il n'avait pas faim. Il avait toujours cette désagréable sensation d'étouffement, d'être piégé.
D'être mort.
Il avait usurpé cette vie. Il ne savait comment, mais quelque part, il en était certain. Donc après avoir préparé ce bol de céréales qu'il ne toucherait pas, il alla parcourir cette maison qu'il n'avait jamais habité, se remémorer des souvenirs qu'il n'avait pas vécus. Se sentir à l'étroit. Il hésita avant de pénétrer le lieu qui le reliait à ce qu'il était dans un autre monde. Ces yeux de biche ne lui correspondaient pas. Ce corps non plus, tout ça...
Tout ça n'avait jamais été à lui.
Et ça ne le serait jamais.
Ça lui donnait une incontrôlable envie de pleurer. Peut-être un des inconvénients à être une fille, car depuis lors, il réfléchissait beaucoup plus. Entrant dans la pièce, il fut frappé de tout ce qu'il cherchait à nier. La mort, la mort. Celle de ses parents, bientôt la sienne.
Il fut littéralement sauvé par le gong, puisqu'en jetant un coup d'œil à sa montre, il remarqua que l'heure ne se prêtait plus à de telles préoccupations. Il ne savait pas où il allait, mais son horloge interne lui disait qu'il serait en retard.
Il retourna dans « sa » chambre et remarqua pour la première fois son bureau, tant il était bien rangé. Sur la chaise, il y avait un sac à bandoulière plein, alors sans se soucier de son contenu il l'endossa et quitta la maison.
Et il avait peur.
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