51 鐵蓮花 Lotus de Fer
Au milieu des neiges de la baie de Wakkanai, les monstres dansaient comme des fumerolles s'échappant d'un cratère de volcan, leur forme n'était pas encore fixe. Lorsqu'ils sortaient du Voile, la plupart des entités avaient du mal à s'adapter au monde physique et à ses lois.
Ils étaient d'abord écrasés par l'apesanteur, puis ils se rendaient compte que leur corps influait sur le monde. Ils pouvaient être agiles et discrets, énormes et puissants ou petits et inoffensifs, selon leurs intérêts. Mais les choses qui étaient sorties du Voile dans le sillage de l'Esprit du Hasard n'en étaient pas là.
Les sorciers qui gardaient les villes ne les voyaient jamais dans cet état. On leur apprenait que les monstres n'existaient sous cette forme qu'à proximité d'une fissure du Voile. Lorsqu'elles approchaient des barrières des villes, elles avaient déjà eu le temps de trouver des hôtes pour faire des mutants ou elles avaient choisi une forme si elles étaient assez puissantes pour le faire.
Cela n'impressionnait pas Yuya. Avec son Mark X et Mark XI, ses deux poings américains équipés de lame, il se sentait prêt à affronter une armée de fantômes. Il ne savait rien de ces monstres inconsistants, mais il sentait les étincelles de ses lames qui cherchaient naturellement le contact avec ces formes éthérées.
Le jeune homme sentait ses lames frémir, elles le guidaient. Pour elles, il devait y avoir un contact, l'arrachement de quelque chose, la dissection, l'éviscération de quelque chose. Et elles avaient déjà de l'expérience, c'était donc à elles de le guider.
Il sentit une forme immense, de la taille d'un temple, qui se jeter sur lui en essayant de l'étouffer avec leur substance informe. C'était comme se battre avec de la fumée.
— Prends ça ! hurla Yuya en donna un coup de poing américain.
Un éclair blanc illumina le terrain dans la tempête et le monstre fut littéralement soufflé par la puissante déflagration qui émana du coup.
Les autres créatures se mirent à grincer comme des loups affamés. Yuya se tourna vers elles. Il était incapable de déterminer leur nombre tant elles se fondaient les unes dans les autres. Ça n'avait pas d'importance.
Il fonça droit sur elles et bondit pour les ouvrir comme des sacs de sable. Ses lames fendaient l'air comme des hirondelles virevoltantes dans le vent, elles faisaient des bruits secs d'oiseaux sifflants lorsqu'elles touchaient de la matière, qu'elle soit monstrueuse ou terrestre.
Un des monstres gigantesque qui semblait comprendre l'importance du monde physique plus rapidement que les autres commença à se solidifier en faisant jaillir des crocs et des griffes de son corps. Il se dressa pour s'attaquer à Yuya.
Sans attendre, l'étudiant se transforma en renard. Retrouvant l'agilité de l'animal, il glissa au sol pour esquiver et passa sous le monstre avant de reprendre forme humaine pour l'assaillir de coups avec ses armes. Cette fois-ci, il réussit à garder ses vêtements en se concentrant plus lors de sa transformation. Il eut l'impression que c'était le t-shirt offert par l'Esprit qui l'aidait à rester en alerte tout en se concentrant sur sa magie. Il... stabilisait ses pouvoirs.
Se laissant entraîner par le combat, il donna le coup de grâce en joignant ses deux lames ensemble et en se jetant de tout son corps contre la bête. Une véritable explosion d'électricité déchiqueta instantanément le monstre.
C'était le dernier. Il se retourna vers Mastani et le Démon du Hasard non sans fierté.
Il remarqua soudainement que son maître était à terre, le souffle court, ses longs cheveux sombres soulevés par l'électricité qu'elle venait d'encaisser. Yuya poussa un cri de stupeur et accourut jusqu'à elle.
Ca va, ca va, je suis juste un peu sonnée. Putain d'armes de hasard. Les utilises pas autour d'autres personnes, Yuya. Ca peut frapper n'importe où...
Ces lames n'étaient donc pas que des bénédictions... Il se tourna vers le Démon du Hasard en fronçant les sourcils. L'Esprit le fixait tranquillement, et son expression servait de réponse à elle seule. Qu'est-ce que tu crois gamin, qu'en demandant le feu, on ne se brûle pas ? L'étudiant regarda les deux Mark avec inquiétude. Est-ce qu'elles allaient vraiment lui être utiles ?
Mastani se releva.
