Je ne ferais plus jamais du skate.
C'est le jour J. J'arrive pas à croire que c'est aujourd'hui. Nous y sommes. Le jour où je vais rencontrer Idryss. J'ai l'impression que le temps est passé beaucoup trop vite. Je déglutis en arrangeant mes cheveux, je n'arrive plus à les placer correctement aujourd'hui. Bizarre. Mais qu'est ce qu'ils ont à la fin ?! Vous devriez me soutenir et coopérer avec moi, c'est pas le moment !
Mes cheveux sont comme d'habitude, pourtant. Punaise, je crois que je me mets trop la pression, ça va plus du tout !
Ça m'ennuie, mais bon tant pis. Je n'ai plus le temps de toute façon. On y va. Il est bientôt 15:00 et je vais être en retard. Il va croire que je vais lui foutre un lapin, au final... et j'ai pas trop envie de le mettre en colère dès la première rencontre.
Un Idryss en colère, non merci.
— Tu sors aujourd'hui, Mathis ? me lance alors mon père en me voyant débouler au rez-de chaussée, mon skate en main.
Je lui souris avant de passer par la cuisine pour remplir ma gourde d'eau. L'hydratation c'est important. J'ai toujours à boire dans mon sac.
— Ouais ! Je rejoins un ami, je lance tranquillement.
Mon daron acquiesce simplement, maman est partie aux courses je crois.
— Tu diras à mam' que j'rentre pas tard ! À toute !
Je coince mon Eastpak dans mon dos, j'enfile mes Jordans bleues et blanches puis je passe enfin la porte d'entrée. Une fois dans la ruelle principale, je laisse tomber mon skate au sol, me plaçant fièrement dessus tout en déballant le plastique de la sucette que j'viens de piquer il y a trente secondes, dans le bocal aux bonbons.
Il fait super beau ! J'aime ça, le soleil qui tape sur ma cervelle. Heureusement que j'ai prit ma casquette aujourd'hui. Ouais... Au final, j'me suis tellement énervé sur mes cheveux alors j'ai décidé de cacher le désastre.
Je n'ai pas envie qu'il me trouve mal arrangé le premier jour. Ce serait la honte ou alors une porte grande ouverte à la moquerie. La langue autour de ma sucette à la fraise, je slalome entre les personnes qui osent troubler mon chemin, passant autour et entre les sales pigeons puants, les oiseaux agiles et les chats furtifs trop mignons du quartier qui s'empressent de se faufiler à travers des grillages ou des trous lors de mon arrivée fracassante. Je suis de bonne humeur, même si je suis un peu anxieux.
Vu que j'emprunte le chemin pour me rendre au lycée, je n'ai pas l'impression que j'y vais vraiment pour voir... Idryss... Merde... Maintenant que je me rapproche de plus en plus de la destination, le stress me ronge dix fois plus et une boule me tape dans le ventre.
Bien évidemment, je suis le seul idiot présent devant le portail cadenassé de mon bahut, un samedi après-midi. Tandis que les autres sont au cinéma, au parc ou dans les magasins, moi, je suis là. Je pose un pied à terre tout en faisant rouler légèrement mon skate sur le bitume, ma tête se tournant dans tous les sens, à sa recherche. Mais il est où ? C'est l'heure, et il n'est pas ponctuel. Je soupire.
Mais imaginez une seconde que c'est un guet-apens et que cet idiot se planque pour venir me kidnapper, ou alors qu'il ne viendra simplement jamais ?
Je pense que la deuxième option serait la plus réaliste mais... ça me foutrait la haine. Je regarde mon écran de téléphone, il est 14:57. En fait je suis en avance, je suis fier de moi.
Mais tout de même, il n'est vraiment pas ponctuel. Je suis déçu.
— Bon...
Il est 15:00 et toujours pas d'Idryss. 15:01, 15:02, 15:03... 15:10 et toujours pas de sa sale tronche en vue. Quel emmerdeur. J'me suis finalement assis sur mon skate, rongeant le batônnet en plastique de ma sucette grignotée. Je devrais lui envoyer un message ou pas... ? Ou ça fait forceur ? Je me gratte la tempe comme si ça me demandait une réflexion divine.
Ah, ben.
Je viens d'en recevoir un. On est mentalement connectés. C'est lui. Bon sang, mais tu fous quoi mec ? J'ai l'air d'un con à t'attendre sur ma planche, là. Et puis, les gens qui passent me regardent d'en haut, c'est gênant. Je me sens tout minuscule.
