13.Smoldering 🫀
Le son strident du réveil brisa brutalement le calme de la chambre, tirant Félix d'un sommeil lourd et agité. Une main émergea lentement de sous les draps, tâtonnant à l'aveugle avant de frapper l'appareil d'un geste malhabile. Le bruit s'arrêta enfin, laissant place à un grognement sourd alors qu'il se tournait sur le dos, les yeux à peine ouverts.
Le jeune homme fixa le plafond comme s'il espérait y trouver une raison valable de quitter son lit. Une minute passa, puis deux. Finalement, il soupira, repoussant les draps avec une nonchalance désabusée. Assis au bord du lit, les coudes sur les genoux et la tête entre les mains, il resta immobile un instant, tentant de rassembler le peu d'énergie qu'il avait.
Son téléphone vibra sur la table de chevet, attirant son attention. Il tendit le bras pour l'attraper et déverrouilla l'écran d'un geste machinal. Rien. Pas de messages, juste un spam de l'une des cinquante cinq applications qu'il avait installé.
D'un pas traînant, il se dirigea vers la fenêtre et tira les rideaux d'un geste un peu trop brusque, laissant la lumière du jour s'engouffrer dans la pièce. Les rayons froids du matin l'aveuglèrent un instant, le forçant à plisser les yeux. "Super... parfait. Une semaine qui commence avec toi à moitié aveugle, bravo Lix, tu es génial," marmonna-t-il en secouant légèrement la tête.
Il attrapa quelques vêtements dans son armoire sans vraiment y réfléchir : un jean, un sweat à capuche gris. Il les déposa sur le bord du lit avant de se diriger vers la salle de bain, traînant des pieds. Une fois à l'intérieur, il fit couler l'eau de la douche, patientant un moment que la température devienne supportable.
L'eau tiède déferla sur sa peau, chassant peu à peu la torpeur qui lui collait au corps. Il poussa un soupir en se passant les mains sur le visage, sentant ses muscles tendus se détendre sous la chaleur. Chaque goutte semblait emporter avec elle les résidus d'un week-end qu'il aurait préféré oublier.
Ses pensées s'égarèrent malgré lui, revenant à ces dernières quarante-huit heures. Si la tension était devenue une constante dans leur maison, ce week-end avait pourtant atteint des sommets insupportables.
Son père avait été physiquement présent, mais à peine une ombre dans le décor. Enfermé dans son bureau, il semblait s'être retranché de tout. Les seuls instants où Félix l'avait croisé avaient été lorsqu'il montait rapidement prendre des douches, ou réapparaissait brièvement pour attraper ou jeter quelque chose avant de disparaître à nouveau. Aucune réelle interaction. Juste des regards fugaces, sans substance.
Minho n'avait presque pas mangé, et le blond doutait qu'il ait dormi plus de quelques heures sur le canapé de son bureau. Et le paquet de cigarettes qu'il avait balancé à la va-vite dans la poubelle de la cuisine le dimanche soir témoignait d'une consommation excessive, comme s' il s'était accroché à ce rituel pour apaiser quelque chose qu'il refusait de montrer.
Cette indifférence, inhabituelle chez lui, perturbait Félix plus qu'il ne voulait l'admettre.
Son esprit s'embrouillait de questions qu'il n'osait poser. Était-ce le travail qui le rongeait à ce point ? Une pression extérieure dont il n'avait pas conscience ? Ou peut-être autre chose, qu'il gardait jalousement pour lui ? Minho n'était pas du genre à partager ses tourments. Il portait tout, en silence, et Félix s'inquiétait de savoir jusqu'où cela pourrait le mener.
La situation aurait été plus supportable si sa mère avait fait preuve d'un peu de retenue. Mais non. Elle avait saisi chaque occasion de distiller ses remarques acides et sous-entendus lourds de reproches envers Minho. Le tout devant lui, comme si son fils n'était qu'un accessoire silencieux, forcé d'être témoin de cette guerre froide qu'ils se livraient.
Et pour couronner le tout, Jisung, habituellement sa bouée de sauvetage dans ces moments de chaos, n'avait répondu à aucun de ses messages. Pas un mot. Félix avait passé le week-end à jongler entre l'inquiétude pour son père, la lassitude face à sa mère, et la solitude. Le bilan ? Un désastre, pur et simple.
Il ferma les yeux, inclinant la tête en arrière pour laisser l'eau couler sur ses cheveux. Un instant, il se demanda ce qu'il pourrait faire pour échapper à tout cela. Ses épaules s'affaissèrent légèrement, et il coupa l'eau.
S'emmitouflant rapidement dans une serviette, il se hâta de se sécher avant d'enfiler le jean et le sweat qu'il avait préparés. Devant le miroir embué, il passa une main dans ses cheveux encore humides. Ça ferait l'affaire.
Une fois prêt, le jeune designer quitta la salle de bain et descendit lentement les escaliers. Il s'arrêta un moment, tendant l'oreille. Pas un bruit. Pas de conversations, pas de vaisselle qui s'entrechoque, pas de voix des employés de maison qui allaient et venaient habituellement.
Il jeta un coup d'œil à l'horloge murale : 9h10. Les sourcils froncés, il fit le tour du rez-de-chaussée, passant par le salon, puis la cuisine. Pas même un signe de vie. La maison semblait figée dans un calme presque oppressant.
