54 暴跳如雷 Furieux comme l'orage
Les colonnes de la grande salle, éclairées par des lampes, bleues semblaient tendre vers un ciel étoilé infini, le dôme magique de l'école.
Chaque fois qu'il avait cours dans cette salle, Yuya passait la moitié de l'heure à fixer le plafond, imaginant ces étoiles artificielles de plus près.
Cette fois-ci, il avait l'impression qu'aucune brimade de ses professeurs, qu'aucun murmure de ses camarades ne pourrait lui faire baisser à nouveau la tête.
Il écoutait le cours sans pouvoir vraiment se concentrer sur le tableau et le professeur. C'était impossible, il y avait ce dôme brillant entre lui et le reste du monde.
— ... Et c'est ainsi que sont construits les sorts de barrières, depuis plus de deux siècles avec les avancées en matière de cercles de projection magique. Rappelez-vous bien d'utiliser les méthodes de concentration en appuyant sur les points F et H pour la concentration intermédiaire du niveau de magie dans le cortex et la glande spinale. Votre examen de fin d'année portera sur ces techniques et il faudra être capable de les coupler avec des sorts de projection. Et lorsque... Monsieur Taneda ?
Des murmures indignés s'élevèrent dans la salle. Des visages se retournaient autour de Yuya, mais il gardait les yeux rivés au plafond.
— Monsieur Taneda ? Vous avez mieux à faire qu'écouter mon cours ?
Yuya regardait les étoiles scintiller. Il avait presque l'impression de pouvoir les toucher. Quels mystères recelaient-elles ? Et si tous les mystères de l'Ancien Monde étaient là, quelque part dans ce ciel lumineux ?
— Yuya !
Le renard se réveilla en sursaut et glapit. Il réalisa qu'il était toujours enfoui chaudement sous la veste de Mastani. Elle le caressa entre ses deux oreilles, ayant senti son trouble et sa nostalgie, et remonta sa fermeture éclair.
— On est bientôt arrivé.
La ville de Wakkanai semblait entourée d'un halo de lumière jaune au milieu d'une nuit interminable qui s'étirait du mois d'octobre à celui d'avril.
Mastani et Yuya arrivèrent au milieu du port en apportant avec eux un blizzard qui descendait des montagnes.
Qu'avaient bien pu penser les pêcheurs enfermés chez eux en voyant arriver deux ombres démoniaques fumantes de chaleur au milieu de l'océan de neige ? Ils avaient du prendre peur, puis ils avaient vraiment dû être terrifiés lorsqu'ils avaient vu l'une des ombres s'avancer sous la forme d'un renard portant un collier de prière autour du cou.
Les deux sorciers marchèrent fièrement jusqu'à la seule taverne du port, une vieille enseigne tout en bois devant laquelle s'agitaient de grandes lanternes rouges avec les caractères suivants peints en noir: 啤酒 "bière", 飲食 "à boire et à manger" ainsi que 賭 "jeux d'argent".
Ils entrèrent en forçant la porte gelée dont les battants craquaient comme des os broyés. L'atmosphère à l'intérieur était étouffante. Il n'y avait presque pas de lumière et les marins s'entassaient en attendant la fin de la tempête.
Il y avait plus d'hommes que de verres et beaucoup attendaient leur tour pour boire en s'asseyant par terre. Il n'y avait plus aucun espace où passer entre les groupes qui jouaient aux dés ou au mah-jong. Les tables basses n'étaient occupées que par les gradés, officiers de la Marine du Dongnan coincés à quai par la météo ou capitaines de bateaux.
Mastani ne trouva pas Grønvold parmi eux. Il n'y avait que des marins d'Outremer et des Dongnaniens ici. Elle se retourna vers le petit renard qui l'accompagnait, un lueur d'incertitude dans le regard.
Puis elle le vit. Dans un coin de la pièce, tentant de passer inaperçu en s'enroulant dans un grand manteau ciré. Quelque chose n'allait pas. Où était son équipage ? Et pourquoi n'était-il pas assit avec les officiers ? Il était capitaine, merde !
La sorcière enjamba les groupes de marin pour s'approcher et lui fit un signe rapide lorsqu'il tourna le tête vers lui. C'est à cet instant qu'elle comprit. Lorsqu'il se tourna, elle découvrit sa barbe grisonnante qui lui avait été arrachée sur toute une partie de la joue. Du sang coagulait sur son œil droit, mêlé à de la lymphe purulente.
