Le messager


Cinq mois avant le point critique

C'était une chambre de jeune fille tout ce qu'il y a de plus normale. Les murs tapissés de laine de verre tissé blanc. Les meubles se composaient d'une commode, d'un lit et d'un bureau en face d'une fenêtre. Chaque éléments n'avait aucun point commun stylistique avec les autres. Le lit simple était fait en aggloméré blanc, et la couette dessus représentait des petits canards de toutes le couleurs et dans tout les sens. La commode, récupérée quelque part présentait des tons bois, et débordait de vêtements pèle-mêle, non pliés, non repassés et pas rangés. Le tiroir du bas ne pouvait plus se fermer non plus à cause du surplus qui en sortait. Le bureau était couvert de stylos, de crayons, de cahiers et de livres. Un ordinateur portable vieillot était replié dans un coin sous un pot de crayons. La lumière de la fenêtre éclairait le plan de travail lorsque le jour le permettait, dans le cas contraire, une lampe de bureau se chargeait du travail. Au milieu du fatras une enveloppe fermée était posée. Sur les murs, des photos de famille dans des cadres et des photos d'amis posées au scotch de manière anarchiques agrémentaient le décors au milieux de posters de stars de la pop.

La porte s'ouvrit brusquement laissant entrer une jeune fille, presque une femme maintenant. Sa tenue n'était qu'un jogging large. Ensemble gris d'une grande marque de sport, mais, au vu des coutures qui avaient tendance à lâcher, probablement une contrefaçon. Dans tout les cas, elle recousait elle-même ces vêtements qu'elle affectionnait pour ne pas que cela soit trop flagrant. Son tee-shirt, visible au milieu de la tenue proclamait clairement « produit de banlieue » avec le symbole des produits inflammables. Ses cheveux bouclés et sa peau brune attiraient les garçons du coin. Mais croiser ses yeux noirs et son regard de bagarreuse les calmaient généralement. Au pire, elle savait se battre depuis la primaire. Pas un mois sans une bagarre à l'école ou dans la rue. Elle jeta machinalement son sac à dos décoré au correcteur blanc sur le lit et se mit à la fenêtre.

Elle était top vieille pour ce décors de jeune fille. Mais pas assez pour la chambre d'adulte de ses parents à coté.

Elle avait la tête pleine de rêves, du genre de ceux qui amène une vie facile, pleine de plaisirs égoïstes facilité par l'argent. La formation ''femme de footballeur international professionnel'' n'étant pas au programme du CFA d'à coté, elle s'était rabattue sur un CAP coiffure. L'année scolaire était finie, et maintenant, devant elle le gouffre béant de la vie active alors que ses attentes ne seraient certainement pas contentées par le maigre salaire proposé par un employeur du coin.

De son perchoir du quatorzième étage de la tour qui en comptait vingt, elle observa ce qui se passait dans la rue.

Les camions de CRS étaient partis. Ils étaient arrivés avec les échanges de tirs à l'arme automatique qui avaient provoqué le décès d'une enfant de cinq ans dans le parc un peu plus loin. Ils étaient arrivés en moto-cross, plaques maquillés, avec des fusils d'assaut, s'étaient arrêté devant un bâtiment et l'avaient arrosés. Cela provoqua la sortie d'un autre groupe dans une tour voisine, et il y eut des échanges de tirs. Puis ils étaient repartis aussi vite qu'ils étaient arrivés.

Bilan, trois blessés dont un des assaillant et un mort. Une gamine qui n'avait rien demandé.

La police était rapidement intervenue, aussi vite que les dealers du coins s'étaient envolés. L'enquête se poursuivait, avec la police scientifique et des investigations dans toute la zone. Mais la jeune femme savait que personne ne dirait quoi que ce soit : la peur des représailles fermait les bouches. En bas, une bruyante moto-cross bleue et deux scooters faisaient la course dans la rue principale. Des jeunes garçons fumaient en écoutant du rap aux paroles grossières tout en encourageant les concurrents.

Une moto, elle en rêvait aussi. Comme une voiture.

Mais il fallait le permis.

Donc il fallait les sous pour le payer.

