Chapitre 3.

Au final, je n'ai pas réussi à fermer l'œil de la nuit. Encore cette putain d'insomnie... Certes, maintenant je commence à avoir l'habitude mais c'est toujours saoulant pour la journée qui suit. Je ne suis pas du tout concentré et je m'assoupis à moitié en cours. Si jamais un professeur me remarque, je suis cuit!

En me préparant pour aller à l'université, je songe à ma conversation tardive sur Facebook. C'était un curieux échange... Pourquoi est-il venu me parler? D'après lui, je l'intéresse. Mais qu'est-ce que ça veut dire? Il n'a même pas voulu me répondre...

Et pourquoi je pense à lui maintenant? Je n'ai pas envie de me bousiller le moral dès le matin!

J'arrive finalement à l'université et je dépasse le coin pour les fumeurs. Je ne suis pas très fan de tabac alors je ne me suis jamais posé parmi tous ces gens qui tiennent une cigarette à la main. Je continue ma marche sans chercher à analyser ces gens et baisse les yeux sur mon téléphone. Je m'apprête à lancer de la musique quand soudain, j'entends à ma gauche une voix que je reconnais fort bien. Une voix rauque sur un ton railleur. Comment oublier ce type? On dirait qu'il hante mes pensées pour m'empêcher de l'effacer de ma mémoire!

-Hey, Gamin! Tu n'aurais pas fantasmé sur moi dans ton sommeil?

Il ose gueuler ça devant tout le monde!? Je me sens rougir de honte mais je continue mon chemin, feignant de ne pas l'avoir entendu. Après tout, je suis censé être en train d'écouter de la musique. Je ne lève pas la tête, les yeux rivés sur mon téléphone afin de trouver une contenance. Ce type est imbuvable! Je me dois de l'ignorer si je ne veux pas me retrouver entre ses griffes!

Je monte les marches menant à l'étage afin de me diriger vers la salle de mon premier cours de la journée. Encore une fois, je suis en avance. Je peux au moins souffler avant d'entendre le prof' monologuer pendant une heure.

Je sens une présence dans mon dos alors que j'achève ma montée. C'est rare qu'il y ait du monde qui rejoigne les couloirs en avance. Mais je n'y prends pas vraiment attention. Je marche jusqu'à rejoindre la porte de ma salle de classe. Quand tout à coup, une main agrippe fermement mon épaule et me propulse contre le mur. Je grince un peu des dents, ne m'attendant pas à une telle violence. Il a failli me casser la colonne vertébrale, le con! Je lève des yeux réprobateurs vers la personne en question mais lorsque je croise son visage, mon corps se fige. Monsieur aux lunettes de soleil me fait face. Il n'a pas vraiment l'air content.

-Dis-moi, commence-t-il en abaissant mon casque audio où la musique s'en échappe toujours, ce n'est pas bien d'ignorer les gens comme ça. Je me suis fait luncher par mes potes. Et crois-moi, je déteste ça.

-Ah bon? Et quel est mon problème dans cette histoire? Je ne t'ai probablement pas entendu. J'écoutais de la musique.

Un rire ironique lui sort par la bouche et il rétorque:

-Prends-moi pour un imbécile. Tu t'es braqué quand je t'ai parlé. Ça m'étonnerait qu'une chanson te fasse cet effet.

Il se rapproche dangereusement, me surplombant en partie. Bizarrement, je me sens fébrile face à cette proximité. Il est tellement plus grand que moi que j'ai l'impression d'être un petit animal inoffensif. Mais je ne compte pas me laisser marcher dessus! Je lève le menton, lui prouvant qu'il ne me fait pas peur. Pourtant, intérieurement, je tremble de tout mon être. Mais hors de question de montrer mon impuissance! Il en profiterait et je ne tiens pas à savoir ce qu'il me ferait! Il se met soudainement à sourire, ce qui me déstabilise quelque peu. Je ne suis pas rassuré...

-Aurais-tu eu honte de me répondre? C'est pour cette raison que tu as fait semblant de ne pas m'avoir entendu?

Je serre les poings, énervé par son impertinence.

-Puisque je te dis que je ne vois pas de quoi tu parles! Laisse-moi partir, maintenant. Tu bouffes mon oxygène!

-Ce que tu es entêté! Tu me plais bien, tu sais?

Je frissonne à cette dernière phrase. Pourquoi mon corps réagit de cette manière!? Ce n'est pas normal!

-Si tu réagis comme ça, ça veut dire que tu as vraiment rêvé de moi. (Il rit sardoniquement.) Et il se passait quelque chose d'intéressant?

Je fulmine. Mes joues me brûlent. Difficile de savoir si c'est à cause de ma fureur intérieure ou de la gêne qui me consume. Il attrape ma mâchoire d'une main et me rapproche de lui jusqu'à ce que nos front se touchent.

-Dis-moi tout. Peut-être que je pourrais faire en sorte que ton rêve se réalise...

Il prononce cette phrase d'un ton mielleux qui me fait frémir. Mais je ne me laisse pas faire. J'attrape son poignet et je l'éloigne violemment. Je tente de m'échapper de son emprise mais il me bloque de ses bras de part et d'autre de mes épaules. Je lui lance un regard méprisant pour lui signifier de me rendre ma liberté.

-Je ne compte pas te laisser filer aussi facilement, Gamin. Alors reste tranquille et laisse-moi m'amuser un peu avec toi.