— Grønvold, ça va ?
Il ne répondit pas et tourna de l'œil. Mastani se mit à écarter les hommes à coups de pieds et siffla Yuya pour qu'il reste bien derrière elle. Elle s'accroupit immédiatement devant le capitaine pour examiner son visage. Puis elle toucha son épaule et n'y sentit pas d'épaule. Elle s'écarta une fraction de seconde, horrifiée, puis se tourna vivement vers son disciple.
— Retransforme-toi. J'ai besoin d'aide, il faut le soigner immédiatement.
Mais... et les gens autour ? Ils doivent chercher un sorcier métamorphe partout sur l'Archipel depuis mon voyage et...
— Obéis Yuya, lui intima-t-elle sèchement.
Il se retransforma en gardant ses vêtements, sous les regards stupéfaits des marins, et aida son maître à saisir l'homme. Il sentit à son tour son corps brisé et déjà en train de se décomposer. Était-il possible qu'il vive encore après cela ? Alors qu'il le prenait par le bras, il sentit le collier de Yamabushi à son cou qui se mettait à frémir. Un maléfice ?
— Tavernier ! Une chambre, vite ! beugla Mastani à l'homme derrière le bar.
— On a plus de chambre de libre...
— Yuya, tu vas réussir à le porter seul ? Je vais t'en libérer une de chambre, moi, grogna-t-elle en montant directement à l'étage.
Yuya tenta de la suivre en portant l'homme mais elle disparut de son champ de vision en fonçant à l'étage. Son maître était vraiment furax. Il entendit le verrou d'une porte sauter sous la pression d'un sort de contraction magique et des cris de femme.
— Sortez ! Je travaille ! cria-t-elle.
— Ferme ta gueule et dégage, ou je t'allume !
Un bruit de déflagration contrôlée retentit pendant un quart de seconde et la femme poussa à nouveau un cri en s'enfuyant. Yuya la vit sortir toute nue de la chambre, suivie par un homme nu qui courrait les mains entre ses jambes. Le jeune étudiant resta paralysé devant cette vision.
— Yuya ! Bouge-toi !
Il se reprit et amena Grønvold dans la pièce. C'était une petite chambre miteuse de bois humide qui n'avait qu'une minuscule fenêtre donnant sur le port. Le couple avait oublié ses vêtements dans la pièce, et l'homme tenta de revenir discrètement. C'était sans compter la présence de la sorcière.
— Qu'est-ce que tu fiches ? J'ai dit "dégage", ça vaut aussi pour toi aussi ! ...
L'homme s'enfuit à nouveau et Yuya ferma la porte derrière lui.
— Qu'est-ce qu'ils ont l'air con quand ils sont à poil, ricana Mastani et en retirant les draps du tatami sur lequel la prostituée avait travaillé. Pose le là. Voilà, maintenant vas me chercher de l'eau.
Il allait partir mais il entendit Grønvold pousser un gémissement étrange et se retourna vers lui. Le capitaine se mit à vomir du sang et faillit s'étouffer avec, ainsi allongé sur le dos. Mastani le poussa sur le côté en prenant soin de ne pas toucher ses chairs infectées.
— Maître, qu'est-ce qu'il a ?
— C'est un putain de maléfice de zombification, dit-elle en frottant ses mains pour créer des étincelles blanches.
— Quoi ?
— C'est un sort pour... le faire mourir physiquement et conserver son âme. C'est comme ça qu'on fait des morts-vivants.
Elle ôta le manteau du capitaine, révélant son corps couvert de marques de torture, de plaies purulentes et d'œdèmes gonflés. Yuya ne supporta pas longtemps cette vision. Il se précipita à la cuisine pour aller prendre un seau de neige fondue.
Lorsqu'il remonta dans la chambre, il trouva son maître en train de malaxer une orbe de magie entre ses mains. Elle se tourna vers lui et plongea immédiatement l'orbe dans le seau d'eau glacée. Tout le liquide s'illumina et sembla prendre vie comme une sorte de gelée qui voulait s'échapper du seau.
