Chapitre 18

La première sensation à mon réveil fut le redressement de mes poils sur mes bras nues justifiant le manque de chaleur dans l'endroit où j'étais. J'ouvris péniblement les yeux malgré la douleur insoutenable de mon crâne. Je regardais autour de moi et remarquais que j'étais dans une pièce sans fenêtre qu'on pourrait traduire par une cave. Néanmoins, j'aurais souhaité que cette soi-disant cave soit normale. Il n'en été rien. En effet, Partout où je regardais, il y avait des instruments de torture dont certaines  que j'ignorais le fonctionnement.

Instinctivement, bien que la pièce ne me soit pas familière, je savais que j'étais de retour chez Toby. Il m'a toujours interdit d'aller dans cette pièce qui est presque tout le temps fermé à clé. De plus, au début de notre cohabitation ici, lorsqu'il y avait des tensions entre nous, il me menaçait de m'emmener ici. D'ailleurs, il avait failli le faire lorsqu'il voulait coupé mes cheveux.

Je continuais d'observer autour de moi. Mes poignées et les chevilles emprisonnées par des cordes aux accoudoirs et aux pieds de la chaise où j'étais assise. La pièce est plongée dans un silence lugubre, si pesant qu'aucun humain ne pourrai subir cela indéfiniment.

Heureusement pour moi, je suis seule. J'imagine que Toby ne doit pas être loin dans la maison. En temps normal, je l'aurais appelé mais là, en ce lieu, je redoute vivement sa venue. Va-t-il me torturer ? Me tuer ? Rien que ces pensées suffisent pour faire trembler tout mon être. J'essaye de garder mon calme en vain, une boule au ventre s'empare rapidement de moi. Chaque battement de mon coeur résonne dans tout mon cœur comme un puissant gong.

Les minutes passent dans le silence le plus complet. C'est à peine si j'ose respirer tellement ce silence est oppressant, angoissant. Je ne rêve qu'une chose ; qu'on me sorte d'ici. C'est comme si mon corps était paralysé de peur devant cette pièce qui témointe de nombreuses morts et souffrances à son compte.

Je repense à ma dernière rencontre avec Toby. Ho non, mais qu'est-ce qu'il m'est passé par la tête de lui dire ça ?! J'étais tellement aveuglée par mon amour pour lui que j'en ai oublié sa..."profession" ! Je vais mourir si je reste ici ! Il faut que je m'évade ! Et vite !

Je commence à gesticuler dans tous les sens dans l'espoir de défaire les cordes qui m'entourent en vain. Je ne fais que abîmer mes pauvres poignées et chevilles. Je regarde alors furtivement autour de moi en espérant trouver quelque chose qui pourrait m'aider à me défaire de ces cordes mais rien. Saleté de tueur ! On voit qu'il a l'habitude d'emprisonner ces victimes ici ! Tous les instruments de torture contenant la moindre la me tranchante se trouve à l'autre bout de la pièce ! De là où je suis, je ne peux rien attraper. Fais ch*é, je ne peux pas crever comme ça ?!

Tout à coup, j'entends une voix derrière moi dire froidement :

- Enfin réveillée à ce que je vois.

Je reconnaîtrais cette voix parmi mille. Il se trouve juste derrière à moins d'un mètre je dirais. Je pourrais tourner la tête pour le voir mais la peur m'a paralysé. Depuis combien de temps est-il là ? Je ne le saurait probablement jamais. Je l'entends dire alors que je retiens ma respiration :

- Tu pensais vraiment que j'allais te laisser partir ainsi ?

Je remarqua que ces bégaillements habituels avaient disparu, signe que sa colère était grande. Cette pensée me fit déglutir alors qu'il pestait :

- (T/p)... Pourquoi faut-il toujours que tu n'en fasses qu'à ta tête ?! Je ne te demandais rien de mal ou de compliqué ! Simplement de rester avec moi et de faire comme si tu étais ma sœur ! Ça ne t'a pas plus alors nous avons passé un marché, je pensais que l'histoire était réglée...Mais non ! Telle l'enfant gâtée que tu es, il a fallu que tu brises notre marché en tentant de t'enfuir et en mettant de "l'amour" dans ta vie !