-Tu crois vraiment que je suis ton jouet?

Il attrape mes poignets et coince mes bras contre le mur. Il exerce une grande force, ce qui m'empêche de m'échapper.

-Je ne crois pas; c'est une certitude.

-L'espoir fait vivre, à ce qu'on dit! Laisse-moi partir!

-Tu prends tes désirs pour la réalité, on dirait. Tu es à ma merci, Gamin. Tu ne peux rien faire pour m'empêcher de faire quoi que ce soit.

Il paraît tellement sûr de lui que je finis par le penser moi aussi. Mais je ne peux pas lui donner raison! Ce type est un malade! Je plisse le front et me débats comme je peux. Malheureusement, mes bras sont comme cloués à la paroi. Je ne suis pas un cadre! Je veux récupérer ma liberté!

-Lâche-moi! Tu m'énerves!

-Pas envie, Sale Mioche.

Je serre les dents, exaspéré. Je soupire. On dirait que je n'ai pas le choix... Je dois me soumettre à lui...

-Qu'est-ce que tu veux pour que tu me laisses tranquille?

Il s'esclaffe d'un rire cinglant qui me glace le sang. Je dois avoir l'air d'une victime...

-Tu te décides enfin à être conciliant! Je n'en demandais pas tant!

Il esquisse un sourire espiègle qui accentue mon malaise. Il se rapproche pour n'être qu'à quelques centimètres de mon visage. Sa demande me déroute fortement.

-Couche avec moi.

Mes yeux s'écarquillent. Ma mâchoire manque de se déboîter. Je n'ai pas rêvé...?

-Qu...Qu'est-ce que tu viens de di...?

-Couche avec moi. C'est aussi simple que ça.

-Mais... (Je reprends mon courage à deux mains et je m'impose.) Tu crois vraiment que je vais accepter ça?

-Tu n'as pas vraiment le choix. Tu es sous mon contrôle. Si tu veux que je te laisse tranquille, il va falloir en payer le prix.

Je suis bien tenté de le frapper... Pourquoi pas le faire?

-Tu rêves éveillé, ma parole...

Je lève mon pied et je lui donne un gros coup de pied dans le ventre. Il recule presque aussitôt en grimaçant de douleur. Je le regarde d'un air hautain et je m'éloigne.

-Jamais je n'accepterai une offre de ce genre. Si tu pouvais disparaître de ma vue, ça m'irait très bien.

Je l'entends rire tandis que je continue de m'éloigner en lui tournant le dos.

-Dans ce cas, j'irai voir la jolie petite Céleste. Très mignonne. Si j'insiste un peu, elle devrait pouvoir accepter. Elle refuse de le montrer mais c'est une petite coquine. Comme toutes les autres.

Je fais volte-face, hurlant en mon for intérieur. Ai-je bien entendu? Il compte forcer mon amie à commettre quelque chose qu'elle ne veut pas? Il va me le payer... Je me rapproche telle une furie, enragé. La colère sort par tous les pores de ma peau. Ce type est juste horrible! Je l'attrape fermement par le col et j'utilise toute la force que j'ai pour le soulever. Malheureusement, étant plus petit, je n'arrive même pas à le mettre sur la pointe des pieds.

-Je vais te tuer...

-Essaie donc. Tu ne sais même pas de quoi tu parles.

Ma patience a des limites. Et je viens de la franchir. Je lève mon poing, prêt à lui refaire le portrait. Dommage qu'il réussit à l'arrêter à temps. Je suis dorénavant bloqué. Je ne peux plus m'en aller. J'utilise toute ma volonté pour récupérer mon bras mais il retient mon poignet avec force. Tout à coup, il tire mon bras vers le haut et mon corps est soudainement propulsé contre lui. Mais cette proximité n'est pas le problème. Ce geste nous a permis de rencontrer les lèvres de l'autre. Mes yeux sont grands ouverts et j'aperçois à travers les verres opaques de ses lunettes qu'il me fixe. Cette situation est très déstabilisante alors je m'appuie contre lui pour m'éloigner mais il utilise son bras libre pour me retenir, ce qui me paralyse sur l'instant. Il ferme peu à peu les yeux et je sens que notre échange devient plus sensuel. Tout comme sa langue qui passe entre mes lèvres. Je n'ose plus me débattre, pétrifié. Je ressens quelque chose d'étrange dans ma poitrine. Comme si un feu catalyseur venait de s'allumer. Mes forces me quittent et je me sens choir. Accroché à sa veste, je sens mon ventre se tordre dans tous les sens comme si j'allais passer un oral. Mais je n'ai pas envie qu'il croit que ce baiser me plait. Je plaque ma main libre sur son visage, en plein sur ses lunettes, et je le repousse aussi fort que j'en suis capable. Ma bouche libérée, je peux enfin reprendre mon souffle.

-T'es...T'es un malade...! déclaré-je, haletant.

Il me lâche le poignet et je m'éloigne précipitamment, le cœur battant à tout rompre. Il passe son pouce sur ses lèvres et sourit d'un air démoniaque sans cesser de me dévisager.

-La prochaine fois, je passerai ma langue dans un autre orifice.

Fier de lui, il se retourne, les mains dans les poches et s'éloigne pour regagner son étage. Tandis qu'il accède à la cage d'escalier, la sonnerie retentit, et un défilé d'étudiants comble l'espace des couloirs. Encore chamboulé, je rejoins ma classe.

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