Et par conséquent, quand on démarre dans la vie active, on en a pas pour obtenir le précieux sésame de la liberté. Elle se dit qu'il y avait d'autres sujets qui méritaient son attention pour le moment. La jeune fille quitta la fenêtre pour aller ouvrir son sac à dos et en sortir le vêtement qu'elle avait volé quelques minutes plus tôt. C'était un haut bleu nuit simple, mais le prix demandé par l'enseigne était clairement hors budget pour elle. Elle l'avait dérobé avec l'antivol, et personne n'avait rien vu ni entendu dans la zone, la faute à ce papier d'aluminium qui recouvrait l'intérieur du sac comme une doublure. Le procédé était simple : prendre plein de vêtement, tous les essayer, et en oublier un dans le sac en repartant. Bien entendu, parfois, il fallait repartir sans rien, ou en payant un vêtement pour éviter d'éveiller les soupçons. Son ratio oscillait entre un sur quatre et un sur trois de payés.

Certes, elle savait que ce n'était pas bien. Mais si les vêtements vendu n'étaient pas aussi chers, elle n'aurait pas besoin de les voler.

Avec un certaine habitude, elle décrocha l'anti-vol à l'aide d'un puissant aimant et l'observa en le tournant et le retournant devant ses yeux, satisfaite de sa nouvelle acquisition.

Le téléphone cellulaire sonna.

Un smartphone de seconde main ayant appartenu à sa mère, ayant des problèmes pour tenir la charge et lent sur le web. Mais mieux que rien. Le numéro était connu et elle décrocha.

— Allô ? demanda-t-elle

— Allô Maryam ? C'est Fatou, je suis en bas de chez toi. On va faire un tour au centre commercial avec Awa. Tu veux venir ?

— Pourquoi y faire ?

— Awa a besoin de se prendre un nouvel eye-liner.

— Ok, je descends.

— Vas-y on t'attends.

Elle replia le tissu avant de prendre la porte et sortir de sa chambre. L'appartement qu'elle traversa en direction de la sortie était vide. Son père avait disparu le jour de sa naissance et sa mère travaillait dur comme femme de ménage dans des bureaux à la défense. Elle partait tôt, et rentrait tard. Ce qui avait le mérite de laisser beaucoup de temps libre pour son frère et elle. La seule chose que sa mère demandait, c'était que l'appartement reste propre et rangé. Le mobilier était aussi succin et récupéré ça et là mais dans sa grande majorité, fonctionnel et entretenu.

Son petit frère ne s'occupait de rien, il ne s'y était même jamais intéressé. Mais il était rarement à la maison également. Toujours fourré chez des amis ou a traîner dans la rue avec les mêmes. Ses résultats scolaires étaient mauvais, les études ne provoquait chez lui qu'un ennui soporifique.

Les séances de psychologues n'avaient rien donné malgré tout les efforts de sa mère : il ne voulait pas travailler par manque d'intérêt total.

La lourde porte de l'appartement se ferma derrière Maryam qui la verrouilla à clef avant de monter dans l'ascenseur du palier. Recouverte d'un revêtement en plastique bordeaux et d'une surface caoutchouteuse noire au sol, l'équipement sentait un mélange de serpillière rance et d'eau de javel bon marché. La plaque stipulait 'douze personnes maximum', honnêtement, Maryam n'imaginait pas plus de huit personnes ensemble dans cette cabine d'une autre époque.

La pièce mobile s'arrêta au rez-de-chaussée et la porte se déverrouilla avec un bruit de gong. Maryam sortit en poussant la lourde porte de fermeture de ces vieux engins.

Le couloir rempli de carreaux émaillés blancs antédiluviens l'accueilli avec la réverbération de l'éclairage du tube néon froid au plafond. Conçu pour durer et faciliter l'entretien, le carrelage n'en avait pas moins subit les affres du temps et des mauvais traitements de locataires indélicats. Certains éteint manquant et d'autres simplement cassés.

Elle ne s'attarda pas sur ces détails : vivant là depuis sa plus tendre enfance, ces dégradations faisaient parties, pour elle, de son environnement.