Amour. Il avait dit ce mot, Amour, avec tellement de dégoût et tellement de rancœur que je m'en suis sentie moi-même blessée. Au final, il ne reniait pas mon amour, il le méprisé au plus profond de son cœur. Toby, qui se tenait toujours derrière mon dos, marqua une courte pause avant de reprendre d'un ton plus attristé comme si mes sentiments amoureux pour lui le blessé :

- Pourquoi cherches-tu toujours à t'éloigner de moi ? Même au collège tu agissais bizarrement avec moi ! Tout ce que je veux, c'est respecter la promesse de Lyra. Et je sais que tu veux la même chose.

Durant tout son monologue, j'avais la tête baissée et ne répondais rien. Je l'entendis marcher à côté de moi avant de voir une main se diriger vers ma jour pour la caresser tendrement. Il eut un court silence avant que j'entende Toby dire d'un voix douce et rassurante :

- (T/p), relève la tête s'il te plaît...Je n'aime pas te voir comme ça...

À contrecœur, je fais ce qu'il me dit et releva la tête. Il était accroupi, face à moi, et avait mit ses lunettes sur son front et son masque sur son menton, me montrant une nouvelle fois son visage. À chaque fois que je le vois ainsi, je ne peux m'empêcher d'avoir de la peine quand mon regard se diriger vers sa mâchoire arrachée. Je me demande si c'est son père qui lui a fait sa où si c'est encore à cause de sa maladie. Je ne le saurais probablement jamais.

Toby : Ne t'en fais pas, je ne te ferai pas de mal pour l'instant. Je veux juste que tu restes ici...Avec moi. Et je veux aussi t'effacer ces sentiments nuisibles.

Il marqua une pause avant de reprendre :

- (T/p), comme tu t'en doutes, je ne connais pas grand chose à l'amour. Je n'ai jamais ressenti cela. Je n'ai jamais vu mes parents s'aimer, je n'ai jamais vu ma sœur tomber amoureuse. Je n'ai jamais été amoureux et ça m'étonnerait que je le sois un jour...

Il soupira longuement avant de reprendre :

- (T/p), dis-moi ce que je dois faire pour arrêter tes sentiments néfastes.

Je serra la mâchoire. Je l'aime, je ne peux pas faire autrement. Ces "sentiments néfastes" comme il les appellent sont précieux et encrées en moi tel du marbre. Je ne veux pas les effacer, je ne peux pas. J'aime ce sentiment qui me fais sentir légère, qui me donne un goût du paradis, qui me fait rêver et me donne de l'espoir. Au fond, est-ce grâce à lui si je suis toujours vierge aujourd'hui ? Si je n'ai pas réussi à aimer une autre personne que lui ? C'est cet amour que j'ai pour lui qui a protéger cette partie pure de moi. Et ainsi, c'est ce même amour qui m'a sauvé. Si j'avais perdu ma virginité durant ces longues années, je ne serais probablement plus de ce monde en ce moment. Et à présent, il me demande de tuer ce sentiment qu'il appelle "néfaste".

À cette douloureuse pensée, une pointe de colère émane en moi. Elle si grande, si puissante que je ne peux la retenir. Je crie alors de tout mon être :

- COMMENT PEUX-TU DIRE ÇA ?!!

Face à cette soudaine agressivité de ma part, Toby sursaute et recule légèrement son visage de moi, surpris. Normal, il ne m'as jamais vu énervée comme je le suis à présent. Mais je ne m'arrête pas là et peste :

- Comment peux-tu détester mes sentiments à ce point ?! On dirait que c'est un crime pour toi ! Tu devrais être heureux, non ?! Savoir qu'une personne que tu connais depuis longue date t'admire depuis longtemps et t'aime au point de ne pas pouvoir sortir avec un autre ! Toby, des sentiments amoureux, ça ne s'effacent pas comme de la craie sur un tableau. Et puis, je ne veux pas enlever ces sentiments de moi ! Ils existent depuis tellement longtemps qu'ils font parties intégrantes de moi ! Si tu ne peux pas comprendre ça, alors je ne peux plus rien faire pour toi ! Soit tu m'aimes, soit je pars.

