Chapitre 27
Depuis ce jour, je fis tout ce que Toby me disait de faire, même si je n'aimais pas, même si j'ai failli craquer à certains moments, je tenais bon et attendais patiemment le feu vert d'Alice pour mettre notre plan en route. Une routine s'était donc petit à petit installée. Le matin, je me levais avec Toby m'ayant préparé le petit déjeuner. Puis, il partait rejoindre ces "collègues de travail" tandis que moi je restais enfermée ici à discuter avec Alice bien que la porte du sous-sol nous séparait. Toby revenait vers le midi simplement pour me donner de quoi nourrir mon amie avant de repartir aussitôt en refermant à clé toutes les portes dont celle du sous-sol. Enfin vient le soir où le brun revenait toujours très tard et moi je dormais déjà afin de ne pas le recroiserune fois de plus dans la journée. Cependant, il arrive parfois que Toby reste ici avec moi la matinée ou l'après-midi. Dans ces moments-là, il n'arrête pas de me parler comme si nous étions en couple, me fait parfois des câlins, me dit qu'il m'aime...Bref, rien de plus niais et de plus faux. Tout sonnait faux, il n'y avait aucune passion dans ce qu'il disait ! Aucun amour, aucun sentiment ! C'était comme s'il me récitait bêtement une poésie ! Au début, ça m'agaçait et je lui répétais sans cesse d'arrêter ce cirque. Mais j'ai finalement baissé les bras, je parlais dans le vent, ça ne servait à rien ce que je faisais.
Maintenant, je me contente juste de faire la sourde oreille et l'ignore royalement. Des fois, il m'oblige à répondre à des questions soit disant "amoureuses et attentionnées" selon lui où je réponds la plupart du temps par "oui", "non" ou encore "je sais pas".
Néanmoins, ça me fait mal de l'admettre mais...de temps en temps, j'aime me dire qu'il m'aime...Qu'il pense vraiment ce qu'il dit bien qu'en réalité ce soit faux. Ça me rassure et ça m'apaise. De plus, des fois, je me pose réellement la question s'il ne ressent pas quelque chose pour moi ou si c'est juste de la comédie.
Par exemple, l'autre soir, je me suis réveillée dans la nuit à cause de pleurs. J'entendais quelqu'un pleurer, c'était tout proche, juste derrière le mur qui séparait ma chambre de celle de Toby. Après tout ce que j'ai vécu avec ce serial killer, je ne m'imaginais pas une seule seconde que c'était lui qui pleurait. Je pensa soudainement à Alice qui était normalement enfermée dans le sous-sol. Bien que cette idée était absurde, à ce moment-là, c'était pour moi la plus logique car je m'étais faite à l'idée que Toby ne pleurait jamais. Paniquée, je sortis dema chambre en trombe en me demandant pourquoi il s'en prenait à mon amie alors que je n'avais strictement rien fait pour l'énerver.
Mais en ouvrant la porte de sa chambre en furie, je ne vis pas Alice comme je m'y attendais, mais simplement le brun, couché sur le dos dans sans lit, bafouillant des mots incompréhensibles. La pièce était à moitié plongée dans le noir, je m'approcha donc de lui, confuse et vis grâce à la blancheur lumineuse de la lune a travers les rideaux, que Toby semblait faire un cauchemar. Sa sueur s'était mélangée à ces larmes, il tournait sa tête de gauche à droite énergiquement, le visage crispé et se mordant par moment la lèvre jusqu'à ce que celle-ci se mette à saigner.
Je savais qu'il ne méritait pas de la pitié à mon égard après tout ce qu'il m'a fait, mais je ne pouvais pas. Il me rappelait la moi du passé. En effet, juste après le décès de Lyra, je me suis mise à faire d'horribles cauchemars sur elle. J'avais l'impression de la voir partout où j'allais, je la confondait avec de simples passant parfois. Les mois, voire l'année entière qui a suivis sa mort, reste un douloureux souvenir pour moi. Cette période marque le début des ténèbres, le désespoir et même le chaos dans mon esprit. Rien que d'y repenser, je sens des frissons désagréable parcourir mon corps.
Pour en revenir à Toby, me sentant incapable de le laisser ainsi, je posa doucement une main sur son épaule et le secoue légèrement en l'appelant d'un ton rassurant. Mais à peine le contact fut entre ma main et son épaule qu'il sursauta d'un seul coups et se réveilla brusquement, le regard terrorisé. Dû à cette réaction soudaine, je fis un pas en arrière et lui fis comprendre par un regard que je ne lui voulais aucune mal. En croisant mes yeux, il se détendit légèrement en disant d'un ton qui se voulait froid mais qui cachait au fond une grande peur :
- Je peux savoir ce que tu fais là ?!
Je répondis en toute honnêteté :
- Je t'entendais pleurer depuis ma chambre donc je voulais simplement voir si tu allais bien.
Il demeura longtemps silencieux, me fixant d'un air méfiant avant de dire en passant un bras sur ses yeux pour essuyer ses larmes :
- Je vais bien. Tu peux partir maintenant. Désolé de t'avoir réveillé.
J'insista :
- Ne me ments pas, tu faisais un cauchemar e-...
Il s'exclama soudainement, furieux :
- Je vais bien, je te dis !
Je garda quelques secondes le silence, je sachant pas quoi faire, avant de dire :
- Très bien, je m'en vais dans ce cas.
Je tourna les talons et me dirigea vers la porte de la chambre de Toby à contrecoeur. J'aurais aimé l'aider, je suis sûr que c'est de sa sœur dont il a fait ce cauchemar, j'en suis quasiment sûre. J'aimerai lui raconter que, moi aussi, j'ai fait beaucoup de cauchemars sur elle après son départ, que je comprends ce qu'il ressent. J'aimerais tant le consoler mais il n'est malheureusement pas d'humeur et je ne préfère pas insister au risque qu'il s'en prenne une nouvelle fois à Alice.
