Chapitre 5 - 2011
Samedi 5 novembre 2011.
Ce soir Mathilde fêtait son anniversaire avec sa maman. Elle était rentrée de chez son père deux jours avant et avait été soulagée de rentrer dans le sud-ouest. La boule au ventre qu'elle avait traîné pendant la globalité des vacances était enfin partie.
Sa maman l'avait emmené au centre commercial pour y passer un après-midi "mère-fille" et reprendre des vêtements à sa fille. Mathilde, en traînant dans un magasin, tomba sur une pièce qu'elle avait adoré. Seulement sa maman avait préféré secouer la tête et répondre un simple et cassant :
"T'es trop grosse pour mettre ça."
Tout en continuant sur une série de conseils en rapport avec sa morphologie que Mathilde n'avait pas écouté dû à la première affirmation qui passait en boucle dans sa tête pendant qu'elle essayait les vêtements face au miroir de la cabine.
Une fois rentrée, après avoir soufflé ses bougies et mangé un peu de gâteau en compagnie de sa maman, elle s'installa sur un des deux canapés rouges qui composaient le salon. Sa maman pris place sur le deuxième canapé lui aussi rouge et se pencha sur son ordinateur.
Alors que Mathilde se délectait d'un épisode de Fort Boyard, sa maman l'interpella pour lui annoncer victorieusement qu'elle avait - encore - trouvé une personne victime d'usurpation d'identité. Elle la félicita alors machinalement, sans vraiment comprendre l'engouement que celle-ci pouvait avoir à passer ses journées et ses nuits à traquer des cyber-escrocs.
Juste après avoir raccroché avec Kenza, sa meilleure amie qu'elle avait rencontré à la rentrée après être tombée dans sa classe de CM2, sa maman vint lui parler d'une idée qui émergeait dans sa tête. Elle lui proposait de voir une psychiatre pour parler de l'appréhension qu'elle avait à aller en vacances chez son père.
Mathilde commençait à réfléchir. Elle repensait à la psychologue que sa maman l'avait emmené voir quelques années auparavant. Cela n'avait en rien fonctionné. Du moins, la technique que la psychologue avait utilisé sur elle - le jeu - n'avait pas fonctionné. Mais elle était plus petite à l'époque. Et elle avait noté que sa maman avait utilisé le terme psychiatre et non pas psychologue. Peut-être y avait-il une importante différence entre les deux ?
Elle se perdit dans ses pensées et se disait que ce serait sûrement une bonne idée. Elle se remémora la veille des vacances scolaires qu'elle venait de passer chez son père. Mathilde avait passé une bonne partie de la nuit à pleurer sans pouvoir s'arrêter, à tel point que sa maman l'avait conduite jusqu'au Bon Sauveur, l'hôpital psychiatrique de la ville. Arrivées là-bas Mathilde avait réussi à calmer ses pleurs mais les médecins l'ont tout de même accueilli et conseillé à sa maman de lui donner du paracétamol pour traiter la migraine à venir.
C'est quand Mathilde se remit en mémoire la fois où, après une nuit où sa maman lui avait dit tristement qu'elle allait lui manquer, elle avait refusé catégoriquement de venir avec son père une fois celui-ci arrivé devant la porte. Sa maman ne voulant pas la forcer à faire quelque chose qu'elle ne voulait pas faire ne tenta pas de la convaincre. L'histoire s'est alors poursuivie à l'Hôtel de Police. Mathilde, assise sur une chaise aux côtés de son père et face à un policier, refusait toujours de partir. Mais elle n'eut pas le choix. Et elle fut surprise de voir son père craquer plusieurs heures après être sortis du commissariat.
Ils s'étaient arrêté à mi-chemin de chez lui, chez les grands-parents paternels de Mathilde. Là-bas il avait raconté le début de sa journée à ses parents. Et ça avait été trop pour lui, il ne put se contenir quand bien même Mathilde était à côté. Elle vit alors son père pleurer pour la première fois en la regardant. C'est là qu'elle aperçut la détresse dans son regard. Son père était à bout. Et elle ne savait pas comment interpréter son regard. Mathilde voyait bien de la souffrance à l'intérieur. Mais elle avait l'impression qu'il y avait autre chose qu'elle n'arrivait pas à bien définir. De la haine ? Elle aimait son père mais était-ce possible que son père ne l'aime pas ? A ce moment, elle avait commencé à réfléchir aux paroles que tenait sa maman à son égard. Avait-elle raison de dire que c'est un manipulateur, un fou ?
Perdue dans ses pensées, sa maman la ramena à la réalité. Elle attendait une réponse de sa part. Mathilde reprit alors ses esprits et accepta la liste de psychiatres qu'elle lui avait tendu. Pendant que sa maman était partie faire sa toilette, Mathilde observa la liste et décida d'opter pour l'intuition. C'est ainsi que son intuition eut choisi la psychiatre Dr Anne.
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