Chapitre 22

Nous restâmes encore quelques minutes Alice et moi cachée dans notre ruelle avant que je dise :

- Mieux vaut partir avant qu'ils nous trouvent. Que ce soit ton copain ou... l'autre.

Elle hocha la tête avant de se relever non sans grimacer à cause de sa douleur à l'estomac. On commença donc à marcher le plus silencieusement possible dans la ville en longeant les murs. Je marchais devant, en éclaireur et Alice me suivait, une main sur le ventre et légèrement courbée sur elle-même. La pauvre, elle a l'air de vraiment souffrir. J'ai de la peine pour elle mais on n'a pas le choix.

Même si c'était risqué, on s'était mise d'accord pour finalement nous diriger vers le poste de police bien qu'il se trouve à l'autre bout de la ville. Paul et Toby savent où Alice et moi habitons et bien sûr, nous ne connaissions personne d'autre de confiance qui pourrait nous aider, surtout dans cette situation... délicate.

La seule option qu'il nous reste est donc celui du poste de police. On risque sûrement de faire de la prison ou quoi car Alice et moi avons volé, fraudé énormément de gens en ville. On s'est déjà fait prendre plusieurs fois par les flics mais on s'en ai plutôt bien sorti car on ne faisait que voler des petits portefeuilles ou d'anarquer des personnes de différentes manières, pas de meurtre ou de violence comme c'est le cas pour Toby !

Après une longue marche qui nous semblait interminable, on vit toutes les deux au moins quelque chose qui nous paraissait glauque de loin. Malgré la pénombre de la nuit, on percevait au loin sur le trottoir devant nous quelque chose parterre qui nous faisait étrangement penser à...un corps. Je lança un vif regard à Alice comme pour lui dire de rester en retrait pendant que j'allais voir. Mais à peine je lui tourna le dos qu'elle me retenue d'une main frêle par le bras. j'Je me retrourna donc vers elle et essaya de la rassurer en lui souriant gentiment. Mais ça n'avait pas l'air de marcher puisqu'elle ne me lâcha pas et me supplier du regard de ne pas y aller. Le problème était que cette chose se situait en plein sur notre chemin et que faire un détour nous prendrait beaucoup trop de temps et de risques surtout !

Cependant, voyant qu'elle ne voulait pas me lâcher, je lui fis donc un petit signe de tête pour qu'on passe ensemble en passant sur le trottoir d'en face afin d'éviter au mieux la chose semblant toujours inerte au sol. Alice hocha timidement la tête avant qu'on se déplace prudemment sur le trottoir d'en face sans quitter la chose des yeux. Après avoir traversé la route, nous marchions donc sur le trottoir d'en face en essayant de persuader au mieux la chose qui était sur le trottoir d'en face.

À force de marcher, on finit par enfin comprendre ce que c'était. Paul. Il était couché sur le dos et inerte. A première vu, il ne semblait pas avoir de blessure sur lui ce qui nous rassura grandement Alice et moi. Au moins, Ticci Toby n'est pas passé par là pour l'instant. Alice se précipita alors vers son ex-petit ami silencieusement. J'aurais préféré qu'elle reste à côté de moi et qu'on continue notre route pour ne pas nous attarder. Paul devait sûrement être bourré ou endormi à cause de la patate que je lui ai mis tout à l'heure et de la marche qu'il a fait jusqu'ici. Rien de quoi s'affoler face à ma situation bien plus dangereuse...

Ne me sentant plus aussi en sécurité qu'auparavant, je n'eut d'autres choix que de suivre Alice d'un pas rapide. arrivée à sa hauteur, je la vis à genoux entrain de serrer son ancien copain dans ces bras en pleurant silencieusement à chaudes larmes. Son comportement m'a tout de suite alerté. En temps normal, Alice n'aurait jamais agis de manière aussi dramatique. Je m'imaginais le pire.

Je m'accroupis à côté d'elle et la regarde confuse et inquiète. Elle me lança un vif regard désolé avant de refondre en larmes en essayant d'étouffer ses sanglot dans la clavicule de Paul. J'inspecta donc du regard le corps de ce dernier et vis, horrifiée, qu'il avait une énorme blessure sur le dos dont le sang coulait abondement. Mais ce qui m'effreya davantage était que la blessure formait une diagonale partant de son épaule droite au bas gauche du dos. Comme si...une grosse lame l'avais coupé profondément. Instinctivement, je repensa aux haches de Toby.

Mon rythme cardiaque a commencé à s'accélèrer, je me suis soudainement mise à regarder partout autour de moi d'un air affolé en chuchotant à Alice :

- Il faut qu'on parte. Vite.

Elle me regarda tout d'abord confuse avant de se lever et chuchoter à son tour :

- Ok, je te fais confiance.

Sans perdre de temps, je lui ai attrapé la main et ai commencé à fuir le plus vite et le plus loin possible. Je ne savais pas si je me dirigeais vers le commissariat de police et je n'en avais que faire ! Mon but était de semer Toby. Je ne faisais même plus attention à passer dans des endroits sombres ou a longer les murs. Je courrais à présent en plein milieux de la ville à en perdre haleine. Je savais qu'il était là, quelque part dans cette ville, furieux et à ma recherche ! Derrière moi, j'entendais parfois Alice génir de douleur à cause de son estomac amoché mais je n'ai pas le choix ! Il faut fuir, trouver une cachette, quelque chose, n'importe quoi mais il ne faut surtout pas rester ici !

