20h - Le suivant dans cinq minutes
« Ce monde est vaste et nous nous y aventurons, éveillés toute la nuit. »
- Hope World
Hope World
———
« Attention, en raison de personnes sur les voies,
le trafic est interrompu sur l'ensemble de la ligne 4.
Nos agents sont à votre disposition pour tout renseignement. Je répète... »
Lorsque les haut-parleurs ont grésillé - me faisant grimacer - et ont crachoté leur énième annonce de la journée,
j'ai lourdement soupiré,
levant la tête de l'écran de mon téléphone encore allumé.
Un arrêt complet de la ligne, il ne me manquait plus de ça.
Comme si nous n'étions pas tous déjà épuisés, à attendre un métro qui ne pointrait pas le bout de son nez.
Quelques expressions chiffonnées sont apparues sur les visages autour de moi, tandis que d'autres fermaient les yeux d'exaspération. J'ai serré la hanse de mon sac en bandoulière, la mine ennuyée, et me suis dirigé vers la sortie avec la foule qui s'était amassée à l'intérieur du souterrain. Ma fin de journée s'annonçait dors et déjà catastrophique.
J'ai raté une marche et me suis rattrapé de justesse à celui qui me précédait dont le regard méprisant m'a tout de suite calmé,
pour ne pas changer.
Cette manie que j'avais de me mettre dans les situations les plus embarrassantes qui soient peu importe l'endroit ne m'avait jamais quitté,
que ça soit ici ou en Corée.
Aussi compressé qu'un biscuit parmi cette affluence hors-norme à cette heure de la soirée, j'ai réussi à me glisser entre deux parisiens mécontents pour m'échapper vers la sortie. La lumière blafarde m'a un instant aveuglé, mais le mouvement de la foule me permettait de ne pas trop me concentrer sur le trajet à emprunter.
Évidemment,
les battants ne répondaient plus au détecteur de mouvements.
- Quelle journée de merde,
j'ai marmonné, décidé à retrouver la liberté.
Une fois toutes les épreuves franchises, j'ai profondément inspiré l'air pollué de la capitale, ravis de me retrouver le nez face aux étoiles,
invisibles à cause de l'éclairage artificiel.
Le vent glacial m'a fait l'effet d'une claque bien sentie, me permettant de reprendre mes esprits, et observer l'endroit où je me trouvais.
La fontaine St-Michel trônait de toute son ampleur à l'angle de deux rues, face au pont du même nom qui conduisait directement à l'île de la Cité. Entièrement construite contre un mur de plusieurs mètres de haut, elle surplombait le carrefour encombré : cette particularité ne faisait qu'accentuer sa beauté.
Ses statues en forme de chimères sur les bas-côtés ne déversaient pas une seule goutte d'eau en cette période de l'année, mais je gardais dans un coin de ma tête le souvenir des jours ensoleillés où les bassins ne se vidaient jamais.
J'éprouvais toujours une grande admiration pour les monuments qu'il nous était possible de croiser dans Paris, et qui étaient les bases de cette effervescence touristique. J'en voyais encore se balader, avec leurs cartes savamment déployées devant leurs pupilles émerveillées. J'ai souri, distrait, avant de me reconcentrer sur le motif de ma présence au-dehors. Une mèche de cheveux m'a un instant dérangé alors que je jetais un coup d'œil attentif tout autour de moi.
J'ai vite fait la moue quand un bus a klaxonné bruyamment à ma droite, sa voie habituellement réservée embouteillée par des taxis occupés et un SUV ayant opté pour l'illégalité. Avec le temps, plus rien ne me surprenait.
- Mais quel tintouin.
J'ai longuement grogné dans ma barbe inexistante, l'humeur morose, avant de déverrouiller mon téléphone qui ne cessait de vibrer sous les notifications d'un groupe WhatsApp un peu trop actif à mon goût. J'ai ouvert l'application et, quelques secondes plus tard,
voilà qu'il était mis en sourdine pour toute une année.
Un message a cependant attiré mon attention parmi ce raz-de-marée, un SMS.
Hayley
❤️🧡💛💚💙💜🖤♥️💘💝💖💗💓💞💕💌❣️💟
Je viens de m'acheter des ramens, j'ai pensé à toi tocard
20:04
J'ai levé les yeux au ciel face au nom de contact qui avait été remanié,
probablement par ses plus grands soins,
avant de taper rapidement ma réponse.
Je suis touché par cette attention connasse
20:09
Tu rentres bientôt ?
Pas du tout, je suis bloqué à St Michel,
la 4 is out
PTDR y'a que sur toi que ça tombe 😭
Le karma le karma
Chut.
:D
Courage en tout cas, tu vas y arriver
Ah ouais mais nan, t'es une merde en orientation
Tu vas décéder en deux deux, c'est certain
Merci de croire en moi 😭
;)
20:11
Hayley était une ancienne correspondante américaine qui, comme moi, était venue ici pour réaliser ses études. En apprenant que nos écoles n'étaient pas si éloignées l'une de l'autre, nous nous étions décidés pour une coloc' qui s'était annoncée haute en couleurs.
