ℭ𝔥𝔞𝔭𝔦𝔱𝔯𝔢 6
─ Vous avez besoin d'aide, j'ai peut-être une solution... Alastor, ravi de faire votre connaissance !
Vernon préféra ne pas chasser cette main, conscient du danger qui émanait de la créature en costume carmin.
─ Vous parlez d'une solution ? demanda-t-il à la place, feignant d'ignorer la main posée sur son épaule.
Même s'il essayait de se montrer sûr de lui, son intonation nerveuse trahissait son stress.
─ C'est exact, mon cher ami...
Alastor secoua la main en le dévisageant, à la recherche du meilleur adjectif pour le qualifier.
─ ... Effeminé.
Vernon s'étonna de la voix de cet Alastor. Il avait l'impression d'écouter une vieille radio.
─ Eh bien, eh bien, vous en tirez une de ces têtes. Que diriez-vous de prendre le café avec moi afin que nous puissions en discuter, hm ?
Alastor recula, les mains dans son dos. Vernon ne sut quoi répondre à part un vague haussement d'épaules.
Un taré. C'est un taré qui se trouve dans ma chambre et qui me propose un café. C'est normal.
─ Fort bien ! Suivez-moi, mon cher Cardioderma, suggéra-t-il en brandissant un micro en direction de la fenêtre.
─ Vous... êtes entré par-là ?
─ Oh, non non, ricana-t-il en lui refaisant face. Je désignais ma station de radio !
Vernon se rapprocha de la fenêtre et aperçut, en se penchant au-dessus du vide, une aile de l'hôtel qu'il n'avait pas encore visitée.
─ Prenons l'ascenseur, suggéra Alastor en le guidant, une main sur le haut de son dos.
─ Euh, okay...
Ils s'engagèrent dans le couloir. Vernon se permit enfin de penser à l'appellation à laquelle il avait eu droit.
─ Vous m'avez appelé d'une certaine manière, au fait. Je suis-...
─ Vernon Koch, je sais.
Il s'arrêta d'un coup et se posta devant le jeune homme pour le scruter de la tête au pied.
─ Votre forme infernale m'a tout l'air d'un Cardioderma, c'est pour ça que je vous ai appelé ainsi. C'est ce que vous êtes.
─ Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il en le suivant alors qu'il reprenait la route, piqué de curiosité.
─ Oh, ni plus ni moins qu'une espèce de chauves-souris !
Il dirigea son micro devant le visage de Vernon, d'un coup si vif que le pauvre se le reçut en pleine figure.
─ Et cette marque entre vos yeux, ça m'a tout l'air d'être une preuve concrète de ce que je dis.
Pendant que Vernon se massait le nez endolori, le démon lui tira une oreille.
─ Ça aussi, c'est une preuve concrète.
─ Aïe !
Alastor profita que Vernon soit concentré sur son oreille pour glissa son doigt ganté sur la lèvre du jeune homme afin de le tirer vers le bas.
─ Et ces canines ! J'en ai la chair de poule.
─ Vous savez ce que je suis ? s'intéressa Vernon une fois libéré de ces ridicules désignations.
─ É-vi-dem-ment ! J'ai l'œil, confirma-t-il en désignant celui derrière son monocle.
Ils arrivèrent enfin dans l'ascenseur.
─ Cette espèce s'appelle le Nez-en-cœur, pour être plus exact, expliqua Alastor en parlant avec sa main d'un geste théâtrale. Cela vient sans doute de votre rapport au sang de votre vie.
─ Mon rapport au sang ?...
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et Alastor se remit en marche. Vernon le rattrapa.
─ Comment ça, mon rapport au sang ? Ça a un rapport avec ce que j'ai fait ?
─ Après vous, mon cher ami.
Vernon, trop concentré sur sa discussion, ne fit pas attention au passage emprunté.
─ Monsieur Alastor, dites-moi, je vous en prie !
─ Patience, je vous raconterai tout ça autour de notre café, voyons.
Au bout d'un escalier étroit, Vernon se hissa sur une plateforme... Qui était une salle.
Une salle d'enregistrement.
Il fit pause dans sa discussion pour observer le studio, stupéfié. Par la fenêtre, il pouvait voir la ville dans toute sa splendeur ; elle semblait bien plus belle vue d'en haut.
─ Installez-vous, faites comme chez vous.
Vernon se retourna et constata qu'une petite table en fer avait été dressée. Les chaises avaient le style typique des terrasses parisiens, du moins, dans l'idée que se faisait Vernon de la capitale française.
Il prit place en faisant attention à ne pas faire de faux mouvement, de peur que la moindre maladresse n'attise les foudres de son hôte.
─ Vous aimez le café noir ?
─ O-oui...
Alastor lui servit une généreuse tasse. Vernon remarqua que la vaisselle semblait ancienne, en porcelaine peut-être.
─ Merci...
─ C'est naturel, voyons !
Le démon but une gorge de sa boisson pour inviter Vernon à l'imiter, montrant ainsi qu'il ne risquait rien à le boire. Il observa le liquide fumant, sceptique, avant d'oser y tremper les lèvres.
