Amuse-bouche

J'ai eu du mal à trouver la maison. Elle ne figurait pas sur le GPS. Heureusement, les indications de mon collègue étaient relativement claires. Comme indiqué, je me suis engagé sur ce chemin boueux au milieu des bois, avec son avertissement "propriété privée". Entre chien et loup, j'ai pu voir que l'on dépassait un étang, puis les arbres se sont refermés sur moi et il n'y a eu plus rien qu'une obscurité compacte traversée par mes phares.

Enfin, la maison apparait. Elle n'est pas éclairée, mais à la percée des arbres, je la distingue en contraste. Elle ressemble à un vieux manoir, et même avec l'obscurité, je vois qu'elle est décrépit. Je suis heureux de sortir de la voiture et de détendre mes muscles en faisant quelques pas. Ce trajet dans les bois était un peu crispant.

J'écoute les bruits nocturnes, mais tout est étrangement calme. Des raies de lumière percent à travers les volets décharnés à droite de la porte d'entrée. Il n'y a aucun bruit. Les amis de mon collègue doivent être du genre discret... Comme lui... Tout est terriblement silencieux. Je frissonne un peu. Cette ambiance est lugubre. Je rassemble mon courage, monte les marches du perron et actionne le heurtoir.

La porte s'entrebâille en grinçant, mon collègue me barre la vue.

- Paul ! Quel plaisir ! On commençait à avoir faim.

Son ton est grinçant. Dans ses yeux brille une lueur malicieuse, presque perverse. Mais c'est un blagueur du genre pince-sans-rire. Je ne m'en soucie pas plus que ça. Je passe la porte. Les invités sont déjà tous attablés. Dans leurs yeux, une lueur de faim inquiétante. Il y a quelque chose d'étrange mais quoi ? J'évince vite cette sensation, c'est sans doute dû à l'attente, et m'excuse.

- Je suis en retard.

Soudain, je met le doigt sur ce qui me chiffonne. Il n'y a plus de place libre à table. Les amis de mon collègue sont debouts maintenant. Ils me détaillent de la tête aux pieds. Ils ont gardé leur couverts à la main. Mon collègue a une lueur carnassière dans les yeux. Il sourit et prend un ton mielleux.

- On vous attendait pour commencer. Messieurs, notre plat est là. Bon appétit.

Et tous se jettent sur moi.

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En italique, les ajouts par rapport à la version originale (en 31 mots)

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