Il soupira en croisant les bras, se parlant à lui-même à mi-voix : "Visiblement, aujourd'hui, tu vas devoir te débrouiller tout seul. Pas de chauffeur, pas d'employés, et personne pour t'expliquer ce bordel." Un sourire ironique étira ses lèvres, mais l'agacement persistait.
En se dirigeant vers l'entrée, son regard tomba sur les clés de voiture soigneusement alignées sur un tableau mural. Sans trop réfléchir, il en attrapa une au hasard avant d'hausser les épaules et de saisir son sac d'un geste pour sortir. La fraîcheur du matin l'accueillit, mais ne fit rien pour calmer l'humeur maussade qui s'était installée.
Il referma la porte derrière lui, descendit les quelques marches menant à l'allée, et s'installa dans la voiture. L'intérieur était encore saturé du parfum de son père, Amouage Interlude Black Iris, une fragrance opulente et affirmée qu'il ne portait que pour des occasions importantes. L'étudiant fronça légèrement le nez, interpellé. Ce n'était pas son choix habituel. Au quotidien, son père optait plutôt pour des parfums comme l'Acqua di Parma Colonia Essenza, plus léger, presque décontracté en comparaison.
L'étrangeté de ce détail le fit tiquer brièvement, mais il chassa vite cette réflexion. Peut-être qu'il avait eu une réunion importante ou un rendez-vous qu'il n'avait pas mentionné. Après tout, son père restait une personnalité respectée.
Avant de démarrer, Félix sortit son téléphone, le faisant glisser distraitement entre ses doigts, ses pensées flottant un instant avant qu'il ne déverrouille enfin l'écran.
Il ouvrit ses messages, retournant instinctivement dans sa conversation avec Jisung. "Peut-être qu'il a répondu et que je n'ai pas reçu les notifs..." pensa-t-il, sans grande conviction. Mais non, toujours rien. Juste un emoji rieur que son ami lui avait envoyé la veille. Pas d'explications, pas d'excuses. Rien. Le conducteur soupira profondément et posa son téléphone sur le siège passager, un peu trop brusquement.
"Je vais vraiment adorer ce lundi, je le sens," marmonna-t-il avec sarcasme avant de tourner la clé dans le contact. Le moteur ronronna doucement, et il appuya sur l'accélérateur, quittant enfin la maison.
Le blond tourna lentement dans le parking de l'université, cherchant une place libre avant de finalement s'arrêter près de l'entrée. Il coupa le moteur et s'adossa contre le siège.
Envoyé à 10h12 :
"Hey papa"
"J'ai pris la S-Class ce matin vu qu'il n'y avait pas de chauffeur. Je te la ramène après les cours. Fin si tu en as besoin...sinon je rentre direct."
Il hésita une seconde, fixant l'écran, avant d'appuyer sur "envoyer". Pas de réponse immédiate, évidemment. Avec un soupir résigné, il glissa le téléphone dans sa poche, attrapa son sac posé sur le siège passager, et sortit de la voiture.
Il n'avait aucune envie d'assister aux cours aujourd'hui, mais il était là, par habitude plus que par obligation. Après tout, ce n'était pas sa mère qui allait lui demander des comptes. Et les deux seules personnes qui l'auraient questionné étaient au abonnés absents.
En approchant de l'entrée principale, il ralentit légèrement le pas. Il savait que dès qu'il passerait ces portes, il serait forcé d'arborer ce sourire éclatant que tout le monde attendait de lui. "Félix, le rayon de soleil. Toujours de bonne humeur, toujours sympa." Il esquissa une grimace à cette pensée. Solaire, vraiment ? Ils ne voyaient rien.
Inspirant profondément, il redressa les épaules, adoptant une posture détendue et poussa les portes de l'université. Aussitôt, son sourire réapparut, automatique, parfaitement maîtrisé. Il salua d'un hochement de tête quelques étudiants qu'il croisa, échangeant des "salut" joviaux en retour.
Alors qu'il montait vers son département, il pensa brièvement à Jisung. "Pari tenu, il doit déjà être là." Cette habitude qu'avait son meilleur ami de l'attendre devant sa salle, comme si de rien n'était, le faisait osciller entre exaspération et une forme de soulagement étrange.
Pourtant, aujourd'hui, la pensée de le voir l'agaçait un peu plus que d'habitude.
Et, bien sûr, il était là. Assis par terre, adossé au mur, son appareil photo entre les mains, le visage concentré. Le plus jeune ralentit en l'apercevant, observant à distance ce qu'il était en train de photographier.
C'était toujours fascinant, la manière dont il capturait des choses banales avec une intensité troublante. Aujourd'hui, c'était une paire de mains, posées sur un livre ouvert. Rien de spécial, et pourtant, la façon dont Jisung jouait avec la lumière et les angles rendait la scène presque érotique. Ses photos racontaient toujours des histoires, des fragments de désir dissimulés dans des gestes du quotidien.
Félix s'approcha doucement, son sourire toujours vissé sur son visage. "Qu'est-ce que tu fais là ?" lança-t-il, jovial.