Soudain, j'entendis Alice hurler de douleur comme je ne l'ai jamais entendu ainsi. Elle lâcha ma main avant de s'écrouler au sol sur le ventre en pleurant et criant sans s'arrêter. Mince, que lui arrivait-il. Je m'étais automatiquement arrêté et compris aussitôt la source de sa souffrance. Une hache sortie de nulle part était planté dans sa cheville droite. Cette vision a failli me faire perdre conscience mais je résista et commença à m'approcher d'elle pour lui venir en aide.

Tout à coup, une seconde hache suvint de nulle part et atterrit juste devant moi avant de se planter dans le goudron de la route. J'entendis alors une voix provenant d'en face de moi, un peu plus loin derrière Alice toujours au sol :

- (T/p), (T/p)... Pourquoi es-tu si méchante avec moi ?

Je le vis apparaître, pas à pas en sortant d'une ruelle sombre, il continue :

- J'ai tout fait pour que tu restes, je pensais qu'on avait enfin trouvé un accord... Pourquoi tout gâcher comme ça ?

Je recula à force qu'il s'approcha de moi, terrifiée. Toby se tenait quelques mètres plus loin devant moi, me regardant avec une froideur et un mépris dont on ne peut imaginer la haine qui en dégage. Il s'arrêta devant Alice, toujours souffrante au sol qui sanglotait en le suppliant du regard de ne pas lui faire du mal.

Toby se pencha légèrement au-dessus d'elle, attrapa le manche de sa hache coincé dans la cheville de mon amie avant de brusquement la retirer, la faisant hurler de douleur. Je le supplia alors :

- Non ! Arrête, Toby ! Pitié ! Je sais que ce que j'ai fait est impardonnable mais ne t'en prends pas à elle ! Elle n'a rien fait ! Je t'en prie !

Toby me fixa, indifférent, avant de dire :

- Pourquoi...? Pourquoi tu reviens vers elle ? Cette sale p*te qui t'as insulté. Pourquoi tu reviens vers elle et pas vers moi...? Tu dis que tu m'aimes et pourtant tu pars voir ailleurs ! Tu m'écoeures ! Je me demande vraiment ce que Lyra te trouv-

Je le coupa sèchement :

- Tais-toi ! Je...Je t'interdis de parler au nom de Lyra ! Tu ne sais rien d'elle ! Tu ne savais même pas la signification de ma couleur de cheveux ! Tu ne sais pas tout ce qu'elle a enduré ! C'est moi qu'elle appelait quand elle avait besoin de réconfort ! Je suis sa meilleure amie ! Tu n'es que son frère !

- Je rêve ?! Tu me dis de ne pas parler à son nom mais c'est littéralement ce que tu fais !

- Pas du tout !

- Bien sûr que si !

Un silence pesant s'installa entre nous. Toby et moi nous persécutions du regard. J'avais peur de lui, certes, mais quoiqu'il me fasse, je défendrais Lyra jusqu'à ma mort s'il le faut !

Soudain, on entendis Alice dire dans un sanglot :

- Calmez-vous...je vous en prie...Aucun de nous n'a envie d'alerter les flics dans un moment pareil, n'est-ce pas...? Al-

Toby la coupa froidement :

- Tais-toi. C'est pas tes affaires.

Il balada ensuite son regard de mon amie à moi d'un air songeur. À quoi penses-t-il soudainement ?! Ayant un mauvais pressentiment, je me décida de parler afin de le stopper dans ces réflexions :

- Toby, écoute, on doit se séparer...Je suis désolée mais vraiment, il n'y a aucun moyen pour qu'on reste ensemble. On ne désire pas la même chose de l'autre alors pourquoi se d-

Il me coupa froidement à mon tour :

- Tais-toi ! Je fais ça pour Lyra, je te rappelle ! À croire que tu n'en a rien à faire d'elle !

- Mais non, j-...

Il me coupa une seconde fois :

- Je t'ai dit de te taire ! Tu m'avais promis que tu resterais avec moi si je ne te faisais aucun mal et toi, tu es partie !

Une boule se forma au niveau de mon ventre. Il marqua une pause avant de reprendre d'un ton plus plaintif :

- Mais...Je ne veux pas te faire de mal, ça ne ferait que détruire encore plus notre relation et ce n'est pas ce que je veux...Sauf qu'il faut que je te punisse pour que tu restes avec moi...! Mais tu finirais par mourir si je faisais ça vu comment tu es têtue...!

Il orienta son regard sur Alice, souffrante au sol, l'air songeur avant de me demander d'une voix indifférente :

- Tu l'aimes bien, elle ?

Je répondis avec toute franchise :

- Bien sûr que oui ! Certes, on s'est un peu disputé mais on s'est réconcilié entre temps ! Et même si on ne s'était pas réconciliée, je ne voudrais certainement pas que tu lui fasses du mal ! Alors laisse-la en dehors de tout ça, je t'en prie !

Il dit, l'air songeur, toujours le regard rivé sur ma malheureuse amie :

- Tu ne voudrais pas que je lui fasse du mal, hein...

Il marqua une pause avant de reprendre :

- ...Je crois que je sais comment faire...

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