— C'est une sorte de... d'éponge à malédiction. Je vais l'appliquer sur Grønvold, mais il va falloir que tu le soigne en même temps, ses blessures commencent à être trop profondes, et si on ne le soigne pas en même temps, il va nous claquer entre les doigts.
— Vous voulez que je le soigne ?
— Je suis nulle pour la guérison. Souviens-toi de la façon dont tu avais ramené Hudson à la vie après son passage dans l'orbe noire ? C'est la même chose, le même type de putain de magie fantôme. Sauf que là c'est beaucoup plus grave. Mais tu as pris en maturité, Yuya. Tu peux le faire. Ne le lâche surtout pas. Aller, en position.
Elle se prépara à répandre le contenu du seau sur le corps et Yuya se mit à genou près de l'homme pour tendre les mains au-dessus de lui. Il essaya de rester calme, de se représenter la vie, la forêt et les arbres comme la première fois qu'il avait guéri quelqu'un. Mais rien ne vint.
— Pense à quelque chose de plus puissant. Ce n'est pas assez pour ce genre de maléfice.
Il ferma les yeux et pris son collier de prière dans ses mains. Il se mit à réciter un mantra bouddhiste que lui avait appris sa grand-mère quand il était petit et qu'il ne guérissait pas d'une angine.Les mots anciens se tintèrent à son oreilles de vieilles sonorités qu'il avait retrouvé en Outremer. L'impression d'être parmi les siens, d'avoir encore tellement à accomplir pour eux, et son devoir qui l'appelait à nouveau à les quitter.
Puis il trouva dans ses impressions de l'Outremer la force vénérable de l'Archipel, la puissance naturelle qui en émanait et le lien avec les Esprits de ces îles. Il posa sa main droite sur le front du capitaine tout en continuant son mantra en s'aidant des perles du collier qu'il faisait rouler entre les doigts de sa main gauche à chaque fois qu'il recommençait les incantations.
Une lumière blanche jaillit de sa main et Mastani commença immédiatement à répandre le contenu du seau sur le corps putride de Grønvold. Le liquide visqueux pénétra dans ses chairs doucement et le recouvrit progressivement comme une bulle alors que Yuya continuait ses mantras d'une voix de plus en plus forte, emporté lui-même par la force des mots qu'il prononçait.
Les plaies de Grønvold se mirent à cicatriser dans la bulle et se refermèrent rapidement. Le liquide se teinta peu à peu de lueurs verdâtres et brunes que Mastani filtra en les attirant vers le seau progressivement.
Ils restèrent ainsi plusieurs heures, à extraire le poison magique du corps du malade, alors qu'une foule de curieux commençait à s'entasser à la porte, attirés par les prières de Yuya.
Lorsque les deux sorciers eurent terminé, ils récupérèrent tout le liquide contaminé et Mastani sortit de l'auberge pour le brûler à l'extérieur.
Pendant ce temps, Yuya se retrouva seul avec le capitaine qui retrouva rapidement ses esprits.
Il semblait se réveiller d'un lourd sommeil, mais sans aucune séquelle. Les mantras avaient bien fonctionné.
— Comment vous sentez-vous ?
— Je... le Vindsang, ils ont pris mon bateau... et mon équipage.
— Qui, "ils" ?
— Les... les chasseurs de kraken du vaisseau fantôme.
Yuya recula d'effroi et mit machinalement une main sur son collier. Il comprit rapidement d'où venait la malédiction dont il avait été victime. C'était ainsi que les chasseurs de kraken récupéraient les marins perdus sur leurs navires. Ils en faisaient des morts-vivants pour qu'ils les rejoignent dans leur quête de spectres...
A cet instant, Mastani revint dans la pièce. Elle ferma la porte en la barrant d'une planche de bois et s'assit au chevet de Grønvold.
— Qu'est-ce qui vous ait arrivé, Torvald ?
— On a chassé un grand poisson dans le nord, juste deux jours après vous avoir quitté à Kitajima... Et puis on a vu les grandes fumerolles s'élever au loin. On s'est dit qu'on allait revenir en Outremer pour vous retrouver et... et on a vu des choses dans la mer, du côté de Sakhaline...
— Quel genre de choses ?
— Comme à Heidao. Une mer de poix, des eaux noires, des milliers de créatures grouillantes juste sous la coque...
— Une nouvelle fissure du Voile, chuchota Yuya pour lui-même.
