ℭ𝔥𝔞𝔭𝔦𝔱𝔯𝔢 17
Vernon se coucha tard, à même son duvet, alors qu'il essayait de réfléchir sur comment trouver des informations sur sa vie. Il se demanda s'il pouvait simplement poser la question à Alastor... Mais cela ne lui semblait pas être une bonne idée.
Il avait fini par s'endormir, à force de cogiter... Lorsque tout à coup, un bruit sourd le réveilla en sursaut. Il décolla la feuille qui s'était collée à sa joue grâce a sa bave, et se leva en quatrième vitesse pour ouvrir la porte, totalement paniqué quant à l'origine du vacarme.
La tension retomba comme une pierre lorsqu'il constata qu'il ne s'agissait rien de plus qu'un démon complétement bourré qui déambulait dans le couloir, se cognant à toutes les portes qu'il croisait, comme si un aimant l'y attirait.
Vernon s'apprêta de refermer la porte lorsqu'il se rendit compte que le démon était en fait Angel, léger détail qui lui avait échappé, certainement à cause de la fatigue de son trop récent réveil. Angel se cogna une fois encore contre la porte d'une chambre vide, et cela lui attira d'ailleurs des insultes de leurs voisins de pallier, qui ne prirent même pas la peine de venir voir ce qui se passait.
─ Wow ! C'est pas bientôt fini, bande de chiens ?! Fils de pute !!
─ Je vais vous éclater la gueule saloperies de merde !
─ Non, moi d'abord, connard !
─ Crève, pourriture !!
Vernon se précipita vers Angel pour le retenir avant qu'il ne finisse par se blesser - ou qu'un de leurs voisins ne mettent leurs menaces à exécution.
─ A-Angel, je te tiens, lui souffla-t-il en se calant sous son bras.
Son voisin grommela des incohérences en plissant des yeux. Vernon se demanda s'il était possible qu'il ait consommé plus que de l'alcool... Quelle heure il était, bon sang ? Pourquoi rentrait-il dans cet état ? Pas étonnant que leurs voisins avaient l'air hors d'eux !
Vernon prit les choses en main, bien décidé à ne pas le laisser errer comme une âme en peine dans le couloir de l'hôtel, visiblement très confus quant à l'emplacement de sa chambre.
Il le fit pivoter pour rebrousser le chemin et fouilla dans ses poches à la recherche de sa clef.
─ Putain me dis pas que tu l'as encore oubliée au travail..., marmonna Vernon en fronçant des sourcils. Angel, je vais ouvrir ton manteau.
Comme l'acteur ne réagissait pas, Vernon se permit de dézipper la fermeture éclair, se disant que, peut-être, il l'avait rangée dans une poche intérieure.
Il rougit violemment lorsqu'il aperçut son corps : un body noir en cuir, décolleté à outrance, avec une bretelle arrachée et... Bordel, des bleus sur le bras et ses cuisses.
Déstabilisé, il lui aura fallu quelques secondes pour se décider à continuer ses recherches. Putain de mains qui tremblent. Il finit par tomber sur sa clef de chambre, dans une des poches intérieures de son manteau en fourrure. Merci, Univers.
Il déverrouilla la porte et le guida péniblement jusqu'à son lit.
Groin groin.
─ B-bonsoir Fat Nugget, souffla Vernon en enjambant le petit cochon cornu inquiet.
Angel retomba lourdement dans son lit. Vernon prit quelques instants pour reprendre son souffle, avant de se hisser sur le matelas pour essayer de lui retirer son manteau afin de faciliter la position latérale de sécurité qu'il s'apprêtait de pratiquer, conformément à ce qu'il avait appris à faire durant sa formation de samaritain. Ça va devenir une habitude entre lui et moi ?
Soudainement, Angel écarta ses jambes. Il semblait à moitié conscient et regardait autour de lui avec une confusion palpable.
Vernon eut le réflexe de les refermer avec les siennes.
─ Je ne compte rien te faire, Angel. Je vais juste... te mettre en sécurité.
Il essaya de ne pas perdre son sang froid lorsqu'Angel croisa brièvement ses yeux, l'air visiblement très étonné, avant de refermer ses paupières.
Putain mais qu'est-ce qu'on t'a fait, Angel...
Il glissa sa main dans le bas de son dos pour le redresser afin de faciliter le retrait de son manteau. Sa respiration devint plus difficile à gérer lorsqu'il constata l'ampleur de ses blessures. Des bleus... des morsures... Un souvenir de sa vie d'avant résonna dans sa boîte crânienne.
─ Vernon, ressaisie-toi ! Il est en train de se vider de son sang ! lui avait hurlé sa collègue depuise trottoir, à quatre pattes au-dessus d'un corps.
Le sang et les éclats de verre ornaient le bitum froid. Non loin d'eux, un vélo, et un peu plus loin, un motard en fuite.
─ J-je..., avait-il balbutié, tétanisé sur le siège passager de la voiture.
Le corps de la pauvre victime captait toute son attention. Sa collègue de travail était baignée dans une marre de sang qui lui remontait jusqu'aux coudes.
