Balle perdue
Six mois et deux semaines avant le point critique
Elle jouait tranquillement dans l'aire de jeu, faire un château de sable demandait du temps, et de la dextérité. Le matériel nécessaire était là : une pelle, un seau, un râteau, une balle et un petit arrosoir pour faire un liant capable de supporter son propre poids. Autour d'elle, les jeux d'enfants en bois installés par la mairie, eux aussi dans l'énorme bac à sable. Pas d'autre enfants dans ce lieu de gaîté, juste sa maman, assise sur un banc à coté de là. Cette aire de jeu se situait au milieu des grandes barres d'immeubles construite dans les années soixante-dix. Les bâtiments avaient été éreintés par les ans au cours des intempéries qu'ils avaient traversés. Ça et là, quelques détritus, des papiers gras, des cannettes de bière ou des emballages alimentaires vides. Elle les regardait parfois avec envie : mettre un drapeau sur une tour ou bien renforcer un mur avec une structure plastique serait un bonheur de petite fille de cinq ans.
Mais sa maman ne voulait pas.
Sa maman disait que c'était les gens méchants qui jetaient ça dans par terre. Et qu'il ne fallait pas y toucher.
Elle avait cinq ans, mais elle avait compris qui était ces "méchantes personnes". Sa maman les évitait autant que possible. Ils était souvent habillés en survêtement noir avec des capuches. Les symboles qui ornaient leurs habits aussi étaient facilement identifiable pour elle. Elle ne savait pas lire, mais elle comprenait bien.
Elle se releva, ses cheveux noirs attachés derrière la tête dodelinèrent légèrement. Son teint bronzé provenant de la génétique commune à sa famille d'origine Kabyle lui donnait un air angélique dans sa petite robe blanche à fleurs rose. Elle épousseta ses genoux avec un air gauche qui caractérisait les enfants en bas ages. Elle prit son arrosoir pour l'amener à la petite fontaine à coté de l'aire de jeu.
Il y eut soudain un cri. Rapidement suivi par des bruits de pétards.
Elle aimait bien les pétards. Elle lâcha son seau et se dirigea vers les bruits.
Elle vit ces gens qui faisait peur à sa maman courir et hurler. Elle ne voyait pas les pétards. Elle continua de se rapprocher.
Sa maman hurla son nom.
Ce fut la dernière chose qui vint à son petit esprit innocent.
Une balle de gros calibre la frappa à la gorge, le canon rayé de l'arme ayant fournit un effet gyroscopique, ce dernier fut perturbé et la munition tournoya sur elle-même tout en changeant de trajectoire. Elle remonta, éclatant le petit crâne angélique dans un petit brouillard rose.
La rue fut rapidement désertée tandis qu'une maman en pleurs hurlait sa douleur tout en se précipitant sur le corps sans vie allongée au sol. Elle prit le petit corps en le serrant de toutes ses forces cherchant en vain de l'aide autour d'elle. Mais sa main ne rencontrait qu'une bouillie informe qui lui glissait entre les mains après la nuque. Du coin de l'œil, elle vit un voisin dans le bâtiment d'à coté prendre son téléphone cellulaire pour passer un appel tout en la regardant.
Au loin des sirènes se firent entendre.
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