Avec son tempérament explosif et le mien d'un sarcasme indéniable, notre relation était à double tranchant, mais c'est ce qui créait cette alchimie si étrange au goût de simplicité.
Nous n'étions pas difficiles. On se canalisait l'un l'autre lorsque le couvercle de notre patience tremblait et laissait échapper des filets d'eau bouillante.
Son rire m'apaisait, et les breloques qui décoraient ses poignets produisaient ce petit cliquetis rassurant, comme pour me dire que oui,
j'étais chez moi,
et je souriais.
Malgré nos différences évidentes pour ce qui était de la nourriture, des goûts musicaux, s'il y avait bien une chose sur laquelle on tombait toujours d'accord,
c'était les hommes.
Je n'avais jamais eu de problème pour accepter mon homosexualité,
qui m'avait paru dès lors évidente au fil des ans.
Je n'étais pas le genre de personne à me poser beaucoup de questions, à tout remettre en cause, mais plutôt à ne pas réfléchir et y aller au feeling.
Et il faut dire que cette façon de penser m'avait plusieurs fois sauvé la mise.
J'ai bêtement pouffé en relisant ma courte conversation avec elle, un sourire que je tentais malgré tout de réprimer sur les lèvres.
- Excusez-moi ?
J'ai relevé la tête. Une jeune asiatique dans la vingtaine me fixait de ses yeux perdus, son iPhone allumé dans une main, un café de chez Starbucks dans l'autre.
- Oui ? ai-je répondu en anglais.
- Nous aimerions, mes amis et moi, rejoindre le Panthéon mais... nous ne savons pas où il est.
Son ton hésitant m'a fait de la peine, et j'ai eu envie de la rassurer,
mais je n'étais en aucun capable de l'aider.
- Je suis désolé, je...
Sur l'écran illuminé de son téléphone, j'y ai vu une langue qui ne m'était pas inconnue.
- Coréenne je présume ?
Surprise, elle a haussé les sourcils, avant d'acquiescer, étonnement plus détendue.
- Alors hum... j'ai commencé en coréen, plus à l'aise néanmoins. Je ne peux malheureusement pas vous aider, je suis autant perdu que vous, ce n'est pas un coin que je fréquente.
Elle a affiché une expression peinée mais s'est reprise bien rapidement, un sourire sur son visage maquillé.
- Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas très grav---
- Vous devez remonter le boulevard, et lorsque vous atteindrez le jardin du Luxembourg le Panthéon sera juste en face, sur votre gauche.
J'ai sursauté,
la voix coréenne qui avait coupé la jeune touriste ayant surgi dos à moi. Celle-ci a semblé contente, s'est inclinée, et s'en est allée en trottinant.
Me laissant moi,
et un inconnu dont le rire est parvenu jusqu'à mes oreilles.
Je me suis retourné.
- Pas très à l'aise avec le quartier, à ce que je vois.
J'ai arqué un sourcil alors que ses prunelles curieuses se sont ancrées dans les miennes. Il me dépassait de quelques centimètres, ses cheveux bruns ondulés retombant sur son front, et la tête légèrement penchée sur le côté.
Ses mains fourrées dans les poches de sa veste bien trop fine pour un temps d'hiver, je l'ai observé avec une méfiance simulée.
Il a retenu un rire soufflé.
- Parce qu'en plus vous nous écoutiez ?
Mon ton accusateur l'a amusé,
je l'ai vu quand un sourire lui a échappé.
- C'est pas tous les jours que je croise des coréens de mon âge résidant à Paris. Disons que ça m'a intrigué.
- La curiosité est un vilain défaut.
- Certes, mais c'est avec elle qu'on expérimente.
J'ai eu envie de lui rétorquer gentiment
« Allez expérimenter ailleurs »
mais je me suis retenu.
Il m'a tendu sa paume ouverte sans se départir de son sourire qui en devenait presque agaçant, tant il était sûr de lui.
Je pouvais presque voir sa Confiance fièrement installée sur son trône, prenant la pose, parée de ses bijoux les plus étincelants.
- Jung Kook.
Je suis resté un instant immobile et impassible, soupçonneux,
mais ma main a fini par rejoindre la sienne car comme Hayley et moi ne cessions de le répéter,
arrêter de réfléchir et foncer étaient ce qui nous rendait vivant dans ces moments-là.
Je n'avais pas à me méfier.
Je ne voulais pas me méfier.
- Ji Min.
- Ji Min, a-t-il répété, faisant rouler les syllabes sur sa langue.
C'est un joli nom.
- Comme technique de drague, j'ai déjà vu mieux.
Il s'est esclaffé, sûrement surpris par ma répartie. Son regard interrogateur s'est posé sur moi, réchauffant mon corps transi par le froid.
- Ah oui ?