Il me fixa longuement avant de soudainement se mettre à éclater de rire. Un rire fou, mauvais, qui ferait fuir n'importe quelle personne qui l'entendait. Et je ne faisais pas exception à la règle. Après ce rire qui sonnait faux et exagéré, il soupira presque de plaisir avant de dire d'un air amusé :

- Toi ? Partir ? Regarde-toi ! Tu es emprisonnée ici, avec moi, dans un sous-sol. Comment pourrais-tu fuir ? Hein ? (T/p), je ne te savais pas aussi drôle ! Dis-moi, comment compte tu partir alors ? Comment comptes-tu t'y prendre pour fuir un serial killer comme moi ?

Je tremblais de tout mon corps, Je ne m'attendais pas à ce changement soudain d'attitude. Il me faisait peur, terriblement peur. Remarquant mon air terrifié, il s'adoucit légèrement avant de dire  :

- Ho (T/p), ne le prends pas trop à cœur ce que je viens de te dire, c'est juste que tes paroles étaient hilarantes quand on sait la situation dans laquelle tu te trouves.

Voyant que je n'étais toujours pas rassurée, il rajouta :

- Pardon, je ne pensais pas te vexer à ce point.

Vexée ? Je ne suis pas vexée mais terrifiée ! Pourquoi minimise-t-il la chose à ce point ?! A ce moment-là, je compris enfin la vision qu'il avait de moi. Il me voyait comme une enfant. Il me parle comme si j'étais une gamine de sept ans. Cette pensée me répugna.  Pour lui, je n'étais rien d'autre qu'une petite fille qu'il devait garder tel le ferait un baby-sitter. Pour lui, je ne suis pas son égal mais inférieur, je ne suis qu'une enfant pourri gâtée ou un misérable chiot vulnérable à ces yeux. Comment peut-il me considérer ainsi...? Je me sens trahie bien que c'est la tristesse et non la haine qui s'empare de moi. M'a-t-il toujours perçu ainsi ? S'il était gentil avec moi durant tout ce temps, ce n'était que par...Pitié ? Je baisse la tête et décide de ne plus écouter ce qui se passe autour de moi, y compris Toby. Au final, je n'ai pas changé, je m'enferme une nouvelle fois dans cette bulle. Cette même bulle dans laquelle je me refugiée lorsque mes parents m'engueulaient, lorsque mes amies n'écoutaient même plus ce que je disais, cette bulle qui m'assourdissait et qui m'a fait sombrer dans le tourbillon infernal de la vie.

Quand je me décida à enfin sortir de ma bulle et à relever la tête, je remarqua que Toby avait disparu. Depuis combien de temps j'ai été plongée dans mes pensées pour qu'il parte ainsi ? M'enfin, l'important est qu'il soit parti. J'étais toujours attachée à cette maudite chaise dans cette pièce qui sent le rat mort. Je mourrais de faim et ignorais totalement l'heure qu'il était. J'essaya de multitudes de fois de desserrer les liens qui me retenaient prisonnières en vain. C'était couru d'avance. Je finis par soupirer d'épuisement en balançant ma tête en arrière qui tomba sur le dossier de la chaise. Le regard rivé au plafond et ne sachant pas quoi faire,  je demeura pensive. Quelle est la probabilité d'avoir une vie aussi mouvementée et tragique que la mienne ? De tomber amoureuse du crush de sa meilleure pote, de perdre cette même meilleure pote dans un accident de la route, de retrouver son crush totalement métamorphoser plusieurs années plus tard, qu'il soit devenu un psychopathe meurtrier et qu'ensuite te kidnappe pour faire de toi sa sœur ? Surement moins d'un pourcent.

Cette pensée me fit doucement ricaner. Au moins, lorsque j'aurais quitté ce monde, je pourrais me vanter d'avoir eut une vie farfelue. Néanmoins, peut-être que les autres morts se vanteront d'avoir vécu heureux, contrairement à moi.

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