C'est quoi cette excuse ? Il ne trouvait plus ses clés... Il me désespère ce type.
Il aurait pu trouver un truc plus réaliste comme se faire courser par un chien, aider une grand-mère à traverser une rue ou ne pas avoir réalisé que c'était l'heure de partir ! Certes, j'abuse un peu trop. Mais c'est rien, c'est la panique qui parle à ma place.
Je devrais me taire.
Je soupire en me relevant et puis je décide de faire rouler mon skate et de descendre les petites marches d'escaliers qui relient le grand portail du lycée au trottoir, une sorte d'allée qu'on kiffe prendre avec nos skates, avec les copains. Celui qui fait la pire descente est celui qui se garde la beuh ! Comment vous dire que je ne l'ai jamais sur moi. Je ne suis pas débutant, je suis professionnel. L'expert dans le domaine, sans vouloir me jeter des roses sans épines.
Je suis le seul à pouvoir me la péter aujourd'hui et sans public c'est bien moins exaltant mais j'vais m'en imaginer un. Je suis très créatif, quand je m'y mets. D'ailleurs, ils doivent tous être au skatepark... En y pensant, faudrait surtout pas qu'on y aille ! Au risque de croiser les autres. Ce serait trop gênant, je n'ai jamais parlé d'Idryss à mes potes car je ne sais comment aborder le sujet. Ni même à Yanis.
C'est mon petit secret. Et j'aime bien, avoir un secret à moi que j'peux garder. C'est comme si Idryss était réservé pour moi et qu'il n'existait que pour moi.
Je place ma casquette à l'envers sur ma tête, empêchant la visière de me gêner la vue. Aller, c'est parti ! Je fais rouler mon skate sur les bordures ayant pour objectif d'arriver tout en bas de cette allée que je connais par coeur, sans le moindre petit stress. Faire cet enchaînement me permet de me détendre avant... Merde, mais j'avais pas vu qu'il y avait quelqu'un en bas !
Erreur d'inattention, à ne surtout pas reproduire chez vous. Je le répète, je ne suis pas un professionnel, je suis débutant, pas professionnel du tout !
— Hé, attention ! je cris, faisant crisser mes roues sur le béton sali et marqué.
En vain ! Il ne se décale pas ! Je ne vais pas lui foncer dedans, quand même. Si ? Non. Si ?! Je n'ai même pas le temps d'analyser l'inconnu que je me retrouve à faire une mauvaise manœuvre pour l'éviter, mon corps se penchant de manière brute sur le côté et, n'étant plus du tout perpendiculaire à mon skate, je saute en me ratatinant par terre, tombant alors sur mon biceps.
Ouille ! J'ai mal ! Je grimace instantanément, ayant l'impression que mon muscle pèse 4 tonnes.
— Mon... Mon skate ! S'il vous plaît ! je lance à nouveau sous la douleur, me redressant quelque peu de ma gamelle.
Je suis quasi sûr que je me suis râpé sur le côté ! Punaise, heureusement que mes fans n'étaient pas là pour me soutenir aujourd'hui, je serais surtout affiché sur tout le Tiktok game ! Je soupire parce que ça me tire, ça m'emmerde. Je me tourne légèrement pour vérifier mon flanc et bien sûr, je suis tout rouge ! Non mais sérieux, il voyait bien que j'étais en train de descendre les marches et ce connard reste sur mon chemin, il fait exprès ou quoi ! Est-il suicidaire ou complètement fou ?!
Il me veut du mal, je le sens. Cet aura... maléfique. C'est le méchant dans les films, en full black, il a la dégaine pour.
— Ça fait même pas cinq minutes qu'on traîne ensemble et t'es déjà en train de me foutre la honte.
Et cette voix tranchante... Tout colle au personnage. Mes yeux se lèvent sans plus attendre sur cette personne qui se prend mes insultes malveillantes dans la tronche depuis une minute.
Pouce. J'ai bien parlé inconsciemment, là ? Hein ?
Idryss. En. Face. De. Moi.
Ou plutôt, debout, devant moi. Pour qu'il soit en face, je devrais plutôt être digne et sur mes deux jambes !
