─ Avec un e ? s'étonna-t-il en ricanant.

─ Ouaip, répondit Vernon. Jorda-neuh. Trop court.

Angel rangea le mini-short et montra la mini-jupe.

─ Non. Et toi du coup, tu as un deuxième prénom ? je veux dire, de ton vivant.

─ Nan, mes parents étaient des gens simples, répondit le démon en sortant un autre mini-short. Mais plus personne ne m'appelle par mon "autre" prénom de toute façon.

─ Trop court.

─ Et ça ?

─ hmm...

Vernon attrapa le cintre. Il détailla sous toutes les coutures le string.

─ Ça, c'est parfait pour la poubelle.

Il rendit le vêtement à Angel qui commençait à montrer des signes d'impatience.

─ Regarde, j'aime bien porter ça, expliqua Vernon en désignant le pantalon cargo dans le rayon qu'il fouillait.

Angel fit un pet de bouche avec sa langue en remuant de la main.

─ Tu portes un short, actuellement, en quoi c'est différent de ce que je t'ai montré ?

─ Mon short ne remonte pas jusqu'à ma raie, argumenta-t-il. Tu sais quoi Angel ? Si tu tiens tant que ça à m'aider, tu peux aller regarder un tee-shirt ou un pull s'il te plait ?

─ Encore heureux que je veuille t'aider ! Si je ne disais rien, tu achèterais des trucs qui te feraient ressembler à un clochard !

Vernon sortit un jeans large pourpre.

─ Ose me dire que ça me donnera l'air d'un clodo.

─ Non, ça, ça va.

Le jeune homme lui tourna le dos pour ne pas lui montrer qu'il souriait.

─ Je vais aller essayer alors.

─ Je vais regarder les hauts.

Vernon acquiesça et s'enferma dans une cabine. Par chance, il avait choisi la taille de jeans parfaite pour sa morphologie. Il plongea entièrement ses mains dans les poches.

Vive les habits du rayon « homme ».

─ Vernon, je t'ai trouvé des pépites. ~

─ Je suis là, dit-il en tirant le rideau. C'est... trop court.

─ Quoi ?! s'outra Angel, un ceintre par main – c'est-à-dire six. C'est le top de la mode !

─ Je ne peux pas porter ça.

─ Et pourquoi pas ?

─ Parce qu'en plus d'être super courts, tous tes hauts ont un trou au niveau des tétons.

─ Eeeeeet ? s'impatienta l'acteur. C'est très à la mode chez les hommes !

─ Angel, j'ai des seins. Ça me gène de les montrer.

─ Ma poitrine en fourrure s'accommode parfaitement à ces vêtements, il n'y a pas de raison à ce que ça ne te mette pas en valeur, argumenta-t-il, l'air parfaitement sûr de lui.

─ J'ai des vrais seins, déclara Vernon en ouvrant sa chemise, laissant apparaître son haut sans manche qui moulait son corps.

─ ... Oooooooh, lâcha Angel lorsque l'information eut atteint son cerveau. Capito.

Vernon devina qu'Angel avait dit « compris » en italien.

─ Je vais regarder au niveau des hauts un peu plus couvrant, annonça Vernon en refermant le rideau pour se changer.

Lorsqu'il ressortit de la cabine, Angel n'était plus là. En parcourant les rayons, il l'aperçut en train d'hésiter entre un pull noir moulant avec un col en V ou un pull noir moulant à coll roulé.

─ Hmmm, fit le démon-araignée en essayant de superposer le vêtement sur Vernon alors que celui-ci approchait, une main sur le menton et la mine réflexive.

Vernon ne put s'empêcher de ricaner. Lorsqu'Angel lui avait proposé de faire du shopping, il ne s'attendait vraiment pas à ce qu'il se sente aussi impliqué, mais cela lui faisait plaisir de partager ce moment banal avec quelqu'un, pour une fois.

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─ Merci, c'était une chouette sortie, remercia Vernon en serrant l'anse de son sac en papier, légèrement embarrassé.

─ Heh, faut bien s'entraider entre voisins, plaisanta Angel en posant une main sur la poignée de sa porte.

La remarque lui arracha un sourire qu'il masqua en lui tournant le dos.

─ Bonne soirée Angel.

─ Ciao. ~

Vernon s'enferma dans sa chambre et commença à retirer toutes les étiquettes de ses nouveaux vêtements avant de les jeter dans la corbeille à linges sales de l'hôtel en vue d'une première lessive. Il n'avait bientôt plus beaucoup d'argent, cela le motiva à réfléchir à quel genre d'emploi il pouvait demander lorsqu'il ira dans une agence.

