Chapitre 12 - 2014

Mardi 17 juin 2014.

Allongée sur son lit au foyer, Mathilde pensait à Nassim qui était parti en garde à vue après s'être défoulé sur une des éducatrices de son bâtiments. Cette nouvelle avait attristé celle-ci car Nassim était le clown du foyer, il était toujours en train de la faire rire et la défendre. Lorsqu'elle avait appris qu'Angel était allé fouiller dans son armoire et lui avait voler des choses que son papa lui avait ramené pour lui faire plaisir, Nassim était allé embrouiller Angel et lui avait conseillé de se tenir tranquille.

Le papa de Mathilde avait fait le déplacement jusqu'au sud-ouest pour voir son avocat sur place et demander la garde exclusive de sa fille. Il en avait alors profité pour passer du temps avec elle et lui donner une boîte avec des magazines, des mots-mêlés, des photos de sa famille que sa belle-mère était partie faire développer et des bonbons. Et, comme le seul moyen de communication qu'elle avait depuis qu'elle était entrée au foyer était le téléphone fixe du bureau des éducateurs, son papa lui avait ramené son ancien téléphone portable car il en avait pris un nouveau peu de temps avant.

La première chose qu'elle avait fait avait été d'aller chercher le petit carnet dans lequel elle avait commencé à recopier tous les numéros de son répertoire, un moment où elle s'ennuyait, lorsqu'elle était encore chez sa mère. Elle avait arrêté de recopier au bout d'un moment car elle s'était rendue compte qu'il n'avait aucune utilité si elle avait son téléphone avec elle tout le temps. Mais elle avait été bien contente de tomber dessus lorsqu'elle avait fait ses affaires pour partir au foyer. C'est comme ça qu'elle avait donc repris contact avec Marina et qu'elle avait eu de vagues nouvelles de Calandra.

Après avoir envoyé un message à une autre amie qu'elle avait rencontré sur les réseaux sociaux, Maurine, elle apprit que Calandra avait contacté celle-ci dans le but d'avoir des nouvelles de Mathilde qui, à leurs yeux, avait disparu sans rien dire.

Lorsque Maurine avait raconté à Mathilde comment Calandra s'était mise à la chercher après n'avoir eu aucune nouvelle d'elle, Mathilde n'avait pas été seulement touchée mais aussi surprise qu'on ait remarqué son absence. Cela lui avait fait chaud au cœur, et pouvoir parler à nouveau à ces amies qu'elle avait rencontré sur internet lui faisait du bien. Et, même si sa famille faisait sonner le bureau des éducateurs presque tous les soirs pour prendre de ses nouvelles, elle avait l'impression d'avoir à nouveau un soutien moral avec ses amies.

Et du soutien moral elle en avait parfois grandement besoin. Même si elle essayait de l'éviter au maximum, Angel avait été incorrect à plusieurs reprises avec elle.

La première action qui eût alertée Mathilde fut lorsqu'ils jouaient à un jeu de plateau et qu'il avait touché la jambe de celle-ci avec son pieds en remontant. Instantanément, mal à l'aise, elle avait reculé sa chaise et lui avait demander d'arrêter. Il s'était alors exécuté sans s'excuser mais seulement après avoir tenté une deuxième fois. 

Puis, une fin d'après-midi Mathilde était assise sur son lit, dos au mur, dans la chambre qu'elle partageait désormais avec Diane et Doriane, des jumelles arrivées après Angel. Alors qu'ils s'étaient tous - Angel, Corentin, Diane, Doriane et Mathilde bien sûr - réunis dans la chambre des trois filles, Angel s'était tranquillement allongé sur le lit de Mathilde avant de poser sa tête sur ses jambes. Quelques minutes après, il avait tendu la main vers ses cheveux et lui avait pris sa pince crabe pour les cheveux. Après ça, Angel s'était levé et avait accroché la pince à son jogging, à la place de son entrejambe. Diane, indifférente à tout ça, avait décroché la pince pour la donner à Mathilde après avoir vu que celle-ci voulait l'objet mais n'irait pas le chercher. 

Le week-end dernier, alors qu'elle sortait du bureau des éducateurs, Angel était venu la plaquer contre le mur en approchant dangereusement sa tête. Mathilde ouvrit grands les yeux en le voyant, les yeux fermés et la bouche qui avançait, et le repoussa. Mais ce dernier la rattrapa et, avec l'aide d'un garçon qui venait au foyer quelques week-ends, il la força à rentrer dans sa chambre tandis qu'elle leur demandait de la lâcher. Après l'avoir poussée sur le lit, Angel s'était installée sur elle. Mathilde essaya de le pousser et lui donner des coups de pieds, en vain. Il avait directement vissé les bras de celle-ci au matelas après avoir demandé à son ami de tenir ses pieds. Alors Mathilde avait pensé à un dernier moyen de désapprobation : pincer ses lèvres. Angel fronça les sourcils et lui ordonna d'arrêter. Mais elle n'écouta pas et resta ainsi, en espérant qu'il laisse tomber ou, du moins, qu'il ne s'arrêterait qu'à son idée de bisou. Voyant qu'elle ne l'écouterait pas, il avait soupiré lourdement. Il s'était ensuite approché d'elle pour coller ses lèvres contre ce qui aurait dû être, pour Angel, celles de Mathilde si celle-ci ne les avait pas pincé. Cette action dura bien trop longtemps aux yeux de Mathilde qui était en colère et se sentait humiliée. Puis, après avoir desserré sa prise sur ses bras, Angel fit signe à Mathilde qu'elle pouvait partir. Elle s'était ensuite levée pour partir en vitesse après lui avoir lancé un regard noir. 

Et, aujourd'hui, alors qu'elle était seule dans le parc du foyer, Angel était revenu vers Mathilde pour tenter à nouveau de l'embrasser. Seulement, cette dernière s'était débattue et avait refusé catégoriquement. En l'espace de quelques secondes, et à l'aide d'un balayage exécuté par Angel, elle se retrouva à genoux devant Angel. Au même moment où celui-ci empoignait les cheveux de Mathilde, Corentin passait par là. En voyant son amie et Angel à côté, ce dernier s'approcha, méfiant, et ouvrit de grands yeux en traitant Angel de malade. Il avait aidé son amie à se relever avant de rentrer avec elle dans le bâtiment.

L'accumulation de ces actions ainsi que les séquelles des derniers mois qu'elle avait vécu difficilement avait mis à mal le moral de Mathilde. Au point où quand elle retrouva, dans la trousse, de quoi reprendre ses vieilles habitudes, elle n'hésita pas à remplir à nouveau ses bras de griffures. 

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