Chapitre 16

En sortant dehors, un champs d'herbe s'étend devant moi à perte de vu. Quelques arbres rôdent par-ci par-là mais pas une construction humaine à l'horizon (à part notre fameuse maison). J'inspire un bout coup avant d'expirer en lâchant un soupir de soulagement. Depuis que je suis ici, ma vie va beaucoup mieux. Je ne prend plus autant d'acool qu'avant, je ne m'habille plus avec ces vêtements qui laissent presque mon corps à découvert. C'est comme si j'étais de retour au collège, où tout allait bien.

Puis, une pensée effleure mon esprit. Est-ce que je manque à Alice ? Cette amie avec qui je me suis disputée juste avant mon...kidnapping. Malgré que j'ai toujours mon portable avec moi, je n'ai reçu aucun message de sa part. Je n'ai même reçu aucun message tout court. Il est vrai que je n'avais pas beaucoup d'amis avant mais...C'est très triste. Savez-vous combien d'anniversaire j'ai passé en le compagnie de personnes ? Plusieurs. Mes fréquentations d'après le collège oubliaient toujours mon anniversaire comme j'oubliais le leur. C'était une sorte de cercle vicieux. Ton anniversaire devient juste une journée...banale.

Je fait le tour de la maison, toujours plongée dans mes pensées. Alice, penses-tu encore à moi ? Ou m'as-tu totalement effacée de ta mémoire ? Je t'avoue avoir un penchant pour la deuxième option. Ça ne m'étonnerait pas que tu ne te souvienne même plus de mon prénom. À l'heure qu'il est, tu dois sûrement être au bar entrain de servir les clients avec ton sourire d'ange. Ta tête doit être bien trop occupée à penser à ton petit ami un peu trop gentleman que ça en devient macho. Je ne sais même plus comment il s'appelle, tient ! Et franchement, je m'en fiche.

Je finis pas arrêté de faire mon énième tour de maison et décidé de m'asseoir contre celle-ci en fixant le champs d'herbe devant moi. Est-ce que tous les gens qui se mettent en couple deviennent ainsi ? La meuf un peu trop superficielle et le mec un peu trop fier de lui. Est-ce que...Si un jour je sortais avec Toby, je deviendrais une peste comme cette Alice ?

Je ricane légèrement à cette pensée. C'est impossible que je sois en couple avec lui, juste impossible ! Pour lui, je ne suis rien d'autres que l'amie de sa soeur, rien de plus !

À cette seconde pensée, mon ricanement s'affaiblit jusqu'à s'éteindre. C'est difficile d'aimer une personne qui ne vous aime pas et ne vous aimera jamais.

Puis, mon visage s'assombrit avant que je fondis en larmes. Il ne m'aime pas, il ne m'aime pas, il ne m'aime pas ! J'essaya d'enlever ces mauvaises pensées de mon esprit en vain, je ne pouvais m'empêcher de penser cela. Je me revoyait, durant toutes ces années, me préparer minutieusement pour voir Toby, me jouer et rejouer les mêmes scènes dans les mêmes scénarios, me regarder dans la glace en essayant de paraître naturelle comme si je m'adressais à lui. Tout ça, toute cette agitation autour de lui pour de l'indifférence.

J'essaye encore et encore de sècher mes douloureuses larmes. Je suis assise au pied de la maison, juste à côté de la porte d'entrée. Si t'Toby apparait à l'horizon, il me verra de loin et je ne veux pas me taper la honte devant lui ! À quoi je ressemblerait si lui, un tueur en série, voyait une fille qui n'a subit aucun trauma comme moi, pleurer comme une cruche ! Il me trouverait sûrement culottée ! Une sorte de fille pourrie gâtée à côté de lui qui a subit les violences de son père et la mort de sa sœur ! Non, je ne veux pas qu'il me voit ainsi ! Je ne veux pas !

Prise d'une soudaine angoisse, je me lève, le coeur battant, et regarde furtivement autour de moi. Il n'est pas là...Il n'est pas là... Calme toi (T/p), il n'est pas là... Je me répétais sans cesse ces phrases dans ma tête. Il n'est pas là...Au fur et à mesure, je ne savais pas si j'angoissais plus à l'idée qu'il me voit dans cet état où à l'idée qu'il ne soit pas là pour m'apaiser. J'étais coincée dans ce paradoxe qui n'avait aucun sens.

Ne sachant pas quoi faire, mon corps réagit tout seul, comme s'il était maître de lui-même. Puis, un pas après l'autre, je me retrouva à courir à coups de grandes enjambées dans le champs que j'avais en face de moi, m'ecartant dangereusement de la maison. "Il va me tuer, il va me tuer !" était ce à quoi je ne pouvais m'empêcher de penser. Je n'essayais même pas de me convaincre à revenir car je savais qu'il était déjà trop tard. Que Toby l'apprenne ou non n'y changeait rien, j'avais trahit notre promesse et je vais mourir quand il l'apprendra.

Des larmes coulaient sur mes joues. Pourquoi pleurer ?! Ça ne sert à rien, surtout dans mon état ! Je ne mérite même pas ses larmes ! Je suis égoïste, un véritable monstre !