J'ai hoché la tête, croisant les bras contre mon torse, enfouissant le bas de mon visage dans l'écharpe en laine tricotée par mes soins.
- Rien ne dit que je vous drague.
- Alors dîtes-moi ce que vous foutez devant moi au lieu de vous en aller. Osez me dire que je ne vous ai pas tapé dans l'œil.
Je voulais le tester,
voir si lui aussi était intéressé,
même s'il ne me laissait que peu de place au doute. C'était surtout pour ma propre satisfaction personnelle.
J'aimais provoquer.
Jung Kook a tourné la tête, cherchant ses mots devant mon insolence effarouchée. Je l'ai vu contenir un autre sourire,
démasqué.
- T'es vraiment le premier gars que je rencontre avec autant de culot.
- Il faut un début à tout.
J'ai souri à mon tour, fier de moi, et
ai senti que je m'embarquais dans un truc qui ne faisait définitivement pas partie de mes plans.
- Sinon, pourquoi t'es là ? Tu ne connais même pas ce quartier, a repris Jung Kook en croisant les bras à son tour, m'imitant volontairement.
- Tu vas rire mais... Je suis censé rentrer chez moi sauf que le métro est arrêté pour un bon moment, alors à moins que je trouve un bus ou un taxi, je suis bloqué ici.
- Et il y a des bouchons, il a ajouté.
- Et des bouchons.
- Alors tu es coincé.
- Il semblerait.
- C'est dommage.
- Vraiment ?
J'ai passé une main dans mes cheveux abîmés par les teintures à répétition, un sourcil arqué.
- ...Non, pas vraiment.
- C'est bien ce que je pensais.
- T'es déstabilisant comme mec.
- Je sais.
Il a levé les yeux au ciel, amusé, et j'ai simplement haussé les épaules.
- Et toi ? ai-je demandé, curieux de voir ce qu'il avait à me dire.
- Je suis aussi une pauvre victime de la quatre. Quelle ligne satanique.
Son air exagérément dramatique m'a fait rire, plus que je ne me l'avouais.
- Et pourtant tu connais mieux le coin que moi, lui ai-je fait remarquer.
- C'est parce que j'étudie dans le quartier latin.
J'ai ouvert grand les yeux, laissant un sifflement admiratif s'échapper d'entre mes lèvres.
- T'as de la chance de travailler dans un endroit pareil, tu sais.
- C'est bien pour ça que j'en profite.
Il m'a lancé un clin d'œil charmeur, avant de détourner son attention de ma personne pour tourner sur lui-même. Il semblait préoccupé à chercher quelque chose, mais je ne savais pas quoi. Ses prunelles se verrouillèrent sur le pont derrière lui.
- T'as déjà vu Notre-Dame je suppose.
- Oui, mais avant l'incendie. Pourquoi ça ?
Jung Kook ne m'a pas répondu. Il a d'abord sorti son téléphone, pianotant rapidement dessus, et a reporté ses beaux yeux sur moi, avec ce même sourire qui ne semblait pas vouloir le quitter.
J'ai un instant souhaité en être la cause, mais ai vite repoussé l'idée qui florissait déjà malgré moi dans mes pensées.
- Ce soir, je t'emmène visiter ce quartier.
- Avec toi comme guide ? ai-je ri, agréablement étonné.
Jung Kook a rangé son téléphone dans la poche arrière de son pantalon - un peu trop serré à mon goût -, puis m'a fait une petite révérence, le dos courbé. Lorsqu'il s'est redressé, ses joues étaient rosées.
- Le seul et l'unique.
- Tu penses pas que t'en fais un peu trop ? j'ai répliqué, tout de même charmé.
- Jamais pour tes beaux yeux.
Il m'a tendu son avant-bras, invitation silencieuse pour prendre part à une escapade nocturne improvisée en sa compagnie. J'ai mordillé ma lèvre inférieure, réfléchissant tout de même à la charge de devoirs qui m'attendait gentiment chez moi,
mais ses mirettes me détaillant longuement ont tu toutes mes craintes finalement infondées. Rien ne me retenait, et c'est avec un entrain peut-être un peu trop prononcé que j'ai agrippé son bras, mon corps tout entier respirant le défi. S'il y avait bien une chose dans laquelle j'étais doué, c'était le laisser-aller.
Alors autant en profiter.
- Et où vas-tu m'emmener, cher guide ?
- Tout d'abord, allons voir notre cathédrale adorée.
Fermement accroché à lui, nous avons traversé le passage piéton menant au fameux pont qu'il nous fallait franchir. La brise emmêlait mes cheveux décolorés, et les siens ont chatouillé ma tempe lorsque je l'ai poussé sur le côté, évitant un cycliste inconscient. J'ai esquissé un léger rire quand Jung Kook s'est tourné vers lui, le majeur levé.
- 'Faut vraiment leur apprendre la civilité à ces cons-là.
- Ils n'ont jamais saisi le principe des feux, ai-je ajouté, secouant la tête.