─ Putain... Très bien, laisse-moi faire !
Il secoua la tête pour chasser cet horrible souvenir de sa mémoire. Angel va vivre. Je peux gérer cette situation. Tout va bien. Il rallongea Angel sur le matelas et inspecta, avec la lumière de son téléphone, chaque parcelle de sa peau à la recherche d'une quelconque plaie ouverte. Fort heureusement, il ne trouva rien de semblable. Il ne se rendit compte que dorénavant que ses mains ne tremblaient plus.
Fat Nugget bondit sur le matelas et vint renifler le visage endormi de son propriétaire.
Vernon, lui, se laissa tomber sur le lit pour se prendre la tête entre les mains.
─ Dites, les filles... C'est qui Valentino ?
─ Personne, juste la plus grosse merde de tout l'univers et accessoirement son patron, avait répondit Vaggie ce jour-là en serrant les poings.
Valentino... Si c'était son œuvre, il était un homme doublement mort. Attends que j'en touche un mot à Charl-...
Il entendit un vague gémissement d'inconfort du côté d'Angel, ce qui le ramena au temps présent. La PLS ! Il s'agenouilla sur le côté du matelas et tira sur son épaule et sa cuisse pour l'attirer contre lui. Il pencha méticuleusement sa tête en arrière mais, ces mouvements semblaient l'avoir réveillé.
─ Angel, ce n'est que moi...
─ H-Husk... ? murmura-t-il, confus, les yeux à moitié fermés.
Entendre ce nom lui serra le cœur si douloureusement qu'il en resta bouche-bée.
─ C'est Vernon, finit-il par corriger, d'une toute petite voix, au bout de plusieurs secondes d'hésitation.
Angel, péniblement, tendit le bras devant lui et toucha la joue du jeune homme. Il sembla le caresser, peut-être pour s'assurer qu'il ne s'agissait effectivement pas de la fourrure de son meilleur ami. Ce geste d'une tendresse surnaturelle transit Vernon de sorte qu'il ne fut pas capable de se retirer. Les doigts brûlantes de son voisin glissèrent près de son oreille, puis s'arrêtèrent sur sa nuque.
─ Vernon..., parvint-il à articuler, l'air ailleurs.
─ Oui, c'est ça. Rendors-toi, je reste à côté si jamais tu as besoin de quelque chose.
Angel fut trop faible pour hocher la tête mais il laissa tomber sa main, ce que Vernon traduisit par une approbation. Ce dernier dégagea sa frange qui retombait sur devant son œil, puis s'adossa contre le mur, les jambes repliées contre lui. Il regarda Angel, son corps frêle, puis Fat Nugget qui s'était niché contre son abdomen.
Il examina attentivement tous les détails de la chambre ; tout ce qui pouvait détourner son attention des blessures d'Angel, mais surtout de son cœur qui pulsait beaucoup trop vite.
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Lorsque le jour se leva sur la ville du Pentagram, Angel se réveilla enfin. Il sentit son crâne frôler l'implosion tant il lui faisait mal. Je suis où, putain ? se demanda-t-il avant de réaliser qu'il s'agissait de sa chambre. Il se redressa avec peine et fit glisser, à côté de lui, le manteau qui lui servait de couverture, n'arrivant pas à se rappeler de comment il avait atterri à l'hôtel. Ses souvenirs lui faisaient défaut à partir du milieu de la soirée, ainsi, il ignorait ce qu'il avait consommé et comment il était rentré.
Fat Nugget bondit sur ses cuisses pour lui grogner joyeusement sous son nez. Il le caressa en souriant puis remarqua, du coin de l'œil, une silhouette inhabituelle dans le décor. Quelqu'un était dans son lit, roulé en boule sur son coussin. Putain, un gars m'a baisé dans ma propre chambre, se disait-il, las. Mais pourquoi ne dormaient-ils pas côte-à-côte, dans ce cas-là ?
Il se redressa légèrement pour voir de qui il pouvait bien s'agir... Découvrir l'identité de l'homme l'électrisa de tout son être. Vernon aurait réellement couché avec lui alors qu'il était inconscient ? En aurait-il été capable ? Des tas de gens l'ont fait, mais lui, aurait-il pu ?
Il remarqua que l'homme-chauve-souris ouvrit les yeux. Angel recula d'un seul coup lorsque Vernon se redressa, décoiffé au possible et vêtu de son shorty ainsi que de sa chemise bleu nuit.
Ils se pétrifièrent dans le regard de l'autre. Angel n'était pas plus habillé que lui, mais ce qui le gênait était de mettre à nu ses blessures devant lui. Il n'y avait pas encore fait attention jusqu'à présent, mais il savait d'expérience qu'il en était recouvert, surtout après une nuit de black-out.
─ Tu... te sens comment ? demanda Vernon en ne détournant pas le regard de son air effaré.
On ne me demande jamais comment je me sens, d'habitude.
─ ... Ça va, répondit Angel en se prenant les bras. Tu... on...
Il fit un geste explicite qui fit rougir davantage Vernon.
