Chapitre 4.

Toute la journée, je n'ai cessé de revoir cette scène en boucle. Toute la journée, j'ai eu l'impression d'avoir encore la présence des lèvres de Patron sur les miennes. Toute la journée...je n'ai cessé de penser à lui...

Que faut-il faire pour que j'arrête de penser à notre baiser...? J'en ai tellement marre que ma tête va finir par exploser... Je suis tellement énervé... 

"-Couche avec moi."

Il était sérieux quand il m'a demandé ça? Ça ne m'étonne même pas qu'un type comme lui soit attiré par les deux genres. Mais quand même, on se connaît à peine et on se déteste. Enfin, je le déteste. Lui semble me prendre pour son jouet avec qui il s'amuse beaucoup. Il me charrie tout le temps; ça devient lassant. De plus, il semble être très attaché à Céleste. Elle finit toujours par faire partie du sujet de conversation. Je ferai tout mon possible pour qu'il ne la touche pas avec ses sales pattes. Il n'a pas intérêt à lui faire du mal!

Soudain, une main se pose sur mon épaule. Je sursaute vivement, ne m'attendant pas à ce que quelqu'un m'interpelle alors que je me dirige en dehors de l'université. 

-Salut Mathieu! Tu parais pensif. Tout va bien, j'espère?

Tiens... Quand on parle du loup... Voilà Céleste qui me regarde d'un œil inquiet. Je lui souris gentiment pour lui signifier que ça va.

-Tant mieux alors! Tu faisais une de ces têtes! 

Ce satané Patron me démoralisera toujours...

-Sinon, le type de la dernière fois ne t'a pas de nouveau accostée? lui demandé-je.

-Non. Mais c'est gentil de t'en soucier!

-Qu'est-ce qui te voulait quand je suis arrivé? Pourquoi étais-tu seule avec lui dans les couloirs?

Elle se gratte l'arrière du crâne, sûrement gênée de me le dire. Néanmoins, elle ne me laisse pas sans réponse.

-J'étais avec mon groupe d'amies et il est arrivé. Il m'a proposé de le suivre et mes copines m'incitaient à obéir, comme si j'allais vivre la meilleure des aventures. Puis, il m'a fait des avances que j'ai refusé, et tu es arrivé. Franchement merci de m'avoir tirée de ce mauvais pas! J'ai cru que j'allais mourir! 

Elle semble profondément soulagée rien que de se souvenir de mon acte héroïque. Le chevalier qui délivre la princesse des griffes du dragon.

-Ne me remerciez pas. Je serai toujours là pour vous servir, Duchesse!

Elle rit lorsque je prends la voix d'un noble de l'ancienne époque. Je lève les yeux par-dessus son épaule et je croise le regard de la personne que je préfère éviter depuis ce matin... Mon cœur se compresse d'appréhension. Depuis qu'il m'a embrassé, je n'ai plus envie de l'approcher... Il me répugne à se jeter sur les gens qu'il vient à peine de rencontrer. Brûler les étapes dans une relation quelle qu'elle soit le consumera tôt ou tard! Il sourit comme à son habitude et se rapproche de la sortie, là où nous nous trouvons. Pris de panique, je regarde Céleste avec empressement.

-Je t'accompagne? Il faudrait que l'on se dépêche si tu ne veux pas rentrer chez toi au beau milieu de la nuit.

Elle rit en me disant qu'il ne faudrait pas exagérer puis nous commençons à marcher. Je presse un peu le pas, forçant Céleste de suivre mon rythme. Je veux à tout pris éviter un quelconque contact avec Patron. Elle ne se pose pas de question et nous continuons d'avancer tout en discutant. Je prends garde à ce qu'il y ait du monde à proximité. Je n'ose pas regarder derrière, de peur de voir Patron. J'espère qu'il ne va pas tenter de nous suivre... C'est peut-être un pervers, mais pas un traqueur. Du moins je crois? Je prie pour que ce soit le cas...

Nous arrivons finalement chez elle. Je profite qu'on se fasse la bise pour regarder autour de nous. Personne à l'horizon. Je me suis fait des idées pour rien! Quelque part, ça me rassure. Je pourrai rentrer chez moi sereinement. Je la salue tandis qu'elle referme la porte derrière elle. Les mains dans les poches, je me dirige vers mon domicile. Sur le chemin, il n'y a pas un chat. À croire que les habitants ont déserté tous en même temps. Pourtant, il est loin d'être tard. Le soleil est encore haut dans le ciel. Peut-être que tous les travailleurs viennent de rentrer chez eux? 