Derrière la baie vitrée du sas devant elle attendaient deux de ses amies. Fatou et Awa. Deux africaines aux caractères aussi trempés que le sien. Leurs tenues étaient sensiblement les mêmes : des baskets, un jean et un pull, ocre pour Fatou et marron pour Awa. Un peu plus loin, sur la route les motos s'étaient arrêtés et les garçons tournaient en rigolant dessus. Un des scooters passa sur la roue arrière.

Maryam sortit et n'eut pas le temps de parler qu'Awa lui parla avec des yeux brillants.

— Eh, Maryam, tu les connais les keums (mecs) derrière nous là ? Parce que depuis tout à l'heure, ils arrêtent pas de nous mater.

— Ouaip, c'est Farid et sa bande. Doit y'avoir mon frère quelque part là-dedans.

— Tu nous présentes ? Y'en a un ou deux de potable dans le groupe là.

— Je les connais pas tous, mais déjà je peux aller voir Farid, c'est un pote de mon frère... Mais on devait pas aller au centre ? Demanda-t-elle avec un léger recul.

— Promis, on y va après fit Fatou en se mordant légèrement la lèvre inférieure.

Durant un court instant, le regard de Maryam alla de l'une à l'autre en comprenant que leurs objectifs avaient changés durant sa descente.

— Eh les 'go' (terme africain signifiant femme), prévint Maryam, je vous le dis tout de suite, ils sont machos, parlent mal et violents.

— Mais ils ont de la maille (argent).

— Parce que tu crois qu'ils vont te le donner ?

— On arrivera bien à convaincre un de ces beau gosse.

Maryam mis les mains dans les poches de son sweetshirt en s'avançant vers le groupe qui s'ouvrit en la voyant arriver. Observant le spectacle de la moto-cross qui faisait patiner sa roue arrière au point de la faire fumer, Farid regardait bras croisé le doux-roue hurler.

— Salut Farid

— Salam Halikoum Maryam, répondit-il avec un accent Kabyle très prononcé en voyant la jeune femme s'approcher. Comment que tu vas ?

— Ca va, dis, y'aurait moyen de faire un tour ? Demanda-t-elle en montrant les motos.

Le jeune homme, à peine plus agé qu'elle, une barbe naissante et le teint basané la regarda étonné. Il portait un jean moulant et un maillot de l'équipe nationale algérienne blanc.

— Heu... Tu sais conduire ? Tu as le permis ?

— Non pourquoi ? Il faut ça pour apprendre ?

— Alors non, désolé, tu montes pas dessus.

— Parce qu'ils ont le permis eux ? Demanda-t-elle en montrant les jeunes qui se vannaient sévèrement.

— Non, mais si eux y s'accidentent je l'aurai moins mal que si c'était toi.

— Pourquoi ? Parce que je suis une fille.

— Bah... oui. Pas que j'ai pas confiance en toi hein... T'es une jolie fille et je voudrais que tu le restes. Vraiment. Essaie d'imaginer si tu te blesses et que je te croise dans le quartier après. Mais toute la vie je vais m'en vouloir d'avoir laissé une jolie fille faire un truc dangereux.

— Parce que eux, c'est pas grave ? Demanda-telle en montrant les garçons

— Moins, concéda-t-il. Je ne veux pas de cette responsabilité à ton sujet. Si tu te procures une moto, je veux bien t'apprendre, mais seulement parce que je sais que tu vas te foutre en l'air si tu conduis mal.

Face à cette injustice, Maryam commença à s'énerver.

— Parceque si c'est un mec c'est moins grave qu'une nana c'est ça ? Mais tu l'as vu où ta logique là ? La nana t'appelles les pompiers et le mec tu l'achèves ? Tu te fous de moi ?

— J'ai plus confiance dans un mec pour qu'il garde sa bouche fermée s'il se vautre sur un engin qui devrait pas être là qu'une nana.

— C'est quoi ces préjugés sérieux ? T'es au courant qu'on est au vingt-et-unième siècle quand même ?

— Qu'est-ce que tu me reproches ? Qu'en vingt siècles vous avez toujours pas appris à vous taire ? Là j'y peux rien, regarde, on est encore à discuter d'un sujet qui devrait être clos.