Aïe, aïe, aïe. Mathis, Mathis... C'est le soleil, il a fait fondre ce qui restait de mes neurones, voilà, c'est ta faute le soleil. Est-ce qu'il m'arrive d'utiliser mon cerveau correctement parfois ?! Brûle tout tant que t'y es comme ça je ne pourrais plus jamais réfléchir, ça m'arrangera, bisous.
Bref.
C'est Idryss, oui. Je le reconnais direct, je reconnais son visage, sa voix et c'est tout ce que je reconnais. Ses pieds ont fait office de barrière, bloquant ainsi mon skate pour qu'il ne traverse par la route engagée sur le feu vert, quelques voitures défilant à faible allure derrière son corps, une odeur de gazole et d'essence parvenant jusqu'à mes narines.
— J'pensais pas que t'allais tomber aussi rapidement pour moi. J'm'attendais à un peu plus de challenge.
Il a décidé d'adopter la même dégaine que moi à croire qu'il l'a fait exprès. Lui aussi, il porte une casquette mais contrairement à moi, elle est bien arrangée et elle n'est pas rose bébé. Aucune couleur sur lui, que du noir, du sombre, il est assorti du haut aux baskets, de la tête aux pieds. Un simple jean qui cache la marque de ses sneakers, oui d'accord, on a comprit, tu es très beau ! Et bien habillé, c'est simple, tout ce que j'aime ! Bravo ! Un 10, Córdula serait très fière de toi, ma main à couper.
Sinon, il compte m'aider à me relever à la fin ? Je vais prendre racine et d'un point de vue extérieur, cette scène fait un peu, beaucoup, pitié. On n'est pas dans un film, d'accord, je le coinçois mais un minimum de galanterie lui irait bien au teint. J'ai l'air con de le contempler d'un air abruti. Les passants nous fixent en bizarre, même si d'autres ont en rien à foutre. Les gens qui n'ont en rien à foutre, je vous porte fort dans mon cœur. Vous savez pas comment je vous aime.
Ça va partir en déclaration générale devant tout le monde si ça continue.
Mes pensées, je les efface en remettant en place ma casquette, soupirant lourdement. Maintenant, j'ai mal à la hanche. Il me faut une radio.
— Tu comptes m'aider ou te moquer de moi les jours à venir ? je lance alors, époussetant le côté de mon cargo tout froissé et sali.
Mon regard se veut froid et méchant, mes yeux marrons se plantant volontairement dans les siens. Et... mes joues traduisent mon embarras, surtout lorsque je vois son sourire s'étirer dans un coin.
Il se fiche de moi.
Pourquoi je ne suis pas tombé sur un modo Discord ? D'apparence moins envoûtante pour que je me sente plus à l'aise. J'arrêterai de rougir pour un rien. Enfin, façon de parler, je veux vexer personne. Désolé à tous les modérateurs de mon serveur, cœur sur vous. J'vous aime, et oui, j'aime énormément de monde aujourd'hui. Je crois qu'un Cupidon m'a tiré une flèche empoisonnée d'élixir et la deuxième va être pointée droit sur Idryss, je le lui ordonne.
Il est là, quelque part, et il m'a écouté ! À présent, c'est la main de mon crush qui est tendue vers moi, prête à me sauver de cette honte soudaine dans laquelle il m'a piégé. Enfin ! C'est pas trop tôt. Je lui souris vivement, comme si toutes mes peines s'envolaient d'un coup et j'attrape avec fierté ses doigts.
Sa main est douce... Bizarre, pour le bonhomme.
— Merci ! Tu vois, quand tu veux !
Tu vois, quand tu veux. Typiquement la phrase de mon daron. J'ai pas pu trouver mieux, sérieusement ? Je me saoule.
Enfin voilà. Ce n'était pas si compliqué. Je me mets à regarder alors devant moi sauf que... Ma vue n'analyse qu'un sombre t-shirt imprimé d'un petit logo d'une marque de sport, tout blanc. Ah, il faut lever les yeux... On me prévient quand ?
C'est vrai, qu'il est grand. J'aime. J'avais oublié ce détail. Le détail qui fait beaucoup, je trouve, pour que je puisse oublier. Je fais une espèce de moue en me tordant le cou devant cette girafe. De quel zoo s'est-t-elle échappée ?
Ose même lui dire ça, Mathis. Tu vas t'en prendre une.
— Alors, c'est toi le soit disant pro du skate ? Tony Hawk, c'est ça ?
