Chapitre 1.
J'avance pas à pas dans les couloirs de mon université, les yeux rivés sur mon téléphone. Je fais glisser mes doigts sur l'écran, mon casque audio autour du cou. Je m'adosse finalement au mur, à côté de la porte qui me mènera au premier cours de la journée. Personne n'est encore monté. Il reste une dizaine de minutes. J'aime bien être tranquille en début de journée, le temps d'immerger totalement de mon sommeil. J'attrape les oreillettes de mon casque pour le ramener à mes oreilles et ainsi, profiter d'une petite vidéo sur YouTube avant d'entamer cette journée de travail qui s'annonce bien longue... Mais avant d'achever mon geste, j'entends un coup dans le mur, comme si un dos venait de le percuter, suivi d'un gémissement.
-Ne fais pas ça...
Il s'agit bien d'une voix de fille. Je tourne la tête à gauche et j'aperçois à l'autre bout du couloir l'une de mes amis collée contre la paroi, un homme que je n'ai jamais vu en train de la coincer de ses bras. Il ne passe certainement pas inaperçu avec sa tenue vestimentaire. Tout vêtu de noir, plus précisément d'une chemise surplombée d'une veste, ainsi que d'un jean. Encore plus intriguant, il garde une paire de lunettes de soleil en intérieur. Quel genre de débile mettrait cet accessoire lorsqu'il n'y a pas la moindre trace de soleil? Ce n'est même pas stylé! C'est comme mettre un bonnet quand il fait beau! Pourtant, il est assez beau garçon... Un peu le genre de gars qui se tape toutes les minettes qu'il croise! Et puis, qu'est-ce qui lui prend à être aussi proche de mon amie!? Elle semble réticente à l'idée qu'il franchisse la limite que devrait s'imposer des personnes qui ne se connaissent pas.
On dirait qu'ils ne m'ont toujours pas remarqué. Devrais-je aller l'aider? Il ne risque pas d'y avoir de problèmes car il est tout seul. En un contre un, je devrais m'en sortir. Je range mon téléphone dans ma poche et je commence à me rapprocher.
-Allez, on va bien s'amuser.
-Je ne suis pas intéressée. Désolée...
-J'aime quand les femmes me résistent, ricane-t-il. Elles font toutes ça mais au fond, je sais qu'elles n'attendent que de se retrouver dans mon lit.
-Laisse-moi!
Elle tente de le repousser en posant ses mains sur son torse mais il ne bouge pas d'un poil. Je la vois se raidir et elle commence à trembler. Il pose alors ses mains sur ses épaules et il sourit d'un air narquois.
-Tu frissonnes déjà d'excitation? Il en faut peu avec toi.
Il attrape son menton entre ses doigts et rapproche doucement son visage du sien, prêt à l'embrasser. Mais j'arrive à temps pour lui agripper l'arrière du col et l'éloigner brusquement de mon amie.
-Ça va? Je ne vous dérange pas? demandé-je, le regard sombre.
Je jette un œil à mon amie pour lui signifier de s'éloigner. Elle avance timidement pour se cacher derrière moi, les épaules crispées. On dirait un petit animal apeuré. Le type se tourne vers moi, un petit sourire vicieux scotché aux lèvres.
-Oh... Je ne savais pas que tu avais un petit-ami. Tu aurais pu le dire. J'aurais fait attention à ce qu'il ne soit pas au courant pour ton infidélité.
Ma mâchoire se crispe et mes sourcils se froncent. Ce gars... Ce qu'il peut être détestable!
-Tu n'as pas entendu ce qu'a dit Céleste? Laisse-la tranquille!
Son sourire s'élargit, comme si ma réaction l'amusait au plus haut point. Pourtant, je ne vois pas ce qu'il y a de drôle. Il se tourne pour me faire face puis il range une main dans sa poche tandis que l'autre vient tapoter mon épaule.
-Eh, mec. Pas la peine de t'emballer comme ça. Tu sais, les femmes se lassent bien vite d'un même homme. Un jour, elle te larguera pour me retrouver. Les hommes inatteignables sont plus attirants que les gentils toutous qui sont prêts à tout pour satisfaire leur dame.
Je repousse vivement son bras, furieux. Il s'entend parler, au moins!?
-Céleste n'est pas une fille comme ça! Laisse-la en paix! Elle ne t'a rien demandé!
Je ne parviens pas à voir ses yeux à cause de ses lunettes mais le simple fait de voir son sourire carnassier me permet de comprendre à quel point il peut s'amuser de la situation.
-Je le hais..., pensé-je, énervé.
Il passe à côté de moi, s'arrête quelques instants pour me dire d'un ton railleur:
-Ils disent tous ça. Néanmoins, tu es loin d'avoir mis la main sur la vérité.
Il se rapproche de Céleste qui est toujours accrochée à moi et il caresse du bout des doigts ses joues.
-Si tu cherches un plan cul, tu peux toujours venir me retrouver.
Il lui donne entre les mains un morceau de papier (sûrement pour son numéro de téléphone) et lui embrasse le sommet du crâne. Hors de moi, je l'attrape par la chemise et le force à reculer pour qu'il se retrouve dos au mur. Mon bras passe sur sa poitrine pour servir de barrage. Il est hors de question que je le laisse filer sans que je ne lui donne une bonne correction.
-Tu veux mon poing dans la figure ou tu préfères que je te lacère jusqu'à l'os?
Il ne semble pas du tout affecté par ma menace. Certes, il s'agit probablement d'une question de taille car il fait quasiment une tête de plus que moi. Avec mes un mètre soixante, ce n'est pas facile d'être pris au sérieux quand il y a un conflit...
-Tu crois que tu me fais peur? Comme t'es mignon!
Il lève une main pour m'ébouriffer les cheveux. Un frisson parcourt le long de mon échine. Je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il me fasse ça! Ma main me démange...
-Je suis bien tenté de t'étrangler...
Je lève ma main, prêt à exécuter ma proposition mais sa prochaine réplique me bloque brusquement.
-Si tu presses ma gorge, tu connaîtras certainement le même sort mais plus bas. Ça fait nettement plus mal, si tu veux mon avis.
Mon corps est soudainement paralysé. Je n'ai plus le courage d'aller plus loin en sachant ce qu'il compte me faire. Je me pince les lèvres, agacé de ne plus faire comme il me l'entend. Je le libère de mon emprise et m'éloigne, le regard hostile. Le jeune homme réajuste sa veste et me lance un dernier regard avant de s'éloigner.
-Quelle pourriture..., marmonné-je dans ma barbe.
Les bras de Céleste entourent le mien et je l'entends me dire tout bas:
-Merci de m'avoir protégée. Je t'en suis redevable.
Je tapote son crâne en souriant.
-Tu es mon amie. Je ne pouvais pas te laisser en difficulté.
Elle me lâche et je la regarde sans dire un mot. Je me souviens alors qu'elle avait dans ses mains le papier que lui avait donné ce sale type. Je le lui prends des mains et je regarde son contenu. J'avais bien raison. Il s'agit d'un numéro de téléphone. Je m'empresse de l'arracher et je place les lambeaux dans ma poche. Je les jetterai plus tard.
-Si jamais il revient t'importuner, viens m'en parler.
Elle se contente d'acquiescer. Visiblement, elle semble bien se porter. Cette altercation n'a pas l'air de l'avoir traumatisée. Tant mieux!
En attendant, les cours ne vont pas tarder à reprendre. Je me sépare de Céleste pour rejoindre ma classe, et elle en fait de même. Espérons que l'on ne recroise pas ce pervers de sitôt!
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