Chapitre 26
Voyant mon air pensif tandis que je soigne ses nombreuses blessures, Alice dit :
- Ne tires pas cette tête d'enterrement. Ce n'est pas si grave que ça. Au pire j'aurais un pied robot, tu sais, ça sera stylé.
- Dis, comment fais-tu pour être aussi optimiste ?
Elle semblait surprise de ma question avant de dire :
- Je ne sais pas, peut-être grâce au fait que je me sois enfin séparé de Paule. Ou peut-être parce que je sais que tu es avec moi et donc ça me rassure. Et puis...
Je releva la tête, curieuse, elle continua :
- Un jour, tu ne t'en rappelle probablement pas, mais tu m'as dit que Lyra, ton amie d'enfance, était d'un éternel optimiste. Tu me racontais combien, peut importe les situations, cette fille trouvait toujours des points positifs en tout même quand la situation était désespérée. Tu m'avais raconté toute son histoire, dans les moindres détails. Tu semblais vraiment l'admirer et, bien que je n'ai jamais connu ton amie, je voulais être un peu pareille.
Elle marqua une pause avant de reprendre :
- Tu sais, je n'ai jamais connu mes parents...Ma mère est morte à mon accouchement et mon père est..."parti aller chercher du lait" si tu vois ce que je veux dire, haha !!!
Elle me regarda, m'incitant à rire aussi, mais ce ne fut pas le cas. Elle ne le sais pas mais, à chaque fois qu'elle buvait un peu trop, elle pleurait en implorant son père et sa mère. Mais je ne lui ai jamais dit car je ne voulais pas l'attrister. Elle continua donc son récit :
- J'ai donc passé quasiment toute mon enfance à l'orphelinat. J'étais une enfant assez turbulente, je ne faisais jamais mes devoirs, je fuguais tous les quatre matins et enfin, je fumais énormément. Je me rappelle que je détestais les adultes, sûrement parce que mon père nous avait pitoyablement abandonné moi et ma mère. Je ne voulais pas grandir, j'avais peur de lui ressembler. Bref, c'est ainsi que je suis devenue ce que je suis actuellement. Si tu veux, dès ma naissance, je savais que ma vie serait m*rdique. Donc, je n'ai jamais fait preuve d'un grand optimisme. Mais, après t'avoir entendu parler de Lyra, c'est comme si quelque chose s'était débloqué en moi...Bien sûr, oui, je n'ai pas repris ma vie en main du jour au lendemain, loin de là, mais c'est là où j'ai voulu te rejoindre pour devenir serveuse. Je voulais en savoir plus sur toi et sur cette Lyra.
Elle marqua une pause avant de reprendre :
- D'ailleurs, excuse-moi de t'avoir conseillé d'être une p*te. Tu sais, en réalité, quand je t'ai demandé ça, je me suis dit que c'était peut-être une porte de sortie pour moi.
Je la fixa, confuse, elle continua :
- Je m'explique ; à cette époque, je cherchais déjà à rompre avec Paul, je m'étais aperçu qu'en plus de me traiter comme un chien, il me trompait très régulièrement quand j'avais le dos tourné. Bref, un vrai c*nnard, ce type. Je n'aurai jamais dû sortir avec lui. Et donc, je me suis dit que, si tu te prostituée, je pourrais donc y faire de même et tromper mon copain. De plus, ce dernier serait probablement dégoûté d'apprendre que sa copine est une p*te et donc, casserait avec moi dans que j'ai à me soucier de quoique ce soit.
- Mais...Tu ne pouvais pas rompre tout simplement en lui disant, pourquoi tout ce stratagème ?
- Pff...Tu parles, je ne pouvais rien lui dire, il ne laissait pas prendre la parole. Et à chaque fois que je voulais partir pour de bon, il me battait...
- Ho...Pardon, je ne savais pas...Si je l'avais su plus tôt, il y aurait bien longtemps que j'aurais agit !
- Oui, mais je ne voulais pas te le dire. J'avais peur de ta réaction et...Je ne savais pas si j'étais assez proche de toi pour t'en parler... Excuse moi...
Je déposa délicatement le dernier bandage en disant :
- Mais non, ce n'est pas de ta faute, voyons. L'important c'est que ce soit terminé. Bref, j'ai fini de te soigner, à part bien ta jambe...
Ma dernière phrase avait le ton triste et amer. Et dire qu'elle ne retrouvera plus jamais sa jambe comme avant...
- (T/p).
Alice me sorti de mes pensées. Je releva la tête vers elle qui dis :
- Surtout, ne pense pas à finir tes jours à cause de ça, tu m'entends ?!
J'écarquilla les yeux. Comment a-t-elle su...? Elle continua :
- Je te connais, (T/p). Et je t'interdis formellement de mettre fin à tes jours ! Quoiqu'il arrive, ne fais pas ça ! Cela reviendrait à me torturer l'esprit plus que ça ne l'est ! D'accord ?
- Heu...Oui...
Elle me sourit gentiment avant de dire :
- Bon, préparons notre plan d'évasion !