— Et ensuite ?
— Ensuite ? On s'est dit qu'on allait certainement tomber sur un vaisseau fantôme, comme celui de votre ami de Heidao. On était prêts. Tout l'équipage s'est mis sur pied pour essayer d'en trouver un. Mes gars, mes braves gars. Tous des fils du Nord, les marins les plus téméraires que j'ai jamais vu...
— Capitaine ? Continuez, s'il vous plaît.
— On a trouvé un vaisseau fantôme. Ou bien il nous a trouvé, je ne sais pas. Il a dû sentir qu'on avait pas peur. Qu'on était prêts à l'abordage. Qu'on allait se battre jusqu'au bout. Parce qu'il a décidé de ne pas nous envoyer par le fond. Il est monté à bord.
— Il ? Qui ?
— Le sorcier d'Outremer. C'était... c'était un homme, et un fantôme. Et il était entouré des chasseurs de kraken. Vous les auriez vu, Mastani. Des marins avec des tenues vieilles de plus de deux cents ans, des yeux bleus de morts, des tatouages... Ils ne parlaient pas. Ils ne disaient rien, comme des morts...
Il se mit à respirer difficilement et Yuya posa une main sur sa poitrine pour poser un sort calmant sur lui. Mastani baissa la tête en pestant.
— Qu'est-ce qui s'est passé ensuite ?
— Ils ont capturé mon équipage, et ils les ont marqué pour en faire des morts-vivants, comme eux. Ils ont été plutôt doux avec ceux qui acceptaient de devenir des chasseurs de kraken et pour les autres... Ils les ont fait mourir lentement pour que la malédiction soit plus profonde, pour briser leurs âmes avant d'en faire leurs esclaves. Ceux-là... ils n'étaient plus eux-mêmes après, ils ne répondaient plus, ils n'avaient plus de noms... souffla l'homme en pleurant.
— Ça va aller Grønvold, et vous ?
— J'ai tenu. J'ai tenu jusqu'au bout. Ils ont voulu me poser des questions, me faire parler. Ils voulaient savoir si j'avais parlé de Heidao quand ils ont trouvé ma carte des vaisseaux fantômes...
— Merde, c'est de notre faute s'il- commença Yuya.
Mastani l'interrompit d'un geste de la main et servit un bol d'eau au capitaine pour qu'il continue son récit.
— Qu'avez-vous dit ?
— Je n'ai rien dit. Je vous jure que je n'ai rien dit. Mais... mais leur sorcier, il a lu dans mes pensées. Il attendu que je sois affaibli par la malédiction... Et puis ils m'ont libéré. Ils m'ont mis dans une barque et m'ont lâché à la frontière des eaux d'Outremer.
— Quoi ? Comme ça ? En vous laissant devenir un mort-vivant seul au milieu de la mer ? demanda Yuya en prenant le relais avec son maître qui restait à présent interdite.
— Pas vraiment. Il y avait un bateau de plaisance qui faisait des observations de baleines à quelques kilomètres de là et ils m'ont repêché. Ensuite je suis arrivé dans un port plus au nord. Et j'ai marché jusqu'à Wakkanai.
— Vous avez marché ? Avec la malédiction ?
— Je ne sais pas... Je ne sais pas pourquoi elle a été si lente avec moi. Mes gars les plus braves se sont transformé au bout d'à peine trois jours. Pour moi, ça a duré plus d'une dizaine de jours avant que vous ne me trouviez...
— Ce n'était pas la même malédiction, siffla soudainement Mastani d'un air pensif, il ne voulait pas vous tuer ou vous transformer.
— Mais... pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi pas mes hommes ?
— Parce qu'il a vu que vous nous connaissiez. Il voulait vous mettre sur notre route... Pour que vous nous parliez. Qu'avez-vous vu d'autre chez eux ?
Le capitaine ferma les yeux en respirant difficilement. Le souvenir qu'il s'apprêtait à partager le faisait déjà souffrir.
— Un matin, alors qu'ils m'avaient laissé toute la nuit dans une cage suspendue dehors, ils sont tous sortis et ils ont... Je ne sais pas. Je crois qu'ils ont invoqué quelque chose. Il y a eu une sorte de rituel, et l'eau s'est mise à briller sur des kilomètres. J'ai vu un grand trou de lumière d'où... d'où sont sortis des monstres. Des krakens.