Il a acquiescé, et a baissé les yeux vers moi un instant, mais les a tout de suite détourné dès que je me suis mis à l'observer.
La température n'avait cessé de descendre dans la journée, et arrivés au milieu du pont, j'ai resserré mon écharpe aussi douce qu'un parfum d'été. J'ai ralenti mon allure un instant, le regard rivé sur la Seine et les bateaux illuminés. J'ai sorti mon téléphone, prêt à prendre une photo,
mais Jung Kook a perturbé le cours de mes actions.
Il l'a attrapé, me l'ôtant des mains, et a retourné la caméra en sa direction.
J'ai commencé à crier lorsqu'il s'est éclaté à se prendre en rafale sous toutes les coutures, et avec moi compris. Jung Kook tenait mon téléphone haut au-dessus de lui, se jouant de ma plus petite taille alors que je sautillais pour tenter de l'atteindre. Ma main s'est agrippée à son poignet, décidé à le faire descendre, mais il a fini par me le rendre, amusé.
- Comme ça tu ne m'oublieras pas.
- Avec soixante-douze selcas, je risque pas.
J'ai soupiré en observant le nombre colossal de clichés dans ma galerie, et ai verrouillé l'écran, reportant mon attention sur le fleuve sous mes pieds.
On a continué de marcher,
lui à mes côtés,
et moi sans cesse le nez levé.
J'admirais une partie de Paris que je n'avais jamais exploré, peut-être par manque de temps ou d'envie. On a tourné sur la droite une fois le pont franchi, se faufilant entre les piétons au nombre important.
J'entendais des langues étrangères fuser de partout,
que ce soit de l'italien, de l'espagnol,
de l'anglais, de l'allemand,
ou bien encore du japonais et du chinois.
J'ai même cru reconnaître du bulgare près d'une boutique de souvenirs.
Ces échoppes proliféraient par centaines dans les lieux les plus visités.
...Un jour,
je m'achèterai une tour Eiffel scintillante.
La lumière de guirlandes lumineuses accrochées au-dessus des restaurants adoucissait l'ambiance animée de cette partie de la ville.
- On y est bientôt, a soudainement dit Jung Kook après quelques minutes de silence commun.
J'ai relevé les yeux, apercevant des échafaudages au loin.
Nous nous sommes approchés discrètement, slalomant entre les voitures pressées qui ne lésinaient pas sur le klaxon,
et sommes arrivés en un seul morceau.
Jung Kook m'a emmené le plus prêt possible, et c'est en nous rapprochant que j'ai reconnu le flan gauche de Notre-Dame. Le devant ne devait être visible que depuis un autre pont à une cinquantaine de mètres puisque l'accès principal était fermé.
La grandeur de cette cathédrale m'a un peu coupé le souffle,
et la voir en rénovation faisait mal au cœur. Les images de l'incendie en milieu d'avril revenaient aisément dans tous les esprits,
le mien compris.
J'ai revu sous mes prunelles sombres la flèche s'effondrer sur elle-même, brisant la voûte du transept et emportant avec elle gravats et débris.
Sans un mot, j'ai photographié le monument, souhaitant garder quelque part une trace de mon passage ici-même.
- Alors, qu'est-ce que t'en penses ?
Je me suis tourné vers lui,
et c'est là que j'ai remarqué ma main toujours attachée à son bras gauche.
J'ai voulu la retirer mais Jung Kook a saisi le cours de mes pensées,
et l'a bloquée de la sienne.
Nos regards se sont croisés,
durant de longues secondes,
avant que je ne jette l'éponge tout en resserrant un peu plus ma prise sur lui.
Il a souri,
encore une fois.
- Je pense que c'est très dommage qu'elle soit aussi abîmée, ai-je fini par répondre, la voix plus basse que prévue.
- Je te rejoins sur ce point, mais on pourra rajouter une touche de notre siècle lors de la reconstruction.
J'ai haussé les sourcils, étonné.
- Vraiment ? Je n'en vois pas l'utilité. Je l'aimais bien au naturel.
- La flèche datait du dix-neuvième, alors pourquoi on pourrait pas s'incruster à notre tour ?
Ses yeux charbonneux se sont ancrés dans les miens, en quête d'une réponse qui ne vint jamais. J'étais un peu trop subjugué par le piercing sur une de ses narines, un anneau argenté.
J'ai laissé mon regard dériver sur son arcade sourcilière où un deuxième résidait, jusqu'à me diriger vers son oreille gauche, elle aussi décorée.
- Ça te plaît ?
J'ai sursauté, ne m'attendant pas à une remarque de ce style,
avant de plonger mes pupilles curieuses dans les siennes enjouées.
- Qui sait ?
- Ok, donc ça te plaît.
Mon sourire et ma tête désormais détournée vers le parvis nous ont trahis,
moi et mon cœur affolé.
- Sinon, ai-je repris en tentant de cacher ma gêne derrière un raclement de gorge, que peux-tu me dévoiler de plus sur Notre-Dame ?