— Ok, Farid, t'es toujours aussi machiste que c'en est écœurant... Il est de mon devoir de prendre soin des femmes que j'apprécie.

— Mais tu m'as pris pour ta femme ou quoi ?

— On en parlera quand tu seras adulte.

Maryam allait répliquer mais quelqu'un cria à l'autre bout du lotissement. Cris vite reprit par d'autres, éparpillés entre les immeubles. Signal connu du secteur pour alerter de la présence des policiers dans les rues. Sans un mot, les trois deux roues s'éparpillèrent à pleine vitesse dans des directions différentes pour leur échapper. Les garçons rentrèrent par petit groupes dans les halls des immeubles alentours, en relevant les capuches pour ceux qui en avaient.

— Même adulte, Farid, t'en que t'aura pas un minimum de respect envers moi, tu peux rêver me toucher.

— Haaa... Mais le prends pas comme ça... fit-il en posant sa main sur l'épaule.

— Vas-y me touche pas avec tes doigts sales là., fit Maryam en se dégageant de la poigne. Qui t'a dit que j'étais faible et que j'avais besoin d'être protégé ? Tu t'es cru pour mon père ?

— Plutôt ton mari.

— Va chier Farid.

— Et voilà, encore une fois tu parles trop, fit le jeune homme comme une évidence. Mais c'est ce qui fait ton charme.

— Oui, bah toi t'en a aucun pour le moment. Je comprends pas comment Anas fait pour te supporter.

— Demande-lui.

Colère, Maryam se retourna et vit qu'Awa et Fatou discutaient avec des membres du petit groupe dans un hall d'immeuble. Ça échangeait des sourires et des plaisanteries. Elle prit cela comme un coup de poignard dans le dos : l'eyeliner était loin de leur préoccupation désormais. A coté d'elle, Farid continuait de parler mais elle ne l'écoutait pas. De fureur, elle se mit à marcher en direction de la gare où elle pourrait quitter cette atmosphère toxique et injuste.

Elle ne fit même pas attention à la voiture de police qui passa lentement à coté d'elle sans la voir. Ils n'étaient pas là pour elle. Ses pas, entre les allées surchargées de véhicules mal garés ou en panne voir désossé, la menèrent à l'entrée du quartier résidentiel. Elle passa à coté des choufs qui faisaient le guet à coté des accès.

Elle s'assit, dans son air le plus sombre et le plus colérique, bougonnant contre l'injustice du monde.

Le temps passa, les messages de Fatou et d'Awa s'accumulèrent dans la messagerie. Mais elle ne voulu même pas les ouvrir et le soleil commença à se coucher.

Les lumières venaient de s'allumer dans la rue quand elle le vit arriver. Si elle avait su ce qui allait suivre, elle se serait enfuie le plus vite possible, en se retournant de temps en temps pour s'assurer qu'elle n'était pas poursuivie.

D'abord le bruit provenant du bout de la route. Une moto, de grosse cylindrée, au bruit étouffée avançait en éclairant la route de son phare rond. L'engin, doublé de l'homme dessus était énorme, le contre-jour qu'il provoquait avec l'éclairage public le rendait massif et rapide.

La moto s'arrêta à coté du chouf qui le regarda bizarrement. L'homme arrêta l'engin et le mis sur la béquille. Maryam se leva du banc et s'approcha de cet étrange engin qui sortait d'un livre d'Histoire. Quelque chose l'attirait tel un aimant vers cet étrange équipage.

L'homme s'adressa au Chouf qui lui répondit d'aller se faire voir. Maryam prit la conversation au vol en s'approchant sans pour autant quitter la machine des yeux.

— Je dois délivrer ce message. Y'a bien un responsable de ce bazar ici non.

— Sincèrement mec, casse-toi avant qu'il t'arrive emmerdes. Ici si t'achètes rien, t'es pas le bienvenu.

— Pourquoi donc ?

— Parce que t'es soit un keuf (policier) soit un concurrent. Donc, si tu veux pas finir dans une caisse en feu, barre-toi vite.

— Je veux juste discuter. J'ai un message pour le boss du coin insistait l'homme. Et sincèrement, même si la menace est avérée, c'est bien peu de choses comparé à ce que « elle » peut faire.