L'interpellé leva les yeux vers lui, une expression neutre sur le visage, mais son regard semblait un peu plus las que d'habitude. "Je t'attendais," répondit-il simplement, comme si cela allait de soi.
Le nouvel arrivant posa son sac au sol et haussa un sourcil, l'air faussement perplexe. "Tu aurais pu m'envoyer un message... ou mieux, répondre à ceux que je t'ai envoyés ce week-end."
Ces mots avaient été prononcés sur un ton léger, comme si la remarque n'avait pas vraiment d'importance. Mais en réalité, elle en avait beaucoup. Il espérait, peut-être inconsciemment, que son meilleur ami ne s'arrêterait pas là. Qu'il relèverait la tête et verrait ce qu'il ne disait pas. Qu'il insisterait, qu'il poserait les bonnes questions.
Un éclair de gêne traversa le visage de ce dernier, qui baissa aussitôt les yeux sur son appareil, jouant distraitement avec l'objectif. "Désolé, j'ai été occupé. Je comptais répondre, mais... enfin, tu vois."
Et voilà. Rien de plus. Félix sentit son estomac se tordre, comme si une main invisible serrait son cœur juste assez pour qu'il manque d'air. Pourquoi espérait-il encore ? Pourquoi s'accrochait-il à cette idée ridicule que Jisung pouvait être autre chose que ce qu'il était ? Et pourtant... il savait que si, à cet instant, il lâchait tout, s'il s'effondrait devant lui, son ami ferait exactement ce qu'il fallait. Il le prendrait dans ses bras, poserait une main sur sa nuque pour l'apaiser, et parlerait avec cette voix douce qui rendait tout plus supportable. Il serait là, entièrement, et cela suffirait à faire disparaître le chaos.
Mais ce n'était pas ça qu'il voulait. Ce n'était pas assez. Le designer voulait plus. Il voulait que le brun sache, sans qu'il ait besoin de tout lui dire. Qu'il devine, qu'il sente, qu'il voie à travers lui. Il voulait qu'il remarque que son sourire craquait sur les bords, que son regard fuyait un peu trop aujourd'hui. Qu'il prenne les devants, qu'il soit là avant même qu'il sache qu'il en avait besoin.
C'était absurde. Pourtant, il continuait d'espérer, encore et encore, que son meilleur ami comble ce vide, qu'il devienne cette présence qu'il n'avait jamais eue. Qu'il répare ces morceaux de lui qui ne tenaient qu'à peine. C'était injuste. Et cruel. Parce que ce dernier n'avait jamais signé pour ça. Mais il ne pouvait pas s'en empêcher.
Alors, Félix se contentait de sourire. Parce que si Jisung ne voyait rien, c'était plus facile. Si Jisung ne voyait rien, il pouvait continuer à se mentir, à prétendre que cette attente n'existait pas.
Il s'était toujours accommodé de cette dynamique, parce qu'au fond, il savait que Jisung était loyal jusqu'à l'os. S'il fallait qu'il se jette à l'eau pour Félix, il le ferait sans hésiter. Mais en ce moment, cette distance entre eux déséquilibrait tout. Son aîné était là physiquement, comme toujours. Mais cette connexion silencieuse qu'ils partageaient d'habitude semblait floue, comme un fil trop tendu prêt à se rompre.
Le blond lâcha alors un petit rire, une tentative désespérée pour masquer la pointe d'amertume qui s'était immiscée en lui. "T'inquiète, c'est rien. Je rigole."
"Je sais que suis un piètre ami en ce moment... désolé Lix," répondit-il doucement, avant de détourner les yeux.
Félix sentit un petit poids se poser sur son cœur, pas assez lourd pour lui couper le souffle, mais suffisant pour lui rappeler que, parfois, même les relations les plus solides pouvaient avoir des fissures.
Le blond s'adossa contre le mur, les jambes croisées, son téléphone dans les mains. Le sol froid sous lui ne le dérangeait pas autant que le silence tendu qui régnait. Il jeta un coup d'œil à Jisung, concentré sur son appareil photo. Ou du moins, c'est ce qu'il laissait paraître.
À côté, le photographe réglait son objectif, mais sa main tremblait légèrement. Il ne prenait pas vraiment de photos. Pas consciemment, en tout cas. Les clics répétés de l'appareil étaient plus un automatisme qu'une intention.
Il n'avait pas arrêté de penser à Minho tout le week-end. "J'ai peut-être été trop direct. Peut-être que c'est fini. Peut-être qu'il va revenir comme si de rien n'était dans deux semaines, avec ce sourire qui rend fou. Peut-être que..." Il serra les dents, essayant de chasser ces pensées. Mais elles revenaient en boucle, toujours accompagnées de cette phrase du père de son cadet, soufflé avant de s'en aller : "Ce n'est pas que du sexe."
Alors c'était quoi ? Une distraction ? Un caprice ? Jisung aurait donné n'importe quoi pour le savoir.
Il redressa l'appareil, réglant le focus sur une silhouette au loin. Il ne savait même pas ce qu'il photographiait à ce stade. Tout était flou dans son esprit. Pourtant, lorsqu'il tourna son objectif vers son cadet, assis à côté de lui, la tête baissée sur son téléphone, quelque chose l'arrêta.