Jung Kook réfléchissait,
une légère moue sur les lèvres dont une, évidemment, était percée.
Sa beauté qui, dès le début m'avait attiré,
a semblé m'éblouir de nouveau.
- Quand j'étais en primaire, j'avais dû réaliser un exposé avec deux autres amis dessus. J'avais pris un carnet avec moi, et j'avais noté toutes les informations qui m'avaient eu l'air utile sur le coup...
Il a laissé sa phrase en suspend,
titillant ma curiosité.
- Et quoi, t'as écrit le nom et le poids de toutes les cloches exposées ?
Malgré mon ton blagueur, j'ai vu au regard qu'il m'a lancé (avant de tout de suite le détourner) que j'avais tapé dans le mille.
-... Nan.
- Si tu te moques, je te jette dans le fleuve.
Il a pris cet air menaçant absent de toute crédibilité, mais sa main nerveuse triturant le bas de sa veste le rendait transparent.
Il continue, encore maintenant, à faire ce geste lorsqu'il est stressé.
- Au moins tu analysais tout, ai-je commenté, le sourire aisé. Je sais pas pourquoi, mais ça ne m'étonne pas vraiment.
- T'as pas idée.
On a pouffé comme des gamins et doucement, nous avons fait demi-tour. J'ai un instant fixé son dos, puis son bras, et enfin sa main,
mais je n'ai pas osé l'attraper.
En ayant cette pensée je me suis surpris moi-même, puisque c'était généralement pour ce genre de choses futiles que je ne réfléchissais pas.
On était à un feu rouge, patientant sur le bord du trottoir, et je ne pouvais détacher mes yeux du profil qu'il m'offrait.
Je cherchais, par un quelconque moyen, à découvrir pourquoi il perturbait autant mon être tout entier,
mais aucune réponse n'est venue à ma portée.
- Où est-ce que tu m'emmènes ?
- Surprise, a-t-il dit, avant de me faire un clin d'œil.
Nous avons traversé la route, côte à côte, nos épaules se frôlant par moment. J'ai évité de justesse un poteau qui avait presque fini contre mon ventre, provoquant l'hilarité du brun à ma droite.
- Arrête de rire.
- Non.
J'ai emprunté une mine choquée devant tant d'insubordination, sans réellement le penser. Mais alors que je voulais renchérir, marchant à reculons face à lui, il m'a soudainement attrapé pour me coller à lui.
C'est en entendant les mots peu fleuris d'un passant en vélo --encore une fois-- que j'ai compris.
Décidément, ma maladresse ne cesserait jamais de me seconder.
- Viens, c'est par là.
Je l'ai remercié silencieusement de n'avoir rien dit, l'esprit embrumé.
Encore une fois,
je l'ai suivi sans forcément me soucier du lieu où il me traînait.
Ç'aurait pu être une maison close illégalement implantée dans une ruelle sombre, à l'abris des regards, que je n'aurais même pas réagi.
On est revenu sur la place où l'on s'était rencontrés pour la première fois, et par réflexe, j'ai jeté un coup d'œil au cadran de l'horloge surplombant la rue toujours aussi encombrée.
20h36
Je voyais déjà Hayley se moquer de moi à mon retour pour l'énorme retard que j'aurais pris, et me harceler de questions sur ma soirée. Elle lisait en moi comme dans un livre ouvert, alors je ne doutais pas tant que ça sur le fait qu'elle découvrirait rapidement la source de ma joyeuseté.
La lumière ocre artificielle lissait les pavés de la chaussée, lui donnant une belle couleur dorée. Elle glissait mielleusement sur les façades ombragées des immeubles haussmanniens, sur les volets ouverts ou fermés, les luminaires d'intérieurs éteints ou allumés. En avançant, je n'ai pas quitté des yeux une jeune fille rabattant ses persiennes, un chignon lâche et des lunettes rondes sur le nez, l'air épuisé. Elle portait une combinaison pyjama panda, lui donnant un air à croquer.
Je me suis un instant demandé si elle allait se réfugier sous sa couette réchauffée en sirotant une tisane, ou bien s'attabler à son bureau et se continuer à travailler.
J'aimais plutôt bien imaginer la vie des passants qu'il m'arrivait de croiser,
et qui était susceptible de piquer ma curiosité. Dans ces moments-là, je relevais les yeux de mon téléphone et me laissais bercer par la musique s'échappant de ma septième paire d'écouteurs de l'année.
- Ji Min ? On est arrivé.
La voix de Jung Kook m'a sorti de ma transe, et les yeux embués par le froid j'ai posé mes pupilles sur la devanture qui rayonnait à quelques mètres, autant que lui,
peut-être même moins que lui.
- Je te présente Shakespeare & Co, m'a-t-il dit d'un timbre qui dégoulinait de fierté.
Aucun mot ne décrivait convenablement combien l'atmosphère qui se dégageait de la librairie était enrobante et aromatisée. Je suis resté coi, sincèrement impressionné, mais n'ai pas sorti mon smartphone pour prendre une quelconque photo.