─ A-ah, désolé, s'excusa-t-il lorsqu'il bouscula un résidant qui sortait de l'ascenseur.

Ce dernier se contenta d'un simple grognement avant de s'éloigner. Vernon décida de ne pas y prêter plus attention que ça et se dirigea vers le sous-sol de l'hôtel. Comme il restait une machine disponible, il se permit de la mettre en route et nota son nom sur la feuille ainsi que la date.

─ Salut, petit.

Il ratura la feuille en se retournant d'un seul coup, une main sur la poitrine.

─ Oof, Husk, c'est toi.

Les démons avaient une sale manie de le prendre par surprise.

Le démon ailé, sans réagir, se dirigea simplement jusqu'à une machine contre le mur pour la vider dans son panier.

─ Je t'ai vu partir avec Angel, tout à l'heure, finit-il par déclarer.

─ Ouais, acquiesça-t-il en haussant des épaules. On est allés m'acheter des vêtements.

─ Mini-shorts ? supposa Husk en s'adossant contre le mur pour boire une gorgée de sa bière.

Vernon ne l'avait même pas remarquée avant, cette bouteille. Il avait l'impression qu'il en avait souvent une dans les mains.

─ Tu le connais bien, ricana-t-il en reposant le stylo qu'il avait toujours dans la main.

─ Pas tant que ça.

Menteur, se retint-il de dire.

Vernon remarqua alors que Husk semblait perturbé.

─ Qu'est-ce qu'il y a ?

Le démon ailé ouvrit la bouche, mais rien n'en sortit. Il sembla frustré au vu de ses sourcils qui se froncèrent. Finalement, il abandonna.

─ Non, rien, oublie.

─ Tu es sûr ? Si c'est important, mieux vaut me le dire, conseilla Vernon, curieux et légèrement stressé.

Husk ferma un instant les yeux pour prendre une profonde inspiration.

─ C'est juste que... Que...

Il grogna, l'air visiblement très contrarié. Il semblait essayer de mimer quelque chose... Mais Vernon était incapable de traduire le moindre mouvement. Husk râla bruyamment.

─ C'est pas vrai, même comme ça j'arrive pas à le dire ?!

─ Me dire quoi ? s'enquit le jeune homme en reculant d'un pas, légèrement inquiet.

Le barman se tint la tête en serrant les dents.

─ J'y arrive pas... Ça ne veut pas sortir...

─ Est-ce que... quelque chose t'en empêche ? tenta Vernon en osant s'avancer vers lui.

─ Oui ! confirma Husk, un éclat de soulagement traversant son regard doré.

─ Des valeurs ? Des menaces ?

─ Pas vraiment...

─ C'est quoi ? demanda-t-il, se tenant dorénavant à un mètre de lui.

─ Je... ne peux pas le dire non plus..., admit furieusement Husk en plantant son regard dans le sien.

─ Est-ce que c'est la magie de quelqu'un qui te fait ça ?

Le démon ailé ouvrit la bouche mais rien n'en sortit. Il se contenta d'un hochement de tête.

─ Qui ? insista-t-il lorsque soudainement, Husk le bouscula pour s'emparer du stylo.

Il arracha la feuille avec les heures de lessive et, au verso, essaya de gribouiller quelque chose.

─ Merde ! jura-t-il avant de jeter le stylo à travers la pièce puis de tomber à genoux.

C'était la première fois que Vernon le voyait aussi agacé et cela ne faisait qu'accentuer son angoisse. Il réalisa alors qu'il s'était tétanisé.

─ Même l'écrire est impossible...

─ Husk.

L'interpelé leva la tête.

─ Ce n'est pas grave, le rassura Vernon en s'agenouilla près de lui, une main sur son épaule. Je sais maintenant que je dois faire attention, même si je ne sais pas à quoi.

─ Ne crois personne, fut tout ce que parvint à dire le démon ailé, si sérieusement que Vernon en eut des frissons.

─ Je te crois, Husk.

Il eut l'impression que ses paroles l'apaisèrent instantanément.

Il se redressa sur ses jambes et lui tendit la main.

─ Désolé pour ta bière, déclara Vernon en désignant la bouteille qui avait roulé plus loin. Tu veux que je t'offre un verre ?

─ Petit, je travaille dans un bar, fit remarquer le barman, en se relevant.

─ Et moi je ne suis ni petit, ni un gamin. Je suis plus proche de la trentaine que de mon premier verre de vin, se moqua le plus jeune en lui donnant un coup de coude dans le bras.

─ Pour quelqu'un d'aussi banal, je trouve que tu as de la répartie.

─ C'est vexant, un peu.

La dernière remarque arracha un rictus au plus âgé.

─ Allons prendre ce verre.

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