Chapitre 6 (2) - 2013
Jeudi 15 août 2013.
Après le dîner, Mathilde, suivie de Jules et d'Anna, montait se coucher. Elle avait passé une super soirée en compagnie de tous ses frères et sœurs réunis. Et bien que voir Stéphanie rayonnante de joie à huit mois de grossesse lui avait semblé bizarre au premier abord, elle était heureuse de savoir que la grossesse de sa sœur se passait bien et qu'elle allait acquérir le statut de tante. Et Mathilde était d'autant plus contente qu'Anna ait remarqué qu'elle avait perdu du poids.
Effectivement, après avoir vu apparaître de plus en plus de bleus sur ses tibias sans qu'elle puisse se souvenir d'où ceux-ci venaient, Mathilde en avait parlé à sa maman. Suite à cela, elle était partie faire des prises de sang sur conseils du médecin généraliste. Les résultats n'avaient pas pu expliquer les nombreux bleus qu'elle avait mais ils avaient montré un taux de sucre bien trop élevé dans le corps de Mathilde. C'est pourquoi, en avril, elle est partie voir une endocrinologue qui l'avait averti sur sa consommation de sucre. Elle avait dit à Mathilde que si elle continuait sur ce chemin elle risquait de faire du diabète. Dès lors, Mathilde commença à mieux manger avec l'aide de sa maman.
Puis les vacances d'été arrivèrent ainsi que la canicule. Avec cette chaleur, Mathilde et sa maman étaient contraintes de dormir dans le salon, pièce la plus fraîche de l'appartement. Et, même si la nuit l'air était un peu plus frais, Mathilde trouvait rarement le sommeil.
Pendant ses insomnies, elle repensait au collège. Lors de cette année de sixième elle s'était rendue compte que l'avis et le regard des gens comptaient bien plus pour elle que lorsqu'elle était en primaire. Ce qu'elle avait pu encaisser en l'espace de cinq années lui était revenu en tête comme une gifle. Cela avait été soudain et douloureux. Sans compter que les critiques et les regards qui voulaient tout dire avaient continué.
Mathilde avait beau essayer d'échapper aux moments les plus propices aux moqueries, avec des absences ou des dispenses de sport que sa maman acceptait de lui faire sans poser de questions, cela ne réglait pas le problème pour autant. Sans oublier que Kenza, la personne qu'elle considérait comme étant sa meilleure amie, n'hésitait pas à lui rapporter toutes les choses négatives qu'elle entendait soi-disant à propos de Mathilde. Alors elle s'était résignée à se dire que si tout ça persistait alors qu'on était censés grandir à cet âge-là, devenir plus bienveillant, c'était sûrement elle qui devait changer pour que tout ça cesse. Mathilde savait, au fond, qu'ils avaient raison. Elle était grosse, et ça la rendait moche et repoussante, elle en était bien consciente à présent.
A cause de toutes ces pensées qui se bousculaient toutes les nuits, elle avait l'impression d'entendre les critiques, accompagnées des voix qui les avaient prononcé, en boucle dans sa tête. Alors, évidemment, elle avait du mal à s'endormir dans ces circonstances. Et, petit à petit, sans s'en rendre compte, Mathilde perdait l'appétit et mangeait de moins en moins.
Mathilde avait tourné autour de quelques centaines de calories au lieu de deux milles par jour pendant tout le mois de juillet sans que sa maman ne s'en inquiète ou ne la force à quoi que ce soit.
La veille de son départ en vacances chez son père pour le mois d'août, Mathilde avait eu un rendez-vous chez le médecin pour un vaccin. Elle avait gardé en tête qu'au début du mois de juillet elle pesait plus de soixante-et-un kilos pour un mètre cinquante-trois. Lorsqu'elle monta sur la balance du cabinet médical, elle fut surprise de voir qu'elle ne pesait plus que cinquante-trois kilos.
Le lendemain matin, elle s'était habillée pour aller chez son père et c'est à ce moment-là qu'elle s'est rendue compte qu'elle commençait en effet à flotter dans ses vêtements. Heureuse et détendue, elle avait pris l'ascenseur et descendu les trois étages afin de rejoindre son père qui était garé sur le parking. Son père était descendu de la voiture pour l'accueillir. Lorsque ce dernier avait posé le regard sur sa fille, ses yeux s'étaient écarquillés en voyant qu'elle était devenue plus fine. Quelque peu inquiet, il avait presque assailli Mathilde de questions sur ses habitudes alimentaires.
Après avoir repensé à tout cela, Mathilde clignait des yeux comme pour revenir à la réalité et se concentra à nouveau sur la discussion qu'elle avait avec Anna.
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