Au lieu de ça, j'ai ouvert grand les yeux pour imprimer le plus possible l'image qui se présentait à moi.
Un rire m'a déconcentré.
- Quoi ? ai-je argué, malgré tout enjoué.
- Ta tête est hilarante, c'en est presque mignon.
Jung Kook s'est mis face à moi et a replacé quelques mèches rebelles venant gâcher ma vision du monde, d'un geste plus doux que je ne l'aurais considéré. Il s'est arrêté, ses prunelles ambrées alors accrochées à mon cou, plus précisément juste en-dessous de la jonction de ma mâchoire. J'ai vite compris ce qu'il pouvait regarder avec un si grand intérêt, et ai remis correctement l'écharpe qui me protégeait contre vents et marées.
Il n'a pas eu l'air de saisir, ses orbes confus désormais accrochés aux miens adoucis.
- Tu as un tatouage ?
Une panthère qui occupait ma clavicule gauche, le haut de son corps sur mon épaule, le reste descendant plus bas, atteignant mon pectoral. Ses crocs acérés caressaient ma jugulaire et une de ses pattes s'agrippait au point culminant de mon sternum, l'autre remontant au sommet de mon cou. Celle que le brunet avait aperçu.
- Un seul, oui.
- Grand comment ? a-t-il fait, apparemment intéressé.
J'ai entrouvert les lèvres, près à lui répondre directement, avant de me raviser.
Comme je l'avais déjà dit plus tôt,
j'aimais provoquer.
- Tu pourras peut-être le découvrir, un jour.
D'abord surpris, il a alors souri, ses paupières se plissant joliment. J'ai laissé couler mon regard sur l'anneau à ses lèvres qu'il maltraitait, distrait.
- Tu aimes l'anglais ? m'a-t-il soudainement demandé, m'arrachant à ma contemplation.
- Oui, pourquoi ?
- Alors cet endroit est fait pour toi. C'est une librairie anglaise, elle est réputée chez les touristes étrangers, alors j'me suis dit que ça pouvait toujours être une bonne idée. C'est vraiment reposant, tu vas comprendre pourquoi.
Jung Kook a attrapé ma main sans me demander mon avis et m'a tiré derrière lui, franchissant la porte d'entrée et produisant un léger gling familier. Les vendeurs à ma droite m'ont salué -- en anglais évidemment -- et partir de ce moment,
je n'ai plus su où donner de la tête.
J'avais l'impression d'avoir mis un pied dans une autre dimension, rejoignant les rangées de livres me faisant atrocement penser à Harry Potter et son univers désordonné.
Jusqu'en haut des plafonds des étagères siégeaient, des couvertures à la ribambelle de teintes toutes plus vivantes les unes que les autres. Des gravures dorées, des lettres détachées, et des mots à la volée.
Je zigzaguais comme je pouvais parmi le monde encore présent à cette heure-ci, et mon plus grand souhait à cet instant était de me dédoubler pour avoir l'occasion de visiter chaque recoin de cette terre inexplorée.
Durant tout le long de ma découverte, je me suis retrouvé plongé entre rêves et réalité.
Un rayonnage particulièrement attirant contenant bon nombre d'atlas d'îles perdues et de contrées légendaires m'a fait de l'œil à ma gauche. Doucement, je me suis détaché de l'emprise qu'exerçait Jung Kook sur mon poignet pour aller dévorer tous les livres à ma portée, des étoiles pleins les yeux.
J'étais d'ailleurs concentré sur une page redessinant les courbes sucrées de l'Atlantide, immense île mythologique immergée, lorsque une main baguée est venue perturber le cours de ma lecture.
Je me suis redressé et j'ai de suite été happé par la profondeur de ses prunelles charbonneuses.
Il se tenait de l'autre côté de la commode sur laquelle j'étais appuyé, une ouverture dans le mur nous permettant de communiquer. Je me suis penché en avant pour lire l'inscription sur le panneau, et un rire soufflé m'a secoué.
- Section LGBT, hein ?
- J'pense que comme signaux y'a pas plus puissants.
Il a calé son coude sur la tranche d'un bouquin ressemblant à un dictionnaire et a posé son visage dans le creux de sa paume, un sourcil arqué.
Je l'ai imité, abandonnant mon activité et ma maturité pour débuter un combat de regards, décidé à ne pas flancher le premier.
Ma cornée a commencé à picoter, et j'ai vite compris que lui aussi quand il a tressailli, les yeux rougis.
Il a lâché prise avant moi, me faisant sautiller sur place comme un idiot, mais rien sur Terre n'aurait pu me ramener dans le monde réel.
Je volais trop haut au-dessus des nuages pour m'en soucier.
Jung Kook a soupiré, les lèvres pincées, et a passé une main dans ses mèches emmêlées en faisant mine de bouder.
J'ai délaissé mon livre pourtant intéressant, le remettant à sa place, pour me diriger jusqu'à lui.