Je répéta, confuse :
- Notre plan d'évasion ?
- Oui, j'ai une idée en tête. C'est risqué, mais ça devrait marcher.
- Heu...Tu veux vraiment qu'on r-...
Elle me coupa :
- Oui ! Tu ne compte pas rester dans cette situation pour toujours, rassure-moi ?!
- Heu...Non mais, je n'ai pas envie q-...
Elle me coupa une seconde fois :
- Il ne m'arrivera rien, promis ! Quoiqu'il se passe, Toby sera impuissant face à ça !
- Je ne comprends pas, explique toi.
- C'est très simple, Tu n'as pas le droit de me défaire de mes liens, pas vrai ?
- Oui, mais je vois pas le rapport.
- Tu vois le ciseau à côté de toi qui te servait à découper les bandages, là ?
Je dirigea mon regard sur ce dernier avant de le rediriger vers Alice qui dis à voix basse au cas où Toby ne serait pas loin :
- Et bien tu vas le poser dans une de mes mains. Je le cacherai ensuite entre mon bras et l'accoudoir de la chaise.
- Ok et ensuite ?
- Tu partiras et la prochaine fois que je vous entends descendre les escaliers Toby et toi qui le supplie, alors, je détacherais rapidement mes liens. Puis, quand il ouvrira la porte, je lui planterai les ciseaux dans le ventre. Ça ne me tuera pas forcément mais on pourra toujours lui donner deux, trois coups par-ci, par-là pour l'affaiblir et l'attaché sur l'une de nos deux chaises. Plus qu'à prévenir les flics et le tour est joué !
- Mais tu es folle ?! Il ne ressent même pas la douleur et comment pourrais-tu tenir debout vu ton état ?! C'est impossible à faire Alice. Tu vas mourir si on fait ça ! Non, je ne veux pas prendre ce risque ! Tu es déjà presque mourrante à cause moi, je ne veux pas en plus causer ta m-...
elle me coupa en soupirant bruyamment :
- Pff...Ne sois pas aussi peureuse ! Il ne m'arrivera rien !
- Bien sûr que si, Toby v-...
- Il ne m'arrivera rien.
- Mais t-...
- Il ne m'arrivera rien.
- Écoute m-...
- Il ne m'arrivera rien.
Je garda le silence en essayant de lire dans ces yeux. Pourquoi insiste-t-elle autant là-dessus ?! Après un court blanc entre nous deux où elle ne perdit pas son sourire entre temps, elle me dis d'un ton moqueur :
- Bon, tu me le passes ce ciseaux ?
Je déglutis mais fis ce qu'elle me demanda en disant :
- J'ai l'impression que tu me caches une partie du plan.
Elle répondit d'un ton fière :
- Bien vu Sherlock ! Pour te dire la vérité, tout ce que je t'ai raconté n'est qu'un plan...de façade, on pourrait dire.
Je m'exclama :
- Un plan de façade ?! Mais c'est quoi le vrai plan alors ?!
Elle ricana devant ma réaction avant de dire, un sourire se voulant mystérieux aux lèvres :
- Ça, ce sera à toi de le deviner au moment venu !
Je la fixe, confuse. J'allais dire quelque chose mais elle me coupe soudainement en disant :
- Bon, va-t-en maintenant ! Toby va se poser des questions s'il voit que nous restons trop longtemps ensemble...
- Mais tu ne veux vraiment pas me dire l-...
Elle me coupa une nouvelle fois en disant :
- Nope, oust maintenant ! Et n'oublie pas, garde le sourire quoiqu'il arrive ! Fais-le pour moi, pour Lyra et... Même pour Toby. Il a beau m'avoir torturé, je sens au fond de lui qu'il n'est pas heureux de t'avoir fais souffrir par la même occasion. Alors ne lui en veut pas. Tu sais, il me fait un peu penser à moi quand j'étais plus petite; j'étais perdue sans ma famille. Il ressent peut être la même chose que moi, qui sait.
Je la regarde perplexe et plongée dans mes pensées. Mais elle m'y sortie de nouveau en pestant :
- Tu comptes rester planté là pendant des lustres ?
Je la regarda une nouvelle fois avant de sourire, un vrai sourire sincère cette fois-ci, en disant :
- Merci pour tout Alice. T'es vraiment une super amie. J'ai hâte que tout ça sois bientôt terminé et qu'on se refera des boîtes comme avant.
Elle me sourit a son tour en disant :
- Oui, moi aussi...J'ai hâte que tout ça sois terminé et que tu sois heureuse comme avant.
C'est sur ces mots que je referma la porte du sous-sol à contre-cœur. Quand je fus à présent seule devant la fameuse porte, je ne pus m'empêcher de verser une larme, puis deux, puis trois, puis quatre...
Lyra, j'aurais tellement aimé que tu rencontres la merveilleuse personne qu'est Alice. Je suis sûre que vous vous seriez très bien entendu et qu'on n'en serait peut-être pas là aujourd'hui.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top