Quoi qu'il en soit, je me dépêche de rentrer. Plus vite j'y serai, plus vite je pourrai me relaxer! Alors que j'arrive dans le secteur de mon appartement, j'entends des pas dans mon dos. Enfin une personne qui se décide à sortir de chez lui pour prendre un bol d'air! Je me sentais seul durant le trajet! Je m'arrête face à la porte de l'immeuble et je cherche mon passe dans mon sac de cours. Les pas se rapprochent et je peux sentir une odeur de cigare fouetter mes narines. Les pas s'arrêtent derrière moi et je me pétrifie sur place. Qu'est-ce que cette personne me veut? Je suis bien tenté de me retourner mais bizarrement, j'ai une appréhension qui rend mal à l'aise. Pourquoi j'ai l'impression que je suis piégé...? Au moment où je trouve mes clés, la voix de l'inconnu s'élève:

-Salut Gamin. 

Un spasme incroyable me parcourt le corps. Pourquoi est-il ici? M'aurait-il suivi? Ce n'est pas possible. Je dois rêver! Je me retourne pour lui faire face et je me sens soudainement tout petit.

-Patron...

-En chair et en os! Je peux me joindre à toi?

Mon cœur fait un vol plané. Quelque chose me dit que je devrais refuser. Et c'est bien ce que je compte faire!

-Désolé...mais j'ai plein de trucs à faire. Une prochaine fois...?

-Ça peut attendre, non?

Je déglutis tellement fort que je suis persuadé qu'il l'a lui-même entendu. 

-Je n'ai pas le choix, n'est-ce pas...? me demandé-je.

J'ouvre la porte vitrée et je le laisse passer. Il se dirige vers l'ascenseur mais mon système d'alerte s'enclenche. C'est une très mauvaise idée de rester dans un espace étroit, seul avec cet homme!

-Prenons l'escalier. Je suis au premier étage. 

Il ne ronchonne pas et nous gravissons la cage d'escalier. Pendant cette montée, je réfléchis à un moyen pour l'empêcher de venir chez moi. Il faut que je trouve une solution rapidement! 

Devant la porte de mon appartement, je sors mes clés et j'ouvre la porte. 

-Pas le choix si je veux la paix, pensé-je avec conviction.

Je m'empresse de rentrer à l'intérieur pour refermer la porte aussitôt. Hélas, il est beaucoup plus rapide que moi et il réussit à coincer son pied pour créer une ouverture. Avec aisance, il parvient à ouvrir la porte alors que je la retiens désespérément pour m'en tirer. Il approche dangereusement. Pour rester assez loin, je recule au fur et à mesure. Mon pied heurte le rebord du canapé et je tombe à la renverse. Mais je me ressaisis et me mets debout. 

Mais il est déjà trop tard...

Patron se trouve devant moi et il exerce une légère pression sur mon torse pour me faire perdre l'équilibre. Je me retrouve à nouveau assis sur le meuble.

-Reste à ta place. Tu es très bien là où tu es. 

Les pulsations de mon cœur deviennent incontrôlables. J'ai du mal à respirer. En fait, j'ai tout bonnement peur. Peur de ce qu'il risque de me faire subir. Je regarde autour de moi, à la recherche d'une aide utile. Mon cerveau surchauffe. Je ne parviens pas à me concentrer. Je vais mourir...

Mais il ne fait rien. Ce n'est pas ce à quoi je m'attendais. Il fume tranquillement son cigare en balayant la pièce du regard. 

-Tu n'aurais pas un cendrier, Gamin?

-N...Non... 

Il se dirige vers la fenêtre et ouvre la vitre. Il laisse retomber la cendre dans le vide. Qui sait sur quelle tête cela se reposera...? D'ailleurs, ce ne serait pas le moment de le pousser pour qu'il finisse à la morgue? Il mourra sur le coup, de toute façon. Il n'aura même pas à ressentir la douleur!

Je tiens à vous rassurer en disant que je suis loin de ne pas être sain d'esprit! (Quoique...) C'est juste que je ne vois pas d'autres solutions pour me débarrasser de ce type...

-Eh, Gamin?

Je lève les yeux vers lui. Il est accoudé sur le rebord de l'ouverture, en train de me regarder tout en fumant allègrement son mégot déjà bien entamé.

-Je te propose quelque chose...

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