Mon smile disparaît. Non ! On rembobine. Je veux recommencer ! Alors. Je garde ce sourire niais. Ne jamais faire croire à l'ennemi que ses piques peuvent vous atteindre aussi facilement. En plus, il m'a comparé à Tony Hawk, même s'il l'a cité de manière totalement moqueuse...
— Aujourd'hui c'est ma journée off, désolé, je ne signerai aucun autographe.
Tu trouveras quelque chose à me répondre ? C'est ça, souris encore. Tu ne sais faire que ça depuis que je te vois réellement, depuis même pas cinq minutes ! Punaise... Ne craque pas Mathis. Reste fort. Maintiens le smile. Souris ! Même si ça commence à être gênant, souris. Encore. Le sourire, c'est le clé de la victoire !
Juste. J'ai l'air d'un idiot mais on est deux au moins. Alors ça va mieux, on respire. Une brise d'air frais file et chatouille nos oreilles. C'est agréable.
D'un geste lent, Idryss vient me foutre une pichenette sur mon front pâle. Aïe. Ça, ça l'est moins. Durant ce geste détestable, je surprends les détails de son visage. Hum... C'est vrai qu'en photo on ne les distingue pas vraiment. C'est mignon. Ses grains de beauté, le premier coloré d'un noir intense en dessous de son œil gauche, un deuxième en dessous de sa lèvre inférieure. Un troisième au dessus de son arcade, et le quatrième, cinquième et sixième formant le triangle illuminati sur son... Wow ! Je suis réellement en train de compter ses grains de beauté ? Je ne vais pas bien. Ils arrivent quand les hommes en blancs pour me foutre en asile ?
— J'ai mieux qu'un autographe, lâche-t-il pour me déconcentrer.
Ah ouais ? Idryss secoue son téléphone portable, un iPhone noir protégé d'une coque décorée d'une multitudes de nuages Akatsuki.
— J'ai carrément la preuve que tu es le meilleur skateur, là-dedans.
— Qu'est ce que tu racontes ? je soupire, fronçant mon nez face à son expression enjouée. Pourquoi devrais-je te croire, hein ?
Il ne m'a quand même pas prit en photo ? Non, il n'aurait pas osé hein ? Pas dès le début. Pas maintenant. Je ne peux pas me ridiculiser face à lui. Ça commençait si bien à quelques détails près.
C'est juste que j'peux plus penser normalement depuis que je me rends compte de sa tronche. C'est la réalité, là ! Le monde réel ! Il est conscient de ce qu'il reflète ou c'est moi qui délire ? Généralement les geeks ne se rendent pas compte de leur charme. Quel gâchis. Enfin, je dois délirer. Oui, ça doit être ça. Je délire souvent, ce n'est plus un secret. Dans ma tête, c'est la débandade comme quand le Prince Ali débarque pour chopper la princesse Jasmine avec tout son zoo. C'est la même ambiance dans mon crâne. Et maintenant, j'ai la musique dans la tête.
Sauf que Jasmine lui tourne le dos, exaspérée de ce spectacle digne d'une fanfare. Je suis vraiment en train de comparer Idryss à une princesse Disney. J'emporterai ce secret dans ma tombe, je me fais une petite promesse intérieure. Mais qu'il me réponde, à la fin ! Pourquoi il se retourne ? Et ce sourire...
— Hé ! Montre moi ce que tu as prit comme photo ! je m'écris, insistant bien sur le mot photo, le rattrapant après m'être baissé pour récupérer mon skate sous le bras.
Il marche vite ! C'est vrai qu'il est sportif. Il pourrait me courser et je ne le rattraperai jamais. Je suis un vrai buffle.
Lorsque je suis à côté de lui, mes pas sont accordés aux siens et je me surprends à hausser des épaules lorsque je sens son bras se déposer derrière ma nuque. Aaaah. Ah. Ah. Ça picote. Je m'y attendais pas... Il est tactile ? Je note. Je ne capte pas tout de suite qu'il me rapproche ainsi de lui, me calant au mieux contre son avant-bras musclé. Non, ce n'est pas musclé, Mathis. C'est ferme. Ou alors ça muscle vraiment de passer ses nuits à jouer à Nitefort ? Mmm. Mon odorat connaît une douce odeur, punaise, pourquoi y a rien qui ne lui correspond ? Je m'attendais à un parfum un peu plus fort mais... Hé, mais c'est moi !
Salaud.