Une fois en face, il a osé aller plus loin que précédemment en m'attrapant par les hanches,
et en insérant ses deux mains dans les poches arrières de mon jean serré,
me rapprochant considérablement.
Nous n'étions qu'à une dizaine de centimètres, nous jaugeant l'un l'autre, en suspend. Je l'ai senti m'observer attentivement, bien trop près pour que mon cerveau puisse fonctionner. Ses lèvres, véritables champ magnétique, me tiraient comme un pauvre aimant.
Mais contre toute attente, j'ai résisté à la tentation.
Nous sommes peut-être restés comme ça une vingtaine de secondes à ne rien faire avant qu'une jeune hispanique ne vienne nous déranger, cherchant un livre en particulier.
Nous nous sommes décalés et,
après s'être excusés,
il m'a fait voyager.
Une fois à l'étage, il m'a dévoilé tout un pan de sa vie en me communiquant à merveille sa passion pour la papeterie. Certaines reliures semblaient briller, l'entourant d'un halo de douceur qui ne m'a pas échappé.
Je crois que j'ai plus passé mon temps à contempler les livres qu'il me présentait,
ses doigts,
son visage,
ses yeux,
ses dents blanches dévoilées quand il riait,
qu'à l'écouter parler.
Son parfum fruité
m'embaumait de tous les côtés.
Et quand il m'offrait un sourire,
je lui répondais sans réfléchir.
Mais toutes les bonnes choses ayant une fin,
nous avons quitté les pièces surchauffées pour rencontrer à nouveau l'air frisquet de cette fin de soirée. Comme au sortir du métro, la fraîcheur me fit l'effet d'une claque sur les deux joues.
J'ai lourdement soupiré, fatigué,
et alors que je me tournais vers mon inconnu préféré,
la sonnerie de mon téléphone a résonné.
- Excuse-moi, ai-je bredouillé, penaud.
- T'inquiètes pas.
J'ai décroché sans regarder le nom affiché sur l'écran, et en reconnaissant la voix qui m'a quasiment hurlé dans l'oreille, j'ai rebasculé sur l'anglais que j'avais jeté au fin fond de mon esprit le temps d'une nuitée (sans compter la librairie).
- Allô ? Ji Min, seriously ? T'es où ?
- Bah... Toujours au même endroit, pourquoi ?
- Je t'ai gentiment conservé une part de mon repas, et t'as cours demain. Je sais que je suis chiante, mais ta bonne conscience revient à la charge, et n'oublie pas que la 4 est en travaux, elle fonctionne plus à partir de j'sais plus quelle heure le soir.
- Merde, putain j'avais oublié...
Grimaçant, j'ai éloigné le téléphone de mon oreille pour lire l'heure avant de le remettre contre, les lèvres pincées.
- T'as raison, j'arrive dans une vingtaine de minutes si tout marche comme sur des roulettes.
Je l'ai entendu sourire en riant, les cheveux réunis en une queue de cheval attachée à l'improviste.
- Très bien le p'tit, je t'attends. Je vais rester sur Netflix sous un plaid, j'ai assez de temps pour terminer mon épisode de Shadowhunters.
- Ça me semble être un bon plan.
Quelques secondes plus tard, j'avais raccroché et surpris le regard inquisiteur de Jung Kook sur ma personne, légèrement étonné.
J'ai vu la question qui lui brûlait la langue, et c'est en secouant la tête que j'y ai répondu.
- Je vis en coloc' avec ma meilleure amie.
- Oh.
Il a croisé les bras, observé le bout de ses Dr Martens un instant, et s'est lancé en prenant une profonde inspiration.
- J'imagine que tu dois rentrer.
- Indeed, sinon je ne donne pas cher de ma peau. Elle peut être très violente quand elle le veut.
Jung Kook a rigolé, passant une main nerveuse sur sa nuque découverte basanée, et m'a fait signe de le suivre sans un mot de plus. Je n'ai pas plus réfléchi et me suis avancé à ses côtés, trottinant pour garder le rythme.
Il ne m'a pas fallu bien longtemps pour réaliser qu'on se rendait encore sur la place, mais cette fois-ci pour rejoindre la bouche de métro. Le retour s'est déroulé en silence et l'euphorie de cette escapade est doucement retombée, prenant déjà le goût âcre du souvenir.
Lorsque l'on a ralenti l'allure de notre marche, j'ai senti mon corps tout entier se faire violence pour ne pas paniquer.
L'idée d'être assis sur un siège élimé parmi tant d'autres d'une rame mal éclairée, avec pour seules compagnes mes pensées un peu trop envahissantes ne m'enchantait pas du tout. J'en étais presque venu à regretter que je dois partir, mais Hayley avait raison. Le temps défilait et il ne m'attendrait pas, contrairement à elle.
Je l'avais déjà usé une petite heure pour m'enfuir de la réalité, mieux vallait ne pas en abuser.
- Bon bah... c'est ici.