Il baissa le zoom, le cadrant dans le champ. Les lignes de ses épaules légèrement affaissées, la manière dont ses doigts tenaient le téléphone comme une ancre... Félix semblait ailleurs, tout autant que lui. Mais il y avait dans cette posture une fragilité qu'il ne capturait pas souvent.
Il pressa le déclencheur.
Le flash illumina brièvement le couloir, arrachant son sujet à ses pensées. Il releva la tête, ses sourcils froncés durcissant son regard. "Mais, tu joues à quoi, là ?"
Le brun baissa son appareil, une moue innocente sur le visage. "T'avais l'air vulnérable."
Le blond écarquilla légèrement les yeux, pris au dépourvu par la remarque. "Pardon ?"
"C'est rare de te voir comme ça," continua Jisung, ignorant sa réaction. "Un Félix qui n'est pas tout sourire, qui n'est pas prêt à illuminer la pièce. J'ai trouvé ça... intéressant."
L'architecte resta silencieux, déstabilisé. Son regard glissa un instant vers le sol, avant de revenir sur son voisin. Une part de lui voulait croire que c'était là, ce moment où Jisung allait enfin insister. Qu'il avait vu quelque chose. Qu'il allait demander ce qui n'allait pas. Qu'il allait creuser un peu plus de lui-même.
Il hésita, jouant avec son téléphone entre ses mains. Puis se lança : "Ouais... c'est juste que ça à été un peu la merde à la maison..."
Il avait prononcé ces mots doucement, presque à contrecœur, comme si les avouer rendait les choses plus réelles. Mais à peine avait-il terminé que Jisung leva la main, un sourire nerveux étirant ses lèvres.
"Oh, au fait, le mec en art impressionniste, là, le nouveau... qu'est-ce qu'il en est ?"
Félix cligna des yeux, comme si la question venait de le gifler. Il resta un instant figé, cherchant à comprendre. Jisung avait coupé le sujet si brutalement que cela en devenait presque absurde.
"Quoi ?" finit-il par lâcher, sa voix légèrement cassée.
"Tu sais, Hyunjin. Celui dont tu parlais la dernière fois. T'as avancé, ou... ?" le plus âgé força un ton léger, presque insouciant, mais la tension dans son regard était impossible à cacher.
Le jeune Lee le fixa un instant, puis baissa à nouveau les yeux. Un petit rire froid lui échappa, et il secoua la tête. "Non. Rien de spécial."
"T'inquiète, il finira par craquer pour toi. Il faudrait être fou pour résister au grand Lix."
Le nommé hocha doucement la tête, "Ouais. Peut-être."
Il aurait aimé croire que son ami faisait ça pour lui éviter d'avoir à parler de ses problèmes. Mais à cet instant, il ne pouvait s'empêcher de penser que ce dernier en avait simplement marre de les entendre.
Le silence s'était installé entre eux, comme une couverture un peu trop lourde. D'habitude, ces moments de calme n'étaient jamais gênants. Félix aimait ces silences, qui disaient autant que les mots. Mais là, il y avait quelque chose de différent. Une tension qu'il ne comprenait pas, et qu'il n'était pas sûr de vouloir affronter.
Le brun jeta un coup d'œil à sa montre avant de se redresser et dire, presque à contrecœur : "Je vais y aller." Sa voix avait une note d'hésitation, comme s'il cherchait à écourter la conversation plutôt qu'à partir pour de vrai.
Félix le fixa une seconde, essayant de lire son expression. Jisung évitait soigneusement de croiser son regard. "Ok, attends, je t'accompagne," dit-il finalement, se levant à son tour.
Il balança son sac sur son épaule et emboîta le pas. Leurs pas résonnaient sur le sol, et le maquettiste sentit un malaise s'installer entre eux. Ce n'était pas inhabituel qu'ils marchent en silence, mais ce silence-là était... désagréable. Il fourra les mains dans ses poches, cherchant quelque chose à dire. "Bro... s'il y a un truc qui va pas, tu sais que tu peux m'en parler."
Son compère lui jeta un regard rapide, accompagné d'un sourire crispé. "Ouais, t'inquiète."
Félix ne mordit pas. Il ralentit un peu le pas. "Non mais sérieux. T'es vraiment à l'ouest ces derniers temps. Je sais que t'es pas du genre à tout dire, mais là, ça se voit que ça ne va pas. Si c'est un mec, je veux dire... tu peux vraiment m'en parler."
Un rire court et nerveux s'échappa de la bouche de Jisung qui serra la sangle de son sac un peu plus fort, comme s'il cherchait une ancre dans ce geste. "Ouais, c'est... c'est un mec."
Félix s'arrêta presque, surpris par l'aveu. Il s'attendait à devoir insister, mais le ton de Jisung ne le rassurait pas pour autant. C'était tendu, comme s'il marchait sur des œufs. Le designer préféra se taire, attendant que son ami continue.
"On s'est... enfin... on s'est rapprochés, tu vois. Genre, récemment," dit Jisung, les mots trébuchant sur ses lèvres. "Mais depuis ce weekend, c'est bizarre. J'ai l'impression qu'il m'ignore. Enfin, pas qu'il m'ignore vraiment, mais... il ne m'a pas répondu. Comme si... je sais pas."