Omg, y'a rien qui va. J'ai le tournis. Et le cœur qui bat au même rythme qu'un son disco.
— Efface ça tout de suite !
Punaise, heureusement que je me reprends !
Si Idryss m'a entouré les épaules avec son bras c'était pour me montrer une vidéo, vidéo dans laquelle, je vous laisse deviner, une star s'y trouve, filmée à son insu. Je le déteste. Mon audition connaît un doux rire, punaise une deuxième fois. Pourquoi. Il y a rien. Qui. Lui. lui Correspond.
Est-ce qu'il fait exprès ? Mes yeux ont quitté l'écran pour tourner mon faciès vers le sien. Si proche. Et si loin. Je rougis en fronçant les sourcils et en m'efforçant de me regarder en boucle sur ce fichu Snap, un idiot de Mathis dévalant une fichue pente à la noix. Je vais finir par développer une phobie et la détester, premier degré.
— Hé, attention !
C'est si drôle que ça ? Bon d'accord, je veux bien rire moi aussi. Ou faire semblant. Je pouffe enfin, plus pour lui faire plaisir qu'autre chose. En vérité, ce n'est pas pour ça que je rigole. C'est parce qu'il a un rire super communicatif et... un tatou. Sur son poignet. Je me retiens de l'empoigner pour loucher dessus. Memento mori. Je veux le même.
Un tatouage de couple. Ça nous irait bien.
— Quel tas. On dirait quand on t'fout en PLS après avoir fait un top 99, affirme-t-il d'un langage cyber.
J'ai une annonce. Je ne ferais plus jamais du skate. Et je ne veux plus de Memento mori. En fait, je vais très vite me trouver une nouvelle passion. Notre rencard ne fait que commencer, pas vrai ?
Et je sais très bien où je vais l'emmener.
— Écoute. Si j'te gagne 10 fois au Mortal Kombat, tu supprimes cette vidéo.
Son étreinte se resserre, il ne le fait pas exprès mais j'aime ça. Je commence à m'y habituer. Ses yeux noirs nuit me scrutent avec défi, j'ai touché sa fierté de gamer. Je hausse un sourcil, attendant sa réponse. Je sais d'avance ce qu'il va me demander.
— Et si moi, j'te gagne 10 fois ? ose-t-il, sûr de lui.
Comme sur un plateau d'échec, j'ai déjà l'idée de mon plan en tête. Toujours un coup d'avance. Les parties interminables avec mon grand-père pendant les week-end pluvieux m'auront servit de leçon.
— Si tu arrives à me gagner 10 fois... Tu gardes la vidéo et je ferais ce que tu veux.
Tu parles d'une leçon. Utilise ce qui te sert de cerveau, comme disait papy en me couchant avec un échec et mat. Je fais exprès de me jeter dans la gueule du loup ou alors j'ai juste un excès de confiance ? J'ai intérêt à gagner. J'ai l'air optimiste ? Sans commentaire. Le sourire d'Idryss se transforme en rire et il ôte son bras de mes épaules. Oh. Pourquoi.
À la place, il me tend la main. On se tient jusqu'au jeux d'arcades c'est ça ? Ah. Non. Dommage. C'est un signe de promesse, d'accord. Je lui empoigne fièrement sa main plus grande que la mienne, ses doigts longs et fins se pressant aux miens.
On peut vraiment pas se tenir la main jusqu'à là-bas...?
Ok, ok ! J'arrête de faire le lourdo de service.
— J'ai hâte de faire de toi mon p'tit serviteur. Tu sais pas avec qui t'as signé, p'tit Prince.
P'tit Prince dit de vive-voix, c'est très doux. Répète le pour voir ! Hein ? Hé ! Il fout quoi ? Encore !
— Mais... Attends-moi ! Tu marches trop vite.
Fiou. Quelle plaie. C'est la deuxième fois que je dois le rattraper. Il est si pressé de me gagner...? Je ne peux m'empêcher de fixer le profil de son visage avant de détourner le regard. Oui, mais dans quoi je me suis lancé... Mathis, il ne te restera que tes deux beaux yeux pour pleurer. Aller, j'arrête de me porter malchance. On n'est pas là pour ça mais c'est ton toi du futur qui te prévient.
Idryss va bien me gagner, comme il le faut. Après tout, c'est un level 90. Pff. Ça m'emmerde. Je ne m'attendais pas à ce que cet idiot soit aussi beau IRL.
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