C'était...
Du café. Tout ce qu'il y avait de plus banal.
─ Alors ? On peut en discuter maintenant ?
Le démon ricana. Vernon hésita s'il s'agissait d'amusement simple ou de moquerie.
─ Je suis en possession d'un savoir qui pourrait vous être utile dans votre quête.
─ Comment vous savez ça ?
─ Les magiciens ne dévoilent pas leurs secrets, n'ai-je pas raison ? Sachez simplement que je sais pourquoi vous êtes là. Après tout... J̴e̷ ̶s̵a̸i̵s̷ ̵t̸o̴u̴t̵.̷.̶.̸
Sa voix grésillait d'une façon machiavélique qui fait se ratatiner Vernon sur lui-même.
─ Enfin, non, je sais juste ce qui est à ma portée, se corrigea-t-il sur un ton jovial. Mais ce n'est déjà pas trop mal, qu'en pensez-vous ?
Ce qu'il en pensait ? Cet Alastor était soit en train de le faire marcher, soit il était beaucoup trop puissant et n'aurait que faire de lui venir en aide sans une contrepartie...
─ Qu'est-ce que vous voulez en échange ?
─ Hah ! Voilà la vraie question.
Il but une gorgée de son café avant de claquer des doigts pour faire apparaître une feuille. Il l'attrapa au vol, puis la lui tendit, sans jamais se séparer de son sourire.
Méfiant, Vernon récupéra ce qui lui avait tout l'air d'un contrat pour prendre connaissance des clauses.
»»————- . . . ————-««
Contrat d'Accord Infernal pour la Rédemption
Entre les parties soussignées :
D'une part, l'Overlord, Alastor, également surnommé « Démon de la Radio ».
Et d'autre part, l'Âme Égarée désignée ci-après comme « Contractant », Vernon Jordane Koch.
Considérant que le Contractant est actuellement résidant des abysses infernaux sans connaissance précise des péchés qui ont conduit à son placement en ces lieux ;
Considérant que l'Overlord, doté de son expertise unique et incommensurable, est prêt à fournir au Contractant des informations cruciales sur les erreurs passées et, ainsi, à faciliter son cheminement vers la rédemption ;
Considérant que cet accord est volontairement conclu et que toutes les parties impliquées acceptent les termes et conditions énoncés ci-dessous.
Par conséquent, les parties conviennent des termes suivants :
Information sur les Péchés : Alastor s'engage à révéler à V. J. Koch une compréhension claire et exhaustive de ses actes passés qui ont conduit à sa condamnation aux enfers.
Contrepartie : En échange de ces services, le Contractant accepte de céder une partie de son libre arbitre à Alastor, qui pourra invoquer des conditions spécifiques et demander certaines actions du Contractant conformes à la quête de rédemption.
Durée de l'Accord : Cet accord demeurera en vigueur aussi longtemps que la quête de V. J. Koch restera d'actualité, ou jusqu'à ce qu'Alastor considère de lui-même que le contrat ait été honoré.
Clause de Non-responsabilité : Alastor n'est pas responsable des conséquences imprévues ou indésirables qui pourraient découler de la recherche de la rédemption par le Contractant.
En foi de quoi, les parties ont apposé leur signature en connaissance de cause et de plein gré.
Signé le :
Signatures :
»»————- . . . ————-««
Vernon leva les yeux du contrat.
─ Qu'entendez-vous par « céder une partie de son libre arbitre » ?
Alastor se pencha au-dessus de la feuille, l'air de réfléchir.
─ Oh, ça ! Une formalité de rien du tout.
─ Expliquez-moi, insista-t-il, méfiant.
─ Cela signifierait que s'il m'est nécessaire de vous demander un soutien quelconque, vous accepterez.
─ Comme... quoi ?
Alastor fronça des sourcils, l'air profondément irrité, mais cela ne dura qu'un maigre instant. Si rapide que Vernon se demanda s'il n'avait pas rêvé.
─ Cela comprend des actes du quotidien comme, je ne sais pas, me ramener des informations ciblées.
─ ... En gros je vous vends mon âme.
─ Oui.
Alastor plissa des yeux.
─ Enfin, vous l'avez bien vulgarisé.
Vernon reposa le contrat sur la table.
─ J'ai... besoin d'y réfléchir.
─ Faites donc, mon cher Cardioderma ! Et si vous prenez la décision qui vous permettra d'atteindre vos objectifs...
Il claqua des doigts et le monde s'évapora pour laisser place au couloir du deuxième étage.
─ ... vous savez où me trouver. ~
Et il disparut dans l'ombre, laissant sa place à un de ses voisins qui se tenait juste derrière lui avec un sac de course.
─ Wah, le démon de la radio fout vraiment les chocottes, lâcha-il avant de se diriger jusqu'à son appartement, laissant seul Vernon avec ses pensées à ruminer... et une tasse de café dans la main.
╚═══════════════╝
Je vous laisse avec quelques dessins de Vernon :) Des bisous les poulets.
- Ano
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top