Félix hocha doucement la tête, son regard fixé sur son aîné, qui semblait incapable de retenir le flot de paroles, comme si les mots brûlaient en lui. "Je sais pas... Peut-être que je suis juste une distraction," lâcha Jisung avec une note d'amertume. Il inspira profondément, cherchant ses mots, avant de reprendre d'une voix plus basse : "Honnêtement on joue pas dans la même cour, lui et moi. Si on pense que je peux faire tourner les têtes, lui, c'est un putain de chef-d'œuvre vivant. Un genre de dieu grecque. Il a ce truc... ce truc qui fait que quand il entre quelque part, tout s'arrête. Les regards, les pensées, tout. Je veux pas me venter ou être égocentrique mais je sais que peux attirer l'attention. Mais lui, il hypnotise. C'est le genre d'homme que tout le monde voudrait...."
Il marqua une pause, détournant les yeux un instant comme pour fuir ses propres pensées. "Et ce qui me fait flipper," reprit-il plus doucement, "c'est que je pourrais être pour lui ce que les autres sont pour moi. Tu sais... faciles à oublier. Je me lasse tellement vite. Je finis toujours par m'ennuyer parce que... personne ne voit les choses comme moi, personne ne vit les trucs comme je les ressens. Alors, imagine... Lui."
Il baissa les yeux sur le sol, mâchonnant sa lèvre inférieure. Son cadet, lui, plissa légèrement les yeux, cherchant à comprendre ce que son ami ne disait pas. "Waouh... On est d'accord, on parle bien de ton fameux mec anonyme, déjà en couple ou en situationship?"
"Ouais," dit-il après une pause trop longue. "Ouais, c'est plus au moins ça."
"T'as pas l'air super convaincu de ce que tu dis."
"Je t'ai dit, c'est compliqué," répondit Jisung en haussant les épaules, son ton un peu plus sec. "Enfin... je sais pas, laisse tomber."
La plus jeune éclata d'un petit rire moqueur, secouant la tête. "Non mais mec, je vais te dire un truc, ok ? Si ce gars est censé être en couple, et qu'il y a quand même un truc entre vous, c'est qu'il est clairement plus intéressé par toi que par sa relation actuelle."
Jisung tourna la tête vers Félix, les lèvres légèrement entrouvertes, comme s'il voulait protester, mais aucun son ne sortit. Félix haussa les épaules, croisant les bras tout en continuant à marcher. "Donc voilà, arrête de te poser mille questions, et sois toi-même. Le Han Jisung que je connais, il fonce, il ose tout. T'es genre... hyper confiant, toujours sûr de toi. T'as jamais douté de quoi que ce soit. Alors pourquoi tu flippes maintenant ? Dis lui ce que tu veux, ce que tu attends de lui et si après ça il te bouffe dans la main comme les autres. Amen, Alléluia ! Sinon il peut aller se faire foutre."
Un rire, léger mais sincère, échappa au brun. Il baissa la tête, secouant légèrement ses cheveux. "T'es insupportable, tu sais ça ?"
"Oui, mais tu vas quand même m'écouter," répondit-il avec un sourire triomphant.
Ils arrivèrent devant la salle de classe du photographe qui s'arrêta, une main posée sur la poignée, mais il ne bougea pas. Il tourna légèrement la tête vers Félix, son regard empreint d'hésitation, comme s'il cherchait une dernière confirmation. "Pour être honnête... c'est bien plus compliqué qu'un simple doute ou le fait qu'il soit déjà pris. C'est un p—"
"Il est en couple, ok." Félix l'interrompit brusquement, son ton décidé. Il croisa les bras, défiant presque son ami de continuer à douter. "Mais toi, t'es toi. Montre-lui qu'avec toi, ce sera toujours mieux que ce qu'il a en ce moment. Reprends-toi !"
Jisung cligna des yeux, surpris par l'interruption, puis soupira en hochant légèrement la tête. "T'as peut-être raison," murmura-t-il, sans insister davantage.
Alors qu'il ouvrait la porte, une pensée traversa son esprit. Félix venait encore, sans le savoir, de le pousser dans les bras de son père.
Le jeune Lee regarda Jisung disparaître derrière la porte de sa salle de classe, son sac en bandoulière secoué par son mouvement brusque. Mais alors qu'il s'apprêtait à retourner vers sa propre salle, il s'arrêta. Une hésitation qu'il n'aurait pas su expliquer.
Sans réfléchir, il tourna à gauche au lieu de continuer tout droit. Ses pas le guidèrent automatiquement, comme si son corps savait déjà où il allait avant même qu'il y ait pensé. Il marcha d'un rythme mécanique, descendant deux escaliers et empruntant un couloir plus sombre. Le silence des lieux lui parut étrangement apaisant, mais en même temps, il y avait cette chaleur diffuse dans son ventre, comme un pressentiment.
Ce ne fut qu'en passant devant une grande baie vitrée qu'il se rendit compte de l'endroit où il était. Le bâtiment des arts impressionnistes. Il n'y avait jamais mis les pieds, mais tout le monde sur le campus connaissait cet endroit. Les peintres, les sculpteurs, les potiers et par moment les photographes... ils avaient leur propre monde ici, un monde qu'il avait toujours trouvé vaguement fascinant, sans jamais s'y attarder.