Soudain, j'entends quelqu'un crier mon prénom. Je reconnaîtrais cette voix entre mille. Je m'arrête dans ma course et me retourne lentement, redoutant l'instant où je croiserais son regard.

Au loin, courant vers moi, terriblement inquiet voir complètement paniqué, je vois Toby. Quand il arriva à ma hauteur, son visage devint furieux, il était prêt à me dire quelque chose de sûrement blessant pour moi mais je courus dans ces bras en pleurs. Je ne savais pas si c'était des larmes de joie, de peur ou de tristesse mais je pencherais tout de même plus pour la dernière option. J'étais heureuse qu'il soit là, peureuse de sa colère et triste de mes agissements contradictoires. Je ne sais plus ce que je dois faire. J'ai l'impression que je ne peux pas lui cacher mes sentiments, que ça devient de plus en plus compliqué de les enfuir au fond de moi. Je ne veux pas qu'il le sache mais je n'ai personne avec qui en parler. Je suis contrainte de lui dire.

Sans m'en rendre compte, je lui parlais. ma bouche formait des mots qui s'enchainaient les uns après autres d'un ton plutôt naturel si on oublie les sanglots. C'est comme à notre rencontre, je m'entendais parler mais je ne comprends pas ce que je disais, ou je ne voulais pas m'écouter. Oui, c'était plutôt ça, j'étais tellement honteuse, tellement perdue dans mes pensées et tellement préoccupée de mes sentiments que j'en oubliais d'écouter mes mots. Je ne saurais vous dire si je lui ai avoué franchement ce que je ressentais pour lui ou si, au contraire, j'ai fait un long monologue de plusieurs minutes. Tout ce que je peux vous assurer, c'est que j'avais le sentiment que je lui avais dit. Tout dit. Je le savais car j'avais senti mon coeur devenir d'au fur et à mesure léger, comme s'il portait à bout de bras un lourd poids depuis des années.

Ce que je savais aussi était le fait qu'il était resté silencieux tout du long. Aucune parole, aucun geste... J'étais dans ses bras sans l'être vraiment. J'étais plutôt appuyée contre son torse. Lui, il avait simplement les bras le long du corps, comme s'il était complètement indifférent ou peut-être trop abasourdi pour pouvoir faire quoique ce soit.

Durant ce silence, je cherchais désespérément une excuse crédible pour argumenter cette situation mais en vain. J'étais trop paniquée pour réfléchir convenablement. Et puis, même si on m'aurait laissé de longues heure pour y songer, je suis dans une situation tellement délicate qu'il semble impossible de trouver le moindre mensonge qui tienne la route. J'étais comme contrainte de lui dire, comme si le destin m'y obligé. Je respira un bon coup, m'écarta un peu de lui, la tête baissée, je voulant surtout pas croiser son regard. Après un long silence où j'essayais de trouver mes mots, il me demanda, confus :

- ...Heu...Il y a eut un problème à la maison ?

Je secoua la tête de droite à gauche. Il insista :

- Tu...N'as pas tenté de me fuir...pas vrai...?

je dis le même geste sur tout à l'heure, sans lui donner davantage d'explication. Je sentais qu'il était perdu face à mon aptitude. Il voulait me poser d'autres questions, j'en suis sûre, mais mon silence le bloquait.

Après de longues et interminables minutes ainsi, je finis enfin par retrouver un peu de courage et soupira avant de dire d'une petite voix :

- ...Je t'aime.

Il eut de nouveau un léger blancs entre nous avant que j'entende Toby ricaner en disant :

- Oui, moi aussi (T/p).

Confuse, je releva la tête, de l'espoir dans les yeux qui s'evapora vite en croisant son regard. Ses yeux me regardait amicalement. Voyant que je ne disais rien, il continua :

- Si je te t'aimais pas, jamais je t'aurais kidnappé pour t'emmener ici.

Je dis, de la tristesse dans la voix :

- Non...Tu ne comprends pas...Je...Je t'aime vraiment... Vraiment beaucoup...

- Oui, je sais, mais moi a-...

Je le coupa :

- Laisse-moi finir...Ce que je veux dire c'est que...Je...

Je serai mes poings d'anxiété avant de dire :

- Je suis amoureuse de toi, Toby...

Il eut ensuite un long blanc entre nous, je ne souhaitais pas l'affronter du regard, donc je baissa une nouvelle fois la tête. Après quelques minutes, j'entendis la voix de Toby dire :

- Désolé (T/p)...

Rien que ces deux mots ont suffit à mon coeur pour s'écrouler de tristesse. Il continua :

- Je t'aime énormément, mais...En tant que soeur, tu vois ? C'est déjà beaucoup, non ?

Je resta silencieuse, abattue. Il finit pas soupirer et dire :

- Bon, viens on rentre et on oublie tout, d'accord ?

À contrecoeur, j'hocha la tête. Il tourna alors les talons pour se diriger vers notre maison. Je le suivit malgré moi, une douleur insoutenable dans la poitrine. Pour une raison inconnue, à cet instant précis où l'on rentrait chez nous, je me suis rappelée qu'on pouvait réellement mourir d'un chagrin d'amour.

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