— Je croyais que les chasseurs de kraken nous protégeaient de ces monstres, fit Yuya désespéré.
— Les chasseurs de kraken qui acceptent leur destin gardent leurs âmes humaines. Ils sont aussi corruptibles et influençables que nous, Yuya, expliqua Mastani. Et ceux là obéissaient aux Loups de Midgard. C'était certainement Flask et Stubb.
— Et le sorcier fantôme...
— Le dernier Rokkaku. Et il voulait qu'on sache qu'il est en train d'ouvrir les océans... Putain de merde, cracha Mastani en se relevant d'un coup.
— Qu'est-ce qu'on va faire ? demanda Yuya.
— Il pense que je vais courir à Balasagun pour le retrouver, pensa la sorcière à voix haute, eh bien il se fout les doigts dans les yeux...
— Maître ?
— ... il peut se torcher cet enfoiré de mes deux...
— Maître ! Le capitaine est en train de perdre conscience !
— Putain, fait chier !
D'un seul coup, elle bondit sur Grønvold et le tira de son état exsangue en lui transmettant instantanément une dose phénoménale de magie brûlante.
— Ton bateau de plaisance qui observe les baleines dans le nord, c'est un brise-glace ? Il peut traverser pour se rendre sur le continent, alors ?
Soudainement éveillé par la magie, le capitaine papillonna de l'œil comme un drogué sentant l'adrénaline lui monter au cerveau. Il se mit à trembler et à claquer des dents.
— Oui ! Oui ! Un brise-glace ! C'est ça ! On va le prendre ! cria-t-il d'une voix qu'il ne maîtrisait plus du tout, montant trop vite dans les aiguës.
Il se leva d'un bond et se mit à regarder partout autour de lui, de ses pupilles dilatées. Amusée, Mastani se mit à l'exciter encore plus en lui criant d'une voix tout aussi forte:
— Oui ! Aller ! Au brise-glace ! On prend la mer !
Le capitaine poussa un cri de rage qui laissa Yuya stupéfait et ouvrit la porte barrée d'une seule main, faisant voler en éclat le bois. Quelle force Mastani lui avait-elle communiqué ? Il était incontrôlable !
— Aller, viens Yuya. Profitons de la bonne humeur de Grønvold avant que la magie ne redescende dans ses veines.
Ils sortirent de l'auberge en poussant tout le monde et en jurant comme des charretiers, et Yuya resta en retrait, les observant à distance pour s'assurer qu'ils ne faisaient rien de dangereux. Il avait l'impression que Grønvold venait d'être remonté comme une horloge.
Mais il sentait que la colère et la haine étaient toujours sous-jacents sous l'apparence euphorique de Mastani. Elle riait noir, elle avait l'œil méchant et le pas alerte. N'était-ce pas un peu immoral de mettre quelqu'un dans cet état ? Ne l'avait-elle pas fait par pure rage et envie de se venger immédiatement ?
Elle dut entendre les pensées de son disciple, car elle se retourna vers lui et sourit:
— Gamin, faut pas faire trop de sentiments. La camaraderie et le respect, c'est pour ceux qui se croient déjà vainqueurs et qui se soucient déjà de l'histoire qu'on va écrire sur eux. Ce que tu vois là, dit-elle en montrant le capitaine remonté à bloc qui avançait dans la neige en libérant sa colère et sa souffrance dans des cris déchaînés, c'est comme ça que commencent toutes les rixes de gang et toutes les bagarres de rue. Et c'est comme ça que je vais commencer la guerre.
https://youtu.be/9I3CwSXhd40
Oasis Fucking in the bushes, l'attitude parfaite de Mastani et Grønvold. Prenez vos pavés, vos canifs et vos tessons de bouteilles les enfants, it's show time... (et puis ça rappelle tellement Snatch, le trash de Guy Ritchie est une source d'inspiration sans fin pour votre pauvre croocked Mc Kraken).
Ce chapitre vous a-t-il plu ?
Et ces retrouvailles avec ce brave Grønvold ? Lui non plus, il ne peut pas échapper au pouvoir démoniaque de Masta' ! Mais au final, on est pas bien en famille, entre fous furieux, hell raisers et chercheurs d'ennuis professionnels ?
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