Son regard s'étala et Félix sentit son souffle ralentir. À travers la vitre, une scène s'offrait à lui.
Assis devant un tour de potier, Hyunjin portait un débardeur blanc à moitié collé à sa peau par la chaleur de l'atelier. Ses bras nus, légèrement tachetés d'argile, semblaient eux-mêmes sculptés, ses muscles se tendant et se détendant à chaque mouvement. Ses jambes encadraient le tour, les genoux écartés, et le tissu de son pantalon remonté révélait ses chevilles.
Mais ce n'était pas seulement son apparence qui saisit le jeune homme. C'était ce qu'il faisait. Ses mains, larges et puissantes, étaient plongées dans l'argile, la modelant avec une lenteur provocante.
Le blond sentit son ventre se contracter. Il ne savait pas pourquoi, mais il ne pouvait pas détourner les yeux. l'artiste était là, totalement absorbé, ses doigts glissant sur la surface humide, s'enfonçant lentement, avant de remonter, puis d'appuyer à nouveau avec force.
Il se mordilla inconsciemment la lèvre. Quelque chose dans cette scène lui semblait... terriblement intime.
Les muscles de Hyunjin roulaient sous sa peau finement bronzée, et la lumière douce de l'atelier accentuait les contours de son corps. Il y avait dans ses mouvements une certaine fluidité naturelle, une sensualité désarmante dans la façon dont il travaillait la matière, comme s'il dialoguait avec l'argile.
Félix sentit une vague de chaleur lui monter à la gorge. "Putain..." pensa-t-il, incapable de détourner le regard.
Le noiraud enfonça deux doigts dans l'argile avec une lenteur délibérée, et Félix sentit son ventre se nouer davantage. Ses pensées dérivèrent, malgré lui. Il passa une main nerveuse sur sa nuque, cherchant à calmer ce qu'il ressentait. Mais c'était inutile. Tout dans cette scène était déjà trop.
Il ne pouvait pas s'empêcher de remarquer la manière dont les veines sur les bras du potier semblaient palpiter à chaque pression. Ou la façon dont l'argile se déformait sous ses paumes, comme si elle n'attendait que ses gestes pour exister. Félix ferma les yeux une seconde, mais les images restaient gravées dans son esprit.
"C'est ça, la poterie ?" murmura-t-il, presque frustré. "Si c'est ça, je signe direct. Je pourrais regarder ça toute ma vie."
Il déglutit, la gorge sèche. Ses doigts effleurèrent machinalement ses lèvres, et il se surprit à mordiller légèrement son pouce. Il était presque gêné par lui-même, mais son corps ne semblait pas lui obéir. Puis, l'objet de toute sa contemplation releva la tête.
Leurs regards se croisèrent à travers la vitre, et le plus jeune sentit une décharge électrique lui traverser la colonne vertébrale.
Hyunjin ne bougea pas immédiatement. Il resta là, le visage calme, mais ses yeux brillaient d'une intensité qui semblait tout voir, tout comprendre. L'observateur sentit son cœur accélérer. Il recula d'un pas, mais le statuaire esquissa un sourire.
Et puis, il plongea à nouveau ses doigts dans l'argile. Cette fois, le maquettiste sentit chaque mouvement dans son propre corps. La manière dont son aîné enfonçait ses doigts, puis les faisait doucement tourner, la pression qui changeait, les muscles de ses avant-bras se contractant. C'était comme s'il savait exactement ce qu'il faisait, et qu'il le faisait pour lui.
Il sentit la chaleur dans son ventre remonter jusqu'à son visage. Ses oreilles chauffaient, et il détourna brusquement les yeux. "Putain, mais c'est quoi ce bordel..." murmura-t-il, à peine audible.
Mais avant qu'il ne puisse s'éloigner, il vit un mouvement du coin de l'œil. Hyunjin avait levé une main, encore couverte d'argile. Il lui faisait signe de la rejoindre. "Non ! Félix. Ce n'est clairement pas une bonne idée," se dit-il.
Mais ses jambes semblaient en avoir décidé autrement. Avant qu'il ne puisse réfléchir, il ouvrit la porte de l'atelier.
Refermant derrière lui, le bruit du loquet résonnant dans la pièce. L'odeur d'argile humide, mélangée à celle du vernis séché, était plus forte à l'intérieur, presque enveloppante. Le calme régnait, à l'exception du faible ronronnement du tour de potier qui continuait de tourner lentement.
Félix déglutit, planté là comme un idiot. Il aurait dû dire quelque chose, mais les mots semblaient s'être envolés. Son regard ne pouvait s'empêcher de suivre les gestes de du noiraud, la manière dont ses doigts glissaient sur l'argile.
"Tu veux essayer ?" demanda finalement l'hôte, sa voix basse, teintée d'une douceur.
Félix écarquilla légèrement les yeux, pris au dépourvu. "Essayer quoi ?" balbutia-t-il, même si la réponse lui semblait évidente.
Hyunjin pencha légèrement la tête vers le tour, un sourire en coin toujours accroché à ses lèvres. "La poterie. Ce n'est pas si compliqué. T'as l'air vraiment fasciné."