Jung Kook m'a une nouvelle fois ramené sur Terre, et j'ai faiblement hoché la tête, le cœur lourd. Je n'aurais jamais cru m'attacher à un étranger sorti de nulle part,
en plein mois de décembre.
- Oui, j'ai marmonné, gêné.
- Au revoir, je suppose ?
Il s'est approché et a doucement pincé ma joue pour me dérider, sans franc succès.
- 'Fais pas la gueule comme ça.
Son sourire victorieux m'a quelque peu froissé sur le coup, sans que je ne sache vraiment pourquoi.
J'ai éloigné sa main de mon visage, irrité mais tout de même attristé, et me suis avancé jusqu'à la première marche de l'escalier.
- Alors, hum... J'y vais.
- Pars donc vadrouiller sur tes terres enchanteresses, preux chevalier.
Une nouvelle révérence plus tard, il a fait signe de la main, et m'a intimé à descendre d'un geste du menton. Je me suis exécuté, non réellement emballé par l'idée,
avant d'arriver en face des portiques de sécurité. De longues secondes se sont écoulées durant lesquelles j'ai soupesé ma carte Navigo dans une main, hésitant.
Mais lorsque je me suis retourné,
Jung Kook n'était déjà plus là, me laissant seul à divaguer.
J'ai finalement lourdement soupiré, franchissant le tourniquet sans grandes émotions, l'esprit vide et encombré à la fois.
L'éclairage d'un blanc éblouissant m'a agressé la rétine, m'obligeant à baisser les yeux.
Je suis resté à la tête du quai, pensif et l'esprit tournant à pleine vitesse. Chaque détail de cette soirée inattendue me revenait par fragments, comme des petites pièces détachées diffusant une chaleur singulière dans l'intégralité de mon corps.
Lorsqu'un détail a attiré mon attention.
Jung Kook était censé prendre la 4, lui aussi.
Alors pourquoi ne m'avait-il pas suivi ?
« Direction Mairie de Montrouge, prochain train dans une minute. Le suivant dans quatre minutes. »
- Ji Min !
J'ai à nouveau sursauté, avant de me retourner vers l'escalier où du haut de quelques marches, il me surplombait.
Il est descendu en vitesse, sa veste partiellement ouverte et ses bouclettes valdinguant joyeusement devant ses prunelles.
D'une oreille distraite j'ai entendu le métro arriver, ses roues crissant désagréablement sur les railles électrifiées,
mais tout ce qui m'importait à l'instant était Jung Kook qui, d'une rapidité effrayante, a posé ses lèvres contre les miennes.
Elles étaient sucrées.
Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés là à nous embrasser entre les voyageurs pressés,
et pour être honnête,
je m'en fichais.
Je n'avais d'yeux que pour ses mains prenant mon visage en coupe et son souffle se mêlant au mien.
Il a fini par reculer, un sourire ornant gaiement son visage, et m'a fixé.
- Tiens, tu ne dis plus rien, a-t-il lâché, essoufflé.
- ... Ferme-la.
Je l'ai vainement repoussé, mais son rire m'a encore une fois apaisé. Il m'a lancé un clin d'œil et s'est de lui-même éloigné.
Jung Kook a plongé sa main droite dans la poche de son jean et en a sorti son téléphone déverrouillé.
Ensuite, il m'a très franchement provoqué.
- 06, 89, 56...
- Quoi ? Attends attends, ai-je dit en paniquant plus que je ne l'aurais voulu.
J'ai vite pris mon portable entre les mains, notant soigneusement la suite de numéros qu'il me dictait sans se départir de son magnifique sourire arrogant.
Qu'est-ce que je pouvais le haïr et l'apprécier à la fois, pourtant.
— C'est bon, tu l'as ?
J'ai hoché la tête, le cœur joyeux et légèrement tremblant.
Heureusement, il ne pouvait pas le remarquer.
C'est quand je l'ai vu faire demi-tour que je l'ai interpellé, tout de même intrigué.
- T'avais pas dit que tu prenais le métro ?
Jung Kook s'est arrêté, un pied sur la première marche, immobile. Il s'est tourné vers moi de trois quarts, le regard énigmatique, avant de me donner comme seule réponse :
- En réalité, je vis ici.
- Quoi ? Mais alors pourquoi...?
J'ai froncé les sourcils, troublé,
et c'est en le voyant gravir les marches trois par trois pour s'enfuir que j'ai compris.
Il était resté dehors pour passer du temps avec moi.
« Direction Mairie de Montrouge, prochain train dans deux minutes. Le suivant dans cinq minutes. »
———
J'ai eu l'idée de cet os en me baladant dans paris, et j'avais depuis un long moment envie d'écrire quelque chose de léger, avec cette chanson en fond (pour info, c'est celle utilisée par jk dans le gcf à tokyo)
donc voilà, j'espère que l'os vous aura plu ! et merci pour la lecture ;; ♡
*Traduction des paroles de Hoseok par Bangtan Fansub
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