Cependant, alors que j'allais refermer la porte de la chambre du brun derrière moi, quelque chose retiens cette dernière ainsi qu'une faible voix disant d'un ton hésitant :
- Non, attends... Finalement, je veux bien que tu restes...
Sans que je n'ai eut le temps de répondre, la porte de sa chambre qui nous séparait s'ouvre et je me retrouve dans le bras de Toby, confuse. Au bout de quelques secondes de pur silence, je trouve le courage de demander timidement :
- C'est...Lyra, pas vrai...?
Il eut de nouveau un silence avant qu'il dise :
- Je sais pas comment arrêter ça, (T/p)...Tous ces cauchemars d'elle... Ça surplombent mon esprit, je...
Il soupire longuement avant de continuer d'une triste voix :
- Je suis fatigué de tout ça...C'est horrible à chaque nouveau cauchemar que j'ai d'elle... Comment ma sœur a-t-elle pu se retrouver dans mes pires cauchemars...?
Au fur et à mesure qu'il parlait, je sentis ses bras, ses mains, ses doigts par lesquels il m'en roulait trembler. C'était comme s'il avait peur ou qu'il sanglotait sans larmes qui coulent pourtant. Il continua :
- Tu crois que c'est une... Malédiction qu'elle m'a jeté à sa mort ?
Je répondis sincèrement :
- Voyons Toby, Lyra t'aimait beaucoup, tu sais. Jamais elle n'aurait fait ça si c'était possible. Elle n'avait aucune raison de le faire.
Il répondit cette fois-ci en sanglotant :
- Si...Parce que je n'ai pas su la protéger comme j'aurais dû le faire. Et aussi parce que je n'ai pas réussi à tenir la promesse qu'on lui avait faite. Et enfin, parce que j'ai rendue sa meilleure amie malheureuse.
Je voulus lui dire le contraire, le rassurer en disant que jamais Lyra ne ferait ça, que ce n'était pas le style de sa sœur de se venger ainsi...Mais aucune mot ne sortait de mes lèvres. C'était comme bloqué à l'intérieur de moi. Et le pire, c'est que je savais la cause de ce blocage : moi-même je ne croyais pas ces mots. Incapable de dire quoique ce soit, je n'eut d'autres choix que de rester muette entre ses bras. Suite à ce silence qui nous brisâmes à tous les deux le cœur, il dit entre deux sanglots :
- Tu sais, si j'ai décidé de t'amener ici au début, c'est parce que je pensais que mes cauchemars allaient cessés. Je pensais que Lyra serait heureuse de voir que je tiens la promesse qu'on lui a faite. Je pensais pouvoir arrêter cette malédiction qui pèse sur mes épaules depuis des années maintenant. Je voulais aussi retrouver l'ambiance d'avant, tenter de recréer cette douce atmosphère qu'il y avait entre nous trois avant la mort de Lyra...
Il me serrait davantage au fur et à mesure qu'il parlait :
- Tu ne le sais sans doute pas (T/p) mais, quand tu venais nous rendre visite chez nous, c'était comme si tu rayonnais toute la maison. Tel un rayon de soleil, tu embelissais la journée et tu nous faisait oublier à tous ce fichu type qu'était notre père. Ma mère ne souriait jamais à la maison, elle ne faisait la plupart du temps que des sourires de façade. Lyra essayer d'être optimiste par moment mais je l'ai déjà entendu pleurer plusieurs fois dans sa chambre, ça venait souvent après ton départ. Lorsque tu venais chez nous, nos visages, surtout à ma mère et à ma sœur, s'illuminaient de bonheur. Ça se voyait, je le voyais. Mais leur sourires partaient aussitôt une fois la porte d'entrée refermée après ton passage lorsque tu repartais chez toi...
Il marqua une pause avant de reprendre en soupirant :
- C'est pour ça que je tiens tant à te garder près de moi. À chaque fois que je te vois, j'imagine le sourire sincère et radieux de ma mère et de Lyra. J'ai l'impression de les voir heureuses, qu'elles sont de nouveau avec moi et qu'elle me remercie d'avoir enfin pris soin de toi. Mais d'un autre côté, le soir, je les imagine me renier, m'insulter d'avoir gâché ce qui faisait leur bonheur auparavant. Et cette souffrance que je subis tous les soirs est juste inimaginable, je ne pourrai même pas te la décrire tellement elle est...Elle est...
Je sentis son rythme cardiaque s'accélèrer tandis qu'il resserrait de nouveau sa prise sur moi comme s'il avait peur que je m'envole. Il dit entre deux sanglots :
- Pardon (T/p)...Je suis vraiment le pire type au monde...Je me sens si égoïste...Je...Je te promets que je voulais pas te faire du mal...C'était vraiment pas mon intention...Mais...Je voulais tellement que tu restes avec moi...T'es tout ce qu'il me reste...Il n'y a qu'avec toi que je me sens bien, que je me sens entourée de ma mère et de ma sœur...Il n'y a qu'avec toi que je me sens bien...S'il te plaît, aide-moi à recréer cette ambiance que j'aimais tant, celle lorsque tu venais chez nous au collège...Je t'en prie...J'ai besoin de toi, (T/p)...
Cette nuit-là, j'eus comme seule réponse de lui rendre son étreinte, les larmes aux yeux.
Puis, le lendemain ainsi que les autres jours qui ont suivi, pour une raison que j'ignore, nous avons tous les deux décider de faire comme si de rien ne s'était passé.
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