L'invité hésita, mais l'idée de rester là à se faire regarder sans bouger le poussait à faire quelque chose, n'importe quoi. Il s'approcha donc à petits pas, ses mains se crispant sur la sangle de son sac. Le plus âgé le regarda s'installer sur le siège face au tour, ses yeux sombres pétillant d'un amusement qu'il ne cherchait pas à cacher.
"Pose tes mains ici," dit-il en désignant l'argile encore humide. Félix obéit, mais la texture froide et glissante le fit frissonner. "Pas si mal," murmura Hyunjin, sa voix légèrement plus grave. "Mais tu forces trop. Laisse-moi t'aider."
Avant qu'il ne puisse réagir, l'expert se glissa derrière lui. Félix sentit immédiatement la chaleur de son corps, bien trop proche, et son souffle se bloqua. Hyunjin, quant à lui, semblait parfaitement à l'aise. Il posa ses mains sur celles de Félix, ses doigts s'enroulant doucement autour des siens pour guider ses gestes.
"Doucement," murmura Hyunjin près de son oreille, sa voix basse et suave. "Il ne faut pas brusquer l'argile. Juste la diriger. La contrôler."
Son souffle effleurait la peau sensible de son cou de son cadet, et ce dernier sentit son cœur s'accélérer. Ses mains glissèrent légèrement, ajustant la pression sur ses doigts. "Tu vois ? Comme ça," ajouta-t-il, en chuchotant.
Le blond hocha la tête, incapable de répondre. Ses pensées étaient trop embrouillées, tiraillées entre la sensation du matériel froid sous ses doigts et la chaleur du jeune homme tout contre lui.
"Maintenant, enfonce ta main là," dit-il, ses lèvres à quelques centimètres de son oreille. Félix sentit son ventre se nouer encore plus, et il tourna la tête, croisant brièvement le regard de Hyunjin, qui sourit, amusé par sa réaction, et ajouta : "Je continue mon cours, ou t'as compris ?"
L'interrogé sentit ses joues s'enflammer, mais il n'arrivait pas à détourner les yeux. "Je... ouais," souffla-t-il, sa voix à peine audible.
Hyunjin resserra légèrement sa prise sur ses mains, ses mouvements devenant plus précis. "Il faut être ferme, mais pas trop. Comme ça." Ses doigts guidèrent les siens, enfonçant doucement sa paume dans le limon. Le designer traissalait jusque sous sa chair, incapable d'ignorer la manière dont son aîné parlait, comme si chaque mot était choisi pour le troubler davantage.
"T'as des mains douces. Mais tu dois les utiliser avec plus de... confiance."
Il voulait répondre, mais tout ce qu'il parvint à sortir, c'était un rire nerveux.
Le modeleur, toujours amusé, guida une dernière fois ses mains avant de relâcher doucement sa prise. Il recula de quelques centimètres, mais son regard restait ancré sur son cadet. "Alors, tu trouves ça comment ?" demanda-t-il, son ton léger mais chargé de sous-entendus.
L'apprenti à son tour baissa la tete, voulant camoufler les rougeurs qui lui montait au visage, incapable de répondre immédiatement. "C'est... c'est intéressant," finit-il par dire, sa voix légèrement tremblante.
Hyunjin rit doucement, en s'adossant contre la chaise. "C'était pas mal, pour une première fois. Mais, sérieux... t'avais l'air vachement captivé quand tu me regardais par la fenêtre."
Félix releva brusquement les yeux vers lui, ses joues s'empourprant instantanément. "Je... Hein ? Non ! Enfin, je regardais pas... Enfin, si, mais..."
"C'était flatteur, d'avoir un mini public."
L'étudiant en architecture d'intérieur se sentit encore plus maladroit, d'autant plus que Hyunjin semblait parfaitement à l'aise, comme si la situation n'avait rien d'inhabituel.
"Sinon ?" demanda Hyunjin après une courte pause, penchant légèrement la tête sur le côté. "T'avais besoin de quelque chose ? Ou t'es juste passé à l'atelier pour le plaisir ?" La question avait été formulée sur un ton léger.
"Non, non... Rien de spécial ! Je passais juste... Euh... Je revenais du département photographie. J'ai accompagné mon pote en cours et... J'ai fait un détour."
Hyunjin croisa les bras, un sourire en coin illuminant son visage. "Un détour qui t'a laissé les mains pleines de terre, on dirait."
Un instant, Félix resta figé, réalisant enfin l'état déplorable de ses mains. Argile sèche et humide se mêlaient, s'étendant jusqu'à son hoodie. Il aurait pu rire de la situation si son esprit n'était pas encore embrouillé par la proximité étourdissante de l'autre étudiant. "Merde, c'est vrai," murmura-t-il en inspectant ses doigts tachés.
L'urgence revint brusquement à son esprit, le faisant se redresser d'un coup. "Et en plus, je vais être en retard..." L'empressement le déséquilibra ; ses jambes vacillèrent, et son corps bascula légèrement en avant. Avant qu'il ne touche le sol, une poigne ferme se referma autour de sa taille, le stabilisant en un instant.
"Ouh là, doucement," souffla Hyunjin, sa voix basse et apaisante. Ses doigts, toujours ancrés sur les hanches du blond, le maintenaient solidement, leur pression chaude traversant la fine couche de tissu.