─ Non. Tu es rentré complétement ivre, j'avais juste peur pour toi. Promis, je ne t'ai rien fait.
Angel ne savait pas pourquoi il se sentait autant soulagé : peut-être que cela prouvait simplement qu'il pouvait continuer de lui faire confiance...
─ Désolé, je n'avais pas prévu m'endormir ici, s'excusa Vernon en se grattant la nuque, l'air terriblement mal à l'aise.
Fat Nugget vint lui grogner aimablement contre les jambes. Angel sentit une vague de chaleur envahir son ventre lorsque Vernon commença à caresser délicatement son cochon de compagnie.
Et voilà qu'il avait à nouveau mal au crâne. Et des nausées. Et des crampes aux cuisses.
─ Je vais te laisser te reposer, déclara son voisin en se levant.
Il leva la main et Angel se rétracta par réflexe, le laissant bouche-bée. Il réalisa alors qu'il lui avait simplement tendu la main pour le saluer.
─ Hum... Du coup, bonne journée, Angel, murmura Vernon avant de partir aussi vite qu'il en fut capable, laissant l'acteur seul avec Fat Nugget, à se fixer dans le blanc des yeux.
Des éclats de souvenirs lui volèrent en pleine face. Valentino, ses coups... Le verre qu'il lui avait tendu... Le reste, ce n'était que du black-out.
Il sortit son téléphone pour consulter l'heure et remarqua plusieurs appels en absences de Husk, mais un seul auquel il semblait avoir répondu, aux alentours de deux heures du matin.
Angel se débarbouilla du mieux qu'il le pu, vêtit des vêtements plus confortables et monta au quatrième étage avant de tambouriner devant la chambre de son meilleur ami. De toute façon, vu l'heure tardive, il y avait de grandes chances qu'il soit déjà réveillé.
Et en effet, au bout de quelques instants, la porte s'ouvrit. Le chat ailé affichait une expression grincheuse mais, dès que ses pupilles se posèrent sur Angel, elles se dilatèrent.
─ Angel ? Tout va bien ?
─ O-oui, je voulais... Je... je sais pas trop, en fait, admit-il laissant retomber ses bras.
Il n'avait pas réfléchi à ce qu'il allait lui dire, et ça, Husk le comprit bien vite.
─ Entre.
Angel accepta l'invitation de son meilleur ami et se laissa tomber sur un fauteuil.
─ J'ai vu qu'on avait téléphoné cette nuit, toi et moi.
─ Oui, confirma Husk en refermant la porte. J'avais essayé de t'appeler toute la soirée et tu as fini par me répondre. Tu voulais que je vienne te cherche, c'est ce que j'ai fait.
Le démon ailé se posta devant Angel en croisant des bras, prenant un air sévère.
─ Tu m'as ensuite assuré que tu étais tout à fait capable de te débrouiller seul pour la suite, alors je t'ai observé depuis l'autre bout du couloir. J'étais à deux doigts d'intervenir quand Vernon m'a devancé. J'ai confiance en ce gamin, alors je l'ai laissé prendre le relais.
Angel fut soulagé d'entendre ces explications.
─ Quelque chose ne va pas ? Il t'a fait quelque chose ? gronda Husk en serrant les poings.
─ N-non, rien du tout, le rassura-t-il en relevant la tête. J'étais juste un peu confus... Val, il...
─ Je sais. J'ai vu l'état dans lequel tu as fini.
Il se prit la tête entre les mains et commença à faire les cents pas.
─ Je te jure qu'un jour je lui ferai la peau...
─ Non, ne fais pas ça, souffla le démon-araignée, la boule au ventre. Il te tuera.
─ Mais c'est toi qu'il est en train de tuer, putain ! vociféra-t-il en se rapprochant à nouveau de lui, l'air menaçant.
Angel se ratatina dans son siège, et cette vue poussa Husk à se ressaisir.
─ J'en peux plus de te laisser subir cette situation, murmura-t-il douloureusement. Je me sens... inutile... si faible... Putain, Angel, ça me bouffe de l'intérieur de te voir vivre ça quotidiennement.
─ T'en fais déjà beaucoup-...
─ Non ! Ce n'est pas assez, tu es en danger constant en continuant de travailler pour lui !
─ On ne peut rien faire contre lui, il a des yeux partout, il sait quand quelqu'un lui manigance un sale coup. J'ai essayé, crois-moi !
─ Angel...
─ Je ne peux rien faire tant qu'il m'empoisonne, je ne peux rien faire contre lui !
─ Angel...
─ Tu ne peux rien faire pour m'aider, personne ne le peut !
─ Angel !!
Il s'arrêta, impuissant face à cette lueur d'inquiétude qu'il percevait chez son meilleur ami.
─ On trouvera une solution... Je te le promets...
Angel, capturé entre les bras de Husk, se laissa fondre contre lui.
Leurs cœurs battaient la chamade... Et se calmèrent petit à petit, au chaud l'un contre l'autre.
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Vous avez de la chance, j'étais d'humeur à vous offrir deux memes aujourd'hui :p
Allez, bonne semaine à vous et à vendredi !
- Ano, l'auteure sadique
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