— Comment tu savais que ça allait le faire entre tes armes et lui ? demanda-t-elle immédiatement à l'Esprit.
Ian rajusta son chapeau sur son front. Ses yeux s'étaient mis à briller d'une lueur spectrale qu'il cacha rapidement derrière ses lunettes d'aviateur. Lui aussi était fier de son investissement. Il remonta sur sa moto et fit apparaître un nouveau cigare qu'il cala entre ses dents.
— J'en ai aucune putain d'idée, Masta'. Je suis le Démon du Hasard, merde. En tout cas, je suis certain qu'il saura se montrer digne d'elles.
— Vous partez ? demanda Yuya en revenant vers eux. Merci encore pour les lames. Elles sont...
— Elles te donne envie de te frotter au cul du diable, hein ? s'esclaffa l'Esprit. Faut que je parte. Il se passe des trucs de merde de notre côté du Voile aussi. Des fissures qui envoient des démons dans le monde physique c'est jamais bon signe de notre côté...
— Ça te fait pas moins de travail ? demanda Mastani.
— Ces enfoirés continuent de tirer leur force du monde de la Magie pour agir sur Terre, et cet échange apporte plein de merdes terrestre chez nous. La putain de densité. Des lois de physique à la con dont on se passait très bien avant.
— Ça marche, répondit la sorcière en hochant la tête. Et... tu aurais pas rencontré un Esprit de l'Eau qui prendrait la forme d'un dieu noir ? Je n'ai pas son nom mais... Si tu le croises...
— C'est exactement de lui dont je veux parler, Poulette. Toi et moi, on traque la même chose... dit-il d'un air soudainement grave.
— Tu as son nom ?
— Ça ne te servirais à rien, Masta'. Il a passé des années entre deux mondes, il ne peut plus être conjuré comme un démon normal... Il ne répond qu'à une personne. Ça fait quelques temps qu'il prépare notre monde à envahir le votre.
Yuya frissonna d'effroi. Il sentit aussi son maître se crisper.
— On va pas les laisser faire. Ni de ce côté, ni de l'autre Masta' l'encouragea l'Esprit. Mais je peux plus tarder. J'ai des gueules à casser et des groupies à satisfaire moi !
Il alluma sa moto qui se mit à cracher des flammes et à vrombir comme un avion de chasse. Avant qu'il ne s'éloigne, Mastani posa sa main sur son bras. Il ne leva pas la tête vers elle. Son regard resta fixé sur l'horizon.
Yuya crut voir un instant l'Esprit serrer les dents et froncer les sourcils. Il n'avait pas envie de repartir. Il devait vraiment tenir à elle au final. Il saisit finalement la main de la sorcière et lui baisa une dernière fois.
— La chasse ne fait que commencer, Princesse. Prépare le petit, on se retrouvera au dernier jour, siffla-t-il avant de reposer sa main.
Elle s'écarta et il repartir à travers la terre, laissant derrière sa moto un sillon de flammes et de cendres. L'air redevint instantanément glacial et le dôme de magie disparut, laissant les sorciers à la merci de la neige et du vent. Yuya ne sentait pourtant plus le froid. Était-ce grâce à ce t-shirt ? Il s'approcha de son maître.
— Quel homme ! Je comprends que vous ayez flashé sur lui !
— Quoi ? De quoi je me mêle, gamin ! dit-elle en lui donnant un coup de pied au derrière tout en riant. Je vais te faire rejoindre Wakkanai au pas de course ! C'est toi qui lui fais de la gringue en plus ! Aller, fais-moi voir tes belles lames !
Il lui tendit ses deux armes et elles les observa à distance, émerveillée.
— On pourrait en tirer un bon prix à Wakkanai, blagua-t-elle. De quoi se payer toute une cargaison de saké !
— Maître ! protesta Yuya en riant.
Ils se mirent en route vers le port, avançant au milieu de la neige sans se sentir gênés par le froid.
— C'est pour ça que vous portez des t-shirts de l'Ancien Monde, maître ? demanda Yuya en regardant le pentacle sur le sien.
— C'est vrai que c'est pratique, mais si on porte des t-shirts de metal, Yuya, c'est avant tout parce que c'est la classe et que ça booste ta confiance en toi. Tu te sens puissant, capable de tout avec ça sur les épaules !
Il rangea ses lames dans sa veste et se mit à marcher d'une démarche plus assurée. Puis il vit les geta de son maître et haussa les sourcils. C'était certain, il fallait une bonne dose de confiance en soi pour porter des sandales avec une tenue de biker.
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