Félix sentit son souffle se bloquer. Les mains de Hyunjin étaient encore couvertes d'argile, et il sentit la matière froide et humide s'imprimer d'avantage contre le tissu de son vêtement. Mais ce n'était pas ça qui le troublait. C'était la chaleur des doigts de Hyunjin sous l'argile, la manière dont son pouce effleura sa peau nue, juste au-dessus de la ceinture de son pantalon.
Il releva les yeux, se retrouvant face à un regard qui ne semblait pas pressé de se détourner.
Son pouce glissa doucement sur la peau du blondinet, un mouvement à peine perceptible mais suffisant pour faire monter une chaleur intense le long de sa colonne vertébrale. "Hmm,....T'as pas que les mains douces,. Ta peau aussi est... incroyablement agréable au toucher."
Félix sentit ses joues s'enflammer, son cœur battant à tout rompre. "Je... euh..."
Finalement, l'autre étudiant se recula avec nonchalance, récupérant un chiffon et une bouteille d'eau posés sur une étagère. "Tiens, ça devrait t'aider un peu."
Le tissu humide atterrit dans ses mains, mais le contact bref entre leurs doigts suffit à relancer ce feu diffus qui s'était emparé de lui plus tôt. "Merci," murmura-t-il en baissant les yeux, concentré sur le nettoyage. Malgré ses efforts, l'argile semblait s'incruster un peu plus à chaque frottement.
"Tu galères toujours autant ?" demanda la voix, teintée d'un amusement presque provocateur.
"Ça part pas," lâcha-t-il entre ses dents, frustré. Ses yeux se levèrent un instant, captant le sourire qui flottait encore sur le visage de l'autre. L'argile ne semblait pas le déranger le moins du monde, lui.
Lentement, celui-ci se lava les mains, prenant soin de chaque détail comme si le temps lui appartenait. L'eau glissa sur ses doigts, débarrassant sa peau de toute trace de terre, avant qu'il ne saisisse un sweat noir d'un casier métallique. Il s'approcha, le tendant comme une évidence.
"Tiens, tu vas pas rester comme ça. Ça ferait désordre."
"Ah..." L'hésitation fut immédiate. Il baissa les yeux vers son pull, réalisant qu'il était fichu. Mais se déshabiller ici, devant cet étudiant à la nonchalance déconcertante, n'était pas une idée qui l'enchantait.
Le regard malicieux se fit plus insistant. "C'est quoi ? Tu veux pas parce que t'as rien en dessous ?"
Pris au dépourvu, il ouvrit la bouche sans réussir à formuler la moindre réponse cohérente. Il détourna les yeux, espérant que cela suffirait à cacher la rougeur qui envahissait son visage.
"Relax." Un demi-tour plus tard, son vis-à-vis lui tournait déjà le dos. "Je regarde pas. Promis."
Il pivota sur ses talons, les mains dans les poches, sifflotant pour détendre l'atmosphère. Profitant de l'instant, le plus jeune retira son pull aussi vite que possible, mais le sweat qu'il enfila en urgence refusa de coopérer.
Entendant le bruit du zip, l'artiste se retourna lentement. "Alors, ça va—"
Il s'interrompit en voyant, le sweat mal fermé, exposant une partie de son abdomen. Sa peau lisse et légèrement halée brillait à la lumière, et les contours de ses abdominaux étaient visibles à chaque respiration.
"Tu n'es visiblement pas doué avec tes mains à ce que je vois," lança-t-il, un sourire plus large étirant ses lèvres.
Le rouge monta en flèche sur ses joues. D'un geste sec, il tira la fermeture jusqu'en haut et pivota vers la sortie. "Merci, salut !" lâcha-t-il d'une traite, laissant tomber son pull sur le sol. Il traversa l'atelier d'un pas rapide, priant pour que son interlocuteur ne dise rien de plus.
Derrière lui, l'autre étudiant resta immobile un instant, observant la silhouette qui disparaissait. Puis, un sourire discret joua sur ses lèvres. Il ramassa le vêtement, le plia soigneusement et le posa sur une table. "Pas mal," murmura-t-il pour lui-même, amusé.
C'EST LE MOMENT. Je veux tout savoir : vos avis sur les personnages, vos coups de cœur, vos frustrations, vos colères, vos théories. Balancez tout, absolument tout. J'ai hâte de vous lire et de ressentir toute la passion que vous mettez dans vos messages ! 🔥
Merci infiniment à notre bêta lectrice pour son travail incroyable. MinhOtaku25
Et pour vous, mes lecteurs et lectrices, je n'ai pas de mots. Vos messages d'hier et de ce matin m'ont portée alors que j'étais au plus bas. La nuit a été dure, mais grâce à vous, je repars motivée. Merci du fond du cœur. 🥹
Petit rappel : il reste 9 jours pour le concours ! bon courage pour le quiz, vos projets créatifs et les phrases ( je l'avoue qui sont tout sauf simples). Vous êtes des champions, je le sais. 💪
Mes DM sont ouverts si vous voulez discuter de la fic (ou pas). N'hésitez pas, je suis là. : iam.nferti
À demain pour la suite, ( le chapitre 14) ✨
et prenez soin de vous.
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