Maryam observa la machine. Une vielle moto, qui datait de l'entre deux guerre. De couleur noire, faite d'un châssis noir neuf sur lequel se reflétait les lumières de la ville. Des roues à rayon noires, l'engin était plutôt bas par rapport aux autres machines qu'elle avait déjà vue. A sa taille pourrait-on dire. De petits mains néanmoins utiles rétroviseurs ronds revoyaient l'image de ce qui se passait derrière.

L'homme dessus portait un jean et de bottes de motos ainsi qu'un cuir dont la dorsale était visible. Un casque jet vert, probablement une réplique des années soixante-dix et des lunettes de motos coiffaient l'homme qui venait de libérer sa bouche d'un foulard qu'il avait autour du cou.

Il était mal rasé avec des poils de barbe poivre et sel. Sur son visage, des marques lié à l'alcool et au tabac.

— Mais putain, t'a pas compris ce que je te dis ? Casse-toi connard !

— C'est quoi ton message ? Demanda Maryam sans quitter des yeux la moto qui la fascinait.

— Écoutez jeune fille, c'est quelque chose que je dois faire moi-même. Même si vous faisiez la passation, ça n'irait pas.

— Ouais bah tu vas attendre un moment parce que moi je ne fais venir personne. Barre-toi maintenant.

— Non, laisse la moto ici. Tu te casses à pieds.

Dans le regard de l'homme la surprise et la terreur se lurent comme dans un livre ouvert.

— Jeune fille ? As-tu la plus petite idée de ce que tu fais ?

— Ta gueule. La bécane tu la laisses là fit Maryam qui ne se contrôlait plus. Si le monde lui en voulait pour des raisons multiples, alors elle allait elle aussi faire chier le monde.

L'homme se leva et descendit de l'engin en en retirant les clefs. Le chouf recula, prenant ses distance avec cet homme plutôt bien équipé. La respiration ne pouvait cacher une peur bien réelle de ce qui était actuellement en train de se dérouler.

— Voilà ce que l'on va faire, dit-il en tendant les clefs entre le pouce et l'index. Si tu m'arraches les clefs et que tu arrives à la démarrer : elle est à toi. Mais tu devras alors délivrer mon message. On fait ça ?

Maryam hésita un léger instant en croisant les yeux stressé de cet homme qui lui tendait les clefs. Il ne souriait pas, il se contentait de la regarder de manière étrange et le souffle rapide.

Le mouvement fut rapide. Et les clefs de la moto se retrouvèrent entre les mains de la fille de la cité. Dans sa précipitation, pour éviter que le motard ne retire sa main au dernier moment comme une mauvaise blague elle se coupa sur l'une des clés.

Mais l'homme l'avait laissé faire. Les clés parties, il releva les mains comme s'il était en joue et s'écarta de la moto.

Suivant les termes du pari, elle devait maintenant la démarrer. Sans quitter des yeux le motard qui la regardait faire et qui se plaça face à la moto en décalé pour mieux observer, elle s'installa sur la selle.

Elle glissa la clef dans le neiman et la tourna.

Rien ne se passa.

Elle chercha autour un bouton de démarrage, comme sur les scooter ou la moto-cross qu'elle avait vu démarrer. Mais il n'y avait rien du genre. Prise d'une soudaine inspiration, elle identifia un levier sur le coté droit du moteur, près du pied. Elle le sortit, posa son pied dessus et appuya violemment.

La moto démarra du premier coup.

Elle avait gagné l'engin.

Mais lorsqu'elle croisa le regard de cet homme qu'elle venait de voler, s'attendant à le trouver atterré et désespéré. Ce fut elle qui eut peur : Il souriait et pleurait de joie.

— Merci, réussit-il à articuler. Pour le message...

— M'en fout de ton message, cassa-t-elle en jouant avec la poignée de gaz. Casse-toi on t'a dit.

— D'accord... Bon courage jeune fille. Adieu

L'homme parti à pied, dans les ténèbres desquelles il était sortit, et jamais il ne se retourna. Au contraire, il cherchait les étoiles des yeux

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